LA FEMME ET L’ENFANT

Si la femme doit être soustraite au devoir conjugal qui lui répugne, si tous les droits que l’injuste loi de l’homme lui a refusés doivent lui être rendus, un nécessaire équilibre veut qu’elle accepte de remplir tous ses devoirs.

Le plus essentiel est la maternité, la maternité voulue et consentie.

Non seulement, en l’accomplissant, la femme perpétue sa véritable mission et sert les fins naturelles pour lesquelles elle est créée ; mais elle remplit aussi son obligation de Française en augmentant la richesse plastique d’un pays où tarit la sève, et qu’une dépopulation croissante conduirait rapidement au déclin et à la mort.

Voilà quarante ans que, complice de l’homme, la femme élude ses charges de maternité. Égoïsme chez les unes, lâcheté physique ou morale chez d’autres, pour beaucoup besoin d’un confort ou d’un luxe que l’enfant restreindrait, difficultés matérielles de logement et de vie chère pour d’innombrables ménages bourgeois, pauvreté trop souvent excusable dans le peuple : il n’est pas de mauvaises ou de bonnes raisons que la femme n’ait données pour se soustraire à sa fonction vitale.

Non contente d’éviter la fécondité par tous les moyens préventifs, — moyens que la propagande anti-malthusienne a enseignés à toutes, — des quantités de femmes mariées, et non seulement de filles libres ou même de jeunes filles, se confient aux mains des avorteuses et s’estropient pour la vie, quand elles n’en meurent pas. Le mal affirmé par de fréquents scandales d’avortements en clientèle a pris une telle extension que des projets de lois répressives ont été déposés au Parlement et devront être promulgués au plus tôt, si l’on veut enrayer ce massacre scélérat des innocents.

Les conséquences tragiques de cette stérilité réfléchie chez la femme, on a pu la mesurer à la lueur de l’invasion, des bombardements et des ruines…

Impossible de nier l’évidence ! Nous avons failli périr et la guerre ne s’est tant prolongée que parce que notre dépopulation extrême n’offrait pas à l’ennemi, malgré l’admirable fermeté de nos soldats, une masse aussi compacte et un bélier d’assaut aussi formidable que le sien.

Comme moi, vous avez entendu ce cri touchant, mais irraisonné de tant de pauvres mères :

— A quoi bon faire des enfants pour qu’on vous les tue !

Hélas, il est trop évident qu’à quantité égale de combattants la guerre eût été moins meurtrière et plus tôt finie. La défaite de l’Allemagne nous eût coûté moins de sang, moins d’argent, moins d’efforts. La France, contrainte à repousser l’inévitable et sauvage agression, a expié son imprévoyance de n’avoir à son acquit que quelques centaines de mille naissances depuis 70, alors que l’Allemagne engendrait plus de vingt-cinq millions d’enfants.

Sachons-le bien, le grenier de réserve pour l’avenir, — un avenir de paix et non plus de guerre, souhaitons-le, — la richesse et la force reconquises du pays consisteront en son grand nombre d’enfants.

Cette vérité, contre laquelle on regimbait avant la guerre, finit par frapper tous les esprits éclairés. C’est à la femme aujourd’hui de se convaincre qu’elle a beaucoup à réparer. Elle a mis en danger, parfois en désaccord, le plus souvent d’accord avec son compagnon, dans une responsabilité inégale, mais suffisamment lourde pour elle, le patrimoine national, le beau cheptel de la race.

Elle doit maintenant, bonne ouvrière de la Cité, refaire du sang neuf, des muscles, un cerveau et un cœur à la Patrie. Elle doit, non par devoir conjugal, mais par libre volonté, concevoir, engendrer et allaiter les milliers de petits Français qui, comblant les vides béants, reprendront l’œuvre des morts et incarneront les destinées nouvelles de la France.


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