I

Au moment où Jérôme entra, rue de Vaugirard, dans la chapelle des Carmes, l’office du Samedi Saint était commencé. Comme tous les ans, la veille de Pâques, on y faisait l’ordination des clercs. Devant le tabernacle se tenait agenouillé, en chape violette, avec ses assistants, un majestueux évêque dont un acolyte portait la crosse. Les surplis des prêtres emplissaient le chœur ; des têtes chauves brillaient sous le soleil qui pénétrait, à droite, par le vitrail du transept.

Les yeux de Jérôme ne se tendirent qu’une minute vers l’autel. Au milieu de la nef, la double rangée des ordinands formait en demi-cercle une couronne d’aubes et de cierges, le long d’un tapis où, solennellement, s’avancèrent ceux qui allaient être ordonnés, les uns sous-diacres, les autres diacres, quelques-uns, prêtres. Ils se mirent à genoux, puis, les mains croisées sous leur front, ils s’allongèrent, demeurèrent immobiles. Le clergé avait entonné les litanies des Saints ; l’Église triomphante s’entendait appeler à soutenir de sa puissance l’infirmité des médiateurs terrestres. Eux, avant de se lier par les rites irrévocables, ils signifiaient leur volonté de mourir à tout ce qui n’était pas Dieu ; ils restaient couchés là, pareils à des cadavres, comme de grands lys foudroyés.

Jérôme, leste et mince, pour mieux voir, s’insinua entre les chaises pressées des fidèles, jusqu’au centre de la nef. Il considéra ces corps de jeunes hommes, prostrés en ligne, sur deux rangs. Les diacres, par-dessus leur aube, étaient ceints d’une étole, comme des soldats d’un baudrier. La couleur rouge étalée dans l’or du tapis lui représenta des flaques sinueuses de sang, le sang frais de combattants abattus, la face dans la poussière, parmi des blés qui mûrissent. Il songea :

— Si Montcalm était ici…

Montcalm, son aîné de deux ans, un camarade tué à la guerre, cinq mois avant la fin ; une de ces amitiés que le silence de la mort approfondit !

« Qu’est-ce qu’un mort ? a dit quelqu’un.Un absent qui n’écrit plus.»

Montcalm avait-il besoin d’écrire ? Quand était-il absent ? Depuis l’heure où il partit en patrouille et ne reparut jamais, Jérôme gardait comme gravé au couteau dans sa mémoire son regard d’adieu ; même le son de ses dernières paroles vibrait en lui.

A Moulin-sous-Touvent, le soir du 3 juin, au crépuscule, ils marchaient l’un derrière l’autre, le long d’un boyau fangeux. Montcalm s’avançait le premier, penchant la tête, massif et grave. Un brusque pressentiment le saisit ; il s’arrêta, se retourna, dit à Jérôme :

— Tu sais où je dois aller après cette guerre, si j’en reviens (Jérôme savait qu’il se destinait, tardivement, au séminaire). Si je meurs, tu prendras ma place. Est-ce promis ?

— Alors, tu n’en veux pas revenir ?

— Est-ce promis ? insista Montcalm qui posa une main sur son épaule et le regarda comme s’il lui passait le fardeau d’une mission sacrée. Il tendait vers son ami son visage honnête et rubicond, sa forte mâchoire de rural vendéen. Un sourire mystique commentait son adjuration. Jérôme ne se raidit point sous l’imprévu de cette violence :

— Si Dieu l’exige, répondit-il, si, moi-même,j’enreviens, vieux, c’est promis.

Ils s’étreignirent sans rien ajouter. Montcalm, dans la nuit tombante, reprenant sa marche, semblait en route déjà pour les pays d’outre-tombe…

Deux semaines plus tard, Jérôme eut le bras droit cassé par une balle. La fracture était sérieuse ; la maladresse d’un major en compromit la guérison. Une faiblesse lui resta dans les muscles qui le rendit pour longtemps inapte à tenir un fusil. L’armistice le libéra ; il rentra chez sa mère, alors installée aux environs de Saint-Cloud, sur la hauteur de Garches.

Il ne lui parla point de la promesse faite à Montcalm.

La mort de Montcalm était-elle bien sûre ? Suffisait-elle à certifier l’appel divin ?

Ai-je la vocation ? s’interrogeait-il. Et il interrogea Dom Estienne, son confesseur, un vieux bénédictin prudent. Celui-ci conseilla simplement : « Attendez et priez. »

Jérôme attendait plus qu’il ne priait. La grandeur du sacerdoce, parfois, l’attirait, même l’enivrait. Mais, avec la fougue de ses vingt et un ans, il s’élançait aux joies palpables, comme un affamé ouvre ses narines à l’odeur d’un pain chaud. Il préparait un examen tout profane : l’École d’agriculture de Beauvais, où il se proposait d’être admis, l’armerait de méthodes neuves pour l’exploitation de ses terres, en Vendée. L’histoire étant une de ses passions, il suivait aussi des cours à l’Institut catholique. C’est pourquoi il avait dirigé ses pas vers la chapelle des Carmes ; au spectacle de l’ordination il voulait s’éprouver, s’imaginer lui-même en soutane et en aube, pareil à quelqu’un de ces prostrés sur qui le chœur chantait les litanies des Saints.

Elles retentissaient, plus triomphales que funèbres, au-dessus des victimes dont allait se consommer l’oblation. Les fortes voix du clergé, celles, plus flottantes, de la foule, déroulaient impersonnellement la continuité naïve des versets et des réponses. L’Église dénombrait les colonnes de l’invisible basilique édifiée et enrichie par les siècles. Elle conviait à défiler autour des ordinands, à leur tendre la main, l’armée des anges et des archanges, tous les Ordres des Esprits bienheureux, les Patriarches et les Prophètes, les Apôtres et les Évangélistes, les Martyrs, les Confesseurs, les Vierges, les Veuves, les Ermites, les Pénitents ; et le Christ lui-même, avec son étendard, semblait descendre, comme dans les limbes, au-devant de ces ensevelis pour les initier a sa gloire.

Mais le cri suppliant de la misère se prolongeait : Délivre-nous, Seigneur ! Entends-nous, nous t’en prions.Te rogamus, audi nos…

Jérôme s’unissait aux réponses ; leur gaillardise populaire allégeait de sa tristesse la longue prostration. Il se disait en même temps :

« A quoi pensent-ils, ces hommes qui vontfaire le pas, ou qui, tout à l’heure, seront des prêtres ? Est-ce au monde dont ils se séparent, aux tendresses désirables qu’ils n’auront pas connues ? A l’immensité des dons, des pouvoirs, aux terribles charges qu’ils assument ? Est-ce à leur indignité ? Ou cèdent-ils à la douceur du suprême abandon ? Ils savent que c’est bien fini, qu’ils sont la part du Seigneur ; ils se remettent en leur néant pour renaître dans l’Esprit Saint. Ils porteront, quand même, jusqu’au bout, leur chair de péché, la loi de la sottise et de l’orgueil. Montcalm, lui, dans cette posture, n’aurait eu qu’une idée : « Le Maître m’a voulu ; j’obéis ; je servirai dans l’amour. » Il était prêtre avant de l’être. Ceux qui sont là ressemblent-ils à Montcalm ?

Moi, je suis loin de leur obéissance. Je n’ai, comme dirait Dom Estienne, ni l’attrait surnaturel, ni l’intention droite. Je ne mérite pas le choix d’en Haut. J’ai le goût de rester libre. Oh ! la soutane, un suaire noir. Moi, Jérôme Cormier, en soutane !… Non, ça ne m’irait point. Et pourtant…

Il s’arrêtait au bord de cet aveu :

« Tu es faible devant toi-même ; tu as peur du sacrifice.La vocation vient-elle de toi ?Si tu l’as, qui l’aura faite ? »

Les ordinands s’étaient relevés ; le demi-cercle des aubes et des cierges se reforma. Jérôme admirait les visages purs et tranquilles des clercs debout en face de lui. Son enthousiasme les jugeait « sublimes, angéliques ». Et, en effet, un rayon intérieur dégageait des plus ternes quelque chose de doux dans la force, d’intrépide dans la modestie.

La Messe commença. Entre leKyrieet l’Évangile les ordinations se succédèrent. Chaque fois qu’un nom, en latin, était appelé, le candidat répondait :Adsum, Me voici, le mot d’Abraham quand le Seigneur lui mit en main le couteau pour l’immolation d’Isaac.

Ce mot, la plupart des ordinands le proféraient d’une voix rapide, effacée, un peu comme le soldat répond :Présentà l’appel du quartier. Mais il enfermait toutes les acceptations jusqu’au martyre ; dans la chapelle des Carmes, le martyre pouvait-il ne point être évoqué ?

Ce fut entre ses murs, qu’en 1792, les septembriseurs entassèrent et jugèrent, avant la tuerie méthodique, les prêtres qu’ils n’avaient pas massacrés dans le jardin. Sur le marbre de la table où l’on communie, les bourreaux venaient aiguiser leurs sabres. Puis, les condamnés étaient poussés, par la galerie, vers le palier du jardin. A mesure qu’ils se montraient, on les précipitait sur les piques, on les sabrait, on les fusillait.

Jérôme avait maintes fois passé devant le petit perron, au bas de la muraille enfumée, sous les fenêtres grillées comme celles des cachots. Contre la rampe de fer, entre le double escalier, il avait vu la simple inscription :Hic ceciderunt, ils sont tombés ici.Il avait assisté à une Messe dans la crypte où les parois de marbre noir cachent les ossements des cent quarante prêtres martyrisés. Il avait retenu de ces contacts une dure leçon d’ascétisme, un vague effroi qui s’étendait au séminaire tout entier. Une partie de lui-même s’exaltait à de tels souvenirs héroïques ; l’humain de ses appétits les répudiait.

Cependant il suivait avec attention les rites. Le Pontife, assis ou debout, déposant ou reprenant sa mitre, lisait d’une voix claire les augustes oraisons. Les ordinands montaient s’agenouiller, se relevaient : tonsurés, portiers, lecteurs, exorcistes, acolytes, sous-diacres portant pliée sur le bras gauche la dalmatique, « vêtement de joie », et qui touchaient le calice, la patène vides, en témoignage du don d’eux-mêmes sans retour.

« Voulez-vous boire mon calice ? » leur disait intérieurement le Prêtre éternel. Ils répondaient : Oui. Jérôme entendait une voix insidieuse lui souffler : « Le calice est trop amer. Qu’il passe loin de toi. »

Sur la tête des nouveaux diacres, le Pontife étendait la main droite ; il mettait à leur cou l’étole blanche, symbole de candeur, de bienheureuse immortalité et leur faisait toucher le livre des Évangiles.

Mais à l’ordination des prêtres était réservée la plus ample liturgie. Jérôme observa la petite nappe qu’ils tenaient pour lier et laver leurs mains.

Le consécrateur lut l’admonition latine où l’on rappelle qu’autrefois le peuple était consulté.

«C’est avec une grande crainte, poursuivait-il, qu’on doit monter à une dignité si haute… Il faut qu’une sagesse céleste, des mœurs probes, une longue pratique de la justice recommandent les élus…,qu’ils soient les vieillards du peuple. »

Il associait à l’Église future, incarnée dans les nouveaux prêtres, toute celle des temps passés, depuis les Apôtres, depuis Moïse et les soixante-dix hommes choisis dans Israël…

Puis il se leva, et, sans discours ni chant ni aucune parole, il imposa les deux mains à chacun des diacres agenouillés. Les prêtres qui l’entouraient passèrent devant eux, faisant de même. Enfin, tous ensemble, le Pontife et les prêtres étendirent leur main droite sur les têtes inclinées.

Dans le silence des assistants graves et saisis Jérôme perçut le lourd sanglot d’une mère défaillant sous l’holocauste de son fils. Il se représenta sa mère à lui, s’il était parmiles élus.

« Elle aurait le courage de ne point pleurer ; mais, avant, quel drame ! »

Le Pontife, sur la poitrine des ordinands, avait disposé, en forme de croix, l’étole qui figure le joug du Seigneur, suave et léger. Il avait abaissé le long de leur corps la chasuble, emblème de la charité parfaite.

Alors il s’agenouilla, entonna leVeni creator, et le chœur, à pleines voix, scanda l’hymne brûlante, l’hymne implorante. Jérôme croyait communier sans réserve à l’élan de l’invocation. Avec le clergé, avec ses frères chrétiens, avec l’Église de l’univers, il adjurait l’éternel Visiteur, « source vive, feu, onction spirituelle », le Souffle Saint dont le toucher fait les cœurs aimants et pacifiques.

Mais, cette paix divine, lui-même en possédait-il la constance ? Pendant qu’il chantait leVeni creator, des images profanes s’insinuaient autour de sa pensée, l’enlaçaient délicatement pour l’attirer au loin.

— Agnès et Antoinette auraient dû venir ; elles seraient émues…

Antoinette et Agnès Duprat étaient les deux sœurs. Leur mère, veuve d’un magistrat nantais, venait de mourir d’une lente maladie de cœur, aux Clouzeaux, bourg vendéen, où sa maison avoisinait la Brunière, le domaine de MmeCormier. Celle-ci, qui l’aimait, et plus encore aimait ses filles, les avait recueillies, pour quelques mois, à Garches. Jérôme s’était fait d’elles, malgré leur tristesse, deux amies délicieuses. Presque à son insu elles captivaient sa vie d’un naïf enchantement. Chacune l’occupait par une amitié différente : fraternelle avec l’aînée, Antoinette, jeune personne vive et raisonnable, qui se proposait, quand elle aurait marié sa sœur, de prendre, au couvent de la rue du Bac, l’habit des Filles de la Charité ; plus inquiète, plus tendre aussi avec la singulière Agnès. Pour lui plaire, Agnès avait mieux que la fraîcheur de ses dix-huit ans : une intelligence aiguë, des saillies originales, des alternances de rêverie et d’enthousiasme ; il surprenait chez elle, sous des élans mystiques, une aspiration réprimée à tous les bonheurs pressentis, mais un je ne sais quoi de violent, de faible, de douloureux qui le troublait.

Au milieu d’une cérémonie dont tous les rites prêchaient le renoncement, le souvenir d’Agnès s’interposa comme pour protester contre d’austères desseins. L’idée de sa présence lui survint telle qu’au premier instant où, après des années, ils s’étaient revus.

Il rentrait, vers midi, par le sentier qui passe au bas du jardin ; en ouvrant la porte, il avait levé les yeux ; dans l’embrasure d’une fenêtre elle se tenait debout, regardant, comme éblouie, la plaine où tremblait, sous la brume, Paris lointain, semblable à une ville ensevelie qu’on découvrirait au fond d’une mer transparente. Son grand deuil faisait valoir ses bras nus, nerveux, rosés en plein soleil, avec des fossettes d’ombre dans leurs plis.

Au bruit de son pas, elle se pencha, puis se retira vivement ; mais, l’ayant reconnu, elle se montra de nouveau ; comme il la saluait d’un air joyeux, elle s’inclina en souriant…

La présence imaginaire s’est écartée, ce qu’on fait dans la chapelle ressaisit Jérôme. Le Pontife assis ôte ses gants ; devant lui, les ordinands fléchissent les genoux ; et, chacun ayant ses mains jointes, il les oint de l’huile des catéchumènes, du chrême qui servait jadis à sacrer les rois. Avec son pouce il étend l’huile en deux lignes formant une croix ; il trace sur ces mains humides un lent signe de croix,

« afin que tout ce qu’elles béniront soit béni, que tout ce qu’elles consacreront soit consacré et sanctifié. »

Un des assistants prend la nappe que l’ordinand présente entre ses doigts ; il en lie la main droite sur la gauche ; aux deux mains ainsi liées le Pontife tend le calice où l’on a mêlé le vin et l’eau ; il leur donne le contact de la patène qui porte l’hostie ; et il prononce les paroles de transmission :

« Recevez le pouvoir d’offrir le sacrifice à Dieu, de célébrer la Messe aussi bien pour les vivants que pour les morts. »

Quand les prêtres ordonnés sont redescendus de l’autel, Jérôme contemple leurs mains ; il ne s’arrête pas à examiner si elles sont blanches ou rougeaudes, fines ou épaisses, grossières ou patriciennes. Il les sait consacrées ; elles béniront, elles baptiseront ; déployées au-dessus de l’hostie et du calice elles aideront la Parole au miracle du pain et du vin transsubstantiés ; elles seules toucheront le Corps du Seigneur. Ces mains, saintes à présent, même si elles devenaient impures, tiendront les clefs invisibles ; sans leur geste rien de ce qui est lié ou délié dans le ciel ne saurait, sur la terre, se délier ou se lier.

Jérôme les voit marquées d’unsignemystérieux impossible à détruire. L’huile de l’onction a beau être essuyée ; les deux lignes en forme de croix demeurent incrustées du pouce à l’index, jusqu’au dedans des paumes, à jamais.

La puissance inamovible de ce caractère émerveille Jérôme ; et cependant un effroi le traverse à la simple idée qu’il devrait un jour en recevoir le signe. Il se retranche dans son indignité, il ne veut pas que ses mains à lui soient enchaînées ni ointes.

« Etre libre », c’est le cri de sa jeunesse impatiente. Le poulain se méfie de la bride et du mors ; il ne comprend que l’appel des herbages ou le clairon du vent qui a bondi sur les vagues. Jérôme est tourmenté d’un sourd malaise ; il s’ennuie au voisinage de ces esclaves du Christ qui, tout à l’heure, vont, une fois de plus, s’agenouiller devant l’évêque et promettre obéissance. Il prend son chapeau, comme pour s’en aller. Mais il se ravise en pensant :

— Montcalm serait là ; je resterais ; et que diraitle Père?

Celui qu’on appelle, chez MmeCormier, « le Père », est l’oncle paternel de Jérôme, un ancien missionnaire que ses infirmités ont réduit à l’inaction ; sa belle-sœur lui donne asile, et ce vieux malade exerce dans la maison une suprématie ; Jérôme lui-même éprouve son ascendant ; la présence du « Père » domine, qu’il le veuille ou non, tous ses actes.

Il reste donc jusqu’au bout de la Messe magnifique concélébrée à voix haute par le Pontife et les nouveaux prêtres. Le tumulte de son indépendance s’est calmé. Il s’associe à la majesté du Sacrifice, à l’attente pascale, dans la douceur de la divine Communion.

Cependant, lorsqu’il sort de la chapelle, il part aussi allègre qu’un écolier s’échappant à la fin d’une classe trop longue. D’un pas impétueux il descend la rue d’Assas ; il va comme pressé par un rendez-vous d’amour. Il éparpille sa force dans les choses extérieures ; il est content de faire sonner sous ses talons le trottoir ensoleillé. Du bonheur passe pour lui, même dans les nuages dispersés au delà des toits fumants. La terre lui semble belle comme un navire pavoisé voguant vers des îles bleues, au matin d’un printemps qui se voudrait éternel.


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