LA PUCE D'ANTHOINE LOISEL.

LA PUCE D'ANTHOINE LOISEL.

J´escouteja pieça, et si lis à part moyLa Puce qu'à l'envy trompeter je vous voy,Enjalouzez du los de l'incertain Poëte.Quoy me tairay-je seul? mon Beaumont je souhaite,Si tu le trouves bon, abandonner le frein,Puis qu'ainsi le permet le bon Pere Martin:Il n'y a nul si fier, ou si dur qui retive.Je voy ce grand torrent de l'elloquence vive,Cest azile commun de l'ancienne loy,Au milieu du public se desrober à soy,Pour corner en tous lieux de la Puce la gloire;Je voy ce deux fois né,Renéfils de memoire,Quittant le triple droit dont il s'est annobly,Mettre de son Anjou la coustume en oubly,Et faire d'une Puce un bien grand orateurEt Poëte. Car quant à toy, premier auteur,Qui as fait que voions la Puce sauterelle,Toy dis-je qui premier dressas cette querelle,Ce n'est rien de nouveau: d'autant que des neuf seursEt Graces en naissant tu suças les douceurs,Ayant du saint Laurier la temple couronnée,Si qu'arrivant icy comme un nouvel Orfée,Tu flechis les rochers, fais que ta dame ainsiQu'un Echo te respond, tu luy respons aussi.Dont chacun estonné choisit ce mesme titre,Mangot, Rapin, Tournebe, et ce nouvel arbitre,Et celuy qui de Marthe emprunta le saint nom,Celuy qui de l'Escale a encor le surnom,Auquel Dieu octroya et l'esprit et l'usageDe s'expliquer en trois manieres de langage.Ja void on dans Poictiers Apollon le divinDe tous estre chanté comme vray Poitevin,Et prendre ce surnom quittant c'il de Pythie.Je me trompe: une image en mes sens mal bastieD'un object fantastic vainement me repaist:Ce n'est point, croyez-m'en, une Puce, ce n'est,Si de bien augurer j'ay le nom de mon pere.Cette saffre Sapphon du monde l'impropere.Vilaine, infame, duite à tremousser son corpsIngenieusement en mil honteux accors,Jalouse des vertus qui logent en la belle,Qui les hommes en meurs et doctrine precelle,Non fille vrayement, mais un Dieu Poitevin,Envoya de Lesbos son Demon sur le Clin,Qui se voulut voiler d'une noire vesture,De la Puce empruntant l'habit et la figure,Pour d'elle practiquer quelque folastre amour.Habile il obeit, et sans aucun sejourSe fait leger et noir tout ainsi qu'une Puce,Et sous ce masque là dedans son sein se musse,La prend à l'impourveu, et d'un doux aiguillonLa pique doucement, ores sur le teton,Or' sur tous les endroits de son beau corps voltige.Et peut estre se perche au plus pres du beau tige(Que nul n'osa jamais, tant fut-il chaste, voir)Pensant par ses attraicts la vierge decevoir.Je le sçay, je l'ay veu sans offenser ma veue,La fille fut espointe, et doucement esmeuë,D'un feu tout virginal, dout les traces je vis.Elle ne s'oubliant recourt aux doux devisDe Pallas, à sa plume, ensemble à sa quenouille:Ne permets, ô Pallas (dit-ell'), que je me souille.Ce dit, ses pensements restent aussi entiersComme font ces grands rocs, ou Roches de Poictiers.Ainsi sur les papiers veillant et sur la laine,Ell' vainquit le Demon de Sapphon la vilaine,Et la Puce-Demon en l'air s'esvapora.Ou si c'est une Puce, elle ne s'engendra,Comme les autres font, d'une vilaine ordure,Ains est du chien d'en haut la vraie creature,Descendue du ciel avec Astrée icy,Astrée de Poictiers et Poictou le soucy,Laquelle avecq' Harlay par un commun office,Desirant restablir l'ancienne justice,Tout soudain le logis du grand Harlay a pris,Et la Puce le sein d'une sage Cypris.L'une et l'autre jouant diversement son roolle,A fait aux beaux esprits, renaistre la parolle,Qui trompettent d'un ton et chant au ciel ravyLa Puce, la Pucelle, et l'Astrée à l'envy,Tellement que la Puce et Pucelle sont prestesD'estre au ciel, par nos vers, deux beaux Astres celestes.E. Pasquier.

J´escouteja pieça, et si lis à part moyLa Puce qu'à l'envy trompeter je vous voy,Enjalouzez du los de l'incertain Poëte.Quoy me tairay-je seul? mon Beaumont je souhaite,Si tu le trouves bon, abandonner le frein,Puis qu'ainsi le permet le bon Pere Martin:Il n'y a nul si fier, ou si dur qui retive.

Je voy ce grand torrent de l'elloquence vive,Cest azile commun de l'ancienne loy,Au milieu du public se desrober à soy,Pour corner en tous lieux de la Puce la gloire;Je voy ce deux fois né,Renéfils de memoire,Quittant le triple droit dont il s'est annobly,Mettre de son Anjou la coustume en oubly,Et faire d'une Puce un bien grand orateurEt Poëte. Car quant à toy, premier auteur,Qui as fait que voions la Puce sauterelle,Toy dis-je qui premier dressas cette querelle,Ce n'est rien de nouveau: d'autant que des neuf seursEt Graces en naissant tu suças les douceurs,Ayant du saint Laurier la temple couronnée,Si qu'arrivant icy comme un nouvel Orfée,Tu flechis les rochers, fais que ta dame ainsiQu'un Echo te respond, tu luy respons aussi.Dont chacun estonné choisit ce mesme titre,Mangot, Rapin, Tournebe, et ce nouvel arbitre,Et celuy qui de Marthe emprunta le saint nom,Celuy qui de l'Escale a encor le surnom,Auquel Dieu octroya et l'esprit et l'usageDe s'expliquer en trois manieres de langage.Ja void on dans Poictiers Apollon le divinDe tous estre chanté comme vray Poitevin,Et prendre ce surnom quittant c'il de Pythie.

Je me trompe: une image en mes sens mal bastieD'un object fantastic vainement me repaist:Ce n'est point, croyez-m'en, une Puce, ce n'est,Si de bien augurer j'ay le nom de mon pere.

Cette saffre Sapphon du monde l'impropere.Vilaine, infame, duite à tremousser son corpsIngenieusement en mil honteux accors,Jalouse des vertus qui logent en la belle,Qui les hommes en meurs et doctrine precelle,Non fille vrayement, mais un Dieu Poitevin,Envoya de Lesbos son Demon sur le Clin,Qui se voulut voiler d'une noire vesture,De la Puce empruntant l'habit et la figure,Pour d'elle practiquer quelque folastre amour.Habile il obeit, et sans aucun sejourSe fait leger et noir tout ainsi qu'une Puce,Et sous ce masque là dedans son sein se musse,La prend à l'impourveu, et d'un doux aiguillonLa pique doucement, ores sur le teton,Or' sur tous les endroits de son beau corps voltige.Et peut estre se perche au plus pres du beau tige(Que nul n'osa jamais, tant fut-il chaste, voir)Pensant par ses attraicts la vierge decevoir.

Je le sçay, je l'ay veu sans offenser ma veue,La fille fut espointe, et doucement esmeuë,D'un feu tout virginal, dout les traces je vis.Elle ne s'oubliant recourt aux doux devisDe Pallas, à sa plume, ensemble à sa quenouille:Ne permets, ô Pallas (dit-ell'), que je me souille.Ce dit, ses pensements restent aussi entiersComme font ces grands rocs, ou Roches de Poictiers.Ainsi sur les papiers veillant et sur la laine,Ell' vainquit le Demon de Sapphon la vilaine,Et la Puce-Demon en l'air s'esvapora.

Ou si c'est une Puce, elle ne s'engendra,Comme les autres font, d'une vilaine ordure,Ains est du chien d'en haut la vraie creature,Descendue du ciel avec Astrée icy,Astrée de Poictiers et Poictou le soucy,Laquelle avecq' Harlay par un commun office,Desirant restablir l'ancienne justice,Tout soudain le logis du grand Harlay a pris,Et la Puce le sein d'une sage Cypris.L'une et l'autre jouant diversement son roolle,A fait aux beaux esprits, renaistre la parolle,Qui trompettent d'un ton et chant au ciel ravyLa Puce, la Pucelle, et l'Astrée à l'envy,Tellement que la Puce et Pucelle sont prestesD'estre au ciel, par nos vers, deux beaux Astres celestes.E. Pasquier.

Io! belle pepiniere,La fidelle jardiniereDes fleurs et fruits d'Helicon,Chantons, brigade, la gloireDes neuf filles de memoireEt de leur frere Apollon.

Ainçois plustost de l'AstréeDedans le Poictou r'entréeSous Harlay, le grand guerrier,Lequel, armé de justice,A exterminé le vice,Ceignant son front de laurier.

Chantons encor' la PucelleQui toutes autres precelle,Des vertus le parangon,Et cette Puce bien néeQui, sage, s'est obstinéeDe fureter son teton.

Pucelle en qui la nature,Aux autres avare et dure,A prodigué tout son beau,Pour puis apres, l'ayant faicteUne Pandore parfaicte,En faire un Astre nouveau,

Jusques à ce qu'elle meure,Fay, Astrée, ta demeureEn France au meillieu de nous.Si sa mort te donne envieDe reprendre au ciel ta vie,Nous te prions à genous

Que ceste vierge etheréeSoit un Astre aveq' Astrée,Et que tu loges aux cieux,Pres l'estoille Poussiniere,Une estoille PucinierePar un soin devotieux.E. Pasquier.

D'une continue concordePhebus avecq' ses sœurs s'accorde:Ny la Puce ne nous a fait,Tant de Poetes, mais la Roche,Qui du Roch d'Helicon est proche,A produit cest œuvre parfait.E. Pasquier.


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