IX

IXLe jour suivant, l’Institutrice était au salon, quand ses hôtes descendirent pour le repas d’onze heures et demie. Durant toute cette collation, elle ne dit rien de singulier. On apprit seulement qu’elle avait fait une éducation en Russie, ce qui expliqua le caviar, dont il ne fut pas reparlé. C’était plus prudent. On connut aussi l’usage des deux mystérieuses palettes. Elles s’appelaient desskis. Au cours de plusieurs hivers passés dans le voisinage de Smolensk, l’Irlandaise s’était adonnée à ce sport et les succès qu’elle y rencontrait avaientfait d’elle une skieuse enragée. (Même, il y eut un saut qui lui valut l’honneur de la reproduction en carte postale; mais le personnage ne s’y distinguait pas. Secrètement, on s’en applaudit.) Aussi ne fut-ce pas sans un visible chagrin que la nouvelle arrivée apprit qu’en notre Touraine, la tombée des neiges ne dépasse pas l’agrément d’une chute de manne; et que cette belle contrée, par ailleurs si prodigue de richesses, n’offre que de faibles ressources à la vaillante tribu des skieurs.«Était-ce votre dernière place?» dit la Marquise, faisant allusion au séjour de Smolensk.Mademoiselle fut choquée de cette locution. Non, il y eut un essai encore, à Versailles, dans une famille israélite. Madame de Gersaint l’avait caché. (Ce fut le tour des amphitryons d’être choqués,en apprenant que la personne chargée de préparer les enfants à leur Première Communion avait séjourné chez les Hébreux. Enfin, il faut bien gagner sa vie!)Mais des difficultés avaient surgi. Cette propriété de Seine-et-Oise était extrêmement soignée, excessivement. Chaque fois qu’un pas s’imprimait sur le sable d’une allée, un tâcheron s’élançait pour effacer la trace du pied malencontreux. Un jour que la Gouvernante cheminait sous le couvert de tilleuls, un râteau jaillit d’un buisson. Mais, dirigé maladroitement, il heurta, jusqu’à l’écorcher, le talon de la promeneuse, qui était chaussée légèrement. Ce grief était venu s’ajouter à d’autres.«Vous n’avez rien de ce genre à redouter ici, Mademoiselle», fit la Marquise, «Bourgault ne râtisse qu’une foisla semaine, et seulement le devant du château.»Ce Bourgault était chargé de l’entretien des parterres; mais la pédante ne tarda pas à le surnommer Pilois, en souvenir de Madame de Sévigné dont, on le sait, le jardinier s’appelait ainsi.Suite des références et des noises.L’entrée en servitude de Miss Winter chez les Juifs, coïncidant avec la venue, en France, d’un Shah de Perse, les domestiques obtinrent un congé en masse, pour voir passer le Prince Oriental. Une seule femme de chambre fut privée de la sortie, à cause de l’Étrangère, elle-même retenue par un lombago.Inde iræ.L’obligation de contempler les reins d’une ennemie, au lieu d’admirer le bonnet d’astrakan d’un souverain bronzé, irrita cette fille de service, qui chercha une vengeance,laquelle lui fut fournie par une paire de bottines jaunes. Elles furent cirées en noir par la camériste vindicative, dont leur propriétaire exigea le renvoi... qu’on lui refusa. Il s’agissait de la nièce d’une femme de charge, à laquelle on avait des obligations. L’insulaire eut le dessous et, plutôt que de l’admettre, préféra s’éloigner. On ne la retint pas.Les bottines venaient de chez Thomas; elles avaient coûté deux cents francs.Ce que la narratrice se garda de conter, c’est un désagréable épisode qui avait marqué son entrée dans le royaume d’Israël. Un matin qu’elle dirigeait sa marche vers un banc de prédilection, où elle avait accoutumé d’alimenter sa rêverie, elle se pencha imprudemment, sans penser à mal, par-dessus la balustrade qui la séparait de l’Avenue. Horreur! Au lieu de la silencieuse solituded’une large voie qu’avait naguère terrifiée le passage des tricoteuses, notre rêveuse avait, devant soi, quinze derrières nus, quinze derrières de troupiers, braqués tels que des pièces d’artillerie. Un campement de manœuvres se tenait dans le voisinage, et ce coin relativement désert avait été désigné, sans autre forme de procès, pour y établirla feuillée.Mademoiselle s’enfuit vers les saules, comme Galatée;sed cupit antè videri; elle désira d’être vue. Elle le fut, par le maître de céans, qui passait par là, et auquel il lui fallut donner les raisons de son trouble, comme les motifs de sa rougeur. Elle le fitsous le sceau du secret. Monsieur Mayer se montra fort irrité. Ces contretemps-là n’arrivent jamais qu’aux personnes extrêmement jalouses de l’éclat de leur résidence. Une réclamationfut faite, qui aboutit, pas séance tenante, avec des longueurs. Enfin, le provisoire établissement fut changé de place. Mais une contrainte s’ensuivit; un tacite veto, durant des semaines et des mois, pesa sur cette portion du parc. Et longtemps après, quand la promenade put tendre, à nouveau, vers ce point qui avait été le théâtre du drame, la conversation fléchissait. Le secret n’avait pas été gardé.Ces développements, on ne les connut que plus tard et, grâces à Dieu! sans précision. Pour commencer, il fut convenu que la Gouvernante donnerait, aux petites, des leçons d’anglais, qu’elle parlait avec beaucoup d’élégance. Quant aux devoirs français, expédiés de Neuilly, et de Versailles, par les Demoiselles de Bonduwe et l’Institution Bellemanières, il suffirait d’en surveiller l’accomplissement,ce qui serait facile, car l’Irlandaise paraissait «familiarisée avec notre langage».Sur ce propos, qui fut tenu, Miss prit des airs mystérieux, partit d’un éclat de rire léger, et ajouta qu’elle «ferait ses preuves». Puis elle conclut un peu sentencieusement, qu’on ne s’exprimait jamais bien que dans une langue étrangère, parce que, celle-là, on prenait la peine de l’apprendre; tandis que, pour la sienne, s’imaginant la connaître de naissance, on en restait au rudiment. Elle réagirait contre cette erreur.La réflexion n’aurait peut-être pas paru sans justesse à un auditeur d’esprit; mais comme il ne s’en trouvait pas là, elle passa inaperçue.Au reste, les circonstances semblèrent favorables. Une atmosphère d’indulgence régna dans le château. La Comtesse,elle-même, se montra clémente. Sans doute elle se flattait d’en imposer au voisinage par la distinction de ce choix. Les enfants paraissaient ravies de leur maîtresse, qui fut déclaréesympathique, d’un commun accord.

IXLe jour suivant, l’Institutrice était au salon, quand ses hôtes descendirent pour le repas d’onze heures et demie. Durant toute cette collation, elle ne dit rien de singulier. On apprit seulement qu’elle avait fait une éducation en Russie, ce qui expliqua le caviar, dont il ne fut pas reparlé. C’était plus prudent. On connut aussi l’usage des deux mystérieuses palettes. Elles s’appelaient desskis. Au cours de plusieurs hivers passés dans le voisinage de Smolensk, l’Irlandaise s’était adonnée à ce sport et les succès qu’elle y rencontrait avaientfait d’elle une skieuse enragée. (Même, il y eut un saut qui lui valut l’honneur de la reproduction en carte postale; mais le personnage ne s’y distinguait pas. Secrètement, on s’en applaudit.) Aussi ne fut-ce pas sans un visible chagrin que la nouvelle arrivée apprit qu’en notre Touraine, la tombée des neiges ne dépasse pas l’agrément d’une chute de manne; et que cette belle contrée, par ailleurs si prodigue de richesses, n’offre que de faibles ressources à la vaillante tribu des skieurs.«Était-ce votre dernière place?» dit la Marquise, faisant allusion au séjour de Smolensk.Mademoiselle fut choquée de cette locution. Non, il y eut un essai encore, à Versailles, dans une famille israélite. Madame de Gersaint l’avait caché. (Ce fut le tour des amphitryons d’être choqués,en apprenant que la personne chargée de préparer les enfants à leur Première Communion avait séjourné chez les Hébreux. Enfin, il faut bien gagner sa vie!)Mais des difficultés avaient surgi. Cette propriété de Seine-et-Oise était extrêmement soignée, excessivement. Chaque fois qu’un pas s’imprimait sur le sable d’une allée, un tâcheron s’élançait pour effacer la trace du pied malencontreux. Un jour que la Gouvernante cheminait sous le couvert de tilleuls, un râteau jaillit d’un buisson. Mais, dirigé maladroitement, il heurta, jusqu’à l’écorcher, le talon de la promeneuse, qui était chaussée légèrement. Ce grief était venu s’ajouter à d’autres.«Vous n’avez rien de ce genre à redouter ici, Mademoiselle», fit la Marquise, «Bourgault ne râtisse qu’une foisla semaine, et seulement le devant du château.»Ce Bourgault était chargé de l’entretien des parterres; mais la pédante ne tarda pas à le surnommer Pilois, en souvenir de Madame de Sévigné dont, on le sait, le jardinier s’appelait ainsi.Suite des références et des noises.L’entrée en servitude de Miss Winter chez les Juifs, coïncidant avec la venue, en France, d’un Shah de Perse, les domestiques obtinrent un congé en masse, pour voir passer le Prince Oriental. Une seule femme de chambre fut privée de la sortie, à cause de l’Étrangère, elle-même retenue par un lombago.Inde iræ.L’obligation de contempler les reins d’une ennemie, au lieu d’admirer le bonnet d’astrakan d’un souverain bronzé, irrita cette fille de service, qui chercha une vengeance,laquelle lui fut fournie par une paire de bottines jaunes. Elles furent cirées en noir par la camériste vindicative, dont leur propriétaire exigea le renvoi... qu’on lui refusa. Il s’agissait de la nièce d’une femme de charge, à laquelle on avait des obligations. L’insulaire eut le dessous et, plutôt que de l’admettre, préféra s’éloigner. On ne la retint pas.Les bottines venaient de chez Thomas; elles avaient coûté deux cents francs.Ce que la narratrice se garda de conter, c’est un désagréable épisode qui avait marqué son entrée dans le royaume d’Israël. Un matin qu’elle dirigeait sa marche vers un banc de prédilection, où elle avait accoutumé d’alimenter sa rêverie, elle se pencha imprudemment, sans penser à mal, par-dessus la balustrade qui la séparait de l’Avenue. Horreur! Au lieu de la silencieuse solituded’une large voie qu’avait naguère terrifiée le passage des tricoteuses, notre rêveuse avait, devant soi, quinze derrières nus, quinze derrières de troupiers, braqués tels que des pièces d’artillerie. Un campement de manœuvres se tenait dans le voisinage, et ce coin relativement désert avait été désigné, sans autre forme de procès, pour y établirla feuillée.Mademoiselle s’enfuit vers les saules, comme Galatée;sed cupit antè videri; elle désira d’être vue. Elle le fut, par le maître de céans, qui passait par là, et auquel il lui fallut donner les raisons de son trouble, comme les motifs de sa rougeur. Elle le fitsous le sceau du secret. Monsieur Mayer se montra fort irrité. Ces contretemps-là n’arrivent jamais qu’aux personnes extrêmement jalouses de l’éclat de leur résidence. Une réclamationfut faite, qui aboutit, pas séance tenante, avec des longueurs. Enfin, le provisoire établissement fut changé de place. Mais une contrainte s’ensuivit; un tacite veto, durant des semaines et des mois, pesa sur cette portion du parc. Et longtemps après, quand la promenade put tendre, à nouveau, vers ce point qui avait été le théâtre du drame, la conversation fléchissait. Le secret n’avait pas été gardé.Ces développements, on ne les connut que plus tard et, grâces à Dieu! sans précision. Pour commencer, il fut convenu que la Gouvernante donnerait, aux petites, des leçons d’anglais, qu’elle parlait avec beaucoup d’élégance. Quant aux devoirs français, expédiés de Neuilly, et de Versailles, par les Demoiselles de Bonduwe et l’Institution Bellemanières, il suffirait d’en surveiller l’accomplissement,ce qui serait facile, car l’Irlandaise paraissait «familiarisée avec notre langage».Sur ce propos, qui fut tenu, Miss prit des airs mystérieux, partit d’un éclat de rire léger, et ajouta qu’elle «ferait ses preuves». Puis elle conclut un peu sentencieusement, qu’on ne s’exprimait jamais bien que dans une langue étrangère, parce que, celle-là, on prenait la peine de l’apprendre; tandis que, pour la sienne, s’imaginant la connaître de naissance, on en restait au rudiment. Elle réagirait contre cette erreur.La réflexion n’aurait peut-être pas paru sans justesse à un auditeur d’esprit; mais comme il ne s’en trouvait pas là, elle passa inaperçue.Au reste, les circonstances semblèrent favorables. Une atmosphère d’indulgence régna dans le château. La Comtesse,elle-même, se montra clémente. Sans doute elle se flattait d’en imposer au voisinage par la distinction de ce choix. Les enfants paraissaient ravies de leur maîtresse, qui fut déclaréesympathique, d’un commun accord.

Le jour suivant, l’Institutrice était au salon, quand ses hôtes descendirent pour le repas d’onze heures et demie. Durant toute cette collation, elle ne dit rien de singulier. On apprit seulement qu’elle avait fait une éducation en Russie, ce qui expliqua le caviar, dont il ne fut pas reparlé. C’était plus prudent. On connut aussi l’usage des deux mystérieuses palettes. Elles s’appelaient desskis. Au cours de plusieurs hivers passés dans le voisinage de Smolensk, l’Irlandaise s’était adonnée à ce sport et les succès qu’elle y rencontrait avaientfait d’elle une skieuse enragée. (Même, il y eut un saut qui lui valut l’honneur de la reproduction en carte postale; mais le personnage ne s’y distinguait pas. Secrètement, on s’en applaudit.) Aussi ne fut-ce pas sans un visible chagrin que la nouvelle arrivée apprit qu’en notre Touraine, la tombée des neiges ne dépasse pas l’agrément d’une chute de manne; et que cette belle contrée, par ailleurs si prodigue de richesses, n’offre que de faibles ressources à la vaillante tribu des skieurs.

«Était-ce votre dernière place?» dit la Marquise, faisant allusion au séjour de Smolensk.

Mademoiselle fut choquée de cette locution. Non, il y eut un essai encore, à Versailles, dans une famille israélite. Madame de Gersaint l’avait caché. (Ce fut le tour des amphitryons d’être choqués,en apprenant que la personne chargée de préparer les enfants à leur Première Communion avait séjourné chez les Hébreux. Enfin, il faut bien gagner sa vie!)

Mais des difficultés avaient surgi. Cette propriété de Seine-et-Oise était extrêmement soignée, excessivement. Chaque fois qu’un pas s’imprimait sur le sable d’une allée, un tâcheron s’élançait pour effacer la trace du pied malencontreux. Un jour que la Gouvernante cheminait sous le couvert de tilleuls, un râteau jaillit d’un buisson. Mais, dirigé maladroitement, il heurta, jusqu’à l’écorcher, le talon de la promeneuse, qui était chaussée légèrement. Ce grief était venu s’ajouter à d’autres.

«Vous n’avez rien de ce genre à redouter ici, Mademoiselle», fit la Marquise, «Bourgault ne râtisse qu’une foisla semaine, et seulement le devant du château.»

Ce Bourgault était chargé de l’entretien des parterres; mais la pédante ne tarda pas à le surnommer Pilois, en souvenir de Madame de Sévigné dont, on le sait, le jardinier s’appelait ainsi.

Suite des références et des noises.

L’entrée en servitude de Miss Winter chez les Juifs, coïncidant avec la venue, en France, d’un Shah de Perse, les domestiques obtinrent un congé en masse, pour voir passer le Prince Oriental. Une seule femme de chambre fut privée de la sortie, à cause de l’Étrangère, elle-même retenue par un lombago.Inde iræ.L’obligation de contempler les reins d’une ennemie, au lieu d’admirer le bonnet d’astrakan d’un souverain bronzé, irrita cette fille de service, qui chercha une vengeance,laquelle lui fut fournie par une paire de bottines jaunes. Elles furent cirées en noir par la camériste vindicative, dont leur propriétaire exigea le renvoi... qu’on lui refusa. Il s’agissait de la nièce d’une femme de charge, à laquelle on avait des obligations. L’insulaire eut le dessous et, plutôt que de l’admettre, préféra s’éloigner. On ne la retint pas.

Les bottines venaient de chez Thomas; elles avaient coûté deux cents francs.

Ce que la narratrice se garda de conter, c’est un désagréable épisode qui avait marqué son entrée dans le royaume d’Israël. Un matin qu’elle dirigeait sa marche vers un banc de prédilection, où elle avait accoutumé d’alimenter sa rêverie, elle se pencha imprudemment, sans penser à mal, par-dessus la balustrade qui la séparait de l’Avenue. Horreur! Au lieu de la silencieuse solituded’une large voie qu’avait naguère terrifiée le passage des tricoteuses, notre rêveuse avait, devant soi, quinze derrières nus, quinze derrières de troupiers, braqués tels que des pièces d’artillerie. Un campement de manœuvres se tenait dans le voisinage, et ce coin relativement désert avait été désigné, sans autre forme de procès, pour y établirla feuillée.

Mademoiselle s’enfuit vers les saules, comme Galatée;sed cupit antè videri; elle désira d’être vue. Elle le fut, par le maître de céans, qui passait par là, et auquel il lui fallut donner les raisons de son trouble, comme les motifs de sa rougeur. Elle le fitsous le sceau du secret. Monsieur Mayer se montra fort irrité. Ces contretemps-là n’arrivent jamais qu’aux personnes extrêmement jalouses de l’éclat de leur résidence. Une réclamationfut faite, qui aboutit, pas séance tenante, avec des longueurs. Enfin, le provisoire établissement fut changé de place. Mais une contrainte s’ensuivit; un tacite veto, durant des semaines et des mois, pesa sur cette portion du parc. Et longtemps après, quand la promenade put tendre, à nouveau, vers ce point qui avait été le théâtre du drame, la conversation fléchissait. Le secret n’avait pas été gardé.

Ces développements, on ne les connut que plus tard et, grâces à Dieu! sans précision. Pour commencer, il fut convenu que la Gouvernante donnerait, aux petites, des leçons d’anglais, qu’elle parlait avec beaucoup d’élégance. Quant aux devoirs français, expédiés de Neuilly, et de Versailles, par les Demoiselles de Bonduwe et l’Institution Bellemanières, il suffirait d’en surveiller l’accomplissement,ce qui serait facile, car l’Irlandaise paraissait «familiarisée avec notre langage».

Sur ce propos, qui fut tenu, Miss prit des airs mystérieux, partit d’un éclat de rire léger, et ajouta qu’elle «ferait ses preuves». Puis elle conclut un peu sentencieusement, qu’on ne s’exprimait jamais bien que dans une langue étrangère, parce que, celle-là, on prenait la peine de l’apprendre; tandis que, pour la sienne, s’imaginant la connaître de naissance, on en restait au rudiment. Elle réagirait contre cette erreur.

La réflexion n’aurait peut-être pas paru sans justesse à un auditeur d’esprit; mais comme il ne s’en trouvait pas là, elle passa inaperçue.

Au reste, les circonstances semblèrent favorables. Une atmosphère d’indulgence régna dans le château. La Comtesse,elle-même, se montra clémente. Sans doute elle se flattait d’en imposer au voisinage par la distinction de ce choix. Les enfants paraissaient ravies de leur maîtresse, qui fut déclaréesympathique, d’un commun accord.


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