The Project Gutenberg eBook ofEurimedon: L'illustre pirate

The Project Gutenberg eBook ofEurimedon: L'illustre pirateThis ebook is for the use of anyone anywhere in the United States and most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this ebook or online atwww.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you will have to check the laws of the country where you are located before using this eBook.Title: Eurimedon: L'illustre pirateAuthor: Nicolas-Marc DesfontainesRelease date: March 7, 2006 [eBook #17940]Language: FrenchCredits: Produced by Carlo Traverso, Mireille Harmelin and theOnline Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK EURIMEDON: L'ILLUSTRE PIRATE ***

This ebook is for the use of anyone anywhere in the United States and most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this ebook or online atwww.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you will have to check the laws of the country where you are located before using this eBook.

Title: Eurimedon: L'illustre pirateAuthor: Nicolas-Marc DesfontainesRelease date: March 7, 2006 [eBook #17940]Language: FrenchCredits: Produced by Carlo Traverso, Mireille Harmelin and theOnline Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net

Title: Eurimedon: L'illustre pirate

Author: Nicolas-Marc Desfontaines

Author: Nicolas-Marc Desfontaines

Release date: March 7, 2006 [eBook #17940]

Language: French

Credits: Produced by Carlo Traverso, Mireille Harmelin and theOnline Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net

*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK EURIMEDON: L'ILLUSTRE PIRATE ***

MADAMOISELLE,

Voicy des Estrangers qui viennent des extremitez de la Grece, & qui attirez par la reputation de vos merites, souhaittent de s'acquitter des hommages qu'on doit à vostre vertu. Si vous daignez prester l'oreille au recit de leurs advantures, vous ne les estimerez pas indignes de vostre entretien; & je m'asseure que vous leur ferez un favorable accueil quand vous sçaurez qu'ils sont Princes, & que par des actions qui ne degenerent point de leur naissance, ils vous auront faict voir dans le Tableau de leur vie, les Images de tant de Heros que vostre Illustre Maison a donnez à la France. Je parlerois de vos augustes devanciers, François, Odet, & Charles de Bretaigne qui sortis des anciens Ducs de cette belle Province, se sont monstrez dignes surgeons d'une tyge si glorieuse, & en ont conservé la gloire dans vostre famille, qui en porte encore des marques aussi durables, que celebres; Je parlerois des notables services qu'ils ont rendus à l'Estat par les effets de leur fidelité, & de leur courage, si ce n'estoit publier des choses qui ne sont incognues qu'aux barbares, & vouloir comprendre dans une lettre ce qui merite des volumes entiers; Je diray seulement que ces deux grands Roys Charles huict & Louys douze ont honnoré vos ancestres du glorieux tiltre de frere, & qu'en mille occasions ils ont confirmé cette qualité advantageuse qu'Anne de Bretaigne, digne Espouse de ces deux Monarques leur avoit legitimement acquise. Cette consideration (Madamoiselle) & celle de vostre merite particulier ont faict resoudre deux Roys de venir aussi vous rendre les honneurs que vos Ayeulx ont autrefois receus, & admirer en vous une Majesté qui leur faisant oublier la leur, les force d'advouer que vous seriez incomparable, si le Ciel ne vous avoit donné une soeur qui partage avecque vous les inclinations de tout le monde. La Renommée qui a remply l'Univers de cette verité, a donné de la jalousie aux plus belles de vostre sexe, & de l'admiration aux plus parfaites, mais vous donnerez de l'estonnement à nostre Eurimedon & à sa Pasithée, quand vous leur ferez cognoistre que la beauté, & la gentillesse des Dames de France emportent le prix sur celles de Grece, & de toutes les nations de la Terre; Aussi n'est-ce pas leur dessein de vous disputer cet advantage, mais seulement d'avoir l'honneur de vous entretenir, afin qu'après cette faveur ils puissent estre les Paranymphes de vos merveilles, par la voix de celuy qui a pris la hardiesse de vous les presenter; & qui desire estre toute sa vie,

MADAMOISELLE,

De vostre Grandeur.Le très-humble & très-obeissant serviteurDESFONTAINES.

De vostre Grandeur.Le très-humble & très-obeissant serviteurDESFONTAINES.

De vostre Grandeur.

Le très-humble & très-obeissant serviteur

DESFONTAINES.

Beauté par qui Venus void la sienne effacéeMes vers pour te louer ont trop peu d'ornemens,Et je crains, te faisant ces foibles complimensQue ta rare vertu n'en soit interessée.

Beauté par qui Venus void la sienne effacéeMes vers pour te louer ont trop peu d'ornemens,Et je crains, te faisant ces foibles complimensQue ta rare vertu n'en soit interessée.

Beauté par qui Venus void la sienne effacée

Mes vers pour te louer ont trop peu d'ornemens,

Et je crains, te faisant ces foibles complimens

Que ta rare vertu n'en soit interessée.

Ta gloire ne sçauroit estre plus rabaisséeQu'alors que le commun en a des sentimens,Ont doit à tes attraits les plus beaux mouvemensD'une ame que le Ciel ayt tousjours caressée:

Ta gloire ne sçauroit estre plus rabaisséeQu'alors que le commun en a des sentimens,Ont doit à tes attraits les plus beaux mouvemensD'une ame que le Ciel ayt tousjours caressée:

Ta gloire ne sçauroit estre plus rabaissée

Qu'alors que le commun en a des sentimens,

Ont doit à tes attraits les plus beaux mouvemens

D'une ame que le Ciel ayt tousjours caressée:

Pardonne toutesfois à ma temeritéSi j'ose descouvrir à la posteritéCe qui te faict paroistre avec tant d'advantage;

Pardonne toutesfois à ma temeritéSi j'ose descouvrir à la posteritéCe qui te faict paroistre avec tant d'advantage;

Pardonne toutesfois à ma temerité

Si j'ose descouvrir à la posterité

Ce qui te faict paroistre avec tant d'advantage;

Qu'on sçache que par toy le vice est abbattuEt que tes actions mieux qu'un noble heritageTe donnent aujourd'huy le beau nom de VERTU.

Qu'on sçache que par toy le vice est abbattuEt que tes actions mieux qu'un noble heritageTe donnent aujourd'huy le beau nom de VERTU.

Qu'on sçache que par toy le vice est abbattu

Et que tes actions mieux qu'un noble heritage

Te donnent aujourd'huy le beau nom de VERTU.

DESFONTAINE

DESFONTAINE

DESFONTAINE

AU LECTEUR.

Lecteur je croirois offencer ton jugement si je ne le croyois capable de discerner les fautes qui se sont glissées en l'Impression de cet ouvrage, & je ferois tort à ta courtoisie si je ne croyois que tu les excuseras; c'est pourquoy sans m'arrester à t'en faire le denombrement, je te supplieray seulement de remarquer qu'en deux ou trois endroits où tu verras que les vers manqueront en leurs mesures, la faute vient de ce que l'Imprimeur a escrit doncque pour doncq, encore au lieu d'encor, & une fois avec, au lieu d'avecque pour le reste je le laisse à ta discretion.

LES ACTEURS.

ARCHELAS, Roy de la Troade pere de Pasithée.MELINTE, Roy de Thessalie & frere d'Eurimedon.EURIMEDON, Amant de Pasithée.TYGRANE, Prince d'Armenie & Rival d'Eurimedon.FALANTE, Escuyer d'Archelas.LYSANOR, Escuyer d'Eurimedon.PASITHEE, Infante de la Troade.CELIANE, Princesse d'Armenie, & Amante de Tygrane.ALERINE, Suivante de Pasithée.ARGAMOR, Page de Tygrane.

La Scene est en l'Isle de Lesbos.

Eurimedonsortant d'un navire & mettant Pasithée au port.

Eurimedonsortant d'un navire & mettant Pasithée au port.

Eurimedonsortant d'un navire & mettant Pasithée au port.

En fin (belle Princesse) après beaucoup d'oragesVous revoyez encor ces aymables rivages,Neptune partizan des ambusches d'amourS'est montré favorable à vostre heureux retour,Son perfide element a respecté vos charmes,Et vostre ravisseur a fleschi sous mes armes,Qui n'ont pû consentir qu'une DivinitéServist de recompense à l'infidelité.Mais que cette bonté qui vous rend adorableEspargne à mon sujet un Prince miserable.Puis qu'Amour est l'autheur du mal qu'il a comis,Et que vos yeux (Madame) ont fait vos ennemis:Pardonnez à l'offence en faveur des complices,La vie est quelquesfois le plus grand des supplices;Car la mort finissant les jours d'un CriminelFinit un chastiment qu'ils rendoient eternel.

En fin (belle Princesse) après beaucoup d'oragesVous revoyez encor ces aymables rivages,Neptune partizan des ambusches d'amourS'est montré favorable à vostre heureux retour,Son perfide element a respecté vos charmes,Et vostre ravisseur a fleschi sous mes armes,Qui n'ont pû consentir qu'une DivinitéServist de recompense à l'infidelité.Mais que cette bonté qui vous rend adorableEspargne à mon sujet un Prince miserable.Puis qu'Amour est l'autheur du mal qu'il a comis,Et que vos yeux (Madame) ont fait vos ennemis:Pardonnez à l'offence en faveur des complices,La vie est quelquesfois le plus grand des supplices;Car la mort finissant les jours d'un CriminelFinit un chastiment qu'ils rendoient eternel.

En fin (belle Princesse) après beaucoup d'orages

Vous revoyez encor ces aymables rivages,

Neptune partizan des ambusches d'amour

S'est montré favorable à vostre heureux retour,

Son perfide element a respecté vos charmes,

Et vostre ravisseur a fleschi sous mes armes,

Qui n'ont pû consentir qu'une Divinité

Servist de recompense à l'infidelité.

Mais que cette bonté qui vous rend adorable

Espargne à mon sujet un Prince miserable.

Puis qu'Amour est l'autheur du mal qu'il a comis,

Et que vos yeux (Madame) ont fait vos ennemis:

Pardonnez à l'offence en faveur des complices,

La vie est quelquesfois le plus grand des supplices;

Car la mort finissant les jours d'un Criminel

Finit un chastiment qu'ils rendoient eternel.

Pasithee.

Pasithee.

Pasithee.

Grand Prince à qui je dois & l'honneur & la vieJe tiens puis qu'il vous plaist ma vengeance assouvie,Et s'il me reste encor quelque ressentimentC'est pour vous obeir que j'en ay seulement:Que sans crainte Araxés retourne à MityleneUn secret repentir fera toute sa peine,Et ma direction ne rendra pas suspectCelui qui pour moy-mesme a manqué de respect.

Grand Prince à qui je dois & l'honneur & la vieJe tiens puis qu'il vous plaist ma vengeance assouvie,Et s'il me reste encor quelque ressentimentC'est pour vous obeir que j'en ay seulement:Que sans crainte Araxés retourne à MityleneUn secret repentir fera toute sa peine,Et ma direction ne rendra pas suspectCelui qui pour moy-mesme a manqué de respect.

Grand Prince à qui je dois & l'honneur & la vie

Je tiens puis qu'il vous plaist ma vengeance assouvie,

Et s'il me reste encor quelque ressentiment

C'est pour vous obeir que j'en ay seulement:

Que sans crainte Araxés retourne à Mitylene

Un secret repentir fera toute sa peine,

Et ma direction ne rendra pas suspect

Celui qui pour moy-mesme a manqué de respect.

Eurimedon.

Eurimedon.

Eurimedon.

Madame: La grandeur des illustres couragesSe remarque bien mieux dans l'oubly des outrages,Qu'alors que la rigueur de leurs justes arrestsSur quelque Criminel vange leurs interests:Ce n'est pas que je vueille authorizer sa faute,Ou prendre le party d'une audace si haute;Mais desja son supplice à son crime est uny,Et s'il est sans espoir il est assez puny.

Madame: La grandeur des illustres couragesSe remarque bien mieux dans l'oubly des outrages,Qu'alors que la rigueur de leurs justes arrestsSur quelque Criminel vange leurs interests:Ce n'est pas que je vueille authorizer sa faute,Ou prendre le party d'une audace si haute;Mais desja son supplice à son crime est uny,Et s'il est sans espoir il est assez puny.

Madame: La grandeur des illustres courages

Se remarque bien mieux dans l'oubly des outrages,

Qu'alors que la rigueur de leurs justes arrests

Sur quelque Criminel vange leurs interests:

Ce n'est pas que je vueille authorizer sa faute,

Ou prendre le party d'une audace si haute;

Mais desja son supplice à son crime est uny,

Et s'il est sans espoir il est assez puny.

Pasithee.

Pasithee.

Pasithee.

Eh bien qu'il soit ainsi: mais je ne puis comprendreD'où vous vient pour ce traistre un sentiment si tendre,Et je ne sçay comment un coeur si genereuxA pour son amitié fait ce choix malheureux?

Eh bien qu'il soit ainsi: mais je ne puis comprendreD'où vous vient pour ce traistre un sentiment si tendre,Et je ne sçay comment un coeur si genereuxA pour son amitié fait ce choix malheureux?

Eh bien qu'il soit ainsi: mais je ne puis comprendre

D'où vous vient pour ce traistre un sentiment si tendre,

Et je ne sçay comment un coeur si genereux

A pour son amitié fait ce choix malheureux?

Eurimedon.

Eurimedon.

Eurimedon.

Madame, Ce discours est de trop longue haleineUne autre occasion vous tirera de peine,Cependant s'il vous plaist, allons rendre à la CourAu lieu de la tristesse & la joye, & l'amour.Mais j'aperçois le Roy, si mon oeil ne se trompe,Et bien que je le voye avecque peu de pompeToutesfois de son front l'auguste majestéMieux qu'un sceptre Royal faict voir sa qualité.

Madame, Ce discours est de trop longue haleineUne autre occasion vous tirera de peine,Cependant s'il vous plaist, allons rendre à la CourAu lieu de la tristesse & la joye, & l'amour.Mais j'aperçois le Roy, si mon oeil ne se trompe,Et bien que je le voye avecque peu de pompeToutesfois de son front l'auguste majestéMieux qu'un sceptre Royal faict voir sa qualité.

Madame, Ce discours est de trop longue haleine

Une autre occasion vous tirera de peine,

Cependant s'il vous plaist, allons rendre à la Cour

Au lieu de la tristesse & la joye, & l'amour.

Mais j'aperçois le Roy, si mon oeil ne se trompe,

Et bien que je le voye avecque peu de pompe

Toutesfois de son front l'auguste majesté

Mieux qu'un sceptre Royal faict voir sa qualité.

Archelas.

Archelas.

Archelas.

Falante: Je ne sçay quelle secrette joyeAvecque ce vaisseau la fortune m'envoye;Mais je me sens forcé malgré mon desespoirDe l'aller dans le port moy-mesme recevoir.

Falante: Je ne sçay quelle secrette joyeAvecque ce vaisseau la fortune m'envoye;Mais je me sens forcé malgré mon desespoirDe l'aller dans le port moy-mesme recevoir.

Falante: Je ne sçay quelle secrette joye

Avecque ce vaisseau la fortune m'envoye;

Mais je me sens forcé malgré mon desespoir

De l'aller dans le port moy-mesme recevoir.

Falante.

Falante.

Falante.

Sire, ces estrangers qui viennent du rivageVous pourront esclaircir de cét heureux presage.

Sire, ces estrangers qui viennent du rivageVous pourront esclaircir de cét heureux presage.

Sire, ces estrangers qui viennent du rivage

Vous pourront esclaircir de cét heureux presage.

Archelas.

Archelas.

Archelas.

Où sont-ils?

Où sont-ils?

Où sont-ils?

Falante.

Falante.

Falante.

Les voila qui viennent droit à vous,Pour avoir le bon-heur d'embrasser vos genoux.

Les voila qui viennent droit à vous,Pour avoir le bon-heur d'embrasser vos genoux.

Les voila qui viennent droit à vous,

Pour avoir le bon-heur d'embrasser vos genoux.

Archelas.

Archelas.

Archelas.

Ah ma fille! Est-ce toy que je revois encore?Est-ce toy Pasithée? Ô grands Dieux que j'adoreJe crains que dans l'excez de mon contentementMon trespas ne succede à ce ravissement!Mais n'est-ce pas aussi l'effect de quelques charmesQui veut tromper mes yeux affoiblis de mes larmes?

Ah ma fille! Est-ce toy que je revois encore?Est-ce toy Pasithée? Ô grands Dieux que j'adoreJe crains que dans l'excez de mon contentementMon trespas ne succede à ce ravissement!Mais n'est-ce pas aussi l'effect de quelques charmesQui veut tromper mes yeux affoiblis de mes larmes?

Ah ma fille! Est-ce toy que je revois encore?

Est-ce toy Pasithée? Ô grands Dieux que j'adore

Je crains que dans l'excez de mon contentement

Mon trespas ne succede à ce ravissement!

Mais n'est-ce pas aussi l'effect de quelques charmes

Qui veut tromper mes yeux affoiblis de mes larmes?

Pasithee.Non Sire, vous voyez celle que le malheurAvoit fait le butin d'un infame voleur:Voicy cette Princesse indignement ravie,Et qui perdoit l'honneur aussi bien que la vieSi l'invincible bras de ce liberateurN'eut empesché ma perte, en perdant son autheur.

Pasithee.Non Sire, vous voyez celle que le malheurAvoit fait le butin d'un infame voleur:Voicy cette Princesse indignement ravie,Et qui perdoit l'honneur aussi bien que la vieSi l'invincible bras de ce liberateurN'eut empesché ma perte, en perdant son autheur.

Pasithee.

Non Sire, vous voyez celle que le malheur

Avoit fait le butin d'un infame voleur:

Voicy cette Princesse indignement ravie,

Et qui perdoit l'honneur aussi bien que la vie

Si l'invincible bras de ce liberateur

N'eut empesché ma perte, en perdant son autheur.

Archelas.Chevalier, Je sçay bien que ma recognoissanceEst plus en mes desirs que dedans ma puissance,Et que pour bien payer cette belle actionMon sceptre est au dessous de l'obligation:Il est vray qu'un exploit si digne de memoireTrouve ordinairement son salaire en sa gloire;Mais de peur d'estre ingrat à ce rare bien-faict,Je vous offre le bien que vous nous avez faict,Partagez nos plaisirs, regnez dans mes provinces,Faites vous (s'il vous plaist) des sujets de mes Princes,Je feray tout pour vous, ayant tout faict pour moy,Vous m'avez rendu pere & je vous feray Roy.

Archelas.Chevalier, Je sçay bien que ma recognoissanceEst plus en mes desirs que dedans ma puissance,Et que pour bien payer cette belle actionMon sceptre est au dessous de l'obligation:Il est vray qu'un exploit si digne de memoireTrouve ordinairement son salaire en sa gloire;Mais de peur d'estre ingrat à ce rare bien-faict,Je vous offre le bien que vous nous avez faict,Partagez nos plaisirs, regnez dans mes provinces,Faites vous (s'il vous plaist) des sujets de mes Princes,Je feray tout pour vous, ayant tout faict pour moy,Vous m'avez rendu pere & je vous feray Roy.

Archelas.

Chevalier, Je sçay bien que ma recognoissance

Est plus en mes desirs que dedans ma puissance,

Et que pour bien payer cette belle action

Mon sceptre est au dessous de l'obligation:

Il est vray qu'un exploit si digne de memoire

Trouve ordinairement son salaire en sa gloire;

Mais de peur d'estre ingrat à ce rare bien-faict,

Je vous offre le bien que vous nous avez faict,

Partagez nos plaisirs, regnez dans mes provinces,

Faites vous (s'il vous plaist) des sujets de mes Princes,

Je feray tout pour vous, ayant tout faict pour moy,

Vous m'avez rendu pere & je vous feray Roy.

Eurimedon.Ah Sire! mon secours ne vaut pas qu'on y penseEt ce qui fit ma peine a faict ma récompenceJ'ay suivy seulement les loix de mon devoirPour servir Pasithée, il ne faut que la voir;Et puisque je cherchois cette belle contréeJe benis le sujet qui m'en donne l'entrée,Heureux si les faveurs d'un auspice si douxMe permettent l'honneur de vivre aupres de vous.

Eurimedon.Ah Sire! mon secours ne vaut pas qu'on y penseEt ce qui fit ma peine a faict ma récompenceJ'ay suivy seulement les loix de mon devoirPour servir Pasithée, il ne faut que la voir;Et puisque je cherchois cette belle contréeJe benis le sujet qui m'en donne l'entrée,Heureux si les faveurs d'un auspice si douxMe permettent l'honneur de vivre aupres de vous.

Eurimedon.

Ah Sire! mon secours ne vaut pas qu'on y pense

Et ce qui fit ma peine a faict ma récompence

J'ay suivy seulement les loix de mon devoir

Pour servir Pasithée, il ne faut que la voir;

Et puisque je cherchois cette belle contrée

Je benis le sujet qui m'en donne l'entrée,

Heureux si les faveurs d'un auspice si doux

Me permettent l'honneur de vivre aupres de vous.

Pasithee.C'est pour moy seulement que je dois dire heureuseLa mesme occasion qui vous fut dangereuse:Car quand vous n'auriez pas à mes yeux combattu,Cette Cour est tousjours ouverte à la vertu:Mais si vostre valeur m'eust lors abandonnée,Je serois maintenant la plus infortunéeQui jamais icy bas ayt respiré le jour,Et je ne verrois pas cet aymable sejour:Je serois maintenant pour comble de miserePeut estre le jouet d'un horrible Corsaire;Ou bien pour eviter ce servage inhumainContre mon propre coeur j'aurois armé ma main:Mais au triste moment de cette violenceLa vostre a prévenu leur crime, & mon offence,Et le coup qui finit leur trame, & mes malheursMesla leur sang brutal à mes prodigues pleurs.

Pasithee.C'est pour moy seulement que je dois dire heureuseLa mesme occasion qui vous fut dangereuse:Car quand vous n'auriez pas à mes yeux combattu,Cette Cour est tousjours ouverte à la vertu:Mais si vostre valeur m'eust lors abandonnée,Je serois maintenant la plus infortunéeQui jamais icy bas ayt respiré le jour,Et je ne verrois pas cet aymable sejour:Je serois maintenant pour comble de miserePeut estre le jouet d'un horrible Corsaire;Ou bien pour eviter ce servage inhumainContre mon propre coeur j'aurois armé ma main:Mais au triste moment de cette violenceLa vostre a prévenu leur crime, & mon offence,Et le coup qui finit leur trame, & mes malheursMesla leur sang brutal à mes prodigues pleurs.

Pasithee.

C'est pour moy seulement que je dois dire heureuse

La mesme occasion qui vous fut dangereuse:

Car quand vous n'auriez pas à mes yeux combattu,

Cette Cour est tousjours ouverte à la vertu:

Mais si vostre valeur m'eust lors abandonnée,

Je serois maintenant la plus infortunée

Qui jamais icy bas ayt respiré le jour,

Et je ne verrois pas cet aymable sejour:

Je serois maintenant pour comble de misere

Peut estre le jouet d'un horrible Corsaire;

Ou bien pour eviter ce servage inhumain

Contre mon propre coeur j'aurois armé ma main:

Mais au triste moment de cette violence

La vostre a prévenu leur crime, & mon offence,

Et le coup qui finit leur trame, & mes malheurs

Mesla leur sang brutal à mes prodigues pleurs.

Archelas.Il falloit reserver à de honteux supplicesL'autheur de ce projet, ou du moins ses complices,Pour donner un exemple à la posteritéDu juste traictement qu'ils avoient merité;La mort que le bourreau pouvoit rendre execrableLa gloire de vos coups l'a rendue honnorable,Et vous avez donné par des trespas si beauxÀ des infames corps des illustres tombeaux.

Archelas.Il falloit reserver à de honteux supplicesL'autheur de ce projet, ou du moins ses complices,Pour donner un exemple à la posteritéDu juste traictement qu'ils avoient merité;La mort que le bourreau pouvoit rendre execrableLa gloire de vos coups l'a rendue honnorable,Et vous avez donné par des trespas si beauxÀ des infames corps des illustres tombeaux.

Archelas.

Il falloit reserver à de honteux supplices

L'autheur de ce projet, ou du moins ses complices,

Pour donner un exemple à la posterité

Du juste traictement qu'ils avoient merité;

La mort que le bourreau pouvoit rendre execrable

La gloire de vos coups l'a rendue honnorable,

Et vous avez donné par des trespas si beaux

À des infames corps des illustres tombeaux.

Eurimedon.Sire, Le Dieu des eaux les a dans ses entrailles,Un perfide comme eux a faict leurs funerailles,Et comme partizan de ce traistre desseinIl en cache l'autheur dans son humide sein:En fin de ces brigands la deffaite est entiere,La mer fut leur refuge, elle est leur cimetiere,Et l'onde a tellement prévenu mes effortsQu'ils ont esté plustost ensevelis que morts.

Eurimedon.Sire, Le Dieu des eaux les a dans ses entrailles,Un perfide comme eux a faict leurs funerailles,Et comme partizan de ce traistre desseinIl en cache l'autheur dans son humide sein:En fin de ces brigands la deffaite est entiere,La mer fut leur refuge, elle est leur cimetiere,Et l'onde a tellement prévenu mes effortsQu'ils ont esté plustost ensevelis que morts.

Eurimedon.

Sire, Le Dieu des eaux les a dans ses entrailles,

Un perfide comme eux a faict leurs funerailles,

Et comme partizan de ce traistre dessein

Il en cache l'autheur dans son humide sein:

En fin de ces brigands la deffaite est entiere,

La mer fut leur refuge, elle est leur cimetiere,

Et l'onde a tellement prévenu mes efforts

Qu'ils ont esté plustost ensevelis que morts.

Archelas.Finissons avec eux cette tragique HistoirePerdons-en s'il se peut jusques à la memoire,Craignant que par le bruit des discours superflusNous ne ressuscitions ceux qui ne vivent plus;Que la joye en nos coeurs succede à la tristesse,Bannissons desormais cette importune hostesse,Et sans nous arrester aux soucis des mortelsÀ ce Dieu tutelaire erigeons des Autels.

Archelas.Finissons avec eux cette tragique HistoirePerdons-en s'il se peut jusques à la memoire,Craignant que par le bruit des discours superflusNous ne ressuscitions ceux qui ne vivent plus;Que la joye en nos coeurs succede à la tristesse,Bannissons desormais cette importune hostesse,Et sans nous arrester aux soucis des mortelsÀ ce Dieu tutelaire erigeons des Autels.

Archelas.

Finissons avec eux cette tragique Histoire

Perdons-en s'il se peut jusques à la memoire,

Craignant que par le bruit des discours superflus

Nous ne ressuscitions ceux qui ne vivent plus;

Que la joye en nos coeurs succede à la tristesse,

Bannissons desormais cette importune hostesse,

Et sans nous arrester aux soucis des mortels

À ce Dieu tutelaire erigeons des Autels.

Eurimedon.Ah grand Roy! Cet honneur plus grand que ma naissanceAu lieu de m'obliger, me chocque & vous offence:Car cette vanité me rendant odieuxReproche en mesme temps une erreur à vos yeux:Bien loing de m'eslever à ce degré suprémeLa rigueur du destin m'a mis à l'autre extreme,Pour toute qualité je suis EurimedonLa fortune en naissant me mit à l'abandon,Et pourtant de mon sort l'admirable advanturePeut passer pour miracle à la race future:En un point seulement je le trouve assez beauPuisque j'eus pour le moins un illustre berceau.Un Aigle me voyant estendu sur la poudre,Soit qu'il me voulut mettre à couvert de la foudre,Ou bien faire de moy quelque fameux guerrierPorta mon petit corps à l'ombre d'un laurier:Du depuis le destin lassé de me bien faireMe mit entre les mains d'un barbare CorsaireQui m'ayant dans un bois sous cet arbre trouvéParmy ses compagnons m'a tousjours eslevé.Cent fois il m'a juré que j'estois né d'un PrinceEt m'a tout dit, hormis mon nom, & ma province,Car de peur de me perdre il m'a tousjours cachéCet important secret qu'en vain j'ay tant cherché.Je n'avois que douze ans que desja mon courageNe pouvoit plus souffrir la paresse de l'aage,Et bien que j'eusse horreur de leurs traits inhumainsIl falloit que je fisse un essay de mes mains.Un jour l'occasion s'en montra toute presteTrois Pyrates venus fraischement de la questeNe purent sans debat partager leurs butins,Le lucre les rendant esgalement mutinsIls passerent en fin des discours, à l'espée;Et la valeur d'un seul contre deux occupeeDans l'inegalité l'alloit faire perirSi je l'eusse pû voir sans l'ozer secourir.Contre ces lasches coeurs j'entrepris sa deffence,Et comme l'un des deux mesprisoit mon enfanceIl donnoit à mes coups tant de facilité,Que sa mort fut le prix de sa temerité.Dès lors tous estonnez de ce trait de courage,Comme à leur souverain ils me firent hommage;Glorieux (disoient-ils) d'obeyr desormaisAu Prince le plus grand que le ciel vit jamais:Du depuis leur respect pouvoit servir de marqueQue j'estois en effet n'ay de quelque Monarque:Mais je suis incertain de ma condition.

Eurimedon.Ah grand Roy! Cet honneur plus grand que ma naissanceAu lieu de m'obliger, me chocque & vous offence:Car cette vanité me rendant odieuxReproche en mesme temps une erreur à vos yeux:Bien loing de m'eslever à ce degré suprémeLa rigueur du destin m'a mis à l'autre extreme,Pour toute qualité je suis EurimedonLa fortune en naissant me mit à l'abandon,Et pourtant de mon sort l'admirable advanturePeut passer pour miracle à la race future:En un point seulement je le trouve assez beauPuisque j'eus pour le moins un illustre berceau.Un Aigle me voyant estendu sur la poudre,Soit qu'il me voulut mettre à couvert de la foudre,Ou bien faire de moy quelque fameux guerrierPorta mon petit corps à l'ombre d'un laurier:Du depuis le destin lassé de me bien faireMe mit entre les mains d'un barbare CorsaireQui m'ayant dans un bois sous cet arbre trouvéParmy ses compagnons m'a tousjours eslevé.Cent fois il m'a juré que j'estois né d'un PrinceEt m'a tout dit, hormis mon nom, & ma province,Car de peur de me perdre il m'a tousjours cachéCet important secret qu'en vain j'ay tant cherché.Je n'avois que douze ans que desja mon courageNe pouvoit plus souffrir la paresse de l'aage,Et bien que j'eusse horreur de leurs traits inhumainsIl falloit que je fisse un essay de mes mains.Un jour l'occasion s'en montra toute presteTrois Pyrates venus fraischement de la questeNe purent sans debat partager leurs butins,Le lucre les rendant esgalement mutinsIls passerent en fin des discours, à l'espée;Et la valeur d'un seul contre deux occupeeDans l'inegalité l'alloit faire perirSi je l'eusse pû voir sans l'ozer secourir.Contre ces lasches coeurs j'entrepris sa deffence,Et comme l'un des deux mesprisoit mon enfanceIl donnoit à mes coups tant de facilité,Que sa mort fut le prix de sa temerité.Dès lors tous estonnez de ce trait de courage,Comme à leur souverain ils me firent hommage;Glorieux (disoient-ils) d'obeyr desormaisAu Prince le plus grand que le ciel vit jamais:Du depuis leur respect pouvoit servir de marqueQue j'estois en effet n'ay de quelque Monarque:Mais je suis incertain de ma condition.

Eurimedon.

Ah grand Roy! Cet honneur plus grand que ma naissance

Au lieu de m'obliger, me chocque & vous offence:

Car cette vanité me rendant odieux

Reproche en mesme temps une erreur à vos yeux:

Bien loing de m'eslever à ce degré supréme

La rigueur du destin m'a mis à l'autre extreme,

Pour toute qualité je suis Eurimedon

La fortune en naissant me mit à l'abandon,

Et pourtant de mon sort l'admirable advanture

Peut passer pour miracle à la race future:

En un point seulement je le trouve assez beau

Puisque j'eus pour le moins un illustre berceau.

Un Aigle me voyant estendu sur la poudre,

Soit qu'il me voulut mettre à couvert de la foudre,

Ou bien faire de moy quelque fameux guerrier

Porta mon petit corps à l'ombre d'un laurier:

Du depuis le destin lassé de me bien faire

Me mit entre les mains d'un barbare Corsaire

Qui m'ayant dans un bois sous cet arbre trouvé

Parmy ses compagnons m'a tousjours eslevé.

Cent fois il m'a juré que j'estois né d'un Prince

Et m'a tout dit, hormis mon nom, & ma province,

Car de peur de me perdre il m'a tousjours caché

Cet important secret qu'en vain j'ay tant cherché.

Je n'avois que douze ans que desja mon courage

Ne pouvoit plus souffrir la paresse de l'aage,

Et bien que j'eusse horreur de leurs traits inhumains

Il falloit que je fisse un essay de mes mains.

Un jour l'occasion s'en montra toute preste

Trois Pyrates venus fraischement de la queste

Ne purent sans debat partager leurs butins,

Le lucre les rendant esgalement mutins

Ils passerent en fin des discours, à l'espée;

Et la valeur d'un seul contre deux occupee

Dans l'inegalité l'alloit faire perir

Si je l'eusse pû voir sans l'ozer secourir.

Contre ces lasches coeurs j'entrepris sa deffence,

Et comme l'un des deux mesprisoit mon enfance

Il donnoit à mes coups tant de facilité,

Que sa mort fut le prix de sa temerité.

Dès lors tous estonnez de ce trait de courage,

Comme à leur souverain ils me firent hommage;

Glorieux (disoient-ils) d'obeyr desormais

Au Prince le plus grand que le ciel vit jamais:

Du depuis leur respect pouvoit servir de marque

Que j'estois en effet n'ay de quelque Monarque:

Mais je suis incertain de ma condition.

Pasithee.Vous estes trop modeste en vostre ambition,Et si mon ame encor doute en vostre origine,C'est qu'au lieu d'estre humaine, elle la croit divine.

Pasithee.Vous estes trop modeste en vostre ambition,Et si mon ame encor doute en vostre origine,C'est qu'au lieu d'estre humaine, elle la croit divine.

Pasithee.

Vous estes trop modeste en vostre ambition,

Et si mon ame encor doute en vostre origine,

C'est qu'au lieu d'estre humaine, elle la croit divine.

Eurimedon.Ah ne me flattez pas, un si mal-heureux sortAvec le rang des Dieux a trop peu de rapport.

Eurimedon.Ah ne me flattez pas, un si mal-heureux sortAvec le rang des Dieux a trop peu de rapport.

Eurimedon.

Ah ne me flattez pas, un si mal-heureux sort

Avec le rang des Dieux a trop peu de rapport.

Archelas.Alcide avant sa mort estoit ce que nous sommes,Ce Heros comme vous nasquit entre les hommes,Il fut leur protecteur, & cette qualitéLuy fraya le chemin de l'immortalité:Ainsi cette vertu qui vous faict adorable,Et qui rend vostre gloire à son nom comparable,Malgré les vains efforts d'un sort injurieuxVous reserve une place à la table des Dieux.

Archelas.Alcide avant sa mort estoit ce que nous sommes,Ce Heros comme vous nasquit entre les hommes,Il fut leur protecteur, & cette qualitéLuy fraya le chemin de l'immortalité:Ainsi cette vertu qui vous faict adorable,Et qui rend vostre gloire à son nom comparable,Malgré les vains efforts d'un sort injurieuxVous reserve une place à la table des Dieux.

Archelas.

Alcide avant sa mort estoit ce que nous sommes,

Ce Heros comme vous nasquit entre les hommes,

Il fut leur protecteur, & cette qualité

Luy fraya le chemin de l'immortalité:

Ainsi cette vertu qui vous faict adorable,

Et qui rend vostre gloire à son nom comparable,

Malgré les vains efforts d'un sort injurieux

Vous reserve une place à la table des Dieux.

Eurimedon.Mon coeur n'affecte pas ces dignitez hautainesDont la presomption bouffit les ames vaines,Je prefere grand Roy, l'honneur de vous servirAux grandeurs qui pourroient dans le Ciel me ravir.

Eurimedon.Mon coeur n'affecte pas ces dignitez hautainesDont la presomption bouffit les ames vaines,Je prefere grand Roy, l'honneur de vous servirAux grandeurs qui pourroient dans le Ciel me ravir.

Eurimedon.

Mon coeur n'affecte pas ces dignitez hautaines

Dont la presomption bouffit les ames vaines,

Je prefere grand Roy, l'honneur de vous servir

Aux grandeurs qui pourroient dans le Ciel me ravir.

Archelas.De grace (Eurimedon) quittez cette eloquence,Laissez-vous une fois vaincre à ma bien-vueillanceCommandez en ma Cour, mais en ce juste pointPour me favoriser ne vous deffendez point:Où bien ce grand esprit qui tout autre surmonteÀ l'obligation adjoustera la honte,Et sa grace conjointe aux offices du brasNous fera confesser que nous sommes ingrats.

Archelas.De grace (Eurimedon) quittez cette eloquence,Laissez-vous une fois vaincre à ma bien-vueillanceCommandez en ma Cour, mais en ce juste pointPour me favoriser ne vous deffendez point:Où bien ce grand esprit qui tout autre surmonteÀ l'obligation adjoustera la honte,Et sa grace conjointe aux offices du brasNous fera confesser que nous sommes ingrats.

Archelas.

De grace (Eurimedon) quittez cette eloquence,

Laissez-vous une fois vaincre à ma bien-vueillance

Commandez en ma Cour, mais en ce juste point

Pour me favoriser ne vous deffendez point:

Où bien ce grand esprit qui tout autre surmonte

À l'obligation adjoustera la honte,

Et sa grace conjointe aux offices du bras

Nous fera confesser que nous sommes ingrats.

Destin, Neptune, Amour, Dieux cruels, tristes AstresNe deliberez plus, achevez mes desastres,Et vos foudres grondans en d'inutiles mains,Que ne punissez-vous les crimes des humains?Souffrez-vous qu'un mortel brave vostre vengeance?Sans doute on vous croira de son intelligence,Et si contre mon chef vos couroux sont si lensDe mon impunité naistront mille insolens;Trop pitoyables Dieux vangez-vous de Tygrane,J'ay trahy Pasithée & trompé Celiane,L'une en mon changement, l'autre par lascheté:Celiane ressent mon infidelité,Et faute de secours, la belle PasithéeEst par ses ravisseurs indignement traictée,Cependant sur le point qu'elle s'en va perirJe suis les bras croisez & la laisse mourir.Ah! c'est trop endurer un ingrat sur la terre,Cieux achevez mon sort par un coup de Tonnerre:Ce tragique accident ne sera pas nouveau,Le deluge du feu suivra celuy de l'eau,Et mes membres espars sur cet humide empireAuront en mesme temps l'un & l'autre martyre.Mais qu'en vain pour avoir un remede à mes mauxJ'importune les Dieux puis qu'ils sont mes rivaux:Vaste mer qui retiens mon ame & mes delicesOuvre au moins à mon corps tes affreux precipices,Puisque desja ma vie est sur ton Element,Prens ce qui reste encor d'un malheureux Amant.Ah plustost par mes cris ta colere irritéeEmporte ma parole avecque Pasithée!Je la suivray pourtant, & mes tristes vaisseauxFeront si promptement le grand tour de tes eaux,Que je te forceray de me rendre ma Reyne,Ou d'achever ma vie en achevant ma peine.

Destin, Neptune, Amour, Dieux cruels, tristes AstresNe deliberez plus, achevez mes desastres,Et vos foudres grondans en d'inutiles mains,Que ne punissez-vous les crimes des humains?Souffrez-vous qu'un mortel brave vostre vengeance?Sans doute on vous croira de son intelligence,Et si contre mon chef vos couroux sont si lensDe mon impunité naistront mille insolens;Trop pitoyables Dieux vangez-vous de Tygrane,J'ay trahy Pasithée & trompé Celiane,L'une en mon changement, l'autre par lascheté:Celiane ressent mon infidelité,Et faute de secours, la belle PasithéeEst par ses ravisseurs indignement traictée,Cependant sur le point qu'elle s'en va perirJe suis les bras croisez & la laisse mourir.Ah! c'est trop endurer un ingrat sur la terre,Cieux achevez mon sort par un coup de Tonnerre:Ce tragique accident ne sera pas nouveau,Le deluge du feu suivra celuy de l'eau,Et mes membres espars sur cet humide empireAuront en mesme temps l'un & l'autre martyre.Mais qu'en vain pour avoir un remede à mes mauxJ'importune les Dieux puis qu'ils sont mes rivaux:Vaste mer qui retiens mon ame & mes delicesOuvre au moins à mon corps tes affreux precipices,Puisque desja ma vie est sur ton Element,Prens ce qui reste encor d'un malheureux Amant.Ah plustost par mes cris ta colere irritéeEmporte ma parole avecque Pasithée!Je la suivray pourtant, & mes tristes vaisseauxFeront si promptement le grand tour de tes eaux,Que je te forceray de me rendre ma Reyne,Ou d'achever ma vie en achevant ma peine.

Destin, Neptune, Amour, Dieux cruels, tristes Astres

Ne deliberez plus, achevez mes desastres,

Et vos foudres grondans en d'inutiles mains,

Que ne punissez-vous les crimes des humains?

Souffrez-vous qu'un mortel brave vostre vengeance?

Sans doute on vous croira de son intelligence,

Et si contre mon chef vos couroux sont si lens

De mon impunité naistront mille insolens;

Trop pitoyables Dieux vangez-vous de Tygrane,

J'ay trahy Pasithée & trompé Celiane,

L'une en mon changement, l'autre par lascheté:

Celiane ressent mon infidelité,

Et faute de secours, la belle Pasithée

Est par ses ravisseurs indignement traictée,

Cependant sur le point qu'elle s'en va perir

Je suis les bras croisez & la laisse mourir.

Ah! c'est trop endurer un ingrat sur la terre,

Cieux achevez mon sort par un coup de Tonnerre:

Ce tragique accident ne sera pas nouveau,

Le deluge du feu suivra celuy de l'eau,

Et mes membres espars sur cet humide empire

Auront en mesme temps l'un & l'autre martyre.

Mais qu'en vain pour avoir un remede à mes maux

J'importune les Dieux puis qu'ils sont mes rivaux:

Vaste mer qui retiens mon ame & mes delices

Ouvre au moins à mon corps tes affreux precipices,

Puisque desja ma vie est sur ton Element,

Prens ce qui reste encor d'un malheureux Amant.

Ah plustost par mes cris ta colere irritée

Emporte ma parole avecque Pasithée!

Je la suivray pourtant, & mes tristes vaisseaux

Feront si promptement le grand tour de tes eaux,

Que je te forceray de me rendre ma Reyne,

Ou d'achever ma vie en achevant ma peine.

Falante.Où courez-vous Tygrane? Et quel aveuglementVous oblige à revoir ce perfide Element,Cependant que la Cour retentit d'allegresse,Et benit le retour de sa chere Princesse.

Falante.Où courez-vous Tygrane? Et quel aveuglementVous oblige à revoir ce perfide Element,Cependant que la Cour retentit d'allegresse,Et benit le retour de sa chere Princesse.

Falante.

Où courez-vous Tygrane? Et quel aveuglement

Vous oblige à revoir ce perfide Element,

Cependant que la Cour retentit d'allegresse,

Et benit le retour de sa chere Princesse.

Tygrane.De qui?

Tygrane.De qui?

Tygrane.

De qui?

Falante.De Pasithée.

Falante.De Pasithée.

Falante.

De Pasithée.

Tygrane.Ô rare invention!Croy-tu par ce moyen calmer ma passion?Non (Falante) sa perte est par trop veritablePour cesser mes transports au recit d'une fable.

Tygrane.Ô rare invention!Croy-tu par ce moyen calmer ma passion?Non (Falante) sa perte est par trop veritablePour cesser mes transports au recit d'une fable.

Tygrane.

Ô rare invention!

Croy-tu par ce moyen calmer ma passion?

Non (Falante) sa perte est par trop veritable

Pour cesser mes transports au recit d'une fable.

Falante.Tygrane, mon discours a tant de veritéQu'il peut vaincre aisément vostre incredulité,Si pour rendre à vos yeux la nouvelle certaineIl vous plaist seulement d'entrer à Mitylene,Là vous verrez l'objet qui vous fit amoureuxEt le liberateur qui vous a faict heureux.

Falante.Tygrane, mon discours a tant de veritéQu'il peut vaincre aisément vostre incredulité,Si pour rendre à vos yeux la nouvelle certaineIl vous plaist seulement d'entrer à Mitylene,Là vous verrez l'objet qui vous fit amoureuxEt le liberateur qui vous a faict heureux.

Falante.

Tygrane, mon discours a tant de verité

Qu'il peut vaincre aisément vostre incredulité,

Si pour rendre à vos yeux la nouvelle certaine

Il vous plaist seulement d'entrer à Mitylene,

Là vous verrez l'objet qui vous fit amoureux

Et le liberateur qui vous a faict heureux.

Tygrane.Quel est ce Chevalier, est-il de cognoissance?

Tygrane.Quel est ce Chevalier, est-il de cognoissance?

Tygrane.

Quel est ce Chevalier, est-il de cognoissance?

Falante.Non, c'est un estranger, mais d'illustre naissance,On le traite de Prince, & son port gracieuxNe degenere point de ce nom glorieux,Cet auguste guerrier singlant devers cette IsleSe venoit rafraischir à la premiere ville,Quand il a rencontré le funeste vaisseauQui mettoit vostre espoir & l'Infante au tombeau.Comme il s'en approchoit d'une extreme vitesse,Il ouit cette voix (sauvez une Princesse)Aussi-tost abordant ce traistre GalionIl s'eslança dedans plus hardy qu'un Lyon,Malgré ses ravisseurs delivra Pasithée,Et mit à fonds la nef qui l'avoit emportée.Ce genereux heros apres ce grand effortS'offrit incontinent de la remettre au port,Mais avec tant de grace, & tant de bien-vueillanceQu'il rendit son respect esgal à sa vaillance,Et l'Infante advoua qu'une telle actionFit voir moins de valeur que de discretion.

Falante.Non, c'est un estranger, mais d'illustre naissance,On le traite de Prince, & son port gracieuxNe degenere point de ce nom glorieux,Cet auguste guerrier singlant devers cette IsleSe venoit rafraischir à la premiere ville,Quand il a rencontré le funeste vaisseauQui mettoit vostre espoir & l'Infante au tombeau.Comme il s'en approchoit d'une extreme vitesse,Il ouit cette voix (sauvez une Princesse)Aussi-tost abordant ce traistre GalionIl s'eslança dedans plus hardy qu'un Lyon,Malgré ses ravisseurs delivra Pasithée,Et mit à fonds la nef qui l'avoit emportée.Ce genereux heros apres ce grand effortS'offrit incontinent de la remettre au port,Mais avec tant de grace, & tant de bien-vueillanceQu'il rendit son respect esgal à sa vaillance,Et l'Infante advoua qu'une telle actionFit voir moins de valeur que de discretion.

Falante.

Non, c'est un estranger, mais d'illustre naissance,

On le traite de Prince, & son port gracieux

Ne degenere point de ce nom glorieux,

Cet auguste guerrier singlant devers cette Isle

Se venoit rafraischir à la premiere ville,

Quand il a rencontré le funeste vaisseau

Qui mettoit vostre espoir & l'Infante au tombeau.

Comme il s'en approchoit d'une extreme vitesse,

Il ouit cette voix (sauvez une Princesse)

Aussi-tost abordant ce traistre Galion

Il s'eslança dedans plus hardy qu'un Lyon,

Malgré ses ravisseurs delivra Pasithée,

Et mit à fonds la nef qui l'avoit emportée.

Ce genereux heros apres ce grand effort

S'offrit incontinent de la remettre au port,

Mais avec tant de grace, & tant de bien-vueillance

Qu'il rendit son respect esgal à sa vaillance,

Et l'Infante advoua qu'une telle action

Fit voir moins de valeur que de discretion.

Tygrane.Dieux que je suis confus! & que cette nouvelleMe semble en mesme temps agreable, & cruelle!Deux mouvemens divers tyrannizent mon coeur,J'ayme bien ce retour, mais je crains son autheur.Son merite, son port, sa valeur esprouvée,Cette discretion de ma Reyne approuvéeSont autant de Devins qui predisent mon mal,Et d'un liberateur me feront un rival:Ainsi mes sentimens divisez en moy-mesmeEmportent mon esprit de l'un à l'autre extreme.Quand je songe au bon-heur qu'il nous a procuréAussi-tost je conclus qu'il doit estre adoré:Mais apres combatu d'un mouvement contraireL'objet que j'ay flatté commence à me desplaire,Et si quelque devoir m'oblige à le cherirJe croy baiser la main qui me fera perir.

Tygrane.Dieux que je suis confus! & que cette nouvelleMe semble en mesme temps agreable, & cruelle!Deux mouvemens divers tyrannizent mon coeur,J'ayme bien ce retour, mais je crains son autheur.Son merite, son port, sa valeur esprouvée,Cette discretion de ma Reyne approuvéeSont autant de Devins qui predisent mon mal,Et d'un liberateur me feront un rival:Ainsi mes sentimens divisez en moy-mesmeEmportent mon esprit de l'un à l'autre extreme.Quand je songe au bon-heur qu'il nous a procuréAussi-tost je conclus qu'il doit estre adoré:Mais apres combatu d'un mouvement contraireL'objet que j'ay flatté commence à me desplaire,Et si quelque devoir m'oblige à le cherirJe croy baiser la main qui me fera perir.

Tygrane.

Dieux que je suis confus! & que cette nouvelle

Me semble en mesme temps agreable, & cruelle!

Deux mouvemens divers tyrannizent mon coeur,

J'ayme bien ce retour, mais je crains son autheur.

Son merite, son port, sa valeur esprouvée,

Cette discretion de ma Reyne approuvée

Sont autant de Devins qui predisent mon mal,

Et d'un liberateur me feront un rival:

Ainsi mes sentimens divisez en moy-mesme

Emportent mon esprit de l'un à l'autre extreme.

Quand je songe au bon-heur qu'il nous a procuré

Aussi-tost je conclus qu'il doit estre adoré:

Mais apres combatu d'un mouvement contraire

L'objet que j'ay flatté commence à me desplaire,

Et si quelque devoir m'oblige à le cherir

Je croy baiser la main qui me fera perir.

Falante.Delivrez vostre esprit de cette fantaisiePermettez à l'Infante un peu de courtoisie,Vous aurez son amour, luy sa civilité;Cet honneur est un prix qu'il a bien merité,Et mesme vous devez (au moins par complaisance)De quelque complimens honnorer sa presence.

Falante.Delivrez vostre esprit de cette fantaisiePermettez à l'Infante un peu de courtoisie,Vous aurez son amour, luy sa civilité;Cet honneur est un prix qu'il a bien merité,Et mesme vous devez (au moins par complaisance)De quelque complimens honnorer sa presence.

Falante.

Delivrez vostre esprit de cette fantaisie

Permettez à l'Infante un peu de courtoisie,

Vous aurez son amour, luy sa civilité;

Cet honneur est un prix qu'il a bien merité,

Et mesme vous devez (au moins par complaisance)

De quelque complimens honnorer sa presence.

Tygrane.Hé bien (Falante) allons luy rendre ce devoir,Et vous mes tristes yeux preparez-vous de voirL'Astre de mon amour, & l'object de ma crainte;Toustesfois insolents dedans cette contrainteQue vos jaloux regards ne me trahissent pas,Mais lisez en riant l'arrest de mon trespas.

Tygrane.Hé bien (Falante) allons luy rendre ce devoir,Et vous mes tristes yeux preparez-vous de voirL'Astre de mon amour, & l'object de ma crainte;Toustesfois insolents dedans cette contrainteQue vos jaloux regards ne me trahissent pas,Mais lisez en riant l'arrest de mon trespas.

Tygrane.

Hé bien (Falante) allons luy rendre ce devoir,

Et vous mes tristes yeux preparez-vous de voir

L'Astre de mon amour, & l'object de ma crainte;

Toustesfois insolents dedans cette contrainte

Que vos jaloux regards ne me trahissent pas,

Mais lisez en riant l'arrest de mon trespas.

Eurimedon.Madame, excusez-moy si voyant tant de graceJ'ayme vos ennemis & cheris leur audace,Puisque les mesmes traits qui vous ont fait trahirNe me permettent pas de les pouvoir haïr:Cette rare douceur, ces apas, & ces charmes,Contre un foible mortel sont de trop fortes armes,On ne peut eviter l'atteinte de leurs coups,Le coeur qui les reçoit mesme les trouve doux:Et quoy que la raison à nos desirs opposeVous voir & vous aymer n'est qu'une mesme chose.De la sorte Araxés se sentant consommer,Pour esteindre ses feux eut recours à la mer,Mais vos yeux plus puissans que le flambeau du mondeBrulent esgalement sur la terre, & sur l'onde;Et son coeur amoureux par ce tour impudentEust sans moy sur les eaux fait un naufrage ardent:En fin mon sentiment contre vous se rebelle,Je pardonne aux transports d'une faute si belle,Et ne me puis resoudre à blasmer un effectQui me permet de voir un object si parfaict.

Eurimedon.Madame, excusez-moy si voyant tant de graceJ'ayme vos ennemis & cheris leur audace,Puisque les mesmes traits qui vous ont fait trahirNe me permettent pas de les pouvoir haïr:Cette rare douceur, ces apas, & ces charmes,Contre un foible mortel sont de trop fortes armes,On ne peut eviter l'atteinte de leurs coups,Le coeur qui les reçoit mesme les trouve doux:Et quoy que la raison à nos desirs opposeVous voir & vous aymer n'est qu'une mesme chose.De la sorte Araxés se sentant consommer,Pour esteindre ses feux eut recours à la mer,Mais vos yeux plus puissans que le flambeau du mondeBrulent esgalement sur la terre, & sur l'onde;Et son coeur amoureux par ce tour impudentEust sans moy sur les eaux fait un naufrage ardent:En fin mon sentiment contre vous se rebelle,Je pardonne aux transports d'une faute si belle,Et ne me puis resoudre à blasmer un effectQui me permet de voir un object si parfaict.

Eurimedon.

Madame, excusez-moy si voyant tant de grace

J'ayme vos ennemis & cheris leur audace,

Puisque les mesmes traits qui vous ont fait trahir

Ne me permettent pas de les pouvoir haïr:

Cette rare douceur, ces apas, & ces charmes,

Contre un foible mortel sont de trop fortes armes,

On ne peut eviter l'atteinte de leurs coups,

Le coeur qui les reçoit mesme les trouve doux:

Et quoy que la raison à nos desirs oppose

Vous voir & vous aymer n'est qu'une mesme chose.

De la sorte Araxés se sentant consommer,

Pour esteindre ses feux eut recours à la mer,

Mais vos yeux plus puissans que le flambeau du monde

Brulent esgalement sur la terre, & sur l'onde;

Et son coeur amoureux par ce tour impudent

Eust sans moy sur les eaux fait un naufrage ardent:

En fin mon sentiment contre vous se rebelle,

Je pardonne aux transports d'une faute si belle,

Et ne me puis resoudre à blasmer un effect

Qui me permet de voir un object si parfaict.

Pasithee.Je suis (Eurimedon) trop peu considerablePour vous rendre envers luy de beaucoup redevable:Et quand j'aurois assez de grace & de beautéPour toucher un guerrier de vostre qualité,Vostre vertu vous donne assez de privilegePour n'avoir pas besoin d'un Prince sacrilege.Mais qu'est-il devenu depuis vostre retour,Je croy qu'il n'oseroit se monstrer à la Cour,Mon abord luy faict peur ou bien sa conscienceLuy conseille de vivre en cette deffianceMais il craint vainement.

Pasithee.Je suis (Eurimedon) trop peu considerablePour vous rendre envers luy de beaucoup redevable:Et quand j'aurois assez de grace & de beautéPour toucher un guerrier de vostre qualité,Vostre vertu vous donne assez de privilegePour n'avoir pas besoin d'un Prince sacrilege.Mais qu'est-il devenu depuis vostre retour,Je croy qu'il n'oseroit se monstrer à la Cour,Mon abord luy faict peur ou bien sa conscienceLuy conseille de vivre en cette deffianceMais il craint vainement.

Pasithee.

Je suis (Eurimedon) trop peu considerable

Pour vous rendre envers luy de beaucoup redevable:

Et quand j'aurois assez de grace & de beauté

Pour toucher un guerrier de vostre qualité,

Vostre vertu vous donne assez de privilege

Pour n'avoir pas besoin d'un Prince sacrilege.

Mais qu'est-il devenu depuis vostre retour,

Je croy qu'il n'oseroit se monstrer à la Cour,

Mon abord luy faict peur ou bien sa conscience

Luy conseille de vivre en cette deffiance

Mais il craint vainement.

Eurimedon.Je ne sçay si le sortOu sa timidité l'ont esloigné du portMes gens pour le trouver ont tourné toute l'IsleMais sa fuitte a rendu leur recherche inutile.

Eurimedon.Je ne sçay si le sortOu sa timidité l'ont esloigné du portMes gens pour le trouver ont tourné toute l'IsleMais sa fuitte a rendu leur recherche inutile.

Eurimedon.

Je ne sçay si le sort

Ou sa timidité l'ont esloigné du port

Mes gens pour le trouver ont tourné toute l'Isle

Mais sa fuitte a rendu leur recherche inutile.

Pasithee.Que les Dieux pour jamais l'exilent de LesbosPour mon contentement, & pour vostre reposMes yeux n'ont que trop veu ce Prince abominableDont la rage a pensé me rendre miserable,Et vous n'avez vangé mon honneur qu'à demySi vous n'abandonnez un si perfide amy.

Pasithee.Que les Dieux pour jamais l'exilent de LesbosPour mon contentement, & pour vostre reposMes yeux n'ont que trop veu ce Prince abominableDont la rage a pensé me rendre miserable,Et vous n'avez vangé mon honneur qu'à demySi vous n'abandonnez un si perfide amy.

Pasithee.

Que les Dieux pour jamais l'exilent de Lesbos

Pour mon contentement, & pour vostre repos

Mes yeux n'ont que trop veu ce Prince abominable

Dont la rage a pensé me rendre miserable,

Et vous n'avez vangé mon honneur qu'à demy

Si vous n'abandonnez un si perfide amy.

Eurimedon.Vos voeux seront suivis de mon obeissance,Mais (Madame) apprenez que nostre cognoissanceVenant plus du hazard que de mes volontezJe ne prens point de part en ses meschancetez.Un jour aux environs des costes de l'EpyreIl fut pris, & mené prisonnier en Corcyre,Mais lors qu'il attendoit le prix de sa rançonMa pitié le sauva.

Eurimedon.Vos voeux seront suivis de mon obeissance,Mais (Madame) apprenez que nostre cognoissanceVenant plus du hazard que de mes volontezJe ne prens point de part en ses meschancetez.Un jour aux environs des costes de l'EpyreIl fut pris, & mené prisonnier en Corcyre,Mais lors qu'il attendoit le prix de sa rançonMa pitié le sauva.

Eurimedon.

Vos voeux seront suivis de mon obeissance,

Mais (Madame) apprenez que nostre cognoissance

Venant plus du hazard que de mes volontez

Je ne prens point de part en ses meschancetez.

Un jour aux environs des costes de l'Epyre

Il fut pris, & mené prisonnier en Corcyre,

Mais lors qu'il attendoit le prix de sa rançon

Ma pitié le sauva.

Pasithee.Dieux! de quelle façon?

Pasithee.Dieux! de quelle façon?

Pasithee.

Dieux! de quelle façon?

Eurimedon.Je cognus par l'excez de la melancolieOù l'ame de ce traistre estoit ensevelie,Qu'une forte douleur agitoit son esprit,Comme par ce discours sa bouche me l'apprit:Grand Prince (me dit-il) ne trouvez pas estrangeSi dans cette prison où le destin me rangeJ'ose faire paroistre un extreme soucyMalgré tant de faveurs que je reçois icy:Je ne souffre pas seul, tout un peuple souspire,Et le fort d'Araxés est celuy de l'Empire,Encore que ce point soit assez importantCe n'est pas toutesfois ce qui m'afflige tantUn mal-heur plus pressant attaque ma fortune,Amour voulant trahir est trahy par Neptune;Et la mesme prison qui me tient arrestéMe ravit ma maistresse avec ma liberté.Cet objet (reprit-il) s'appelle Pasitée,Je l'aymay des l'instant que je l'eus visitée,Et nous sommes unis par de si doux accordsQue vous n'avez de moy seulement que le corps:Cette princesse en a la meilleure partie;Sa parolle à ces mots en souspirs convertieParut plus esloquente en son affection,Et porta mon esprit à la compassion.

Eurimedon.Je cognus par l'excez de la melancolieOù l'ame de ce traistre estoit ensevelie,Qu'une forte douleur agitoit son esprit,Comme par ce discours sa bouche me l'apprit:Grand Prince (me dit-il) ne trouvez pas estrangeSi dans cette prison où le destin me rangeJ'ose faire paroistre un extreme soucyMalgré tant de faveurs que je reçois icy:Je ne souffre pas seul, tout un peuple souspire,Et le fort d'Araxés est celuy de l'Empire,Encore que ce point soit assez importantCe n'est pas toutesfois ce qui m'afflige tantUn mal-heur plus pressant attaque ma fortune,Amour voulant trahir est trahy par Neptune;Et la mesme prison qui me tient arrestéMe ravit ma maistresse avec ma liberté.Cet objet (reprit-il) s'appelle Pasitée,Je l'aymay des l'instant que je l'eus visitée,Et nous sommes unis par de si doux accordsQue vous n'avez de moy seulement que le corps:Cette princesse en a la meilleure partie;Sa parolle à ces mots en souspirs convertieParut plus esloquente en son affection,Et porta mon esprit à la compassion.

Eurimedon.

Je cognus par l'excez de la melancolie

Où l'ame de ce traistre estoit ensevelie,

Qu'une forte douleur agitoit son esprit,

Comme par ce discours sa bouche me l'apprit:

Grand Prince (me dit-il) ne trouvez pas estrange

Si dans cette prison où le destin me range

J'ose faire paroistre un extreme soucy

Malgré tant de faveurs que je reçois icy:

Je ne souffre pas seul, tout un peuple souspire,

Et le fort d'Araxés est celuy de l'Empire,

Encore que ce point soit assez important

Ce n'est pas toutesfois ce qui m'afflige tant

Un mal-heur plus pressant attaque ma fortune,

Amour voulant trahir est trahy par Neptune;

Et la mesme prison qui me tient arresté

Me ravit ma maistresse avec ma liberté.

Cet objet (reprit-il) s'appelle Pasitée,

Je l'aymay des l'instant que je l'eus visitée,

Et nous sommes unis par de si doux accords

Que vous n'avez de moy seulement que le corps:

Cette princesse en a la meilleure partie;

Sa parolle à ces mots en souspirs convertie

Parut plus esloquente en son affection,

Et porta mon esprit à la compassion.

Pasithee.Ah! que favorisant cette ame criminelle,Vostre pitié me fut rigoureuse, & cruelle!

Pasithee.Ah! que favorisant cette ame criminelle,Vostre pitié me fut rigoureuse, & cruelle!

Pasithee.

Ah! que favorisant cette ame criminelle,

Vostre pitié me fut rigoureuse, & cruelle!

Eurimedon.Il est vray: mais aussi mon bras a reparéLe mal que mon esprit vous avoit preparé,Et si lors je faillis, ce fut par innocence;Comme je le croyois d'une illustre naissanceJe creus que son amour, & ses intentionsAvoient quelque rapport à vos perfections,Outre que je voulois renoncer à la vieQu'à regret ma jeunesse a trop long-temps suivie.À cette occasion je luy dis le desseinQue la gloire & l'honneur m'avoient mis dans le sein,Et que mon coeur pressé d'un plus noble genieVouloit me delivrer de cette tyrannie,Où ma valeur rebelle à ses propres effetsPlaignoit le plus souvent ceux qu'elle avoit deffaits;Luy pour me tesmoigner une amitié parfaiteM'offrit dans ses estats une seure retraitte,Et moy pour obliger ce malheureux AmantJ'accompagnay de dons son eslargissement:Nous prismes rendez-vous; Après son ambassadeIl devoit dans deux mois m'attendre en la TroadeOù mon navire alloit heureusement ancrer,Quand mon sort & le sien me l'ont fait rencontrer.Mais que je fus d'abord confus en cet orage,Quand son casque levé me montra son visage,Il le faut advouer, mon esprit incertainNe pouvoit approuver les efforts de ma main,Je plaignois son malheur, je blasmois mon courage,Mon bras se repentoit d'avoir fait cet outrage,Et si vostre pitié n'eust signé son pardon,J'eusse lavé son crime au sang d'Eurimedon.

Eurimedon.Il est vray: mais aussi mon bras a reparéLe mal que mon esprit vous avoit preparé,Et si lors je faillis, ce fut par innocence;Comme je le croyois d'une illustre naissanceJe creus que son amour, & ses intentionsAvoient quelque rapport à vos perfections,Outre que je voulois renoncer à la vieQu'à regret ma jeunesse a trop long-temps suivie.À cette occasion je luy dis le desseinQue la gloire & l'honneur m'avoient mis dans le sein,Et que mon coeur pressé d'un plus noble genieVouloit me delivrer de cette tyrannie,Où ma valeur rebelle à ses propres effetsPlaignoit le plus souvent ceux qu'elle avoit deffaits;Luy pour me tesmoigner une amitié parfaiteM'offrit dans ses estats une seure retraitte,Et moy pour obliger ce malheureux AmantJ'accompagnay de dons son eslargissement:Nous prismes rendez-vous; Après son ambassadeIl devoit dans deux mois m'attendre en la TroadeOù mon navire alloit heureusement ancrer,Quand mon sort & le sien me l'ont fait rencontrer.Mais que je fus d'abord confus en cet orage,Quand son casque levé me montra son visage,Il le faut advouer, mon esprit incertainNe pouvoit approuver les efforts de ma main,Je plaignois son malheur, je blasmois mon courage,Mon bras se repentoit d'avoir fait cet outrage,Et si vostre pitié n'eust signé son pardon,J'eusse lavé son crime au sang d'Eurimedon.

Eurimedon.

Il est vray: mais aussi mon bras a reparé

Le mal que mon esprit vous avoit preparé,

Et si lors je faillis, ce fut par innocence;

Comme je le croyois d'une illustre naissance

Je creus que son amour, & ses intentions

Avoient quelque rapport à vos perfections,

Outre que je voulois renoncer à la vie

Qu'à regret ma jeunesse a trop long-temps suivie.

À cette occasion je luy dis le dessein

Que la gloire & l'honneur m'avoient mis dans le sein,

Et que mon coeur pressé d'un plus noble genie

Vouloit me delivrer de cette tyrannie,

Où ma valeur rebelle à ses propres effets

Plaignoit le plus souvent ceux qu'elle avoit deffaits;

Luy pour me tesmoigner une amitié parfaite

M'offrit dans ses estats une seure retraitte,

Et moy pour obliger ce malheureux Amant

J'accompagnay de dons son eslargissement:

Nous prismes rendez-vous; Après son ambassade

Il devoit dans deux mois m'attendre en la Troade

Où mon navire alloit heureusement ancrer,

Quand mon sort & le sien me l'ont fait rencontrer.

Mais que je fus d'abord confus en cet orage,

Quand son casque levé me montra son visage,

Il le faut advouer, mon esprit incertain

Ne pouvoit approuver les efforts de ma main,

Je plaignois son malheur, je blasmois mon courage,

Mon bras se repentoit d'avoir fait cet outrage,

Et si vostre pitié n'eust signé son pardon,

J'eusse lavé son crime au sang d'Eurimedon.

Pasithee.Le sien ne fut jamais digne de ce meslangeNe le regrettez point vous gaignerez au change,Vous m'avez secourue, & le Ciel l'a permisPour vous donner icy de plus nobles amis.

Pasithee.Le sien ne fut jamais digne de ce meslangeNe le regrettez point vous gaignerez au change,Vous m'avez secourue, & le Ciel l'a permisPour vous donner icy de plus nobles amis.

Pasithee.

Le sien ne fut jamais digne de ce meslange

Ne le regrettez point vous gaignerez au change,

Vous m'avez secourue, & le Ciel l'a permis

Pour vous donner icy de plus nobles amis.

Eurimedon.Madame,

Eurimedon.Madame,

Eurimedon.

Madame,

Pasithee.Poursuivez.

Pasithee.Poursuivez.

Pasithee.

Poursuivez.

Eurimedon.Je ne puis.

Eurimedon.Je ne puis.

Eurimedon.

Je ne puis.

Pasithee.Quelle crainteVous faict aupres de moy vivre en cette contrainte?

Pasithee.Quelle crainteVous faict aupres de moy vivre en cette contrainte?

Pasithee.

Quelle crainte

Vous faict aupres de moy vivre en cette contrainte?

Eurimedon.Permettez moy Madame.

Eurimedon.Permettez moy Madame.

Eurimedon.

Permettez moy Madame.

Pasithee.Achevez.

Pasithee.Achevez.

Pasithee.

Achevez.

Eurimedon.D'esperer.

Eurimedon.D'esperer.

Eurimedon.

D'esperer.

Pasithee.Esperez.

Pasithee.Esperez.

Pasithee.

Esperez.

Eurimedon.Ah Madame! Il vous faut adorer.Car pourveu que le coeur à la bouche respondeJe me tiens desormais le plus heureux du monde;Mais à ce grand bon-heur Tygrane espere aussi.

Eurimedon.Ah Madame! Il vous faut adorer.Car pourveu que le coeur à la bouche respondeJe me tiens desormais le plus heureux du monde;Mais à ce grand bon-heur Tygrane espere aussi.

Eurimedon.

Ah Madame! Il vous faut adorer.

Car pourveu que le coeur à la bouche responde

Je me tiens desormais le plus heureux du monde;

Mais à ce grand bon-heur Tygrane espere aussi.

Pasithee.N'importe (Eurimedon) laissez moy ce soucy,Si vostre amour est grand comme vostre courageJe sçauray bien aussi vous donner l'advantage.

Pasithee.N'importe (Eurimedon) laissez moy ce soucy,Si vostre amour est grand comme vostre courageJe sçauray bien aussi vous donner l'advantage.

Pasithee.

N'importe (Eurimedon) laissez moy ce soucy,

Si vostre amour est grand comme vostre courage

Je sçauray bien aussi vous donner l'advantage.

Alerine.Madame parlez bas, j'entends venir quelqu'un.

Alerine.Madame parlez bas, j'entends venir quelqu'un.

Alerine.

Madame parlez bas, j'entends venir quelqu'un.

Pasithee.Sans doute (Eurimedon) c'est ce Prince importun.

Pasithee.Sans doute (Eurimedon) c'est ce Prince importun.

Pasithee.

Sans doute (Eurimedon) c'est ce Prince importun.

Tygrane.Depuis vostre retour (divine Pasithée)Si je ne vous ay pas aussi-tost visitée,Ne vous figurez point que l'oubly du devoirM'ayt rendu moins ardent au desir de vous voir:Si j'avois sçeu plustost cette heureuse nouvelleVous auriez de mes soins une preuve fidelle,Que je vous suis tousjours par inclination,Ce que je vous seray par obligation.

Tygrane.Depuis vostre retour (divine Pasithée)Si je ne vous ay pas aussi-tost visitée,Ne vous figurez point que l'oubly du devoirM'ayt rendu moins ardent au desir de vous voir:Si j'avois sçeu plustost cette heureuse nouvelleVous auriez de mes soins une preuve fidelle,Que je vous suis tousjours par inclination,Ce que je vous seray par obligation.

Tygrane.

Depuis vostre retour (divine Pasithée)

Si je ne vous ay pas aussi-tost visitée,

Ne vous figurez point que l'oubly du devoir

M'ayt rendu moins ardent au desir de vous voir:

Si j'avois sçeu plustost cette heureuse nouvelle

Vous auriez de mes soins une preuve fidelle,

Que je vous suis tousjours par inclination,

Ce que je vous seray par obligation.

Se tournant vers Eurimedon:Grand Heros si jamais le destin plus propiceM'offre l'occasion de vous rendre service.

Se tournant vers Eurimedon:Grand Heros si jamais le destin plus propiceM'offre l'occasion de vous rendre service.

Se tournant vers Eurimedon:

Grand Heros si jamais le destin plus propice

M'offre l'occasion de vous rendre service.

Eurimedon.Seigneur, je ne suis pas digne de cet honneurPuisque ce que j'ay faict se doit à mon bon-heur,Je beny toutesfois mon heureuse fortuneQui m'a mis à propos sur le sein de Neptune,Pour punir les autheurs de son enlevementEt faire de leur sang vostre contentement.

Eurimedon.Seigneur, je ne suis pas digne de cet honneurPuisque ce que j'ay faict se doit à mon bon-heur,Je beny toutesfois mon heureuse fortuneQui m'a mis à propos sur le sein de Neptune,Pour punir les autheurs de son enlevementEt faire de leur sang vostre contentement.

Eurimedon.

Seigneur, je ne suis pas digne de cet honneur

Puisque ce que j'ay faict se doit à mon bon-heur,

Je beny toutesfois mon heureuse fortune

Qui m'a mis à propos sur le sein de Neptune,

Pour punir les autheurs de son enlevement

Et faire de leur sang vostre contentement.

Pasithee.Grands Princes: je vous suis à tous deux obligée,Et les soins de tous deux m'ont si fort engagée,Que je devrois rougir de donner seulementPour de si bons effets un mauvais compliment;Toutesfois en ce point cette raison me flatte,Qu'il vaut bien mieux paroistre ignorante, qu'ingratte.

Pasithee.Grands Princes: je vous suis à tous deux obligée,Et les soins de tous deux m'ont si fort engagée,Que je devrois rougir de donner seulementPour de si bons effets un mauvais compliment;Toutesfois en ce point cette raison me flatte,Qu'il vaut bien mieux paroistre ignorante, qu'ingratte.

Pasithee.

Grands Princes: je vous suis à tous deux obligée,

Et les soins de tous deux m'ont si fort engagée,

Que je devrois rougir de donner seulement

Pour de si bons effets un mauvais compliment;

Toutesfois en ce point cette raison me flatte,

Qu'il vaut bien mieux paroistre ignorante, qu'ingratte.

Tygrane.Pour souffrir ce reproche, & l'esprit & le corpsFont en leurs qualitez de trop charmans accords.

Tygrane.Pour souffrir ce reproche, & l'esprit & le corpsFont en leurs qualitez de trop charmans accords.

Tygrane.

Pour souffrir ce reproche, & l'esprit & le corps

Font en leurs qualitez de trop charmans accords.

Pasithee.Si j'avois plus d'orgueil, & moins de modestie,Je pourrois advouer l'une & l'autre partie,Mais Tygrane apprenez que je sçay mes deffaux.

Pasithee.Si j'avois plus d'orgueil, & moins de modestie,Je pourrois advouer l'une & l'autre partie,Mais Tygrane apprenez que je sçay mes deffaux.

Pasithee.

Si j'avois plus d'orgueil, & moins de modestie,

Je pourrois advouer l'une & l'autre partie,

Mais Tygrane apprenez que je sçay mes deffaux.

Tygrane.Si c'est par le miroir apprenez qu'il est faux,Et qu'inutilement vous consultez sa glaceS'il ne vous y fait pas remarquer vostre grace.

Tygrane.Si c'est par le miroir apprenez qu'il est faux,Et qu'inutilement vous consultez sa glaceS'il ne vous y fait pas remarquer vostre grace.

Tygrane.

Si c'est par le miroir apprenez qu'il est faux,

Et qu'inutilement vous consultez sa glace

S'il ne vous y fait pas remarquer vostre grace.

Eurimedon.Il a pour ses attraits trop de fidelité.

Eurimedon.Il a pour ses attraits trop de fidelité.

Eurimedon.

Il a pour ses attraits trop de fidelité.

Pasithee.Et vous pour me flatter trop de civilité:Quoy donc après la paix, vous me donnez la guerre?Vous me sauvez en mer, & m'attaquez en terre?Desirez-vous encore un triomphe nouveau?

Pasithee.Et vous pour me flatter trop de civilité:Quoy donc après la paix, vous me donnez la guerre?Vous me sauvez en mer, & m'attaquez en terre?Desirez-vous encore un triomphe nouveau?

Pasithee.

Et vous pour me flatter trop de civilité:

Quoy donc après la paix, vous me donnez la guerre?

Vous me sauvez en mer, & m'attaquez en terre?

Desirez-vous encore un triomphe nouveau?

Eurimedon.Non je veux ma deffaite en un combat si beau.

Eurimedon.Non je veux ma deffaite en un combat si beau.

Eurimedon.

Non je veux ma deffaite en un combat si beau.

Pasithee.Vous ne prendrez donc pas le soin de vous defendre.

Pasithee.Vous ne prendrez donc pas le soin de vous defendre.

Pasithee.

Vous ne prendrez donc pas le soin de vous defendre.

Tygrane.On se defend en vain quand le coeur se va rendre.

Tygrane.On se defend en vain quand le coeur se va rendre.

Tygrane.

On se defend en vain quand le coeur se va rendre.

Pasithee.Il est vray, mais je tiens un triomphe à mesprisSi la difficulté n'en augmente le prix.

Pasithee.Il est vray, mais je tiens un triomphe à mesprisSi la difficulté n'en augmente le prix.

Pasithee.

Il est vray, mais je tiens un triomphe à mespris

Si la difficulté n'en augmente le prix.

Tygrane.Vous aymeriez pourtant cette riche conqueste,Quelque facilité qui vous la rendist preste.

Tygrane.Vous aymeriez pourtant cette riche conqueste,Quelque facilité qui vous la rendist preste.

Tygrane.

Vous aymeriez pourtant cette riche conqueste,

Quelque facilité qui vous la rendist preste.

Pasithee.Tygrane, vous jugez de mon intentionSelon la belle humeur de vostre passion.

Pasithee.Tygrane, vous jugez de mon intentionSelon la belle humeur de vostre passion.

Pasithee.

Tygrane, vous jugez de mon intention

Selon la belle humeur de vostre passion.

Tygrane.Mon sentiment plustost parle selon la gloireQue vous pourra donner cette belle victoire.

Tygrane.Mon sentiment plustost parle selon la gloireQue vous pourra donner cette belle victoire.

Tygrane.

Mon sentiment plustost parle selon la gloire

Que vous pourra donner cette belle victoire.

Pasithee.Quelle?

Pasithee.Quelle?

Pasithee.

Quelle?

Tygrane.D'Eurimedon, qui vous donne son coeur.

Tygrane.D'Eurimedon, qui vous donne son coeur.

Tygrane.

D'Eurimedon, qui vous donne son coeur.

Pasithee.Veid-on jamais vaincu triompher du vainqueur?

Pasithee.Veid-on jamais vaincu triompher du vainqueur?

Pasithee.

Veid-on jamais vaincu triompher du vainqueur?

Eurimedon.Ou vainqueur ou vaincu souffrez que je sois vostre,À qui vit sans espoir qu'importe l'un ou l'autre.

Eurimedon.Ou vainqueur ou vaincu souffrez que je sois vostre,À qui vit sans espoir qu'importe l'un ou l'autre.

Eurimedon.

Ou vainqueur ou vaincu souffrez que je sois vostre,

À qui vit sans espoir qu'importe l'un ou l'autre.

Tygrane.En amour toutesfois l'esperance est l'aymant.

Tygrane.En amour toutesfois l'esperance est l'aymant.

Tygrane.

En amour toutesfois l'esperance est l'aymant.

Eurimedon.Ouy pour vous qui portez la qualité d'Amant,Mais mon affection à bien moins se limite,Et je suis sans desir, ainsi que sans merite.

Eurimedon.Ouy pour vous qui portez la qualité d'Amant,Mais mon affection à bien moins se limite,Et je suis sans desir, ainsi que sans merite.

Eurimedon.

Ouy pour vous qui portez la qualité d'Amant,

Mais mon affection à bien moins se limite,

Et je suis sans desir, ainsi que sans merite.

Pasithee.Puis qu'en tous ces debats j'ay beaucoup d'interestNous en pourrons donner une autre fois l'arrest,Cependant je veux bien que l'un & l'autre esperePour moy je m'en vay voir que fait le Roy mon pere.

Pasithee.Puis qu'en tous ces debats j'ay beaucoup d'interestNous en pourrons donner une autre fois l'arrest,Cependant je veux bien que l'un & l'autre esperePour moy je m'en vay voir que fait le Roy mon pere.

Pasithee.

Puis qu'en tous ces debats j'ay beaucoup d'interest

Nous en pourrons donner une autre fois l'arrest,

Cependant je veux bien que l'un & l'autre espere

Pour moy je m'en vay voir que fait le Roy mon pere.

Dieux que viens-je d'ouyr: mais helas qu'ay-je veu?Il se peut faire aussi que je me sois deçeuOu qu'un enchantement qui me trouble l'ouyePar de mesmes effets ayt ma veue esblouye:Sans doute tout cecy n'est qu'une illusionQui remplit mon esprit de sa confusion:Mais Prince infortuné que ton mal est estréme!As-tu quelque advantage à te tromper toy-mesme?Après avoir esté present à leur discoursCherches-tu dans la feinte un frivole secours?Non, non, ne flatte plus les mespris de ta Reyne,Tu cognois maintenant la cause de sa hayne,Elle destine ailleurs son inclination,Et tu seras l'objet de son aversion.Ne venois-je en ce lieu qu'à dessein que j'y visseQu'un rival me ravit les fruits de mon service?Et que celle qui tient mon esprit en langueur,Garde pour luy l'amour, & pour moy la rigueur?Ah que le sentiment d'un si visible outrageExcite dans mon coeur un violent orage!Et qu'à regret mes yeux verront un incognuTenir icy le rang que Tygrane a tenu!Mais que ma bouche employe une foible allegeanceÀ des maux qui ne l'ont que dedans la vengeance,Mon rival doit mourir, & mon contentementNe doit estre tiré que de son monument.

Dieux que viens-je d'ouyr: mais helas qu'ay-je veu?Il se peut faire aussi que je me sois deçeuOu qu'un enchantement qui me trouble l'ouyePar de mesmes effets ayt ma veue esblouye:Sans doute tout cecy n'est qu'une illusionQui remplit mon esprit de sa confusion:Mais Prince infortuné que ton mal est estréme!As-tu quelque advantage à te tromper toy-mesme?Après avoir esté present à leur discoursCherches-tu dans la feinte un frivole secours?Non, non, ne flatte plus les mespris de ta Reyne,Tu cognois maintenant la cause de sa hayne,Elle destine ailleurs son inclination,Et tu seras l'objet de son aversion.Ne venois-je en ce lieu qu'à dessein que j'y visseQu'un rival me ravit les fruits de mon service?Et que celle qui tient mon esprit en langueur,Garde pour luy l'amour, & pour moy la rigueur?Ah que le sentiment d'un si visible outrageExcite dans mon coeur un violent orage!Et qu'à regret mes yeux verront un incognuTenir icy le rang que Tygrane a tenu!Mais que ma bouche employe une foible allegeanceÀ des maux qui ne l'ont que dedans la vengeance,Mon rival doit mourir, & mon contentementNe doit estre tiré que de son monument.

Dieux que viens-je d'ouyr: mais helas qu'ay-je veu?

Il se peut faire aussi que je me sois deçeu

Ou qu'un enchantement qui me trouble l'ouye

Par de mesmes effets ayt ma veue esblouye:

Sans doute tout cecy n'est qu'une illusion

Qui remplit mon esprit de sa confusion:

Mais Prince infortuné que ton mal est estréme!

As-tu quelque advantage à te tromper toy-mesme?

Après avoir esté present à leur discours

Cherches-tu dans la feinte un frivole secours?

Non, non, ne flatte plus les mespris de ta Reyne,

Tu cognois maintenant la cause de sa hayne,

Elle destine ailleurs son inclination,

Et tu seras l'objet de son aversion.

Ne venois-je en ce lieu qu'à dessein que j'y visse

Qu'un rival me ravit les fruits de mon service?

Et que celle qui tient mon esprit en langueur,

Garde pour luy l'amour, & pour moy la rigueur?

Ah que le sentiment d'un si visible outrage

Excite dans mon coeur un violent orage!

Et qu'à regret mes yeux verront un incognu

Tenir icy le rang que Tygrane a tenu!

Mais que ma bouche employe une foible allegeance

À des maux qui ne l'ont que dedans la vengeance,

Mon rival doit mourir, & mon contentement

Ne doit estre tiré que de son monument.

He bien cruel Amour que fera Celiane?Porteray-e l'enfer dans le ciel de Tygrane?Dois-je craindre, esperer, ou voir que ton flambeauEsclaire en mesme temps son lit, & mon tombeau?Seray-je plus heureuse en ce bel equipage?Crois-tu qu'en cet habit je plaise d'avantage?Ne me faits point languir, acheve mon dessein,Puisque c'est ton pouvoir qui me l'a mis au sein:Mon coeur pour t'obeir n'a point trouvé d'obstacleN'en trouve pas aussi pour produire un miracle,C'est toy qui m'as reduitte en cette extremité,Fais donc voir un effect de ta Divinité.Ce perfide autrefois vivoit sous mon empire,Moy seule je faisois sa joye & son martyre,Et je reglois si bien ses inclinations,Que mes desirs estoient toutes ses passions;Cent fois il m'a juré de donner à sa flameUn aussi long destin que celuy de son ame:Mais depuis quelque temps en cet objet vainqueurL'esloignement des yeux a faict celuy du Coeur;Maintenant Pasithée est la beauté divine,Qui bastit son espoir dessus cette ruyne,Et destruit une amour dont la sinceritéN'avoit à desirer que l'immortalité.Mais contre tant d'attraits il n'a pû se deffendre,Sa Princesse a le feu dont je n'ay que la cendre,Et toutefois jamais l'excez de sa froideurN'esteindra qu'en mon sang mon amoureuse ardeur,Ah pour un lasche coeur trop magnifique offrande!

He bien cruel Amour que fera Celiane?Porteray-e l'enfer dans le ciel de Tygrane?Dois-je craindre, esperer, ou voir que ton flambeauEsclaire en mesme temps son lit, & mon tombeau?Seray-je plus heureuse en ce bel equipage?Crois-tu qu'en cet habit je plaise d'avantage?Ne me faits point languir, acheve mon dessein,Puisque c'est ton pouvoir qui me l'a mis au sein:Mon coeur pour t'obeir n'a point trouvé d'obstacleN'en trouve pas aussi pour produire un miracle,C'est toy qui m'as reduitte en cette extremité,Fais donc voir un effect de ta Divinité.Ce perfide autrefois vivoit sous mon empire,Moy seule je faisois sa joye & son martyre,Et je reglois si bien ses inclinations,Que mes desirs estoient toutes ses passions;Cent fois il m'a juré de donner à sa flameUn aussi long destin que celuy de son ame:Mais depuis quelque temps en cet objet vainqueurL'esloignement des yeux a faict celuy du Coeur;Maintenant Pasithée est la beauté divine,Qui bastit son espoir dessus cette ruyne,Et destruit une amour dont la sinceritéN'avoit à desirer que l'immortalité.Mais contre tant d'attraits il n'a pû se deffendre,Sa Princesse a le feu dont je n'ay que la cendre,Et toutefois jamais l'excez de sa froideurN'esteindra qu'en mon sang mon amoureuse ardeur,Ah pour un lasche coeur trop magnifique offrande!

He bien cruel Amour que fera Celiane?

Porteray-e l'enfer dans le ciel de Tygrane?

Dois-je craindre, esperer, ou voir que ton flambeau

Esclaire en mesme temps son lit, & mon tombeau?

Seray-je plus heureuse en ce bel equipage?

Crois-tu qu'en cet habit je plaise d'avantage?

Ne me faits point languir, acheve mon dessein,

Puisque c'est ton pouvoir qui me l'a mis au sein:

Mon coeur pour t'obeir n'a point trouvé d'obstacle

N'en trouve pas aussi pour produire un miracle,

C'est toy qui m'as reduitte en cette extremité,

Fais donc voir un effect de ta Divinité.

Ce perfide autrefois vivoit sous mon empire,

Moy seule je faisois sa joye & son martyre,

Et je reglois si bien ses inclinations,

Que mes desirs estoient toutes ses passions;

Cent fois il m'a juré de donner à sa flame

Un aussi long destin que celuy de son ame:

Mais depuis quelque temps en cet objet vainqueur

L'esloignement des yeux a faict celuy du Coeur;

Maintenant Pasithée est la beauté divine,

Qui bastit son espoir dessus cette ruyne,

Et destruit une amour dont la sincerité

N'avoit à desirer que l'immortalité.

Mais contre tant d'attraits il n'a pû se deffendre,

Sa Princesse a le feu dont je n'ay que la cendre,

Et toutefois jamais l'excez de sa froideur

N'esteindra qu'en mon sang mon amoureuse ardeur,

Ah pour un lasche coeur trop magnifique offrande!


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