XVI

XVIIl y avait, sur la grande table ronde du salon, une boîte en acajou, de forme oblongue et de dimension moyenne. Elle était divisée en autant de compartiments que l’on compte de lettres dans l’alphabet; chacune de ces consonnes, ou de ces voyelles, bien entendu, plusieurs fois répétées, s’inscrivait sur une petite plaque d’ivoire et se plaçait à son rang, dans son casier. De ces lettres, on composait des mots, plus ou moins brefs ou difficiles, que l’on donnait ensuite à deviner, après en avoir brouillé l’ordre. Cela aussi s’appelait un jeu. La Marquisel’approuvait, affirmant qu’il ouvrait l’intelligence. Pour Noémi, d’esprit paresseux, on se contentait de monosyllabes, tels queferouor,ratoumur.Un matin, en sortant de table, Mademoiselle plongea rapidement ses maigres doigts dans les cases de lettres. De ces dernières elle assembla un vocable qui parut long et, brusquement, les jeta sur un guéridon, sous les yeux du Comte, après les avoir désunies.Il se mit au travail, le front entre ses paumes. Tout à coup on le vit rougir et, sans explication, replacer les tablettes où Mademoiselle les avait prises. Elle souriait. Nul ne sut jamais le mot qui avait été donné, duquel, sans doute, les éléments se pouvaient ordonner de plusieurs différentes manières.

XVIIl y avait, sur la grande table ronde du salon, une boîte en acajou, de forme oblongue et de dimension moyenne. Elle était divisée en autant de compartiments que l’on compte de lettres dans l’alphabet; chacune de ces consonnes, ou de ces voyelles, bien entendu, plusieurs fois répétées, s’inscrivait sur une petite plaque d’ivoire et se plaçait à son rang, dans son casier. De ces lettres, on composait des mots, plus ou moins brefs ou difficiles, que l’on donnait ensuite à deviner, après en avoir brouillé l’ordre. Cela aussi s’appelait un jeu. La Marquisel’approuvait, affirmant qu’il ouvrait l’intelligence. Pour Noémi, d’esprit paresseux, on se contentait de monosyllabes, tels queferouor,ratoumur.Un matin, en sortant de table, Mademoiselle plongea rapidement ses maigres doigts dans les cases de lettres. De ces dernières elle assembla un vocable qui parut long et, brusquement, les jeta sur un guéridon, sous les yeux du Comte, après les avoir désunies.Il se mit au travail, le front entre ses paumes. Tout à coup on le vit rougir et, sans explication, replacer les tablettes où Mademoiselle les avait prises. Elle souriait. Nul ne sut jamais le mot qui avait été donné, duquel, sans doute, les éléments se pouvaient ordonner de plusieurs différentes manières.

Il y avait, sur la grande table ronde du salon, une boîte en acajou, de forme oblongue et de dimension moyenne. Elle était divisée en autant de compartiments que l’on compte de lettres dans l’alphabet; chacune de ces consonnes, ou de ces voyelles, bien entendu, plusieurs fois répétées, s’inscrivait sur une petite plaque d’ivoire et se plaçait à son rang, dans son casier. De ces lettres, on composait des mots, plus ou moins brefs ou difficiles, que l’on donnait ensuite à deviner, après en avoir brouillé l’ordre. Cela aussi s’appelait un jeu. La Marquisel’approuvait, affirmant qu’il ouvrait l’intelligence. Pour Noémi, d’esprit paresseux, on se contentait de monosyllabes, tels queferouor,ratoumur.

Un matin, en sortant de table, Mademoiselle plongea rapidement ses maigres doigts dans les cases de lettres. De ces dernières elle assembla un vocable qui parut long et, brusquement, les jeta sur un guéridon, sous les yeux du Comte, après les avoir désunies.

Il se mit au travail, le front entre ses paumes. Tout à coup on le vit rougir et, sans explication, replacer les tablettes où Mademoiselle les avait prises. Elle souriait. Nul ne sut jamais le mot qui avait été donné, duquel, sans doute, les éléments se pouvaient ordonner de plusieurs différentes manières.


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