LXVILe mauvais plaisant avait reçu, d’un publiciste, une lettre qui renfermait cette phrase: «En principe, l’Académie Française,pour quiconque tient une plume, demeurela plus désirable des récompenses, lecouronnementet comme laconsécration de toute une carrière.»Il répondit: «Monsieur, je débute par n’être que partiellement de votre avis. Tout dépend de la place que l’on occupe, sous la coupole, et des voisins qu’elle vous assigne, quand vous siégez.«S’asseoir entre Monsieur France et Monsieur Loti, Monsieur Loti et MonsieurBarrès, doit être tenu pour une bien désirable récompense; mais, si avoir, à sa droite, Monsieur Prévost et, à sa gauche, Monsieur Doumic, peut occuper le temps d’un dîner pas trop long, en faire le couronnement et la consécration d’une vie d’effort et de travail ne devrait-il pas sembler exagéré?«Peut-être, même sans doute, prendre place entre Balzac et Michelet, Gautier et d’Aurevilly, Veuillot et Hello, Baudelaire et Verlaine, aurait-il représenté naguère plus de couronne et de sacre, que le fait de se sentir enclavé entre Camille Rousset et Camille Doucet, encastré entre Boissier et Legouvé.«En un mot, certains fauteuils, pas énormément, se terminent par des auréoles; mais beaucoup commencent par des ronds de cuir... et s’en tiennent là.«Vous conviendrez, Monsieur, que,pour quiconque tient une plume», il y a lieu, «en principe», d’établir une différence bien nette, entre les deux formes de «couronnements» indiqués par ces deux sortes de nimbes.«En outre, et enfin, se rassembler quarante, pendant quarante ans, dans l’espoir vain de décider l’orthographe du motbluetet de préciser le sexe du vocableautomne, ne saurait-on imaginer une plus sûre apothéose pourune vie d’effort et de travail?«Veuillez agréer, Monsieur, etc...»
LXVILe mauvais plaisant avait reçu, d’un publiciste, une lettre qui renfermait cette phrase: «En principe, l’Académie Française,pour quiconque tient une plume, demeurela plus désirable des récompenses, lecouronnementet comme laconsécration de toute une carrière.»Il répondit: «Monsieur, je débute par n’être que partiellement de votre avis. Tout dépend de la place que l’on occupe, sous la coupole, et des voisins qu’elle vous assigne, quand vous siégez.«S’asseoir entre Monsieur France et Monsieur Loti, Monsieur Loti et MonsieurBarrès, doit être tenu pour une bien désirable récompense; mais, si avoir, à sa droite, Monsieur Prévost et, à sa gauche, Monsieur Doumic, peut occuper le temps d’un dîner pas trop long, en faire le couronnement et la consécration d’une vie d’effort et de travail ne devrait-il pas sembler exagéré?«Peut-être, même sans doute, prendre place entre Balzac et Michelet, Gautier et d’Aurevilly, Veuillot et Hello, Baudelaire et Verlaine, aurait-il représenté naguère plus de couronne et de sacre, que le fait de se sentir enclavé entre Camille Rousset et Camille Doucet, encastré entre Boissier et Legouvé.«En un mot, certains fauteuils, pas énormément, se terminent par des auréoles; mais beaucoup commencent par des ronds de cuir... et s’en tiennent là.«Vous conviendrez, Monsieur, que,pour quiconque tient une plume», il y a lieu, «en principe», d’établir une différence bien nette, entre les deux formes de «couronnements» indiqués par ces deux sortes de nimbes.«En outre, et enfin, se rassembler quarante, pendant quarante ans, dans l’espoir vain de décider l’orthographe du motbluetet de préciser le sexe du vocableautomne, ne saurait-on imaginer une plus sûre apothéose pourune vie d’effort et de travail?«Veuillez agréer, Monsieur, etc...»
Le mauvais plaisant avait reçu, d’un publiciste, une lettre qui renfermait cette phrase: «En principe, l’Académie Française,pour quiconque tient une plume, demeurela plus désirable des récompenses, lecouronnementet comme laconsécration de toute une carrière.»
Il répondit: «Monsieur, je débute par n’être que partiellement de votre avis. Tout dépend de la place que l’on occupe, sous la coupole, et des voisins qu’elle vous assigne, quand vous siégez.
«S’asseoir entre Monsieur France et Monsieur Loti, Monsieur Loti et MonsieurBarrès, doit être tenu pour une bien désirable récompense; mais, si avoir, à sa droite, Monsieur Prévost et, à sa gauche, Monsieur Doumic, peut occuper le temps d’un dîner pas trop long, en faire le couronnement et la consécration d’une vie d’effort et de travail ne devrait-il pas sembler exagéré?
«Peut-être, même sans doute, prendre place entre Balzac et Michelet, Gautier et d’Aurevilly, Veuillot et Hello, Baudelaire et Verlaine, aurait-il représenté naguère plus de couronne et de sacre, que le fait de se sentir enclavé entre Camille Rousset et Camille Doucet, encastré entre Boissier et Legouvé.
«En un mot, certains fauteuils, pas énormément, se terminent par des auréoles; mais beaucoup commencent par des ronds de cuir... et s’en tiennent là.
«Vous conviendrez, Monsieur, que,pour quiconque tient une plume», il y a lieu, «en principe», d’établir une différence bien nette, entre les deux formes de «couronnements» indiqués par ces deux sortes de nimbes.
«En outre, et enfin, se rassembler quarante, pendant quarante ans, dans l’espoir vain de décider l’orthographe du motbluetet de préciser le sexe du vocableautomne, ne saurait-on imaginer une plus sûre apothéose pourune vie d’effort et de travail?
«Veuillez agréer, Monsieur, etc...»