CONCLUSION

[1]Le 20 mai 1867, J.-S. Mill demanda, en plein Parlement, la substitution du motpersonneau mothomme.

[1]Le 20 mai 1867, J.-S. Mill demanda, en plein Parlement, la substitution du motpersonneau mothomme.

[2]Bebel.La femme dans le passé, le présent, l'avenir.Préface.

[2]Bebel.La femme dans le passé, le présent, l'avenir.Préface.

[3]J.-S. Mill.Lettres inédites, p. 266.

[3]J.-S. Mill.Lettres inédites, p. 266.

[4]La loi norvégienne du 29 juin 1888 «sur le régime des biens entre époux», est un remaniement complet et hardi de l'ancienne législation matrimoniale, c'est une véritable révolution dans la condition générale de la femme mariée. Le principe de cette loi est la liberté des conventions matrimoniales, il donne à la femme mariée la même capacité qu'à la femme non mariée. La femme a le droit juridique, même lorsqu'il y a communauté, de disposer exclusivement de ce qu'elle gagne. Ses biens sont soustraits à l'extinction des dettes contractées par le mari, sans son consentement. Cette innovation a introduit un peu plus de justice dans la communauté, qui, bien entendu, reste la même dans sa composition et continue à comprendre les profits du mari comme ceux de la femme.

[4]La loi norvégienne du 29 juin 1888 «sur le régime des biens entre époux», est un remaniement complet et hardi de l'ancienne législation matrimoniale, c'est une véritable révolution dans la condition générale de la femme mariée. Le principe de cette loi est la liberté des conventions matrimoniales, il donne à la femme mariée la même capacité qu'à la femme non mariée. La femme a le droit juridique, même lorsqu'il y a communauté, de disposer exclusivement de ce qu'elle gagne. Ses biens sont soustraits à l'extinction des dettes contractées par le mari, sans son consentement. Cette innovation a introduit un peu plus de justice dans la communauté, qui, bien entendu, reste la même dans sa composition et continue à comprendre les profits du mari comme ceux de la femme.

[5]Ibsen.John-Gabriel Borckman.

[5]Ibsen.John-Gabriel Borckman.

[6]Ibsen.Brand.

[6]Ibsen.Brand.

[7]Hedda Gabler.

[7]Hedda Gabler.

[8]Le petit Eyolf.

[8]Le petit Eyolf.

[9]Quand nous nous réveillerons d'entre les morts.

[9]Quand nous nous réveillerons d'entre les morts.

[10]Ibsen.

[10]Ibsen.

[11]Ibsen,Maison de poupée.

[11]Ibsen,Maison de poupée.

[12]Ibsen.Rosmersholm.

[12]Ibsen.Rosmersholm.

[13]On reproche à Ibsen d'abuser, dans ses pièces, des suicides. Dans le théâtre, le suicide est un moyen banal pour se débarrasser des personnages qui gênent. Mais il faut remarquer que le nombre des suicides est fort élevé en Scandinavie. Le Danemark présente le chiffre de 264 suicides, la Norvège de 74,5 et la Suède de 84, par million (Emile Durkheim,le Suicide). Après la première d'Hedda Gabler à Christiania, une jeune fiancée de dix-huit printemps se donna la mort pour «mourir en beauté». Les Scandinaves aiment à citer les vers de Shelley:«The good die firstAnd those whose hearts are dry as summer dust,Burn to the socket!»Les bons meurent les premiers et ceux dont le coeur est sec comme la poussière d'été se consument jusqu'au bout(Alastor ou le génie de la solitude).Les anciens Scandinaves avaient horreur de la mort naturelle, la mort sur la paille,Stvaadaed, suivant l'énergique expression de leur langue. D'après leur dogme religieux, nul n'était admis dans le Valhalla, s'il n'était mort de mort violente. Ceux qui n'avaient pu succomber glorieusement sur le champ de bataille se tuaient ou se faisaient tuer. Un genre de mort qu'ils choisissaient volontiers, c'était la pendaison, Hadding se pend en présence du peuple assemble. Signé se pend avec les jeunes vierges, ses compagnes, pour suivre Hagbart, son fiancé, dans la tombe. D'autres se précipitaient du haut d'un rocher. On montre encore aujourd'hui, en Suède, quelques-uns de ces rochers que d'antiques suicides ont rendus célèbres. Certains héros, surtout ceux qui s'étaient illustrés dans les expéditions maritimes, comme Sigurd King, par exemple, montaient sur leur vaisseau après y avoir mis le feu et le lançaient à pleines voiles à travers les flots. Le culte des morts et les soins donnés aux tombes sont très touchants en Norvège: lors des enterrements tout le voisinage se réunit dans la maison mortuaire pour chanter des cantiques et accompagner le corps au champ de repos.

[13]On reproche à Ibsen d'abuser, dans ses pièces, des suicides. Dans le théâtre, le suicide est un moyen banal pour se débarrasser des personnages qui gênent. Mais il faut remarquer que le nombre des suicides est fort élevé en Scandinavie. Le Danemark présente le chiffre de 264 suicides, la Norvège de 74,5 et la Suède de 84, par million (Emile Durkheim,le Suicide). Après la première d'Hedda Gabler à Christiania, une jeune fiancée de dix-huit printemps se donna la mort pour «mourir en beauté». Les Scandinaves aiment à citer les vers de Shelley:«The good die firstAnd those whose hearts are dry as summer dust,Burn to the socket!»Les bons meurent les premiers et ceux dont le coeur est sec comme la poussière d'été se consument jusqu'au bout(Alastor ou le génie de la solitude).Les anciens Scandinaves avaient horreur de la mort naturelle, la mort sur la paille,Stvaadaed, suivant l'énergique expression de leur langue. D'après leur dogme religieux, nul n'était admis dans le Valhalla, s'il n'était mort de mort violente. Ceux qui n'avaient pu succomber glorieusement sur le champ de bataille se tuaient ou se faisaient tuer. Un genre de mort qu'ils choisissaient volontiers, c'était la pendaison, Hadding se pend en présence du peuple assemble. Signé se pend avec les jeunes vierges, ses compagnes, pour suivre Hagbart, son fiancé, dans la tombe. D'autres se précipitaient du haut d'un rocher. On montre encore aujourd'hui, en Suède, quelques-uns de ces rochers que d'antiques suicides ont rendus célèbres. Certains héros, surtout ceux qui s'étaient illustrés dans les expéditions maritimes, comme Sigurd King, par exemple, montaient sur leur vaisseau après y avoir mis le feu et le lançaient à pleines voiles à travers les flots. Le culte des morts et les soins donnés aux tombes sont très touchants en Norvège: lors des enterrements tout le voisinage se réunit dans la maison mortuaire pour chanter des cantiques et accompagner le corps au champ de repos.

[14]Ibsen.Rosmersholm: Rébecca West.

[14]Ibsen.Rosmersholm: Rébecca West.

[15]Ibsen.Comédie de l'amour: Svanhild.

[15]Ibsen.Comédie de l'amour: Svanhild.

[16]Ibsen.La Comédie de l'amour.

[16]Ibsen.La Comédie de l'amour.

[17]Ibid.

[17]Ibid.

[18]Alfred de Musset.

[18]Alfred de Musset.

[19]Diamandy.Dépopulation et repeuplement. Bulletin de la Société d'Anthropologie. Séance du 4 juin 1891.

[19]Diamandy.Dépopulation et repeuplement. Bulletin de la Société d'Anthropologie. Séance du 4 juin 1891.

[20]Ibsen.La Dame de la mer, Ellida.

[20]Ibsen.La Dame de la mer, Ellida.

[21]Herbert Spencer.Sociologie, t. II, p. 410, trad. française. Paris, F. Alcan.

[21]Herbert Spencer.Sociologie, t. II, p. 410, trad. française. Paris, F. Alcan.

[22]Bebel. Ouvrage cité.

[22]Bebel. Ouvrage cité.

[23]Brand.

[23]Brand.

[24]V. Soloviov.Pravo i nravstvennoste, p. 83. St-Pétersbourg, 1897.

[24]V. Soloviov.Pravo i nravstvennoste, p. 83. St-Pétersbourg, 1897.

[25]Ibsen,Rosmersholm.

[25]Ibsen,Rosmersholm.

Les idées d'Ibsen sont-elles originales, sont-elles bien à lui? En France, on veut voir les origines et les racines de son théâtre dans le romantisme français. M. Jules Lemaître revendique nettement pour George Sand la paternité des idées du poète norvégien. D'ailleurs, le très subtil auteur desContemporains,avec une franchise que l'on souhaiterait souvent voir appliquée aux autres domaines, avoue qu'il critique et compare les auteurs d'après «des lectures forcément un peu lointaines et sur les images simplifiées qui, d'elles-mêmes, à la suite de ces lectures, se sont déposées en lui».[1]

M. G. Larroumet ne nie pas l'influence du romantisme français sur l'auteur deBrand, mais plus bienveillant pour lui que M. Jules Lemaître, il constate que «le caractère de l'homme, l'état intellectuel et moral de son pays, la marche de la littérature européenne semblent avoir contribué à cette oeuvre dans des proportions à peu près égales».[2]

Or, pour avoir le coeur net, M. Georges Brandèsdemanda à Ibsen s'il avait subi l'influence de George Sand: «Je déclare sur mon honneur et ma conscience, répondit celui-ci, que jamais de ma vie, ni dans ma jeunesse, ni plus tard, je n'ai lu un seul livre de George Sand. J'ai commencé une fois la lecture deConsueloen traduction[3], mais l'ai mis tout de suite de côté, parce que ce roman me parut le produit d'un dilettantisme philosophique. Il est possible qu'en cela je me sois trompé, mais je n'en avais lu que quelques pages.»[4]

Cela ne diminue point l'influence de l'auteur d'Indianasur les écrivains européens. Elle fut immense. A certaine époque on disait: «le siècle de George Sand» comme on disait: «le siècle de Byron ou de Hugo.» Henri Heine trouve que les écrits de Sand «incendièrent le inonde entier, illuminant bien des prisons, où ne pénétrait nulle consolation; mais, en même temps, leurs feux pernicieux dévorèrent les temples paisibles de l'innocence».[5]

Le biographe russe de George Sand, MmeTsebrikov, prétend que toute la génération russe des années 1830-1840 a grandi sous l'influence de Sand.[6]

«George Sand, écrivit en 1876 Dostoïevsky[7], est l'un des esprits qui prévoient un meilleur avenir pour l'humanité. J'eus pour elle une grande admiration dans ma jeunesse, ses romans me servaientd'école démocratique. Son influence sur mon développement intellectuel fut énorme.»

M. Emile Faguet[8], pour trancher le grave problème de l'influence de Sand sur Ibsen, remarque avec beaucoup de justesse que si le poète Scandinave n'a pas lu l'auteur deLélia, cela ne prouve pas qu'il n'en ait pas connu l'esprit. Il est certain qu'on peut connaître, subir et répéter les idées de penseurs dont on ignore les oeuvres. C'est une des manifestations de la loi générale des choses que M. Tarde appelleRépétition universelle.[9]La science de la vie se compose de la répétition incessante des mêmes cellules, se groupant sous diverses apparences et se reproduisant à l'infini, depuis le jour où la vie est apparue dans le monde. Cette répétition se réalise dans tous les ordres de faits. Dans le monde purement physique, ce sont les vibrations lumineuses, calorifiques, etc., qui se répètent. Dans le monde organique, il y a la répétition héréditaire et dans le monde social, la répétition imitative. Les lois de cetteRépétition universelleque Tarde applique surtout aux phénomènes sociaux peuvent absolument être appliquées au monde des idées. Tout se répète dans la vie, dans le domaine des abstractions comme dans le domaine des réalités, dans le monde des faits comme dans celui des pensées. Cependant, pour adapter une idée, la répéter et la faire sienne, il faut en avoir déjà porté en soi les germes. La matière capable de développer ces germes est puisée généralement à la source la plus proche. Or, le penseurdanois Soren Kjerkegaard[10]offrait à Ibsen une source d'idées qui répondait à merveille à son propre tempérament, à ses tendances, à ses aspirations. Si Ibsen a subi l'influence de quelqu'un, c'est à coup sûr celle de Kjerkegaard.

«Le monde nouveau découvert par Kjerkegaard était une idée: l'individu. Ce fut le diamant précieux qu'il offrit à son temps. En une époque où régnait la doctrine du juste milieu, c'était grand et noble de lancer le mot «l'individu» et de vouloir convaincre le monde que la race dégénérée pouvait, grâce à l'individu, redevenir une humanité sincère.»[11]

Cette théorie est la base même de l'oeuvre d'Ibsen. Mais s'il a pris chez Kjerkegaard le principe de ses drames, il ne l'a pas répété servilement, il l'a élargi, l'a développé, l'a vivifié, lui a communiqué la forte originalité de son esprit, la vivacité de son imagination poétique et la profondeur de sonmoi.

«Il n'arrive rien de nouveau dans le monde et pourtant rien ne s'y répète, car notre vision change et modifie le sens de nos actes. Un même acte se transfigure quand notre oeil régénéré s'ouvre à une vision nouvelle.»[12]Nous ignorons les origines de l'univers, nous ne pouvons jamais savoir au juste à quel champ d'idées nous avons glané, à qui attribuer la paternité de telle ou de telle pensée, ni qui de qui subit l'influence. Qui jamais nous dirait sur quel point du globe la pensée s'est montrée pour lapremière fois et à quelle distance de nous dans la suite des siècles! La pensée, c'est l'âme humaine à travers la sublime grandeur de la nature et des âges.

Il est aussi impossible de rechercher les influences sous lesquelles Ibsen a conçu son théâtre, s'il dérive de George Sand ou de Kjerkegaard, qu'il serait téméraire de déterminer l'école à laquelle il appartient. A force de classer les écrivains, les penseurs, les artistes, les hommes politiques, par groupes, écoles, partis, chapelles, on oublie souvent d'étudier leurs idées, leurs oeuvres. Qu'importe aux ouvriers, aux misérables qui meurent de faim, que les ministres soient pris dans le centre ou dans l'extrême-gauche, si leur condition reste la même? Que nous importe à quelles écoles appartenaient les Platon, les Spinoza, les Michel-Ange, si l'influence de leurs oeuvres est immense? «Qu'est-ce que des écoles en comparaison des peuples! Elles ne comptent pas, pour ainsi dire, dans l'histoire de l'humanité, et c'est une délicate affaire d'érudition que de constater leurs noms et les phases de leur existence. Une doctrine philosophique n'a de valeur réelle que pour celui qui se l'est faite, et pour ceux qui veulent bien la lui emprunter. Ils sont toujours en une minorité imperceptible, parce que la gloire de la philosophie est ailleurs que dans la multitude de ses adhérents.»[13]Il est tout à fait impossible de classer Ibsen au point de vue de ses idées. L'homme étrange qui exerce une influence puissante sur la pensée moderne et sur la vie morale de l'Europe entière, n'appartient à aucune école; comme Brand, il estlui-même.La philosophie de son théâtre est bien sienne. D'après Sénèque, philosopher, c'est apprendre à mourir.[14]Pour Ibsen, philosopher, c'est apprendre à vivre. Vie, rêve, réalité, désir, vision, amour, joie, souffrance, tous les ressorts de l'âme humaine sont synthétisés chez lui en: Volonté, Idéal, Bonheur.

Qu'est-ce que le bonheur? Bien des gens ne savent pas distinguer le plaisir du bonheur; le plaisir n'est pas un élément essentiel du bonheur. «Le bonheur, dit Rosmer[15], c'est la pureté de conscience, ce sentiment qui donne à la vie un charme inexprimable, le plus calme, le plus joyeux de tous.»

«Conscience! conscience! instinct divin, immortelle et céleste voix, guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre; juge infaillible du bien et du mal, qui rend l'homme semblable à Dieu! C'est toi qui fais l'excellence de sa nature et la moralité de ses actions; sans toi je ne sens rien en moi qui m'élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège de m'égarer d'erreurs en erreurs à l'aide d'un entendement sans règle et d'une raison sans principe.»[16]

Le bonheur vrai et durable est un état permanent de l'âme, résultant d'une conscience pure, dépendant en grande partie de la volonté et plus indépendant des circonstances que ne le croit le vulgaire. Le bonheur existe; comme la pensée, il n'a pas besoin de palais: l'âme humaine lui suffit. L'homme leplus heureux est celui qui ne se rend pas compte de son bonheur.

«Si savantes et si profondes que puissent être les spéculations morales, elles ne sont vraiment dignes de ce nom que si elles aboutissent à des conclusions très simples, propres à être offertes à toutes les intelligences et à toutes les volontés.»[17]

Se posséder pour se donner, telle est la formule simple qui ressort de l'oeuvre d'Ibsen. L'homme le plus pauvre est celui qui ne se possède pas. Se posséder pour se donner, telle est la loi morale et sociale de l'activité humaine. Ce n'est pas là le principe de l'individualisme. Il serait donc faux de dire qu'Ibsen est individualiste. Le mot «individualisme» ne peut être appliqué à sa façon de comprendre la vie, les hommes et les choses. Seul le mot allemand «Selbstbewusstsein» l'exprime peut-être assez exactement. Ibsen ne défend pas l'individualisme, mais l'individualité; ce sont là deux termes presque opposés l'un à l'autre. L'individualisme rapporte tout à soi; l'individualité consiste seulement à vouloir être soi afin d'être quelque chose, à réaliser, sous une forme individuelle et par là même avec plus d'énergie, les caractères généraux de l'humanité. Être individuel, c'est êtresoi-même, c'est être propriétaire de ses opinions, de ses sentiments, de tout son être, au lieu d'en être simplement locataire.

D'après Ibsen, pour affronter l'orage dont le grondementse rapproche d'heure en heure, pour résoudre plusieurs de ces innombrables questions qui se posent toujours plus impérieusement à l'homme qui veut le bien de tous, autant que son bien propre, il est de plus en plus évident qu'il faut commencer par l'individu; c'est l'individu affranchi, libre, ayant conscience de sa volonté, de ses droits et de ses devoirs, qui entreprendra une réforme profonde de la société.

Le poète Scandinave peut dire avec Vinet: «C'est dans l'intérêt de la société que je plaide pour l'individualité. Je veux l'homme complet, spontané, individuel, pour qu'il se soumette en homme à l'intérêt général. Je le veux maître de lui-même, afin qu'il soit mieux le serviteur de tous. Je réclame sa liberté intérieure au bénéfice de la puissance qui prétend s'imposer à elle. La justice et la raison, lois universelles, sont les souveraines dont l'individualité doit assurer et relever le triomphe.»[18]

Nous sommes non seulement des exemplaires de l'humanité, d'une nation, d'une famille, nous sommes, avant tout,des hommes; chacun de nous a son individualité non seulement native, mais voulue, acquise, morale et intellectuelle. L'homme n'est pas tout entier dans l'individu, il n'est complet que dans l'individu associé à la grande famille humaine. Mais l'homme, ayant conscience de lui-même, s'associe plus consciemment à l'humanité. Plus notre individualité se précise, s'accroît, plus elle profite non seulement à nous, mais à tous. Plus il y a dans une société d'hommes libres, instruits et moraux, pluscette société est libre, instruite et morale. Une société, d'où l'individualité est bannie, n'est pas sociale, n'est pas humaine: elle ignore les principes mêmes du Souverain Bien. «Le bien général n'estgénéralque parce qu'il embrasse le bien de tous les individus sans exception,—autrement il ne serait que le bien d'une majorité. Certes, il ne s'ensuit pas que le bien général soit la simple somme arithmétique de tous les intérêts particuliers pris séparément, ni qu'il embrasse la sphère de liberté illimitée de chaque individu, ce qui, à son tour, serait une contradiction, car ces sphères pourraient s'entrenier et le font effectivement.»[19]

Or, en limitant, fidèle à son principe, les tendances et intérêts individuels, le bien général ne peut supprimer l'homme libre, sujet du droit souverain, en lui enlevant la possibilité d'agir librement. Par son idée même le bien général embrasse aussi le bien de l'individu, et quand il le prive de la liberté d'action, ce bien général fictif cesse d'être un bien pour lui et, descendant du général au particulier, il perd le droit d'entraver la liberté personnelle.

La personnalité humaine doit être sacrée. «Quiconque, dit Lacordaire, excepte un seul homme dans la réclamation du droit, quiconque consent à la servitude d'un seul homme blanc ou noir, ne fût-ce que par un seul cheveu de sa tête injustement lié, celui-là n'est pas un homme sincère et ne mérite pas de combattre pour la cause sacrée du genre humain.»

Non moins sacrée est la liberté de l'individu. Il ale droit de dire: «Je veux m'associer à la société non parce qu'elle me l'ordonne, mais parce que ma conscience, ma volonté, mon intelligence, ma pensée, me le commandent.»

Comme la science, les aspirations humaines n'ont pas de limites; comme toute découverte scientifique en engendre une nouvelle, toute aspiration humaine satisfaite en appelle une autre; savoir toujours davantage, pouvoir toujours davantage, c'est là la grandeur de l'homme, c'est là la source du vrai progrès, c'est là l'idéal, et personne n'a le droit de le limiter. Si la morale prescrit souvent à l'homme de se vaincre, elle ne lui ordonne jamais de se mutiler. Il faut que l'homme reste lui-même. «Plus l'individu se perfectionne, plus il est lui-même, plus étroitement il s'unit à l'humanité. Chacun de nous doit en réfléchir en lui-même les douleurs, les progrès, les espérances. Au terme, chacun de nous retrouvera dans sa propre conscience l'histoire entière de l'humanité. Aussi dans la nature, l'individualité semble être une forme suprême, dans l'histoire, une transition et un moyen. Elle est la manière de passer de l'unité abstraite, inorganique, purement naturelle, à une unité concrète, organique et libre. L'unité sentie et voulue, l'unité sociale en un mot, telle est la seule forme de vie qui convienne à la créature dont l'essence est liberté. Obstacle et moyen à la fois, parce que le mal l'a souillée, dans sa signification primitive et pure, l'individualité est un moyen d'atteindre l'unité libre, l'unité vraie, l'unité voulue, l'unité morale, l'unité de la communion, et pour tout dire en un mot: l'amour!»[20]

Tant que les consciences individuelles ne seront pas prêtes à recevoir la Vérité, à comprendre la Justice, aucun renversement de gouvernement, aucun changement d'écoles, d'idées, ne servira à rien. C'est la conscience individuelle qu'il faut délivrer, c'est la conscience individuelle qu'il faut rendre apte à concevoir l'Idée de la solidarité humaine.

L'oeuvre d'Ibsen n'est pas anti-sociale. Elle se résume dans les paroles de Kant: «N'agis que selon la maxime qui puisse devenir règle universelle. Agis de sorte que soit en toi, soit chez les autres, tu traites l'humanité comme but et jamais comme moyen.»[21]

Toucher aux mensonges, démontrer leurs effets désastreux et en chercher le remède ne peut pas être considéré comme oeuvre anti-sociale. La lutte du pauvre contre le riche, du faible contre le fort n'est pas la lutte du droit individuel contre le droit social, mais la revendication du droit à l'existence contre l'usurpation de ce droit.

-A son insu, qu'il le veuille ou non, qu'il y consente ou non, l'auteur de cette oeuvre immense et étrange est de la forte race des écrivains révolutionnaires. Il va droit au but. Il saisit corps à corps la société moderne; il arrache à tous quelque chose, à ceux-ci un cri, à ceux-là un masque; il fouaille le vice, il dissèque la passion; il creuse et sonde l'homme, l'âme, le coeur, les entrailles, le cerveau, l'abîme que chacun a en soi....[22]

Et tout cela au nom de la Vérité. Ibsen ne défend aucun parti. Il sert les adversaires de l'ordre social actuel autant que ses adhérents. Il ne cherche pas à faire prévaloir telle ou telle solution, mais à provoquer loyalement le libre jugement du lecteur. «Avec l'admirable honnêteté de son esprit et de son art, Ibsen laisse à chacun de nous la liberté de conclure selon la nature de son âme et de son intelligence, heureux seulement s'il fait vivre et travailler l'une et l'autre.»[23]Farouche ou railleur, qu'il fasse saigner le ridicule, qu'il détruise un mensonge, qu'il dénonce une injustice, c'est toujours un cri franc et brave, plein de sentiments altruistes, plein aussi d'espérances de temps meilleurs.

Car Ibsen n'est pas pessimiste. «Ma pensée est amère quand elle n'est pas triste,»[24]dit-il, mais cette amertume et cette tristesse sont des gouttes cristallisées dans l'atmosphère de l'exil. «Chaque goutte qui tombe de lui est lourde et forte comme une goutte d'élixir ou de poison,»[25]mais toujours enivrante comme une goutte de parfum. Ibsen ne laisse jamais le spectateur ou le lecteur sous l'impression d'idées pessimistes. L'oeuvre du Solitaire Scandinave dit: «Il ne faut pas broyer du noir. Si la vie est mauvaise, il ne dépend que de nous de l'améliorer,» et elle nous en indique les moyens: la Liberté, la Volonté.

«JULIEN.—Pourquoi ai-je été créé?

LA VOIX.—Pour servir l'esprit.

JULIEN.—Quel est mon rôle?

LA VOIX.—-Tu dois fonder le règne universel.

JULIEN.—Et par quel chemin?

LA VOIX.—Par celui de la liberté.

JULIEN.—Et par quel pouvoir?

LA VOIX.—Par la volonté.»[26]

Montrer aux hommes un avenir meilleur, c'est leur inspirer la volonté de le réaliser: c'est là la gloire d'Ibsen.

La société actuelle, malgré tous les progrès accomplis, n'est qu'un chaos où l'harmonie fait défaut; l'humanité est encore dans les limbes et à l'état rudimentaire, dans un état social incomplet et faux où la liberté et la justice n'existent pas. Des hommes y meurent de faim à côté des élégances portées à un raffinement de luxe inouï, le nombre des suicides et des victimes sociales, dits criminels, va en augmentant. Tout le monde sent que cet état de choses ne peut plus durer longtemps: un changement devient de plus en plus urgent. Dans son appel éloquent adressé à la bourgeoisie, Louis Blanc disait: «Une révolution sociale doit être tentée. L'ordre social actuel est trop rempli d'iniquités, de misères et de servitudes pour pouvoir durer longtemps. Il n'est personne qui n'ait intérêt, quelle que soit sa position, son rang, sa fortune, à l'inauguration d'un nouvel ordre social. Il est possible, ilest facile même d'établir cette révolution pacifiquement.»[27]

La vérité, même dure et pénible, est toujours plus salutaire qu'une erreur ou un mensonge agréable; jetée dans le courant des opinions et des moeurs, elle est discutée, propagée, vulgarisée, finit à la longue par pénétrer insensiblement les masses. Les vérités grandissent, se répètent et se complètent chaque jour; on finit par les entendre et les comprendre. L'appel de Louis Blanc, après plus d'un demi-siècle, commence à réveiller des consciences. Partout, dans tous les pays, dans toutes les classes, on sent le besoin de renouveler et d'élargir les principes dont on était depuis trop longtemps prisonnier. La société actuelle, existant encore sous le nom de civilisation, s'écroule de toutes parts: un cataclysme social devient inévitable. Les plus réfractaires eux-mêmes sont entraînés dans le tourbillon que soulève et agite le problème social. Pour secouer l'indifférence générale, il a fallu que la perception du péril devint claire et saisissante. Tout le monde comprend aujourd'hui qu'il ne suffit pas d'ignorer un danger pour le conjurer et que le meilleur moyen de s'y soustraire est de le regarder en face et de prendre les mesures que suggère la raison. Une profonde révolution se prépare, elle est lente mais irrésistible, elle ronge les édifices déjà prêts à tomber.

Certes, les individus comme les nations croient toujours vivre à la fin d'un monde ancien et au commencement d'un monde nouveau.

Le présent pour chaque homme est une époque de transition. Mais nous assistons aujourd'hui effectivement à une de ces phases de transformation si rares dans l'histoire du monde. «Il n'a pas été donné à beaucoup de philosophes, durant le courant des âges, de vivre au moment précis où se formait une idée nouvelle et de pouvoir, comme aujourd'hui, étudier les degrés successifs de sa cristallisation.»[28]

Le dénouement du grand drame social qui se joue sous nos yeux est peut-être prochain. Les vieilles formes n'existent plus, et le retour aux Religions du passé est impossible.... Loin, à l'horizon, on voit déjà poindre l'aube d'une Religion Nouvelle:le Socialisme.Les petits et les humbles, les déshérités et les victimes de la société actuelle, tous ceux qui peinent et souffrent, tournent leurs regards vers cette aube lointaine, et ils croient y voir des rayons d'Espoir.... Et l'aube grandit, et sa lumière augmente....

La religion définitive de l'humanité sera la conscience individuelle: nul besoin de Gouvernement ni d'Etat.[29]Le socialisme n'est qu'une étape très avancée, nous conduisant vers cet Idéal. Son rôle n'en est pas moins très grand. Il est impossible à l'heure actuelle de ne pas se rendre compte des proportions immenses de son développement.

Les idées socialistes sont discutées maintenant comme dignes de considération, non seulement dans les cercles politiques, mais dans tous les milieux.

Et le socialisme, comme toute Vérité Nouvelle, s'avance encore lentement: «La vérité ne peut faire vite son chemin; ses pas seraient trop peu sûrs s'ils étaient rapides. Tout est faible à l'origine. Le nombre des apôtres est toujours bien petit, non pas seulement parce que les apôtres sont exposés à être des martyrs, mais parce que la lumière, quand elle se lève, n'est jamais aperçue que par quelques yeux.»[30]

En Allemagne, le parti socialiste comptait, en 1894, 1 600 000 voix; en 1898, il en réunit 2 600 000. En France, les socialistes avaient obtenu en 1889, 91 000 voix; en 1893, ils en ont réuni 600 000 et en 1898 près de 800 000.

Au moment même où nous écrivons ces lignes une union profonde, franche et solide succède aux dissentiments qui divisaient divers groupes socialistes. Cette union rendra le socialisme français plus fort, plus puissant. Sans décider si le socialisme est ou non la solution des problèmes urgents de l'humanité souffrante, il faut être aveugle pour ne pas voir que les idées socialistes qui montent, sont des forces vivantes, appelées à jouer un rôle considérable dans la transformation de la société qui se prépare.

L'idée sociale pénètre partout, elle éveille, elle fortifie les aspirations. Les espérances qu'on fonde sur le socialisme font naître de grands devoirs pour ceux qui le mènent. L'heure est décisive. Il fautqu'ils évitent, dès leur premier pas, toute équivoque. C'est une erreur que de se dire: il faut aimer ce qu'on a quand on n'a pas ce qu'on aime. Il faut que les socialistes rejettent la vieille formule qui gouvernait jusqu'à présent le monde: «Ote-toi, que je m'y mette», et que tout dans leur action soit franc, net et clair. La science de la répression est au bout de son rouleau, et ce n'est pas la Force que les socialistes doivent considérer, comme «accoucheuse des sociétés», mais la Solidarité. La solidarité n'est possible qu'entre égaux. Ni préjugés, ni passions, mais la Raison, la Justice et l'Egalité doivent être les armes du socialisme. Il ne doit être ni une formule, ni un parti, mais un principe. Il ne doit être ni Allemand, ni Français, ni Russe, mais simplement humanitaire. Son rôle, c'est d'établir l'égalité sociale de tous les êtres, quelle que soit leur origine, leur race, leur sexe. «Tant que le cosmopolitisme ne sera pas, le régime socialiste est impossible à établir.»[31]C'est vers le cosmopolitisme, vers l'universalisme que le socialisme doit viser. Qu'il se dépouille de son caractère étroit de secte ou de parti, qu'il apparaisse à tous comme le réveil de l'humanité souffrante.

Si le socialisme est l'opposé de l'individualisme, il ne doit pas exclurel'individualité. Ne rejetons pas de la conception sociale de la vie humaine l'idée de l'individualité consciente. Si l'objet de la conscience est l'unité, la société, l'humanité; l'individualité est la forme de la conscience, la forme de la volonté, la forme de l'homme.

La suppression de la personnalité implique la suppression de la conscience individuelle, sans laquelle il n'y a point de conscience nationale, de conscience humaine.

Laissons l'homme évoluer indépendamment. La perte de la personnalité est plus grave que la perte de la vie.

La justice du socialisme doit être égale pour tous les individus sans aucune exception, cette justice doit être idéale et supérieure, qui donnerait à chacun au moins un minimum de bien-être et de bonheur. L'humanité ne peut avoir d'autre loi que celle de la Justice. «La justice est le seul critérium vrai dans l'application des choses humaines. La justice est le ferment du corps social.»[32]

Le socialisme, comme l'économie politique, sans justice, sans morale, est une chimère. La justice ne doit oublier personne, ni celui qui peine, ni celui qui pense, ni le mineur enfoui sous le sol qui, privé de la lumière du jour et des gais sourires du soleil, expose sa vie au feu du grisou, à l'éboulement des rocs; ni le laboureur courbé sur son dur sillon, au front baigné de sueurs; ni le proscrit qui ne sait où reposer sa tête douloureuse. Un peu plus de tendresse aussi pour ceux qui planent dans les hautes régions de la science, pour ceux qui cherchent à résoudre des problèmes divers, qui méditent sur les droits, les devoirs, le but de notre existence, qui cherchent la réalisation du Beau et du Vrai. N'épuisons jamais leur courage. Eloignons d'eux tout obstacle capable de ralentir leur libre développement,laissons-les se recueillir en paix, ne troublons pas leur repos; leurs pensées font naître des étincelles qui illuminent souvent l'humanité entière.

Que les socialistes travaillent, agissent sans trêve, qu'ils préparent les voies de l'Avenir, qu'ils se disent avec Oernulf[33]:

«Ne tiens pas de discours inutile, mais que tout ce que tu diras soit tranchant comme la lame d'une épée»; et qu'ils n'oublient jamais les maximes de Brand: «Qui veut vaincre ne doit pas céder. Si tu donnes tout, excepté ta vie, sache que tu n'as rien donné.»

Pour être juste, il faut dire que le mot «socialisme» ne se trouve nulle part dans l'oeuvre d'Ibsen, mais il en est l'aboulissant logique et naturel. Ibsen se contente de faire le procès de la société actuelle, de nous faire voir que la civilisation n'est pas encore une réalité, qu'elle n'est qu'une promesse. L'esprit humain n'a pas encore pris possession de lui-même, la justice n'est pas encore de ce monde. A mesure que l'empire de la force brutale diminuera, les idées humaines de justice et d'équité grandiront, la génération future en verra peut-être l'avènement.

«A mesure que se poursuivra notre évolution, nous verrons plus clairement combien nous sommes encore loin de la réalisation de cet idéal d'égalité dans les conditions sociales de la lutte. Les générations futures se rappelleront avec surprise, et peut-êtreavec un sourire, notre idéal d'un état de société: des conditions permettant de tirer tout le fruit possible de la libre compétition.»[34]

Soyons sincères avec nous-mêmes et avec les autres, éclairons les hommes, proclamons les droits, réveillons la dignité humaine, cherchons la Vérité, partout, en tout et toujours, ne craignons pas la lumière, semons les idées, semons les enthousiasmes. Les idées sont comme des grains confiés à la terre; elles n'attendent que la rosée et le rayon du soleil pour germer.

«Il n'y a pas d'abîme entre le penser et l'action, du moins pour ceux qui ne sont pas habitués à la sophistique. La conception est déjà un commencement d'action.»[35]

Que d'utopies, depuis que le monde existe, devenues, grâce à l'évolution, des réalités!

«L'évolution s'est faite, la révolution ne saurait tarder. Le jour viendra où l'Evolution et la Révolution, se succédant immédiatement, du désir au fait, de l'idée à la réalisation, se confondront en un seul et même phénomène. C'est ainsi que fonctionne la vie dans un organisme sain, celui d'un homme ou celui d'un monde.»[36]

L'humanité appelle des hommes vigoureux qui aident l'évolution, qui préparent la révolution. A l'oeuvre, si nous ne nous sentons pas dégénérés; unissons-nous, mettons en commun nos idées, nos forces, combattons pour la vérité, pour le bonheur.«L'unisson doit servir les plus nobles besognes et les devoirs les plus élevés.»[37]

Travaillons tous au rajeunissement, au grand principe de l'unité humaine, réveillons les courages, éveillons les espérances.

«L'espérance est une loi primitive de la raison; la logique l'impose, la vie l'exige. C'est par elle seule que l'esprit s'achève en faisant du monde un tout, dont les désaccords mêmes rentrent dans l'universelle harmonie, c'est par elle seule que tout se tient et se concilie, que l'âme s'apaise à la paix universelle, que tous les éléments de l'esprit et des choses s'unissent pour composer un monument grandiose dont nous ne contemplons pas la majestueuse ordonnance, nos yeux étant trop faibles pour pénétrer l'infini de l'avenir et embrasser l'immensité d'un regard, mais dont nous suivons les colonnes qui s'élèvent, les arceaux qui s'inclinent, les lignes qui toutes montent d'un même élan pour se rencontrer et s'unir dans des hauteurs éternellement sereines.»[38]Travaillons et espérons que tôt ou tard, l'heure sublime parviendra où selon l'expression d'Isaïe «les fers de lance seront transformés en socs de charrue», travaillons à l'épanouissement suprême de la Vérité, au rayonnement de la bonté parfaite et de l'amour universel. La fin de ce monde ancien ne doit être que l'aurore d'un monde rajeuni et le chaos des idées où se trouve la fin de notre siècle, doit être le berceau d'une ère nouvelle. «Dans ce désert sans fin, des palmiers courbés par un vent furieux etjetant de longues ombres noires, je sens des flots qui se soulèvent, je sens une aurore qui naît. Déjà s'éveillent toutes les pensées, toutes les actions à venir. Il y a des souffles, des tressaillements. L'heure de la renaissance a sonné. Et j'entends des murmures: C'est l'heure de naître et de créer!»[39]

A l'oeuvre!

Notes:


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