POURQUOI CE LIVRE

Dans ces pages, Adam et Ève incarnent l’instinct et le sentiment humains : tout ce qui fleurit en nous de libre et de naturel.

Brid’oison, c’est la « Fo-orme » sociale ; le dogmatisme des mœurs, de l’opinion, des lois : construction artificielle dont la sagesse moyenne comporte encore beaucoup d’erreur, d’injustice et de mensonge.

Ce n’est pas être l’ennemi de la Société que de la vouloir plus éclairée et plus consciente. Ce n’est pas manquer de respect aux idées reçues, que de constater certaines de leurs tares et de souhaiter qu’elles deviennent plus saines, à l’heure où les vertus de la race, magnifiquement déployées par nos soldats, promettent une France plus belle.

Une Société qui ne protège — ni comme jeune fille ni comme épouse — la femme, matrice de ses plus fécondes réserves et de son plus sûr avenir ;

Une Société qui n’assure pas la sécurité des enfants à naître et accepte de s’étioler dans une dépopulation égoïste ;

Une Société, qui laisse l’ouvrière rouler trop souvent à la prostitution, et l’ouvrier croupir dans l’alcoolisme et la tuberculose ;

Une Société qui ne fait presque rien pour rattacher le paysan à la terre nourricière ;

Une Société qui, sous l’armature de cadres monarchiques, tend à l’expansion de la démocratie et n’a su encore l’organiser, sinon pour la lutte de classes, au profit des politiciens et non des hommes d’action ;

Une Société qui subit la tyrannie de l’argent et ne respecte que l’argent, bien loin d’admettre la suprématie de l’intelligence ;

Une Société, dont les riches inertes ne soutiennent pas de leurs capitaux le labeur industriel et commercial ;

Une Société qui ne tire pas assez parti de son sol, de ses moyens de transport, de ses ressources économiques ;

Une Société dont le Code, vieux de cent ans, et même de vingt siècles, consacre des iniquités redoutables et impose à ses magistrats des jugements parfois inouïs ;

Une Société, qui n’a pas une Presse composée de l’Élite intégrale, c’est-à-dire de toutes les valeurs pensantes et agissantes ;

Une Société sans Esprit public pour la contrôler et la conduire ;

Cette Société-là, si brillante soif sa façade, si vif l’élan qui l’anime, si chaud et si noble le sang qui a coulé à flots de ses veines ; cette Société, si glorieux soit son passé et si grand le spectacle qu’elle donne actuellement au Monde, cette Société-là n’est pas encore la Société idéale.

Je ne suis pas de ceux qui croient à l’absolu, mais au relatif. Si l’histoire démontre que le rayonnement d’un peuple, sa puissance et son éclat ne sont pas toujours nécessairement en rapport avec sa moralité, elle prouve aussi qu’aucune Association humaine ne peut vivre sans un certain nombre de vertus. La solidarité, l’organisation, l’altruisme sont de celles-là. La guerre, par l’admirable exemple de l’Union sacrée du Front, aura illuminé cette vérité. La guerre a révélé les splendides énergies en puissance de notre Société imparfaite. Le progrès va lentement, conquérant plus de bien-être, plus de justice. J’ai foi en cette vacillante, mais obstinée lumière.

De là, ces pages vouées à l’affranchissement de la Femme : notre mère, notre sœur, notre compagne, la mère de nos enfants ; de la Femme notre victime, notre alliée et, surtout, notre égale.


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