NOTE IV

Un exemple assez frappant de manque de psychologie en matière de politique religieuse islamique nous vient récemment de la colonie italienne de Cyrénaïque.

Le gouverneur de cette possession, à la suite de l’expulsion par les Turcs du khalife Abd-el-Mejdid, et délaissant toutes les traditions islamiques au profit d’un zèle intempestif, décida de faire dire des prières dans les mosquées au nom du roi Victor-Emmanuel III. « Ceci, signalait-il, dans un télégramme officiel, atteste éloquemment le loyalisme constant de la population vis-à-vis de l’Italie. »

Cette mesure, présentée comme une initiative spontanée des imams de Benghazi, produisit le déplorable effet qu’on peut deviner sur l’ensemble de la population, dont une grande partie s’abstint d’aller à la mosquée le vendredi pour ne pas s’associer au rite nouvellement créé.

Le comité exécutif suprême du Congrès islamique du Caire adressa une protestation au gouvernement italien, en lui faisant remarquer que le fait de pousser les imams de Benghazi « à prononcer le nom d’un roi qui ne professe pas l’islamisme détruit leur culte et viole leur prière canonique ».

Le Gouverneur italien, dans son désir de trop bien faire, n’y avait point songé.


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