A Pinsk.
Loveski vint avant-hier, dans un brillant équipage de cavalier, mettre pied à terre à ma tente. Après avoir discouru de choses et d'autres, il garda un instant le silence; puis, il vint m'embrasser et me parla ainsi:
—Cher Gustave, tu vois peut être ton ami pour la dernière fois. Notre commandant, incapable par ses blessures de continuer son service, m'a remis le bâton, jusqu'à ce qu'il soit en état de le reprendre. L'ennemi est peu éloigné. Demain, j'espère le charger à la tête des troupes, et sois sûr que je ne perdrai la bataille qu'avec la vie. Pour venir à nous, il doit traverser le bois voisin; va t'y poster à la nuit tombante avec un détachement de cinq cents hommes; laisse-le s'engager; dès qu'il sera passé, fais-moi signal, je m'avancerai à l'instant; tandis que tu l'attaqueras en queue je le chargerai en tête.
—Cher Gustave, tu vois peut être ton ami pour la dernière fois. Notre commandant, incapable par ses blessures de continuer son service, m'a remis le bâton, jusqu'à ce qu'il soit en état de le reprendre. L'ennemi est peu éloigné. Demain, j'espère le charger à la tête des troupes, et sois sûr que je ne perdrai la bataille qu'avec la vie. Pour venir à nous, il doit traverser le bois voisin; va t'y poster à la nuit tombante avec un détachement de cinq cents hommes; laisse-le s'engager; dès qu'il sera passé, fais-moi signal, je m'avancerai à l'instant; tandis que tu l'attaqueras en queue je le chargerai en tête.
Nous convînmes du lieu de l'embuscade et du signal.
—Si je triomphe, reprit Loveski, accours dans mes bras, je partagerai avec toi mes lauriers. Si je suis vaincu, fuis: notre amitié serait un crime impardonnable aux yeux des jaloux; ils chercheraient à se venger sur toi de leur défaite.
—Si je triomphe, reprit Loveski, accours dans mes bras, je partagerai avec toi mes lauriers. Si je suis vaincu, fuis: notre amitié serait un crime impardonnable aux yeux des jaloux; ils chercheraient à se venger sur toi de leur défaite.
Dès qu'il eut achevé, il reçut mes embrassements et me fit ses adieux.
Cher Panin, j'ai vu l'élévation de notre ami commun sans jalousie; je n'ai pas même songé à l'en féliciter.
Tandis qu'il me parlait, un saisissement involontaire parcourait mes veines: même à présent, je ne sais quelle secrète horreur continue à s'emparer de mon âme.
Cette année ne sera pas moins signalée par les défaites des confédérés que la précédente.
Twarowski, qui en commandait un parti considérable, a été battu à plates coutures près du bourg de Nadvorn.
Un autre parti considérable, qui tenait la campagne avec cinq cents Tartares Liponiens sous les ordres de Poulawski, ont été presque tous taillés en pièces à Lwow.
Ah! les dieux sont justes! ils se déclarent contre les coupables.
De Boukovina, le 7 juin 1770.