Les nuages pendentcomme des lustres immondes.Il pleut si longuement que croissent mousses et lichensjuste sur le coeur.La vie, la pauvre,vois comme elle perd son temps.L'aquilonpar d'insolents ondoiementsme donne des gifles légèressur le visage.Il pleut si longuement que croissent mousses et lichensjuste sur le coeur,et la vie, la pauvre,vois comme elle perd son temps!
Poèmes galantscravate au couétalés sur la scène.Les danseurs passent bras dessus, bras dessous,avec quelque mélodie.Un papillonsur chaque parole.Et dans l'intérieur meubléd'une poésiele poète tient encoreentre ses dentsle verbe ultime.
Les paysans défilaientsalis par la suie de la nuitdans le lourd char grinçantdu Temps,attelant les boeufs à l'essieu du monde.Visages ciselés dans la tristesse de pierreau sommeil étendu entre les gêneset les rêves brisés dans la tête,ils passaient comme de longues cataractesqui tombent sans trêveet ne rencontrent plus la terre.Ils passaient dans les sabots souillésde la pauvreté,sur les chemins cariés de boue,à l'ombre des peupliers qui avaient bu le ciel,sous la fournaise qui avait signé en noirsur leurs lèvres rassasiées de faim.Ils passaient, leurs pantalons tachés de déprimeet leur blouse pleurée par la sueurlaissant des glèbes dans la révolte de charrue.Entre les blessures sacrées,des vents réunis en conversationdéchaînaient des flûtes emplies de doïnasLes paysans défilaientdans le lourd char grinçantde l'Histoire,tirant derrière eux l'essieu du monde.
Les âges de l'eaumis en cerclesvers l'infini....L'accordéonde la merrespire exténué.Sur un coussin d'airun albatros.La fournaise se révèletoute nue.Dans les parcs en attentedes bancs.Torpide sous la coupole célestele soleil a gelé.Et regarde fixement.La fournaise se révèle —nue.
Dans l'air ludiqueune noce évanescentede hérons.Le zéphyr nous emporte doucementsur des cornes acérées.Un cerf— se mourant de jeunesse —agite son enfanceentre les herbes légères.Sous ses ailes l'aigle impérialétreint la nue —plumage déployé.
"De son fourreau, poète, tireton propospour atteindre de ton frontle chant du rossignol!"Et nous raccommoderonsles heuresentre ellesd'un fil blancde lumière.
Le vent timide qui souffle légerle doux tourment du débutassassine mes parolesavant de les écrire.Entre les saules barbus,parmi les chimères ensanglantéess'accroît le pouls de l'herbe,se rassemblent les heures affamées.Comme l'eau aux sources soupirede tristesse à la naissance,comme les rejets fendent l'écorcepar passion de la croissance,ce début pèse lourdementsur ma tempe:Il me caresse, il me blesse.Ai-je surgi au couchant?
Nous respirons quotidiennement / l'air chargé de vers — / remplis d'épithètes / comme les arbres à fruits, / avec des éclats métalliques / telle une femme violemment fardée sur les lèvres; / nous franchissons les marches bondissantes / des mots syncopés, / et les symboles nous ouvrent / la porte d'un tunnel souterrain. / Vers herbeux, / grandis / dans le duvet ouaté / d'un songe, / déposés par le fleuve courant / d'un style / en chaudes alluvions.
Dévorés par la Nature, incendiés par l'Amour, leur montée - descente dans la réalité nous l'étayons sur les charpentes solides des métaphores.
Caressants comme le souffle léger d'un vent / aussi élevés que le rêve, / au corps / vert comme la vie, / aux yeux / bleus comme l'espérance / et noirs comme la tristesse, / à l'écriture / aussi douce que l'amour / et amère comme la souffrance / que ces Poèmes / portent la belle pensée / plus pure que la santé!