The Project Gutenberg eBook ofLes Climats

The Project Gutenberg eBook ofLes ClimatsThis ebook is for the use of anyone anywhere in the United States and most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this ebook or online atwww.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you will have to check the laws of the country where you are located before using this eBook.Title: Les ClimatsAuthor: Anna de NoaillesIllustrator: François-Louis SchmiedRelease date: August 9, 2022 [eBook #68719]Most recently updated: October 18, 2024Language: FrenchOriginal publication: France: Société du livre contemporain, 1924Credits: Laurent Vogel, Chuck Greif and the Online Distributed Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica))*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK LES CLIMATS ***

This ebook is for the use of anyone anywhere in the United States and most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this ebook or online atwww.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you will have to check the laws of the country where you are located before using this eBook.

Title: Les ClimatsAuthor: Anna de NoaillesIllustrator: François-Louis SchmiedRelease date: August 9, 2022 [eBook #68719]Most recently updated: October 18, 2024Language: FrenchOriginal publication: France: Société du livre contemporain, 1924Credits: Laurent Vogel, Chuck Greif and the Online Distributed Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica))

Title: Les Climats

Author: Anna de NoaillesIllustrator: François-Louis Schmied

Author: Anna de Noailles

Illustrator: François-Louis Schmied

Release date: August 9, 2022 [eBook #68719]Most recently updated: October 18, 2024

Language: French

Original publication: France: Société du livre contemporain, 1924

Credits: Laurent Vogel, Chuck Greif and the Online Distributed Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica))

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LES CLIMATS

LES CLIMATS

Cette édition établie parF-L. SCHMIEDpour la Société duLIVRE CONTEMPORAINet sous la direction de Eug.Renevey et H. Michel-Dansaca été tirée à 125 exemplaires.

Cette édition établie parF-L. SCHMIEDpour la Société duLIVRE CONTEMPORAINet sous la direction de Eug.Renevey et H. Michel-Dansaca été tirée à 125 exemplaires.

Cette édition établie parF-L. SCHMIEDpour la Société duLIVRE CONTEMPORAINet sous la direction de Eug.Renevey et H. Michel-Dansaca été tirée à 125 exemplaires.

Dépôt légal

TU VIENS DE TROP GONFLER MON CŒURPOUR L’ESPACE QUI LE CONTIENT...SHAKESPEARE

TU VIENS DE TROP GONFLER MON CŒURPOUR L’ESPACE QUI LE CONTIENT...SHAKESPEARE

TU VIENS DE TROP GONFLER MON CŒURPOUR L’ESPACE QUI LE CONTIENT...SHAKESPEARE

TU VIENS DE TROP GONFLER MON CŒURPOUR L’ESPACE QUI LE CONTIENT...SHAKESPEARE

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[Pas d'image disponible.]COMTESSE DE NOAILLESLESCLIMATS[Pas d'image disponible.]SOCIÉTÉ DU LIVRE CONTEMPORAIN[Pas d'image disponible.]P A R I S 1924[Pas d'image disponible.]

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COMTESSE DE NOAILLES

[Pas d'image disponible.]SOCIÉTÉ DU LIVRE CONTEMPORAIN[Pas d'image disponible.]P A R I S 1924[Pas d'image disponible.]

TABLE DES POÈMES

Excite maintenant tes compagnons duchœur à célébrer l’illustre Syracuse!...PINDARE.

Excite maintenant tes compagnons duchœur à célébrer l’illustre Syracuse!...PINDARE.

Excite maintenant tes compagnons duchœur à célébrer l’illustre Syracuse!...PINDARE.

Je me souviens d’un chant du coq, à Syracuse!Le matin s’éveillait, tempétueux et chaud;La mer, que parcourait un vent large et dispos,Dansait, ivre de force et de lumière infuse!Sur le port, assailli par les flots aveuglants,Des matelots clouaient des tonneaux et des caisses,Et le bruit des marteaux montait dans la fournaiseDu jour, de tous ces jours glorieux, vains et lents;J’étais triste. La ville illustre et misérableSemblait un Prométhée sur le roc attaché;Dans le grésillement marmoréen du sablePiétinaient les troupeaux qui sortaient des étables;Et, comme un crissement de métal ébréché,Des cigales mordaient un blé blanc et séché.Les persiennes semblaient à jamais retombéesSur le large vitrail des palais somnolents;Les balcons espagnols accrochaient aux murs blancsBroyés par le soleil, leurs ferrures bombées:Noirs cadenas scellés au granit pantelant...Dans le musée, mordu ainsi qu’un coquillagePar la ruse marine et la clarté de l’air,Des bustes sommeillaient,—dolents, calmes visages,Qui s’imprègnent encor, par l’éclatant vitrage,De la vigueur saline et du limpide éther.Une craie enflammée enveloppait les arbres;Les torrents secs n’étaient que des ravins épars,De vifs géraniums, déchirant le regard,Roulaient leurs pourpres flots dans ces blancheurs de marbre...##Je sentais s’insérer et brûler dans mes yeuxCet éclat forcené, inhumain et pierreux.Une suture en feu joignait l’onde au rivage.J’étais triste, le jour passait. La jaune fleurDes grenadiers flambait, lampe dans le feuillage.Une source, fuyant l’étreignante chaleur,Désertait en chantant l’aride paysage.Parfois sur les gazons brûlés, le pourpre épiDes trèfles incarnats, le lin, les scabieuses,Jonchaient par écheveaux la plaine soleilleuse,Et l’herbage luisait comme un vivant tapisQue n’ont pas achevé les frivoles tisseuses.Le théâtre des Grecs, cirque torride et blond,Gisait. Sous un mûrier, une auberge voisineVendait de l’eau: je vis, dans l’étroite cuisine,Les olives s’ouvrir sous les coups du pilonTandis qu’on recueillait l’huile odorante et fine.Et puis vint le doux soir. Les feuilles des figuiersCaressaient, doigts légers, les murailles bleuâtres.D’humbles, graves passants s’interpellaient; les piedsDes chevreaux au poil blanc, serrés autour du pâtre,Faisaient monter du sol une poudre d’albâtre.Un calme inattendu, comme un plus pur climat,Ne laissait percevoir que le chant des colombes.Au port, de verts fanaux s’allumaient sur les mâts,Et l’instant semblait fier, comme après les combatsUn nom chargé d’honneur sur une jeune tombe.C’était l’heure où tout luit et murmure plus bas...La fontaine Aréthuse, enclose d’un grillage,Et portant sans orgueil un renom fabuleux,Faisait un bruit léger de pleurs et de feuillageDans les frais papyrus, élancés et moelleux...Enfin ce fut la nuit, nuit qui toujours étonnePar l’insistante angoisse et la muette ardeur.La lune plongeait, telle une blanche colonne,Dans la rade aux flots noirs, sa brillante liqueur.Un solitaire ennui aux astres se raconte:Je contemplais le globe au front mystérieux,Et qui, ruine auguste et calme dans les cieux,Semble un fragment divin, retiré, radieuxDe vos temples, Géla, Ségeste, Sélinonte!##O nuit de Syracuse: Urne aux flancs arrondis!Logique de Platon! Ame de Pythagore!Ancien Testament des Hellènes; amphoreQui verses dans les cœurs un vin sombre et hardi,Je sais bien les secrets que ton ombre m’a dits.Je sais que tout l’espace est empli du courageQu’exhalèrent les Grecs aux genoux bondissants;Les chauds rayons des nuits, la vapeur des nuagesSont faits avec leur voix, leurs regards et leur sang.Je sais que des soldats, du haut des promontoires,Chantant des vers sacrés et saluant le sort,Se jetaient en riant aux gouffres de la mortPour retomber vivants dans la sublime Histoire!Ainsi ma nuit passait. L’ache, l’anet crépuRépandaient leurs senteurs. Je regardais la rade;La paix régnait partout où courut Alcibiade,Mais,—noble obsession des âges révolus,—L’éther semblait empli de ce qui n’était plus...J’entendis sonner l’heure au noir couvent des Carmes.L’espace regorgeait d’un parfum d’orangers.J’écoutais dans les airs un vague appel aux armes...##Et le pouvoir des nuits se mit à propagerL’amoureuse espérance et ses divins dangers:O désir du désir, du hasard et des larmes!

Je me souviens d’un chant du coq, à Syracuse!Le matin s’éveillait, tempétueux et chaud;La mer, que parcourait un vent large et dispos,Dansait, ivre de force et de lumière infuse!Sur le port, assailli par les flots aveuglants,Des matelots clouaient des tonneaux et des caisses,Et le bruit des marteaux montait dans la fournaiseDu jour, de tous ces jours glorieux, vains et lents;J’étais triste. La ville illustre et misérableSemblait un Prométhée sur le roc attaché;Dans le grésillement marmoréen du sablePiétinaient les troupeaux qui sortaient des étables;Et, comme un crissement de métal ébréché,Des cigales mordaient un blé blanc et séché.Les persiennes semblaient à jamais retombéesSur le large vitrail des palais somnolents;Les balcons espagnols accrochaient aux murs blancsBroyés par le soleil, leurs ferrures bombées:Noirs cadenas scellés au granit pantelant...Dans le musée, mordu ainsi qu’un coquillagePar la ruse marine et la clarté de l’air,Des bustes sommeillaient,—dolents, calmes visages,Qui s’imprègnent encor, par l’éclatant vitrage,De la vigueur saline et du limpide éther.Une craie enflammée enveloppait les arbres;Les torrents secs n’étaient que des ravins épars,De vifs géraniums, déchirant le regard,Roulaient leurs pourpres flots dans ces blancheurs de marbre...##Je sentais s’insérer et brûler dans mes yeuxCet éclat forcené, inhumain et pierreux.Une suture en feu joignait l’onde au rivage.J’étais triste, le jour passait. La jaune fleurDes grenadiers flambait, lampe dans le feuillage.Une source, fuyant l’étreignante chaleur,Désertait en chantant l’aride paysage.Parfois sur les gazons brûlés, le pourpre épiDes trèfles incarnats, le lin, les scabieuses,Jonchaient par écheveaux la plaine soleilleuse,Et l’herbage luisait comme un vivant tapisQue n’ont pas achevé les frivoles tisseuses.Le théâtre des Grecs, cirque torride et blond,Gisait. Sous un mûrier, une auberge voisineVendait de l’eau: je vis, dans l’étroite cuisine,Les olives s’ouvrir sous les coups du pilonTandis qu’on recueillait l’huile odorante et fine.Et puis vint le doux soir. Les feuilles des figuiersCaressaient, doigts légers, les murailles bleuâtres.D’humbles, graves passants s’interpellaient; les piedsDes chevreaux au poil blanc, serrés autour du pâtre,Faisaient monter du sol une poudre d’albâtre.Un calme inattendu, comme un plus pur climat,Ne laissait percevoir que le chant des colombes.Au port, de verts fanaux s’allumaient sur les mâts,Et l’instant semblait fier, comme après les combatsUn nom chargé d’honneur sur une jeune tombe.C’était l’heure où tout luit et murmure plus bas...La fontaine Aréthuse, enclose d’un grillage,Et portant sans orgueil un renom fabuleux,Faisait un bruit léger de pleurs et de feuillageDans les frais papyrus, élancés et moelleux...Enfin ce fut la nuit, nuit qui toujours étonnePar l’insistante angoisse et la muette ardeur.La lune plongeait, telle une blanche colonne,Dans la rade aux flots noirs, sa brillante liqueur.Un solitaire ennui aux astres se raconte:Je contemplais le globe au front mystérieux,Et qui, ruine auguste et calme dans les cieux,Semble un fragment divin, retiré, radieuxDe vos temples, Géla, Ségeste, Sélinonte!##O nuit de Syracuse: Urne aux flancs arrondis!Logique de Platon! Ame de Pythagore!Ancien Testament des Hellènes; amphoreQui verses dans les cœurs un vin sombre et hardi,Je sais bien les secrets que ton ombre m’a dits.Je sais que tout l’espace est empli du courageQu’exhalèrent les Grecs aux genoux bondissants;Les chauds rayons des nuits, la vapeur des nuagesSont faits avec leur voix, leurs regards et leur sang.Je sais que des soldats, du haut des promontoires,Chantant des vers sacrés et saluant le sort,Se jetaient en riant aux gouffres de la mortPour retomber vivants dans la sublime Histoire!Ainsi ma nuit passait. L’ache, l’anet crépuRépandaient leurs senteurs. Je regardais la rade;La paix régnait partout où courut Alcibiade,Mais,—noble obsession des âges révolus,—L’éther semblait empli de ce qui n’était plus...J’entendis sonner l’heure au noir couvent des Carmes.L’espace regorgeait d’un parfum d’orangers.J’écoutais dans les airs un vague appel aux armes...##Et le pouvoir des nuits se mit à propagerL’amoureuse espérance et ses divins dangers:O désir du désir, du hasard et des larmes!

Je me souviens d’un chant du coq, à Syracuse!Le matin s’éveillait, tempétueux et chaud;La mer, que parcourait un vent large et dispos,Dansait, ivre de force et de lumière infuse!

Sur le port, assailli par les flots aveuglants,Des matelots clouaient des tonneaux et des caisses,Et le bruit des marteaux montait dans la fournaiseDu jour, de tous ces jours glorieux, vains et lents;

J’étais triste. La ville illustre et misérableSemblait un Prométhée sur le roc attaché;Dans le grésillement marmoréen du sablePiétinaient les troupeaux qui sortaient des étables;Et, comme un crissement de métal ébréché,Des cigales mordaient un blé blanc et séché.

Les persiennes semblaient à jamais retombéesSur le large vitrail des palais somnolents;Les balcons espagnols accrochaient aux murs blancsBroyés par le soleil, leurs ferrures bombées:Noirs cadenas scellés au granit pantelant...

Dans le musée, mordu ainsi qu’un coquillagePar la ruse marine et la clarté de l’air,Des bustes sommeillaient,—dolents, calmes visages,Qui s’imprègnent encor, par l’éclatant vitrage,De la vigueur saline et du limpide éther.

Une craie enflammée enveloppait les arbres;Les torrents secs n’étaient que des ravins épars,De vifs géraniums, déchirant le regard,Roulaient leurs pourpres flots dans ces blancheurs de marbre...##Je sentais s’insérer et brûler dans mes yeuxCet éclat forcené, inhumain et pierreux.

Une suture en feu joignait l’onde au rivage.J’étais triste, le jour passait. La jaune fleurDes grenadiers flambait, lampe dans le feuillage.Une source, fuyant l’étreignante chaleur,Désertait en chantant l’aride paysage.

Parfois sur les gazons brûlés, le pourpre épiDes trèfles incarnats, le lin, les scabieuses,Jonchaient par écheveaux la plaine soleilleuse,Et l’herbage luisait comme un vivant tapisQue n’ont pas achevé les frivoles tisseuses.

Le théâtre des Grecs, cirque torride et blond,Gisait. Sous un mûrier, une auberge voisineVendait de l’eau: je vis, dans l’étroite cuisine,Les olives s’ouvrir sous les coups du pilonTandis qu’on recueillait l’huile odorante et fine.

Et puis vint le doux soir. Les feuilles des figuiersCaressaient, doigts légers, les murailles bleuâtres.D’humbles, graves passants s’interpellaient; les piedsDes chevreaux au poil blanc, serrés autour du pâtre,Faisaient monter du sol une poudre d’albâtre.

Un calme inattendu, comme un plus pur climat,Ne laissait percevoir que le chant des colombes.Au port, de verts fanaux s’allumaient sur les mâts,Et l’instant semblait fier, comme après les combatsUn nom chargé d’honneur sur une jeune tombe.C’était l’heure où tout luit et murmure plus bas...

La fontaine Aréthuse, enclose d’un grillage,Et portant sans orgueil un renom fabuleux,Faisait un bruit léger de pleurs et de feuillageDans les frais papyrus, élancés et moelleux...

Enfin ce fut la nuit, nuit qui toujours étonnePar l’insistante angoisse et la muette ardeur.La lune plongeait, telle une blanche colonne,Dans la rade aux flots noirs, sa brillante liqueur.

Un solitaire ennui aux astres se raconte:Je contemplais le globe au front mystérieux,Et qui, ruine auguste et calme dans les cieux,Semble un fragment divin, retiré, radieuxDe vos temples, Géla, Ségeste, Sélinonte!

##O nuit de Syracuse: Urne aux flancs arrondis!Logique de Platon! Ame de Pythagore!Ancien Testament des Hellènes; amphoreQui verses dans les cœurs un vin sombre et hardi,Je sais bien les secrets que ton ombre m’a dits.

Je sais que tout l’espace est empli du courageQu’exhalèrent les Grecs aux genoux bondissants;Les chauds rayons des nuits, la vapeur des nuagesSont faits avec leur voix, leurs regards et leur sang.

Je sais que des soldats, du haut des promontoires,Chantant des vers sacrés et saluant le sort,Se jetaient en riant aux gouffres de la mortPour retomber vivants dans la sublime Histoire!

Ainsi ma nuit passait. L’ache, l’anet crépuRépandaient leurs senteurs. Je regardais la rade;La paix régnait partout où courut Alcibiade,Mais,—noble obsession des âges révolus,—L’éther semblait empli de ce qui n’était plus...

J’entendis sonner l’heure au noir couvent des Carmes.L’espace regorgeait d’un parfum d’orangers.J’écoutais dans les airs un vague appel aux armes...##Et le pouvoir des nuits se mit à propagerL’amoureuse espérance et ses divins dangers:

O désir du désir, du hasard et des larmes!

Osoirs que tant d’amour oppresse,Nul œil n’a jamais regardéAvec plus de tendre tristesseVos beaux ciels pâles et fardés!J’ai délaissé dès mon enfanceTous les jeux et tous les regards,Pour voguer sans peur, sans défense,Sur vos étangs qui veillent tard.Par vos langueurs à la dérive,Par votre tiède oisiveté,Vous attirez l’âme plaintiveDans les abîmes de l’été...##O soir naïf de la Zélande,Qui, timide, ingénu, riant,Semblez raconter la légendeDes pourpres étés d’Orient!Soir romain, aride malaise,Et ce cri d’un oiseau perduAu-dessus du palais Farnèse,Dans le ciel si sec, si tendu!Soir bleu de Palerme embaumée,Où les parfums épais, fumants,S’ajoutent à la nuit pâméeComme un plus fougueux élément.Sur la vague tyrrhénienne,Dans une vapeur indigo,Un voilier fend l’onde païenneEt dit: «Je suis la nef Argo!»Par des ruisseaux couleur de jade,Dans des senteurs de mimosa,La fontaine arabe s’évade,Au palais roux de la Ziza.Dans le chaud bassin du Musée,Les verts papyrus, s’effilant,Suspendent leur fraîche fuséeA l’azur sourd et pantelant:O douceur de rêver, d’attendreDans ce cloître aux loisirs altiersOù la vie est inerte et tendreComme un repos sous les dattiers!##Catane où la lune d’albâtreFait bondir la chèvre angora,Compagne indocile du pâtreSur la montagne des cédrats!Derrière des rideaux de perles,Chez les beaux marchands indolents,Des monceaux de fraises déferlentAu bord luisant des vases blancs.Quels soupirs, quand le soir déposeDans l’ombre un surcroît de chaleur!L’œillet, comme une pomme rose,Laisse pendre sa lourde fleur.L’emportement de l’azur briseLe chaud vitrail des cabaretsOù le sorbet, comme une brise,Circule, aromatique et frais.La foule adolescente rôdeDans ces nuits de soufre et de feu;Les éventails, dans les mains chaudes,Battent comme un cœur langoureux.##Blanc sommeil que l’été surmonteDes fleurs, la mer calme, un berger;O silence de SélinonteDans l’espace immense et léger!Un soir, lorsque la lune argenteLes temples dans les amandiers,J’ai ramassé près d’AgrigenteL’amphore noire des potiers;Et sur la route pastorale,Dans la cage où luisait l’air bleu,Une enfant portait sa cigale,Arrachée au pin résineux...##J’ai vu les nuits de Syracuse,Où, dans les rocs roses et secs,On entend s’irriter la MuseQui pleure sur dix mille Grecs;J’ai, parmi les gradins bleuâtres,Vu le soleil et ses lionsMourir sur l’antique théâtre,Ainsi qu’un sublime histrion;Et, comme j’ai du sang d’Athènes,A l’heure où la clarté s’enfuit,J’ai vu l’ombre de DémosthèneAuprès de la mer au doux bruit...##Mais ces mystérieux visages,Ces parfums des jardins divins,Ces miracles des paysagesN’enivrent pas d’un plus fort vinQue mes soirs de France, sans bornes,Où tout est si doux, sans choisir;Où sur les toits pliants et mornesL’azur semble fait de désir;Où, là-bas, autour des murailles,Près des étangs tassés et ronds,S’éloigne, dans l’air qui tressaille,L’appel embué des clairons...

Osoirs que tant d’amour oppresse,Nul œil n’a jamais regardéAvec plus de tendre tristesseVos beaux ciels pâles et fardés!J’ai délaissé dès mon enfanceTous les jeux et tous les regards,Pour voguer sans peur, sans défense,Sur vos étangs qui veillent tard.Par vos langueurs à la dérive,Par votre tiède oisiveté,Vous attirez l’âme plaintiveDans les abîmes de l’été...##O soir naïf de la Zélande,Qui, timide, ingénu, riant,Semblez raconter la légendeDes pourpres étés d’Orient!Soir romain, aride malaise,Et ce cri d’un oiseau perduAu-dessus du palais Farnèse,Dans le ciel si sec, si tendu!Soir bleu de Palerme embaumée,Où les parfums épais, fumants,S’ajoutent à la nuit pâméeComme un plus fougueux élément.Sur la vague tyrrhénienne,Dans une vapeur indigo,Un voilier fend l’onde païenneEt dit: «Je suis la nef Argo!»Par des ruisseaux couleur de jade,Dans des senteurs de mimosa,La fontaine arabe s’évade,Au palais roux de la Ziza.Dans le chaud bassin du Musée,Les verts papyrus, s’effilant,Suspendent leur fraîche fuséeA l’azur sourd et pantelant:O douceur de rêver, d’attendreDans ce cloître aux loisirs altiersOù la vie est inerte et tendreComme un repos sous les dattiers!##Catane où la lune d’albâtreFait bondir la chèvre angora,Compagne indocile du pâtreSur la montagne des cédrats!Derrière des rideaux de perles,Chez les beaux marchands indolents,Des monceaux de fraises déferlentAu bord luisant des vases blancs.Quels soupirs, quand le soir déposeDans l’ombre un surcroît de chaleur!L’œillet, comme une pomme rose,Laisse pendre sa lourde fleur.L’emportement de l’azur briseLe chaud vitrail des cabaretsOù le sorbet, comme une brise,Circule, aromatique et frais.La foule adolescente rôdeDans ces nuits de soufre et de feu;Les éventails, dans les mains chaudes,Battent comme un cœur langoureux.##Blanc sommeil que l’été surmonteDes fleurs, la mer calme, un berger;O silence de SélinonteDans l’espace immense et léger!Un soir, lorsque la lune argenteLes temples dans les amandiers,J’ai ramassé près d’AgrigenteL’amphore noire des potiers;Et sur la route pastorale,Dans la cage où luisait l’air bleu,Une enfant portait sa cigale,Arrachée au pin résineux...##J’ai vu les nuits de Syracuse,Où, dans les rocs roses et secs,On entend s’irriter la MuseQui pleure sur dix mille Grecs;J’ai, parmi les gradins bleuâtres,Vu le soleil et ses lionsMourir sur l’antique théâtre,Ainsi qu’un sublime histrion;Et, comme j’ai du sang d’Athènes,A l’heure où la clarté s’enfuit,J’ai vu l’ombre de DémosthèneAuprès de la mer au doux bruit...##Mais ces mystérieux visages,Ces parfums des jardins divins,Ces miracles des paysagesN’enivrent pas d’un plus fort vinQue mes soirs de France, sans bornes,Où tout est si doux, sans choisir;Où sur les toits pliants et mornesL’azur semble fait de désir;Où, là-bas, autour des murailles,Près des étangs tassés et ronds,S’éloigne, dans l’air qui tressaille,L’appel embué des clairons...

Osoirs que tant d’amour oppresse,Nul œil n’a jamais regardéAvec plus de tendre tristesseVos beaux ciels pâles et fardés!J’ai délaissé dès mon enfanceTous les jeux et tous les regards,Pour voguer sans peur, sans défense,Sur vos étangs qui veillent tard.

Par vos langueurs à la dérive,Par votre tiède oisiveté,Vous attirez l’âme plaintiveDans les abîmes de l’été...

##O soir naïf de la Zélande,Qui, timide, ingénu, riant,Semblez raconter la légendeDes pourpres étés d’Orient!

Soir romain, aride malaise,Et ce cri d’un oiseau perduAu-dessus du palais Farnèse,Dans le ciel si sec, si tendu!

Soir bleu de Palerme embaumée,Où les parfums épais, fumants,S’ajoutent à la nuit pâméeComme un plus fougueux élément.

Sur la vague tyrrhénienne,Dans une vapeur indigo,Un voilier fend l’onde païenneEt dit: «Je suis la nef Argo!»

Par des ruisseaux couleur de jade,Dans des senteurs de mimosa,La fontaine arabe s’évade,Au palais roux de la Ziza.

Dans le chaud bassin du Musée,Les verts papyrus, s’effilant,Suspendent leur fraîche fuséeA l’azur sourd et pantelant:

O douceur de rêver, d’attendreDans ce cloître aux loisirs altiersOù la vie est inerte et tendreComme un repos sous les dattiers!

##Catane où la lune d’albâtreFait bondir la chèvre angora,Compagne indocile du pâtreSur la montagne des cédrats!

Derrière des rideaux de perles,Chez les beaux marchands indolents,Des monceaux de fraises déferlentAu bord luisant des vases blancs.

Quels soupirs, quand le soir déposeDans l’ombre un surcroît de chaleur!L’œillet, comme une pomme rose,Laisse pendre sa lourde fleur.

L’emportement de l’azur briseLe chaud vitrail des cabaretsOù le sorbet, comme une brise,Circule, aromatique et frais.

La foule adolescente rôdeDans ces nuits de soufre et de feu;Les éventails, dans les mains chaudes,Battent comme un cœur langoureux.

##Blanc sommeil que l’été surmonteDes fleurs, la mer calme, un berger;O silence de SélinonteDans l’espace immense et léger!

Un soir, lorsque la lune argenteLes temples dans les amandiers,J’ai ramassé près d’AgrigenteL’amphore noire des potiers;

Et sur la route pastorale,Dans la cage où luisait l’air bleu,Une enfant portait sa cigale,Arrachée au pin résineux...

##J’ai vu les nuits de Syracuse,Où, dans les rocs roses et secs,On entend s’irriter la MuseQui pleure sur dix mille Grecs;

J’ai, parmi les gradins bleuâtres,Vu le soleil et ses lionsMourir sur l’antique théâtre,Ainsi qu’un sublime histrion;

Et, comme j’ai du sang d’Athènes,A l’heure où la clarté s’enfuit,J’ai vu l’ombre de DémosthèneAuprès de la mer au doux bruit...

##Mais ces mystérieux visages,Ces parfums des jardins divins,Ces miracles des paysagesN’enivrent pas d’un plus fort vinQue mes soirs de France, sans bornes,Où tout est si doux, sans choisir;Où sur les toits pliants et mornesL’azur semble fait de désir;Où, là-bas, autour des murailles,Près des étangs tassés et ronds,S’éloigne, dans l’air qui tressaille,L’appel embué des clairons...

Je regardais souvent, de ma chambre si chaude,Le vieux port goudronné de Palerme, le bruitQue faisaient les marchands, divisés par la fraude.Autour des sacs de grains, de farine et de fruits,Sous un beau ciel, teinté de splendeur et d’ennui...J’aimais la rade noire et sa pauvre marine,Les vaisseaux délabrés d’où j’entendais jaillirCet éternel souhait du cœur humain: partir!##Les vapeurs, les sifflets faisaient un bruit d’usineDans ces cieux où le soir est si lent à venir...C’était l’heure où le vent, en hésitant, se lèveSur la ville et le port que son aile assainit.Mon cœur fondait d’amour, comme un nuage crève.J’avais soif d’un breuvage ineffable et béni,Et je sentais s’ouvrir, en cercles infinis,Dans le désert d’azur les citernes du rêve.Qu’est-ce donc qui troublait cet horizon comblé?La beauté n’a donc pas sa guérison en elle?Par leurs puissants parfums les soirs sont accablés;La palme au large cœur souffre d’être si belle;Tout triomphe, et pourtant veut être consolé!Que signifient ces cieux sensuels des soirs tendres?Ces jardins exhalant des parfums sanglotants?Ces lacets que les cris des oiseaux semblent tendreDans l’espace intrigué, qui se tait, qui attend?##A ces heures du soir où les mondes se plaignent,O mortels, quel amour pourrait vous rassurer?C’est pour mieux sangloter que les êtres s’étreignent;Les baisers sont des pleurs, mais plus désespérés.La race des vivants, qui ne veut pas finir,Vous a transmis un cœur que l’espace tourmente,Vous poursuivez en vain l’incessant avenir...C’est pourquoi, ô forçats d’une éternelle attente,Jamais la volupté n’achève le désir!

Je regardais souvent, de ma chambre si chaude,Le vieux port goudronné de Palerme, le bruitQue faisaient les marchands, divisés par la fraude.Autour des sacs de grains, de farine et de fruits,Sous un beau ciel, teinté de splendeur et d’ennui...J’aimais la rade noire et sa pauvre marine,Les vaisseaux délabrés d’où j’entendais jaillirCet éternel souhait du cœur humain: partir!##Les vapeurs, les sifflets faisaient un bruit d’usineDans ces cieux où le soir est si lent à venir...C’était l’heure où le vent, en hésitant, se lèveSur la ville et le port que son aile assainit.Mon cœur fondait d’amour, comme un nuage crève.J’avais soif d’un breuvage ineffable et béni,Et je sentais s’ouvrir, en cercles infinis,Dans le désert d’azur les citernes du rêve.Qu’est-ce donc qui troublait cet horizon comblé?La beauté n’a donc pas sa guérison en elle?Par leurs puissants parfums les soirs sont accablés;La palme au large cœur souffre d’être si belle;Tout triomphe, et pourtant veut être consolé!Que signifient ces cieux sensuels des soirs tendres?Ces jardins exhalant des parfums sanglotants?Ces lacets que les cris des oiseaux semblent tendreDans l’espace intrigué, qui se tait, qui attend?##A ces heures du soir où les mondes se plaignent,O mortels, quel amour pourrait vous rassurer?C’est pour mieux sangloter que les êtres s’étreignent;Les baisers sont des pleurs, mais plus désespérés.La race des vivants, qui ne veut pas finir,Vous a transmis un cœur que l’espace tourmente,Vous poursuivez en vain l’incessant avenir...C’est pourquoi, ô forçats d’une éternelle attente,Jamais la volupté n’achève le désir!

Je regardais souvent, de ma chambre si chaude,Le vieux port goudronné de Palerme, le bruitQue faisaient les marchands, divisés par la fraude.Autour des sacs de grains, de farine et de fruits,Sous un beau ciel, teinté de splendeur et d’ennui...

J’aimais la rade noire et sa pauvre marine,Les vaisseaux délabrés d’où j’entendais jaillirCet éternel souhait du cœur humain: partir!##Les vapeurs, les sifflets faisaient un bruit d’usineDans ces cieux où le soir est si lent à venir...

C’était l’heure où le vent, en hésitant, se lèveSur la ville et le port que son aile assainit.Mon cœur fondait d’amour, comme un nuage crève.J’avais soif d’un breuvage ineffable et béni,Et je sentais s’ouvrir, en cercles infinis,Dans le désert d’azur les citernes du rêve.

Qu’est-ce donc qui troublait cet horizon comblé?La beauté n’a donc pas sa guérison en elle?Par leurs puissants parfums les soirs sont accablés;La palme au large cœur souffre d’être si belle;Tout triomphe, et pourtant veut être consolé!

Que signifient ces cieux sensuels des soirs tendres?Ces jardins exhalant des parfums sanglotants?Ces lacets que les cris des oiseaux semblent tendreDans l’espace intrigué, qui se tait, qui attend?

##A ces heures du soir où les mondes se plaignent,O mortels, quel amour pourrait vous rassurer?C’est pour mieux sangloter que les êtres s’étreignent;Les baisers sont des pleurs, mais plus désespérés.

La race des vivants, qui ne veut pas finir,Vous a transmis un cœur que l’espace tourmente,Vous poursuivez en vain l’incessant avenir...C’est pourquoi, ô forçats d’une éternelle attente,Jamais la volupté n’achève le désir!

Espérances des humains, légères déesses...DIOTIME D’ATHÈNES.

Espérances des humains, légères déesses...DIOTIME D’ATHÈNES.

Espérances des humains, légères déesses...DIOTIME D’ATHÈNES.

Sous un ciel haletant, qui grésille et qui dort,Où chaque fragment d’air fascine comme un disque,Rome, lourde d’été, avec ses obélisquesDressés dans les agrès luisants du soleil d’or,Tremblait comme un vaisseau qui va quitter le portPour voguer, pavoisé de ses mâts à ses cryptes,Vers l’amour fabuleux de la reine d’Egypte.Les buis des vieux jardins, comme un terne miroirTendaient au pur éther leur cristal vert et noir.Un cyprès balançait mollement sous la briseSa cime délicate, entr’ouverte au vent lent,Et un jet d’eau montait dans l’azur jubilantComme un cyprès neigeux qu’un vent léger divise...J’errais dans les villas, où l’air est imprégnéDu solennel silence où rêve Polymnie;Je voyais refleurir le temps que remanieLa vie ingénieuse, incessante, infinie;Et, comme un messager antique et printanier,De frais ruisseaux couraient sous les mandariniers.Dans un jardin romain, un vieux masque de pierreM’attirait: à travers ses lèvres, ses paupières,On voyait fuir, jaillir l’azur torrentiel;Et ce masque semblait, avec la voix du ciel,Héler l’amour, l’espoir, les avenirs farouches.Une même clameur s’élançait de ma bouche,Et, pleine de détresse et de félicité,Je m’en allais, les bras jetés vers la beauté!...##J’ai vu les lieux sacrés et sanglants de l’Histoire,Les Forums écroulés sous le poids clair des cieux,La nostalgique paix des Arches des VictoiresOù l’azur fait rouler son char silencieux.J’ai vu ces grands jardins où le palmier qui rêve,Elancé dans l’éther et tordu de plaisir,Semble un ardent serpent qui veut tendre vers ÈveLe fruit délicieux du douloureux désir.Les soirs de Sybaris et la mer africaineProlongeaient devant moi les baumes de mon cœur;L’Arabie en chantant me jetait ses fontaines,Les âmes me suivaient à ma suave odeur.Comme l’âpre Sicile épique et sulfureuse,Je contenais les Grecs, les Latins et les Francs,Et ce triangle auguste, en ma pensée heureuse,Brillait comme un fronton de marbre et de safran!Un jour, l’été flambait, le temple de SégestePortait la gloire d’être éternel sans effort,Et l’on voyait monter, comme un arpège agreste,Le coteau jaune et vert dans sa cithare d’or!Le blanc soleil giclait au creux d’un torrent vide;Des chevaux libres, fiers, près des hampes de fleursS’ébrouaient; les parfums épais, gluants, torridesMettaient dans l’air comblé des obstacles d’odeurs.Des lézards bleus couraient sur les piliers antiquesAvec un soin si gai, si chaud, si diligent,Que l’imposant destin des pierres léthargiquesSemblait ressuscité par des veines d’argent!Des insectes brûlants voilaient mes deux mains nues:Je contemplais le sort, la paix, l’azur si long,Et parfois je croyais voir surgir dans la nueLa lance de Minerve et le front d’Apollon.Devant cette splendeur sereine, ample, équitable,Où rien n’est déchirant, impétueux ou vil,Je songeais lentement au bonheur misérableDe retrouver tes yeux où finit mon exil...Je jette sous tes pieds les noirs pipeaux d’Euterpe,Dont j’ai fait retentir l’azur universelQuand mes beaux cieux luisaient comme des coups de serpe,Quand mon blanc Orient brillait comme du sel!Je quitte les regrets, la volonté, le doute,Et cette immensité que mon cœur emplissait,Je n’entends que les voix que ton oreille écoute,Je ne réciterai que les chants que tu sais!Je puiserai l’été dans ta main faible et chaude,Mes yeux seront sur toi si vifs et si pressantsQue tu croiras sentir, dans ton ombre où je rôde,Des frelons enivrés qui goûtent à ton sang!Car, quels que soient l’instant, le jour, le paysage,Pourquoi, doux être humain, rien ne me manque-t-ilQuand je tiens dans mes doigts ton lumineux visageComme un tissu divin dont je compte les fils?...

Sous un ciel haletant, qui grésille et qui dort,Où chaque fragment d’air fascine comme un disque,Rome, lourde d’été, avec ses obélisquesDressés dans les agrès luisants du soleil d’or,Tremblait comme un vaisseau qui va quitter le portPour voguer, pavoisé de ses mâts à ses cryptes,Vers l’amour fabuleux de la reine d’Egypte.Les buis des vieux jardins, comme un terne miroirTendaient au pur éther leur cristal vert et noir.Un cyprès balançait mollement sous la briseSa cime délicate, entr’ouverte au vent lent,Et un jet d’eau montait dans l’azur jubilantComme un cyprès neigeux qu’un vent léger divise...J’errais dans les villas, où l’air est imprégnéDu solennel silence où rêve Polymnie;Je voyais refleurir le temps que remanieLa vie ingénieuse, incessante, infinie;Et, comme un messager antique et printanier,De frais ruisseaux couraient sous les mandariniers.Dans un jardin romain, un vieux masque de pierreM’attirait: à travers ses lèvres, ses paupières,On voyait fuir, jaillir l’azur torrentiel;Et ce masque semblait, avec la voix du ciel,Héler l’amour, l’espoir, les avenirs farouches.Une même clameur s’élançait de ma bouche,Et, pleine de détresse et de félicité,Je m’en allais, les bras jetés vers la beauté!...##J’ai vu les lieux sacrés et sanglants de l’Histoire,Les Forums écroulés sous le poids clair des cieux,La nostalgique paix des Arches des VictoiresOù l’azur fait rouler son char silencieux.J’ai vu ces grands jardins où le palmier qui rêve,Elancé dans l’éther et tordu de plaisir,Semble un ardent serpent qui veut tendre vers ÈveLe fruit délicieux du douloureux désir.Les soirs de Sybaris et la mer africaineProlongeaient devant moi les baumes de mon cœur;L’Arabie en chantant me jetait ses fontaines,Les âmes me suivaient à ma suave odeur.Comme l’âpre Sicile épique et sulfureuse,Je contenais les Grecs, les Latins et les Francs,Et ce triangle auguste, en ma pensée heureuse,Brillait comme un fronton de marbre et de safran!Un jour, l’été flambait, le temple de SégestePortait la gloire d’être éternel sans effort,Et l’on voyait monter, comme un arpège agreste,Le coteau jaune et vert dans sa cithare d’or!Le blanc soleil giclait au creux d’un torrent vide;Des chevaux libres, fiers, près des hampes de fleursS’ébrouaient; les parfums épais, gluants, torridesMettaient dans l’air comblé des obstacles d’odeurs.Des lézards bleus couraient sur les piliers antiquesAvec un soin si gai, si chaud, si diligent,Que l’imposant destin des pierres léthargiquesSemblait ressuscité par des veines d’argent!Des insectes brûlants voilaient mes deux mains nues:Je contemplais le sort, la paix, l’azur si long,Et parfois je croyais voir surgir dans la nueLa lance de Minerve et le front d’Apollon.Devant cette splendeur sereine, ample, équitable,Où rien n’est déchirant, impétueux ou vil,Je songeais lentement au bonheur misérableDe retrouver tes yeux où finit mon exil...Je jette sous tes pieds les noirs pipeaux d’Euterpe,Dont j’ai fait retentir l’azur universelQuand mes beaux cieux luisaient comme des coups de serpe,Quand mon blanc Orient brillait comme du sel!Je quitte les regrets, la volonté, le doute,Et cette immensité que mon cœur emplissait,Je n’entends que les voix que ton oreille écoute,Je ne réciterai que les chants que tu sais!Je puiserai l’été dans ta main faible et chaude,Mes yeux seront sur toi si vifs et si pressantsQue tu croiras sentir, dans ton ombre où je rôde,Des frelons enivrés qui goûtent à ton sang!Car, quels que soient l’instant, le jour, le paysage,Pourquoi, doux être humain, rien ne me manque-t-ilQuand je tiens dans mes doigts ton lumineux visageComme un tissu divin dont je compte les fils?...

Sous un ciel haletant, qui grésille et qui dort,Où chaque fragment d’air fascine comme un disque,Rome, lourde d’été, avec ses obélisquesDressés dans les agrès luisants du soleil d’or,Tremblait comme un vaisseau qui va quitter le portPour voguer, pavoisé de ses mâts à ses cryptes,Vers l’amour fabuleux de la reine d’Egypte.

Les buis des vieux jardins, comme un terne miroirTendaient au pur éther leur cristal vert et noir.Un cyprès balançait mollement sous la briseSa cime délicate, entr’ouverte au vent lent,Et un jet d’eau montait dans l’azur jubilantComme un cyprès neigeux qu’un vent léger divise...

J’errais dans les villas, où l’air est imprégnéDu solennel silence où rêve Polymnie;Je voyais refleurir le temps que remanieLa vie ingénieuse, incessante, infinie;Et, comme un messager antique et printanier,De frais ruisseaux couraient sous les mandariniers.

Dans un jardin romain, un vieux masque de pierreM’attirait: à travers ses lèvres, ses paupières,On voyait fuir, jaillir l’azur torrentiel;Et ce masque semblait, avec la voix du ciel,Héler l’amour, l’espoir, les avenirs farouches.Une même clameur s’élançait de ma bouche,Et, pleine de détresse et de félicité,Je m’en allais, les bras jetés vers la beauté!...

##J’ai vu les lieux sacrés et sanglants de l’Histoire,Les Forums écroulés sous le poids clair des cieux,La nostalgique paix des Arches des VictoiresOù l’azur fait rouler son char silencieux.

J’ai vu ces grands jardins où le palmier qui rêve,Elancé dans l’éther et tordu de plaisir,Semble un ardent serpent qui veut tendre vers ÈveLe fruit délicieux du douloureux désir.

Les soirs de Sybaris et la mer africaineProlongeaient devant moi les baumes de mon cœur;L’Arabie en chantant me jetait ses fontaines,Les âmes me suivaient à ma suave odeur.

Comme l’âpre Sicile épique et sulfureuse,Je contenais les Grecs, les Latins et les Francs,Et ce triangle auguste, en ma pensée heureuse,Brillait comme un fronton de marbre et de safran!

Un jour, l’été flambait, le temple de SégestePortait la gloire d’être éternel sans effort,Et l’on voyait monter, comme un arpège agreste,Le coteau jaune et vert dans sa cithare d’or!

Le blanc soleil giclait au creux d’un torrent vide;Des chevaux libres, fiers, près des hampes de fleursS’ébrouaient; les parfums épais, gluants, torridesMettaient dans l’air comblé des obstacles d’odeurs.

Des lézards bleus couraient sur les piliers antiquesAvec un soin si gai, si chaud, si diligent,Que l’imposant destin des pierres léthargiquesSemblait ressuscité par des veines d’argent!

Des insectes brûlants voilaient mes deux mains nues:Je contemplais le sort, la paix, l’azur si long,Et parfois je croyais voir surgir dans la nueLa lance de Minerve et le front d’Apollon.

Devant cette splendeur sereine, ample, équitable,Où rien n’est déchirant, impétueux ou vil,Je songeais lentement au bonheur misérableDe retrouver tes yeux où finit mon exil...

Je jette sous tes pieds les noirs pipeaux d’Euterpe,Dont j’ai fait retentir l’azur universelQuand mes beaux cieux luisaient comme des coups de serpe,Quand mon blanc Orient brillait comme du sel!

Je quitte les regrets, la volonté, le doute,Et cette immensité que mon cœur emplissait,Je n’entends que les voix que ton oreille écoute,Je ne réciterai que les chants que tu sais!

Je puiserai l’été dans ta main faible et chaude,Mes yeux seront sur toi si vifs et si pressantsQue tu croiras sentir, dans ton ombre où je rôde,Des frelons enivrés qui goûtent à ton sang!

Car, quels que soient l’instant, le jour, le paysage,Pourquoi, doux être humain, rien ne me manque-t-ilQuand je tiens dans mes doigts ton lumineux visageComme un tissu divin dont je compte les fils?...

Dans la chaleur compacte et blanche ainsi qu’un marbre,Le miroir du soleil étale un bleu cerceau.Comme un troupeau secret d’aériens chevreauxLa rapace chaleur a dévoré les arbres.Palerme est un désert au blanc scintillement,Sur qui le parfum met un dais pesant et calme...Les stores des villas, comme de jaunes palmes,Aux vérandas qui n’ont ni portes ni vitrailSont suspendus ainsi que de frais éventails.La mer a laissé choir entre les roses rochesSon immense fardeau de plat et chaud métal.Un mur qu’on démolit vibre au contact des pioches;Une voiture flâne au pas d’un lent cheval,Tandis que, sous l’ombrelle ouverte sur le siège,Un cocher sarrasin mange des citrons mous.La chaleur duveteuse est faible comme un liège;Sa molle densité a d’argentins remous.Je suis là: je regarde et respire; que fais-je?Puisque cet horizon que mon regard contientEt que je sens en moi plus aigu qu’une lame,Mon esprit ne peut plus l’enfoncer dans le tien...Je dédaigne l’espace en dehors de ton âme...

Dans la chaleur compacte et blanche ainsi qu’un marbre,Le miroir du soleil étale un bleu cerceau.Comme un troupeau secret d’aériens chevreauxLa rapace chaleur a dévoré les arbres.Palerme est un désert au blanc scintillement,Sur qui le parfum met un dais pesant et calme...Les stores des villas, comme de jaunes palmes,Aux vérandas qui n’ont ni portes ni vitrailSont suspendus ainsi que de frais éventails.La mer a laissé choir entre les roses rochesSon immense fardeau de plat et chaud métal.Un mur qu’on démolit vibre au contact des pioches;Une voiture flâne au pas d’un lent cheval,Tandis que, sous l’ombrelle ouverte sur le siège,Un cocher sarrasin mange des citrons mous.La chaleur duveteuse est faible comme un liège;Sa molle densité a d’argentins remous.Je suis là: je regarde et respire; que fais-je?Puisque cet horizon que mon regard contientEt que je sens en moi plus aigu qu’une lame,Mon esprit ne peut plus l’enfoncer dans le tien...Je dédaigne l’espace en dehors de ton âme...

Dans la chaleur compacte et blanche ainsi qu’un marbre,Le miroir du soleil étale un bleu cerceau.Comme un troupeau secret d’aériens chevreauxLa rapace chaleur a dévoré les arbres.Palerme est un désert au blanc scintillement,Sur qui le parfum met un dais pesant et calme...Les stores des villas, comme de jaunes palmes,Aux vérandas qui n’ont ni portes ni vitrailSont suspendus ainsi que de frais éventails.La mer a laissé choir entre les roses rochesSon immense fardeau de plat et chaud métal.Un mur qu’on démolit vibre au contact des pioches;Une voiture flâne au pas d’un lent cheval,Tandis que, sous l’ombrelle ouverte sur le siège,Un cocher sarrasin mange des citrons mous.La chaleur duveteuse est faible comme un liège;Sa molle densité a d’argentins remous.Je suis là: je regarde et respire; que fais-je?Puisque cet horizon que mon regard contientEt que je sens en moi plus aigu qu’une lame,Mon esprit ne peut plus l’enfoncer dans le tien...

Je dédaigne l’espace en dehors de ton âme...

J’ai connu la beauté plénière,Le pacifique et noble éclatDe la vaste et pure lumière,A Palerme, au jardin Tasca.Je me souviens du matin calmeOù j’entrais, fendant la chaleur,Dans ce paradis sous les palmesOù l’ombre est faite par des fleurs.L’heure ne marquait pas sa courseSur le lisse cadran des cieux,Où le lourd soleil spacieuxFait bouillonner ses blanches sources.J’avançais dans ces beaux jardinsDont l’opulence nonchalanteSemble descendre avec dédainSur les passantes indolentes.L’ardeur des arbres à parfumsFlamboyait, dense et clandestine;Je cherchais parmi les collinesNaxos, au nom doux et défunt.Comme des ruches dans les plaines,Des entassements de citronsSous leurs arbres sombres et rondsFormaient des tours de porcelaine.Les parfums suaves, amers,De ces citronniers aux fleurs blanchesFlottaient sur les vivaces branchesComme la fraîcheur sur la mer.Creusant la terre purpurine,D’alertes ruisseaux ombragésSemblaient les pieds aux bonds légersDe jeunes filles sarrasines!Je me taisais, j’étais sans vœux,Sans mémoire et sans espérance;Je languissais dans l’abondance.##O pays secrets et fameux,J’ai vu vos grâces accomplies,Vos blancs torrents, vos temples roux,Vos flots glissants vers l’Ionie,Mais mon but n’était pas en vous;Vos nuits flambantes et précises,Vos maisons qu’un pliant rideauLivre au chaud caprice des brises;Les pas sonores des chevreauxSur les pavés près des églises;Vos monuments tumultueux,Beaux comme des tiares de pierre,Les hauts cyprès des cimetières,Et le soir, la calme lumièreSur les tombeaux voluptueux,Les quais crayeux, où les boutiques,Regorgeant de fruits noirs et secs,Affichent la noblesse antiqueDu splendide alphabet des Grecs;L’étincelante ardeur du sol,Où passent, riches caravanes,Des mules vêtues en sultanesTrottant sous de blancs parasols,Toutes ces beautés étrangèresQue le cœur obtient sans effort,N’ont que des promesses de mortPour une âme intrépide et fière,Et j’ai su par ces chauds loisirs,Par ce goût des saveurs réelles,Qu’on était, parmi vos plaisirs,Plus loin des choses éternellesQu’on ne l’était par le désir!...

J’ai connu la beauté plénière,Le pacifique et noble éclatDe la vaste et pure lumière,A Palerme, au jardin Tasca.Je me souviens du matin calmeOù j’entrais, fendant la chaleur,Dans ce paradis sous les palmesOù l’ombre est faite par des fleurs.L’heure ne marquait pas sa courseSur le lisse cadran des cieux,Où le lourd soleil spacieuxFait bouillonner ses blanches sources.J’avançais dans ces beaux jardinsDont l’opulence nonchalanteSemble descendre avec dédainSur les passantes indolentes.L’ardeur des arbres à parfumsFlamboyait, dense et clandestine;Je cherchais parmi les collinesNaxos, au nom doux et défunt.Comme des ruches dans les plaines,Des entassements de citronsSous leurs arbres sombres et rondsFormaient des tours de porcelaine.Les parfums suaves, amers,De ces citronniers aux fleurs blanchesFlottaient sur les vivaces branchesComme la fraîcheur sur la mer.Creusant la terre purpurine,D’alertes ruisseaux ombragésSemblaient les pieds aux bonds légersDe jeunes filles sarrasines!Je me taisais, j’étais sans vœux,Sans mémoire et sans espérance;Je languissais dans l’abondance.##O pays secrets et fameux,J’ai vu vos grâces accomplies,Vos blancs torrents, vos temples roux,Vos flots glissants vers l’Ionie,Mais mon but n’était pas en vous;Vos nuits flambantes et précises,Vos maisons qu’un pliant rideauLivre au chaud caprice des brises;Les pas sonores des chevreauxSur les pavés près des églises;Vos monuments tumultueux,Beaux comme des tiares de pierre,Les hauts cyprès des cimetières,Et le soir, la calme lumièreSur les tombeaux voluptueux,Les quais crayeux, où les boutiques,Regorgeant de fruits noirs et secs,Affichent la noblesse antiqueDu splendide alphabet des Grecs;L’étincelante ardeur du sol,Où passent, riches caravanes,Des mules vêtues en sultanesTrottant sous de blancs parasols,Toutes ces beautés étrangèresQue le cœur obtient sans effort,N’ont que des promesses de mortPour une âme intrépide et fière,Et j’ai su par ces chauds loisirs,Par ce goût des saveurs réelles,Qu’on était, parmi vos plaisirs,Plus loin des choses éternellesQu’on ne l’était par le désir!...

J’ai connu la beauté plénière,Le pacifique et noble éclatDe la vaste et pure lumière,A Palerme, au jardin Tasca.

Je me souviens du matin calmeOù j’entrais, fendant la chaleur,Dans ce paradis sous les palmesOù l’ombre est faite par des fleurs.

L’heure ne marquait pas sa courseSur le lisse cadran des cieux,Où le lourd soleil spacieuxFait bouillonner ses blanches sources.

J’avançais dans ces beaux jardinsDont l’opulence nonchalanteSemble descendre avec dédainSur les passantes indolentes.

L’ardeur des arbres à parfumsFlamboyait, dense et clandestine;Je cherchais parmi les collinesNaxos, au nom doux et défunt.

Comme des ruches dans les plaines,Des entassements de citronsSous leurs arbres sombres et rondsFormaient des tours de porcelaine.

Les parfums suaves, amers,De ces citronniers aux fleurs blanchesFlottaient sur les vivaces branchesComme la fraîcheur sur la mer.

Creusant la terre purpurine,D’alertes ruisseaux ombragésSemblaient les pieds aux bonds légersDe jeunes filles sarrasines!

Je me taisais, j’étais sans vœux,Sans mémoire et sans espérance;Je languissais dans l’abondance.##O pays secrets et fameux,

J’ai vu vos grâces accomplies,Vos blancs torrents, vos temples roux,Vos flots glissants vers l’Ionie,Mais mon but n’était pas en vous;

Vos nuits flambantes et précises,Vos maisons qu’un pliant rideauLivre au chaud caprice des brises;Les pas sonores des chevreauxSur les pavés près des églises;

Vos monuments tumultueux,Beaux comme des tiares de pierre,Les hauts cyprès des cimetières,Et le soir, la calme lumièreSur les tombeaux voluptueux,

Les quais crayeux, où les boutiques,Regorgeant de fruits noirs et secs,Affichent la noblesse antiqueDu splendide alphabet des Grecs;

L’étincelante ardeur du sol,Où passent, riches caravanes,Des mules vêtues en sultanesTrottant sous de blancs parasols,

Toutes ces beautés étrangèresQue le cœur obtient sans effort,N’ont que des promesses de mortPour une âme intrépide et fière,

Et j’ai su par ces chauds loisirs,Par ce goût des saveurs réelles,Qu’on était, parmi vos plaisirs,Plus loin des choses éternellesQu’on ne l’était par le désir!...

O nymphe d’Agrigente aux élégantes parures, qui règnes surla plus belle des cités mortelles, nous implorons ta bienveillance!PINDARE.

O nymphe d’Agrigente aux élégantes parures, qui règnes surla plus belle des cités mortelles, nous implorons ta bienveillance!PINDARE.

O nymphe d’Agrigente aux élégantes parures, qui règnes surla plus belle des cités mortelles, nous implorons ta bienveillance!PINDARE.

Le ciel est chaud, le vent est mou;Quel silence dans Agrigente!Un temple roux, sur un sol rouxMet son reflet comme une tente...Les oiseaux chantent dans les airs;Le soleil ravage la plaine;Je vois, au bout de ce désert,L’indolente mer africaine.Brusquement un cri triste et fortPerce l’air intact et sans vie;La voix qui dit que Pan est mortM’a-t-elle jusqu’ici suivie?Et puis l’air retombe; la merFrappe la rive comme un socle;Tout dort. Un fanal rouge et vertS’allume au vieux port Empédocle.L’ombre vient, par calmes remous;Dans l’éther pur et pathétiqueLes astres installent d’un coupLeur brasillante arithmétique!##Soudain, sous mon balcon branlant,J’entends des moissonneurs, des fillesDéfricher un champ de blé blanc,Qui gicle au contact des faucilles;Et leur fièvre, leur sèche ardeur,Leur clameur nocturne et païenneImitent, dans l’air plein d’odeurs,Le cri des nuits éleusiennes!Un pâtre, sur un lourd mulet,Monte la côte tortueuse;Sa chanson lascive accolaitLa noble nuit silencieuse;Dans les lis, lourds de pollen brun,Le bêlement mélancoliqueD’une chèvre, ivre de parfums,Semble une flûte bucolique.##Donc, je vous vois, cité des dieux.Lampe d’argile consumée,Agrigente au nom spacieux,Vous que Pindare a tant aimée!Porteuse d’un songe éternel,O compagne de Pythagore!C’est vous cette ruche sans miel,Cette éparse et gisante amphore!C’est vous ces enclos d’amandiers,Ce sol dur que les bœufs gravissent,Ce désert de sèches mélisses,Où mon âme vient mendier.Ah! quelle indigente agonie!Et l’on comprendrait mon émoi,Si l’on savait ce qu’est pour moiUn peu de l’Hellade infinie:Car, sur ce rivage humble et long,Dans ce calme et morne désastre,Le vent des flûtes d’ApollonPasse entre mon cœur et les astres!

Le ciel est chaud, le vent est mou;Quel silence dans Agrigente!Un temple roux, sur un sol rouxMet son reflet comme une tente...Les oiseaux chantent dans les airs;Le soleil ravage la plaine;Je vois, au bout de ce désert,L’indolente mer africaine.Brusquement un cri triste et fortPerce l’air intact et sans vie;La voix qui dit que Pan est mortM’a-t-elle jusqu’ici suivie?Et puis l’air retombe; la merFrappe la rive comme un socle;Tout dort. Un fanal rouge et vertS’allume au vieux port Empédocle.L’ombre vient, par calmes remous;Dans l’éther pur et pathétiqueLes astres installent d’un coupLeur brasillante arithmétique!##Soudain, sous mon balcon branlant,J’entends des moissonneurs, des fillesDéfricher un champ de blé blanc,Qui gicle au contact des faucilles;Et leur fièvre, leur sèche ardeur,Leur clameur nocturne et païenneImitent, dans l’air plein d’odeurs,Le cri des nuits éleusiennes!Un pâtre, sur un lourd mulet,Monte la côte tortueuse;Sa chanson lascive accolaitLa noble nuit silencieuse;Dans les lis, lourds de pollen brun,Le bêlement mélancoliqueD’une chèvre, ivre de parfums,Semble une flûte bucolique.##Donc, je vous vois, cité des dieux.Lampe d’argile consumée,Agrigente au nom spacieux,Vous que Pindare a tant aimée!Porteuse d’un songe éternel,O compagne de Pythagore!C’est vous cette ruche sans miel,Cette éparse et gisante amphore!C’est vous ces enclos d’amandiers,Ce sol dur que les bœufs gravissent,Ce désert de sèches mélisses,Où mon âme vient mendier.Ah! quelle indigente agonie!Et l’on comprendrait mon émoi,Si l’on savait ce qu’est pour moiUn peu de l’Hellade infinie:Car, sur ce rivage humble et long,Dans ce calme et morne désastre,Le vent des flûtes d’ApollonPasse entre mon cœur et les astres!

Le ciel est chaud, le vent est mou;Quel silence dans Agrigente!Un temple roux, sur un sol rouxMet son reflet comme une tente...

Les oiseaux chantent dans les airs;Le soleil ravage la plaine;Je vois, au bout de ce désert,L’indolente mer africaine.

Brusquement un cri triste et fortPerce l’air intact et sans vie;La voix qui dit que Pan est mortM’a-t-elle jusqu’ici suivie?

Et puis l’air retombe; la merFrappe la rive comme un socle;Tout dort. Un fanal rouge et vertS’allume au vieux port Empédocle.

L’ombre vient, par calmes remous;Dans l’éther pur et pathétiqueLes astres installent d’un coupLeur brasillante arithmétique!

##Soudain, sous mon balcon branlant,J’entends des moissonneurs, des fillesDéfricher un champ de blé blanc,Qui gicle au contact des faucilles;

Et leur fièvre, leur sèche ardeur,Leur clameur nocturne et païenneImitent, dans l’air plein d’odeurs,Le cri des nuits éleusiennes!

Un pâtre, sur un lourd mulet,Monte la côte tortueuse;Sa chanson lascive accolaitLa noble nuit silencieuse;

Dans les lis, lourds de pollen brun,Le bêlement mélancoliqueD’une chèvre, ivre de parfums,Semble une flûte bucolique.

##Donc, je vous vois, cité des dieux.Lampe d’argile consumée,Agrigente au nom spacieux,Vous que Pindare a tant aimée!

Porteuse d’un songe éternel,O compagne de Pythagore!C’est vous cette ruche sans miel,Cette éparse et gisante amphore!

C’est vous ces enclos d’amandiers,Ce sol dur que les bœufs gravissent,Ce désert de sèches mélisses,Où mon âme vient mendier.

Ah! quelle indigente agonie!Et l’on comprendrait mon émoi,Si l’on savait ce qu’est pour moiUn peu de l’Hellade infinie:

Car, sur ce rivage humble et long,Dans ce calme et morne désastre,Le vent des flûtes d’ApollonPasse entre mon cœur et les astres!

Rien ne vient à souhait aux mortels...PAUL LE SILENTIAIRE.

Rien ne vient à souhait aux mortels...PAUL LE SILENTIAIRE.

Rien ne vient à souhait aux mortels...PAUL LE SILENTIAIRE.

Dans un de ces beaux soirs où le puissant silenceRépond soudain, dans l’ombre, à l’esprit, interditD’écouter cet élan venant des ParadisContenter le désir qu’on a depuis l’enfance;Dans un de ces soirs chauds qui nous fendent le cœur,Et, comme d’une mine où gisent des turquoises,Viennent extraire en nous de secrètes lueurs,Et guident vers les cieux notre pensive emphase;Dans ces languides soirs qui font monter du solDes soupirs de parfums, j’étais seule, en Sicile;Une cloche au son grave, ébranlant l’air docile,Sonnait dans un couvent de moines espagnols.Je songeais à la paix rigide de ces moinesPour qui les nuits n’ont plus de déchirants appels.##Sur le seuil échaudé du misérable hôtelOù l’air piquant cuisait des touffes de pivoines,Deux chevaux dételés, mystiques, solennels,Rêvaient l’un contre l’autre, auprès d’un sac d’avoine.La mer, à l’infini, balançait mollementL’impondérable excès de la clarté lunaire.Les chèvres au pas fin, comme un peuple d’amantsSe cherchaient à travers le sec et blanc froment:L’impérieux besoin de dompter et de plaireRencontrait un secret et long assentiment...La nuit, la calme nuit, déesse agitatrice,Regardait s’amasser l’amour sur les chemins;Une palme éployait son pompeux artificePrès des maigres chevaux qui, songeant à demain,Aux incessants travaux de leur race indigente,Se baisaient doucement.Dans le moite jardin,Vous méditiez sans fin, ô palme nonchalante!Que j’étais triste alors, que mon cœur étouffait!Un rêve catholique et sa force exigeanteM’empêchait d’écouter les bachiques souhaitsDe la puissante nuit qui brille et qui fermente...Et j’aimais ta douceur pudique et négligente,Palmier de Bethléem sur le ciel d’Agrigente!

Dans un de ces beaux soirs où le puissant silenceRépond soudain, dans l’ombre, à l’esprit, interditD’écouter cet élan venant des ParadisContenter le désir qu’on a depuis l’enfance;Dans un de ces soirs chauds qui nous fendent le cœur,Et, comme d’une mine où gisent des turquoises,Viennent extraire en nous de secrètes lueurs,Et guident vers les cieux notre pensive emphase;Dans ces languides soirs qui font monter du solDes soupirs de parfums, j’étais seule, en Sicile;Une cloche au son grave, ébranlant l’air docile,Sonnait dans un couvent de moines espagnols.Je songeais à la paix rigide de ces moinesPour qui les nuits n’ont plus de déchirants appels.##Sur le seuil échaudé du misérable hôtelOù l’air piquant cuisait des touffes de pivoines,Deux chevaux dételés, mystiques, solennels,Rêvaient l’un contre l’autre, auprès d’un sac d’avoine.La mer, à l’infini, balançait mollementL’impondérable excès de la clarté lunaire.Les chèvres au pas fin, comme un peuple d’amantsSe cherchaient à travers le sec et blanc froment:L’impérieux besoin de dompter et de plaireRencontrait un secret et long assentiment...La nuit, la calme nuit, déesse agitatrice,Regardait s’amasser l’amour sur les chemins;Une palme éployait son pompeux artificePrès des maigres chevaux qui, songeant à demain,Aux incessants travaux de leur race indigente,Se baisaient doucement.Dans le moite jardin,Vous méditiez sans fin, ô palme nonchalante!Que j’étais triste alors, que mon cœur étouffait!Un rêve catholique et sa force exigeanteM’empêchait d’écouter les bachiques souhaitsDe la puissante nuit qui brille et qui fermente...Et j’aimais ta douceur pudique et négligente,Palmier de Bethléem sur le ciel d’Agrigente!

Dans un de ces beaux soirs où le puissant silenceRépond soudain, dans l’ombre, à l’esprit, interditD’écouter cet élan venant des ParadisContenter le désir qu’on a depuis l’enfance;

Dans un de ces soirs chauds qui nous fendent le cœur,Et, comme d’une mine où gisent des turquoises,Viennent extraire en nous de secrètes lueurs,Et guident vers les cieux notre pensive emphase;

Dans ces languides soirs qui font monter du solDes soupirs de parfums, j’étais seule, en Sicile;Une cloche au son grave, ébranlant l’air docile,Sonnait dans un couvent de moines espagnols.

Je songeais à la paix rigide de ces moinesPour qui les nuits n’ont plus de déchirants appels.##Sur le seuil échaudé du misérable hôtelOù l’air piquant cuisait des touffes de pivoines,Deux chevaux dételés, mystiques, solennels,Rêvaient l’un contre l’autre, auprès d’un sac d’avoine.

La mer, à l’infini, balançait mollementL’impondérable excès de la clarté lunaire.Les chèvres au pas fin, comme un peuple d’amantsSe cherchaient à travers le sec et blanc froment:L’impérieux besoin de dompter et de plaireRencontrait un secret et long assentiment...

La nuit, la calme nuit, déesse agitatrice,Regardait s’amasser l’amour sur les chemins;Une palme éployait son pompeux artificePrès des maigres chevaux qui, songeant à demain,Aux incessants travaux de leur race indigente,Se baisaient doucement.Dans le moite jardin,Vous méditiez sans fin, ô palme nonchalante!Que j’étais triste alors, que mon cœur étouffait!Un rêve catholique et sa force exigeanteM’empêchait d’écouter les bachiques souhaitsDe la puissante nuit qui brille et qui fermente...

Et j’aimais ta douceur pudique et négligente,Palmier de Bethléem sur le ciel d’Agrigente!


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