APPENDICE E.

Cours d'italien à Lyon sous Napoléon Ier.

Aux indications données dans cette étude j'ajouterai ce qui suit: dans leGiornale Italianodu 15 juin 1812, Raymond annonce que l'Ecole de Commerce de cette ville, située Coteau du Verbe-Incarné, n° 153, enseignera, entre autres choses, l'italien et l'allemand. Dès avant la Révolution, entre 1780 et 1790, sur treize maîtres de langues étrangères, huit, dont six italiens, y enseignaient l'italien. Je dois cette dernière particularité à une obligeante communication de M. Bleton, membre de l'Académie de Lyon et secrétaire du palais des Arts, que M. Bayet, recteur de l'Académie de Lille, avait interrogé pour moi. L'italien était enseigné dans l'établissement fondé à Lyon par Esclozas et loué dans un article duCourrierdu 25 juillet 1786.

J.-B. Say, dans le fragment de Mémoires publié par M. Léon Say dans lesDébatsdu 8 juillet 1890, dit que, à neuf ans (par conséquent vers 1776), il fut mis dans la pension que venaient d'établir à une lieue de Lyon, au village d'Ecully, l'abbé Gorati et le Napolitain Giro, qui fut plus tard un des martyrs de la république parthénopéenne; que cette école, où l'on appliquait des méthodes très incomplètement inspirées par l'esprit philosophique, essuya des persécutions de la part de l'archevêque de Lyon; que, au surplus, les deux chefs de la maison étaient bons, dévoués à leurs élèves, et que, s'ils enseignaient fort mal le latin, ils enseignaient assez bien l'italien.

Ginguené.

La vie et les ouvrages de Ginguené offriraient une étude très intéressante. D'une part, on y tracerait la triste et curieuse histoire de ces hommes honnêtes mais prévenus qui se laissèrent maladroitement entraîner à recommencer sous une autre forme la guerre que La Montagne avait faite au christianisme, qui se crurent modérés parce que, à la guillotine, ils substituèrent les tracasseries, les coups d’État sans effusion de sang et la déportation, qui achevèrent de perdre, par leur imprudence, la République qu'ils honoraient par leur désintéressement et qu'ils eurent l'honneur de regretter toujours. D'autre part, on comparerait les travaux de Ginguené sur la littérature italienne avec ceux de Tiraboschi, de Quadrio, de Fontanini, de Corniani, etc.; on y verrait l'esprit voltairien fausser quelquefois l'appréciation des siècles, mais diriger l'érudition au profit du bon goût et de la science véritable. Ginguené, dont la bibliothèque comprenait trois mille volumes italiens, avait de bonne heure et profondément étudié la littérature de nos voisins, mais il croyait qu'un érudit n'a fait qu'un tiers de sa tâche quand il a recueilli des faits, et qu'il lui reste à en discerner l'importance et à présenter d'une manière piquante ceux qui méritent d'être conservés.

Parmi les articles de journaux écrits contre Ginguené, à l'époque où son amour inquiet et intolérant pour la liberté s'exhalait dans son ouvragede M. Necker et de son livre intitulé De la Révolution française, nous citerons laGazette françaisedu 15 juillet 1797, qui commente le frontispice du 32e numéro de l'Accusateur public, de Richer Sérisy, où l'on voitun petit homme comme Ginguené, chauve comme Ginguené, portant des lunettes comme Ginguené, qui reçoit une bourse d'un homme en manteau de Directeur et bossu, c'est-à-dire de Larevellière-Lépeaux; le lieu de la scène est le club de Salm; tous les membres aiguisent des poignards; sur la figure de chacun d'eux, dit laGazette, on peut mettre le nom d'un coquin connu. (Voir une autre annonce de ce numéro de l'Accusateur public, dans leCourrier républicaindu 15 juillet 1797. Le 30e numéro de l'Accusateur publictraite Necker aussi mal que faisait Ginguené, au nom de principes différents.) Par contre, quand, au lendemain du 18 fructidor, on planta un arbre de la liberté au club de Salm, et que Benjamin Constant harangua, du haut d'une galerie, l'assistance répandue dans le jardin, le directeur de l'instruction publique, Ginguené, qui chante, en l'honneur du récent coup d’État, des versqu'il faisait en quelque sorte à mesure qu'il les chantait, reçoit les félicitations du Conservateur de Garat, Daunou et Chénier (numéros des 18 et 21 septembre 1797). Daunou écrira plus tard une notice très bienveillante sur Ginguené pour la deuxième édition de l'Histoire de la littérature italienne. Lady Morgan, qui avait visité Ginguené dans ses dernières années, lui consacre aussi un passage très sympathique, dans la relation de son voyage en France, aux pages 272-283 du deuxième volume de la traduction française (Paris, Treuttel et Wurtz, 1818, 2 vol. in-8).

Ginguené est encore fort maltraité par Mme Vigée-Lebrun, dans lesPortraits à la plume, insérés à la suite de sesSouvenirs; par Mme de Genlis, au Ve vol., p. 281 et suiv. de sesMémoires; par Chateaubriand, qui le citait avec honneur dans sonEssai sur les révolutions, mais qui marque peu de sympathie pour lui, dans sesMémoires d'outre-tombe, à la p. 239 du Ier vol., et à la page 223 du IIe.

Sur ses leçons à l’École normale, voir l'Histoire littéraire de la Convention, par Eug. Maron, p. 159-160, 328-331. M. Ristelhuber a rappelé la candidature malheureuse de Ginguené contre Andrieux, pour un fauteuil de l'Académie française, dans la préface desContes d'Andrieux, pour l'édition de MM. Charavay, Paris, 1882.

Il importerait aussi d'examiner le rôle diplomatique de Ginguené en Italie[242]. Il a pu s'y montrer hautain à l'égard du roi de Sardaigne, et peu scrupuleux observateur de l'indépendance de la Cisalpine, comme le dépeint M. Tivaroni (L'Italia durante il dominio francese, I, 43, 47, 143); encore Ginguené protestait-il qu'il avait, au péril de sa vie, sauvé le Piémont derévolutions subversives et sanglantes, ajoutant que, quand on avait voulu un agent pour jouer un rôle perfide à Turin, on avait cherché un autre que lui (Lettre précitée à un académicien de l'Académie impériale de Turin). Quoi qu'il en soit, il paraît difficile d'admettre qu'il se soit fait donner des présents par le gouvernement provisoire de Turin, comme le dit encore M. Tivaroni, qui cite pourtant, mais sans en tenir compte, le jugement de Botta sur Ginguené:homme vraiment probe, âme bienveillante(ceci est un peu exagéré, quoique Lady Morgan prétende qu'on disaitle bon Ginguené),esprit cultivé, mais imagination ardente, et très tenace dans ses idées.

C'est dans lesDébatsqu'il faut chercher les nombreux articles de Féletz, contre le cours de Ginguené à l'Athénée d'où est sortie l'Histoire de la littérature italienne; car Féletz ne les a pas tous recueillis dans sesMélanges. En réponse à ses attaques quelquefois justes, plus souvent malveillantes, on peut citer les articles de Fauriel dans leMercure(31 août, 7 septembre, 19 octobre 1811, 5 décembre, 12 décembre 1812, 30 janvier 1813), et l'unanimité des journaux italiens du temps, par exemple lePoligrafo, de Monti du 21 avril 1811, du 16 février 1812; leConciliatoredu 12 novembre 1818, du 1er avril 1819; leSpettatore, p. 335-9 et 353 du IXe volume; leGiornale enciclopedico di Firenze, p. 97 du IIIe volume. Une preuve curieuse de l'estime dont Ginguené jouissait en Italie, est que leGiornale bibliografico universaledéclare, dans son Ve volume, que la lettre où notre compatriote qualifie d'ingratet delâche, le procédé fort étrange en effet d'Alfieri à son égard, est dictée par unnoble ressentiment. Quelques-unes des dates qui précèdent prouvent que ce ne fut pas seulement sous la domination française qu'on s'exprima ainsi. D'ailleurs, Ginguené ne comptait pas parmi ceux dont le gouvernement français eût récompensé les flatteurs. Enfin, veut-on des témoignages intimes? Sismondi s'exprime avec éloge sur l'ouvrage de Ginguené dans ses lettres à la comtesse d'Albany, et Giordani écrit à Cicognara: «Si Ginguené veut savoir combien d'Italiens l'estiment et l'aiment, ne manque pas de m'inscrire sur ce très long catalogue.» (Lettre du 14 juillet 1813, p. 55 du IIIe volume de sonEpistolario.)

Conversion de La Harpe.—Sa conduite pendant la Terreur.

Les défauts de La Harpe, en survivant à sa conversion, ne contribuèrent pas peu à la faire taxer d'hypocrisie par les philosophes. Toutefois, non seulement Mme de Genlis, qui avait autant à se plaindre qu'à se louer de lui, mais Benjamin Constant qui était allé, dans le feu de la polémique, jusqu'à dire que La Harpe avait étéathée par peur, et, avant eux, Daunou, Dacier, Morellet, ont rendu hommage à la sincérité de son changement[243]. On trouve, d'ailleurs, dans ses controverses contre les philosophes, dans sonApologie de la religionqui fait partie desŒuvres choisies et posthumes, des passages touchants ou énergiques d'autant plus concluants que le talent naturel de La Harpe n'était pas de ceux qui suppléent à une émotion véritable. Dans l'article duCours de littératuresur Diderot, par exemple, il relève vivement le mot célèbre: «Élargissez Dieu!» il montre combien il est faux que les gens du peuple croient que Dieu est renfermé dans les églises, en donne pour preuve la fête des Rogations et, à propos des arrêtés qui interdisent cette fête, s'écrie en apostrophant Diderot: «Ah! lorsque Dieu et ses adorateurs sont légalement confinés dans les temples, ce mot qui, dans ta bouche, n'était qu'un extravagant blasphème; ce mot, pris dans un sens trop réel et trop juste; ce mot nous appartient aujourd'hui, et c'est bien nous qui avons le droit de dire: «Élargissez Dieu!» On pourra lire encore, dans la préface de sonApologie de la religion, quelques lignes émouvantes sur le bienfait que Dieu accorde aux incrédules quand il les éclaire, et cette forte peinture de la jalousie des philosophes contre l’Église: «J'ai vu moi-même mille fois saigner cette plaie honteuse, surtout depuis que nos philosophes, faisant corps sous les remparts de l'Encyclopédie, enhardis les uns par les autres, fortifiés par la renommée littéraire devenue une espèce d'idole pour un peuple qui ne voulait plus avoir que de l'esprit, en vinrent jusqu'à s'indigner tout haut qu'il y eût au monde une autorité, une puissance au-dessus desprécepteurs du genre humain, titre modeste, comme on voit, et qu'ils se prodiguaient à tout moment les uns aux autres en prose et en vers.» De même le passage où il se promet de montrercombien ceux qui s'exagèrent la puissance révolutionnaire et ses effets possibles et sa durée probable, sont loin de la juger dans leurs craintes comme elle se juge dans les siennes[244]. Il y a aussi de la sensibilité dans les passages où La Harpe cite, pour les condamner, ses anciens sarcasmes contre le christianisme. Enfin cette Apologie et son Discours sur le style des prophètes et l'esprit des Livres saints attestent qu'il a compris et goûté l’Écriture. Dans ce dernier ouvrage, il explique judicieusement qu'il ne faut pas confondre les exigences particulières du goût de chaque nation avec les règles universelles du goût; que, d'ailleurs, quand on approfondit les sentiments qui font parler les écrivains hébreux, notre goût même cesse de réclamer; que les répétitions d'idées, de sentiments dans lesPsaumessont les effets naturels de l'amour pour Dieu qui y déborde, carcelui qui aime ne s'occupe uniquement qu'à répandre son âme devant ce qu'il aime et à exprimer ce qu'il sent, sans songer à varier ce qu'il dit. L'éloquence des Psaumes, qui triomphe de ses scrupules littéraires, touche aussi son cœur: il affirme que nul écrivain non chrétien n'a si bien peint la bonté familière qui, suivant un prophète,retournerait le lit de l'homme qui souffre, et qui, jointe à la plus magnifique peinture qu'on ait jamais faite de la majesté de Dieu, formeune démonstration morale venue de l'inspiration divine; et montre que si, de tout temps, on a détesté le vice, seuls, dans l'antiquité, les prophètes ont souffert à la vue des péchés d'autrui.

On retrouve malheureusement l'âpreté habituelle de La Harpe dans la manière dont il s'exprime sur les incrédules dans sonApologie de la religion, soit parce que, en psychologue de l'ancienne école, il sait mal apercevoir chez le même homme des qualités contradictoires, soit parce qu'il était malaisé d'apprécier la philanthropie de Voltaire et de Rousseau au moment où leurs disciples venaient de gouverner par la guillotine. Il va jusqu'à absoudre l'inquisition et les supplices d'hérétiques, sinon comme hérétiques du moins comme factieux. Mais l'intolérance, qui n'est pas en elle-même un signe de foi, n'est pas non plus un signe d'hypocrisie.

Quant au reproche souvent répété d'avoir sous la Terreur flatté et excité la démagogie, La Harpe ne le mérite point davantage.

Sans doute, il avait partagé à cette époque l'espérance haineuse que caressaient également Mirabeau, les Girondins et Robespierre, de voir bientôt disparaître le catholicisme. Il faut en croire l'abbé Morellet, quand il dit au chapitre XXII de sesMémoiresque La Harpevenait s'asseoir content de lui-mêmeentre l'abbé Barthélemy et lui à l'Académie française,après avoir imprimé dans le «Mercure» contre les prêtres une satire sanglante: tel est en effet l'esprit qui inspire tous les articles de critique littéraire insérés alors dans ce journal par La Harpe[245], mais il ne faut pas faire de lui un pourvoyeur ni un panégyriste de l'échafaud.

1° Les expressions de la fameuseOdelue au Lycée le 3 décembre 1792, où Palissot voit une glorification des massacres de septembre, s'appliquent au 10 août; les menaces que La Harpe y fait entendre visent les ennemis du dehors.

2° On a dit souvent qu'il avait, dès 1792, coiffé spontanément le bonnet rouge au lycée. Il s'est expliqué sur ce point dans leMémorialdu 10 juillet 1797; il y déclare que c'est au renouvellement des cours de 1794, et pour obéir à une disposition prise par les administrateurs du Lycée, qu'il s'en coiffa un instant, comme ses collègues Sue, Deparcieux, Le Hoc; et je n'ai pas vu que les deux journaux contre lesquels il se défend, dans cet article, d'avoir appuyé la Terreur, leJournal de Pariset leRédacteur, feuille en partie officielle, contredisent cette réplique[246].

3° Attaqué sur ses articles duMercure, notamment le 6 juillet 1797 par leJournal de Paris, La Harpe a prouvé victorieusement que, durant l'année 1793, longtemps encore après le 31 mai, il n'avait cessé d'y faire entendre à la Convention de sages et courageuses vérités[247]. Il est inutile de transcrire tous les passages qu'il cite, je me bornerai à cette phrase que j'ai relevée dans leMercuremême[248], sur l'imprudente déclaration de guerre faite aux puissances; après avoir dit que la politique d'un peuple librene doit être que la fermeté calme et intrépide d'une nation qui a proclamé son indépendance, et non l'orgueil insensé qui proclame la guerre contre tous les rois, il ajoute: «Nous avons fait de cruelles fautes, parce que l'ostentation d'un charlatanisme mercenaire a pris la place de ce courage tranquille et désintéressé qui caractérise les vrais républicains.» Qu'on lise les autres articles de 1793 auxquels il renvoie, et l'on avouera que peu de victimes desdécemvirsavaient condamné plus fortement leur politique.

4° M. Aulard a très justement blâmé La Harpe, dans laJusticedu 25 novembre 1889, d'avoir proposé, au club des Jacobins, le 17 décembre 1790, d'ôter des tragédies les maximes monarchiques, et, dans leMercuredu 15 février 1794, de faire disparaître sur les livres de la Bibliothèque nationale les armoiries royales; il s'est félicité à bon droit que La Harpe n'ait pas reçu satisfaction sur ce dernier point. Ces deux motions de La Harpe étaient à la vérité fort ridicules. Mais heureux qui, parmi les hommes en vue de cette époque d'affolement, n'a dénoncé que des vers, même classiques, et des armoiries, même artistiques, alors qu'autour de lui, par frénésie, par rancune ou par peur, tant d'autres demandaient ou accordaient la tête d'un Lavoisier, d'un André Chénier, d'un Malesherbes!

Il faut toutefois reconnaître que le courage de La Harpe a fini par faiblir, vaincu par la durée affreuse et l'accroissement incessant du péril. Il ne faut sans doute pas abuser contre lui d'une assertion de Laya déclarant, près de quarante ans après, avoir vu, au lendemain du 10 thermidor, une lettre pleine de flagornerie, que, du fond de sa prison, La Harpe aurait écrite à Robespierre à propos de son discours en l'honneur de l’Être suprême[249]; car, outre que la mémoire de Laya a pu le tromper sur l'existence ou sur l'auteur de cette lettre, il a pu à distance s'en exagérer la politesse. Mais il y a dans leMercurede 1794 quelques passages que La Harpe n'a pas réussi à justifier. Il prétend que ce sont des expressions à double entente que ces épithètes demémorable, desi constamment et si éminemment révolutionnairequ'il applique le 15 février 1794 à la Commune de Paris dans un article de complaisance sur les poésies d'un de ses membres, Dorat-Cubières; il explique de même le passage du 8 mars, dans lequel il dit que, si l'on n'avait pas encore formé le projet de reviser les noms des rues de Paris,c'est qu'il n'y avait pas non plus de modèle de cette autorité révolutionnaire qui a produit tant de merveilles inouïes jusqu'à nos jours, parce qu'elle tient à un enthousiasme patriotique qui se porte sur tout et fait exécuter d'un commun accord ce qui, par sa nature, ne saurait se commander et ce que, partout ailleurs, on tenterait vainement. Mais en vérité, à lire ces deux articles, il est impossible d'y apercevoir l'ironie que l'auteur des courageux articles de 1793 avait peut-être voulu y mettre. Or, un compliment ironique dont l'intention moqueuse passe inaperçue ressemble fort à une flatterie.

Il se peut donc que La Harpe ait cédé à un moment de défaillance, mais il a racheté cette faiblesse, d'abord par sa détention de quatre mois (avril-juillet 1794) qu'il encourut pour avoir blessé les puissants du jour, soit dans leur fanatisme politique, soit dans leur vanité de littérateurs[250], puis par l'intrépidité avec laquelle, depuis sa sortie de prison, il lutta pour ses croyances. Si sa conversion ne l'a guère rendu plus charitable[251], ni plus modeste, elle l'a rendu plus courageux; c'est une nouvelle preuve qu'elle fut sincère.

On n'a voulu voir dans sa polémique de 1795 et de 1797 que l'emportement d'un zèle aussi impuissant qu'imprévu, comme si, à braver la Convention et le Directoire, il n'avait encouru que des épigrammes. N'est-ce donc rien que d'avoir dû se cacher un an après le 13 vendémiaire, deux ans après le 18 fructidor? On ne l'inquiéta pas durant ces retraites forcées; mais serait-il mort dans son lit si les agents de Larevellière l'avaient arrêté en 1797? LaDécadedu 10 frimaire an IX raille comme plat et injuste le mot de La Harpe, qu'au 18 fructidoron ne tuait plus, mais on faisait mourir; la bonneDécadeprend apparemment pour une excursion de plaisance la déportation à la Guyanne, et croit que tout le monde en est revenu. Faut-il d'ailleurs oublier le dénuement auquel l'impossibilité de reparaître en chaire condamnait La Harpe[252]?

Refusons-lui donc l'aimable modération qui attire la sympathie, mais accordons-lui, pour sa conduite pendant ses dernières années, la loyauté courageuse qui commande l'estime[253]!

Liste des professeurs de l'Athénée.

On nous pardonnera sans doute les lacunes de ce tableau qui, tout incomplet qu'il est, nous a coûté de très longues recherches. Les programmes des cours se publiaient tantôt en octobre, tantôt en novembre, tantôt en décembre, quelquefois en janvier; un même journal ne les publiait pas toujours: on voit combien pour trouver celui d'une seule année il faut feuilleter de périodiques, quand on n'a pas la chance rare de mettre la main sur les prospectus que l'établissement publiait.

Pour les années antérieures à 1789, à la réserve de 1785, je ne puis rien ajouter aux indications fournies dans mon étude, sauf que Chazet (Éloge de La Harpe, 1805) compte, comme La Harpe dans sa Correspondance Russe, Marmontel et Monge parmi les professeurs de la maison, et que d'autre part on ne trouve rien à cet égard dans lesMémoiresde Marmontel ni dans les notices composées sur Monge par son neveu Barnabé Brisson et par Charles Dupin.

1784-1785.

Mithouard (chimie); Deparcieux (physique); Flandrin (hippiatrique); Sue (anatomie); Prévost (mathématiques et astronomie); l'abbé Curioni (italien); Lenoir (anglais); l'abbé Pelicer (espagnol); Friedel (allemand) (Liste de toutes les personnes qui composent le premier Musée… 1785).

1789-1790.

Aux professeurs que j'ai cités pour cette année, il faut, d'après laChronique de Paris, du 4 décembre 1789, ajouter l'abbé Ray, qui, l'histoire naturelle ne pouvant être enseignée par un seul maître, se chargea d'un cours de zoologie. Pendant cette année lycéenne, La Harpe se fit quelquefois remplacer par Jacques-François-Marie de Boisjolin, lecteur du duc de Montpensier; celui-ci, selon l'article que lui consacre laNouvelle biographie générale, aurait simplement lu au Lycée les cahiers de La Harpe; mais l'article de laChronique de Paris, du 27 mars 1790, ne paraît pas réduire M. de Boisjolin à ce rôle effacé. LeMoniteurdu temps donne de nombreux extraits du cours de l'avocat de La Croix, sur lequel on peut consulter, outre la Table de ce journal, pour la suite de sa vie, ses propres ouvrages:Constitutions des principaux États de l'Europe et des États-Unis d'Amérique; leSpectateur français pendant le gouvernement révolutionnaire. (En 1815, il donna une édition retouchée de ce dernier ouvrage,) LeMoniteurdu 10 février 1790 donne des détails sur le cours de Fourcroy.

1790-1791.

LaChronique de Parisdu 9 janvier 1791 dit que le Lycée maintient, cette année, avec les mêmes professeurs, les mêmes cours que l'année précédente, savoir: littérature, histoire, physique, chimie, anatomie, histoire naturelle, anglais, italien. Sur les leçons d'ouverture de Fourcroy, Sue, Boldoni, La Harpe, voir le numéro de ce journal du 13 janvier 1791. Pendant cette année, le Lycée projeta un cours d'allemand et ouvrit un cours de grec fait par un Grec (ibid., n°s du 11 février et du 4 mai 1791.) Sur les embarras financiers du Lycée à cette époque, voir ibid., n°s du 13 septembre et 26 décembre 1790 et du 9 janvier 1791. Consulter encore sur le Lycée le même journal, p. 139 du IIe volume, p. 377 du IVe et leMoniteurdu 14 janvier 1791.

1791-1792.

Le registre des assemblées générales des nouveaux fondateurs du Lycée donne, pour cette année, le 17 août 1792, à la fois les noms et les honoraires: Fourcroy, 2000 fr.; Deparcieux,id.; Garat, 1000 fr.; Sue, 1200 fr,; Roberts (Anglais), 800 fr.; Boldoni (Italien),id.; Selis (qui, à défaut de La Harpe, avait fait lire un cours de littérature), 300 fr.; Domergue,id.(Manusc. Bibliothèque Carnavalet). Durant cette année, Cailhava fit un cours de littérature dramatique et Sicard donna quelques séances.

Fourcroy, Deparcieux, Sue, Roberts, Boldoni, tous aux mêmes conditions que l'année précédente; La Harpe, 1800 fr.; Thiéry, suppléant de Garat, 600 fr.; Brongniart, 300 fr. (Même registre, 2 août 1793). À la date du 6 novembre 1792, il y avait été dit que Fourcroy, n'ayant pas le temps de faire ses deux leçons par semaine, en confierait une à Vauquelin. LeMoniteurdu 26 novembre rédige ainsi la liste: Deparcieux (physique); Fourcroy et Vauquelin chimie;id., pour l'histoire naturelle; Sue (anatomie et physiologie); La Harpe et Selis (littérature); Garat et Théry (histoire); Roberts (anglais); Boldoni (italien); dans les séances extraordinaires, Delille, Sélis, Sicard, M. Chuquet, dans le compte rendu qu'il a bien voulu faire de ma première étude sur ce sujet (Revue critique, 4 novembre 1789), dit que le dimanche 20 janvier 1793, Rœderer ouvrit au Lycée un cours d'organisation sociale, et que le mercredi 27 février de la même année, dans une séance extraordinaire, Gail lut une traduction de quelques morceaux de Bion et d'Anacréon, et Sélis la première partie de l'Anecdote de M. Salle.

Deparcieux (physique); le même (mathématiques pures et appliquées); La Harpe; Ventenat (botanique); Sue (anatomie et physiologie); Parmentier (économie rurale); Boldoni; Garat (histoire); Tonnelier (minéralogie); Fourcroy (chimie); Hassenfratz (arts et métiers); Richard (zoologie); Publicola Chaussard (droit public); Le Hoc (lectures sur les rapports politiques et commerciaux de la France avec l'étranger)[254].

La Harpe[255], Garat, Molé (déclamation); Mentelle (géographie); Deparcieux, Fourcroy; les autres cours, dont laDécadedu 10 nivôse an III, que nous suivons ici, n'indique pas les professeurs, sont la zoologie, l'anatomie, la botanique, la minéralogie, les mathématiques, les arts et métiers, l'économie rurale, l'italien et l'anglais. LeMoniteurdu 30 décembre 1794 annonce qu'à la séance d'ouverture, La Harpe lira un discours sur la guerre déclarée par les derniers tyrans à la raison, à la morale, aux lettres et aux arts (ce morceau fait partie du cours de littérature); Le Hoc présentera des considérations sur la Hollande et l'Angleterre; Boldoni traitera des troubles de Florence et de Dante. Il ajoute qu'à la demande de beaucoup de citoyens retenus par leurs affaires durant la journée, les deux séances décadaires du cours de littérature auront lieu le soir, que les cours de Sicard (grammaire générale), et de Molé (déclamation), ne pourront s'ouvrir dans la première décade. Le professeur de botanique était alors Ventenat, qui publia aussitôt son cours sous ce titre:Principes élémentaires de botanique expliqués au Lycée républicain, Paris, Sallior, 1794-1795, in-8.

Le registre des Assemblées générales donne, à la date du 16 messidor, unnom de plus que notre liste empruntée auJournal de Paris, celui dePerreau (cours sur l'homme physique et moral), et trois noms en moins:Gautherot, Coquebert, Sicard.

Deparcieux (physique expérimentale); Fourcroy (chimie élémentaire et chimie appliquée à la physique; ces deux cours sont distincts); Brongniart (histoire naturelle); Sue (anatomie et physiologie); Coquebert (géographie physico-économique); Hassenfratz; anglais, italien (Décadedu 10 frimaire an VI).

Mercier (littérature); Garat, Fourcroy, Brongniart, Deparcieux, Sue, Boldoni, Roberts, Weiss, ce dernier pour l'allemand (Révolution françaisedu 10 juin 1888; toutefois, on voit par laDécadedu 10 thermidor an V que Garat ne fit pas son cours cette année).

Fourcroy, Brongniart, Sue, Hassenfratz (arts et métiers); Coquebert (géographie physico-économique); Roberts; Boldoni. Ces deux derniers touchent 800 francs chacun; Fourcroy 1500; les autres 1200. Ginguené, Demoustier, Ducray-Duminil, Butet offrent gratuitement des cours, les trois premiers sur la littérature, le quatrième sur la physique (Décadedu 10 frimaire an VII; Délibérations et Arrêtés du conseil d'administration, 29 fructidor an VII). Fourcroy, ayant été chargé de fonctions publiques par Bonaparte, fut suppléé par Brongniart, que Cuvier s'offrit à suppléer (V. le même registre manuscrit de délibérations, 15 nivôse an VIII, au musée Carnavalet).

Butet (physique expérimentale); Fourcroy (chimie); Cuvier (histoire naturelle); Sue (anatomie); Moreau (hygiène); Hassenfratz (arts et métiers); Adolphe Leroi (éducation des facultés physiques et morales de l'homme); La Harpe (littérature, en particulier étude de l'éloquence et de la philosophie au dix-huitième siècle); Garat (histoire, surtout celle de l’Égypte); De Gérando (philosophie morale); Legrand (principes généraux de l'art du dessin et histoire de l'architecture); Roberts (étude des poètes anglais); Boldoni (étude de la versification italienne). Il y aura en outre des séances littéraires, dont quelques-unes seront consacrées à la grammaire générale, et Sicard y prêtera son concours (Moniteurdu 13 brumaire an IX). Toutefois, les délibérations et arrêtés du conseil d'administration, à la date du 27 prairial an IX, portent seulement à l'article des professeurs de cette année: La Harpe, 2,400 fr.; Fourcroy, 1,200 fr.; Cuvier,id.; Hassenfratz, Sue, De Gérando, Roberts, Boldoni, 600 fr. chacun.

Butet (physique); Fourcroy (chimie); Cuvier (histoire naturelle); Ventenat et Mirbel (botanique); Sue (anatomie et physiologie); La Harpe (littérature); De Gérando (philosophie morale); Hassenfratz (arts et métiers); Legrand (architecture); Roberts (anglais); Boldoni (italien); Weiss (allemand) (Moniteurdu 18 brumaire an X).

Biot (physique); Fourcroy et Thénard (chimie); Sue; Cuvier; Mirbel (botanique); Hassenfratz (arts et métiers); Lavit (perspective); Vigée (littérature); Garat (histoire de la Grèce); Ginguené (histoire littéraire moderne); Sicard (grammaire générale); Roberts, Boldoni (Décade, 30 vendémiaire an XII).

Biot (physique expérimentale); Fourcroy et Thénard (chimie); Sue (anatomie et physiologie); Cuvier (histoire naturelle); Coquebert-Monbret (géographie physique et économique); Mirbel (botanique); Hassenfratz (arts et métiers); Vigée (littérature); Sicard (grammaire générale); Roberts (anglais); Boldoni (italien). (Moniteurdu 12 novembre 1804.)

Biot (physique expérimentale); Fourcroy et Thénard (chimie); Sue; Richerand (physiologie); Esparron (hygiène); Cuvier, Mirbel (physiologie végétale et botanique); Ducler (cosmographie et géologie); Hassenfratz, Vigée, Ginguené, Millin (histoire des arts chez les anciens); Sicard, Roberts. Boldoni (Décade, 10 frimaire an XIV, 1er décembre 1805). LeMoniteurdu 3 février 1806 donne quelques détails sur les cours de Hassenfratz, Fourcroy, Thénard, Esparron, Biot, Cuvier, Ducler, Ginguené, Boldoni, Roberts, Vigée, et ajoute que Desodoarts a continué la lecture de son histoire de France.

1806-1807.

Trémery (physique expérimentale); Fourcroy et Thénard (chimie); Sue (anatomie et physiologie); Richerand (physiologie); Esparron (hygiène); Cuvier (histoire naturelle); Ducler (cosmographie et géographie); Ampère (théorie des probabilités appliquée aux diverses branches des connaissances humaines); Hassenfratz (arts et métiers); Chénier (origines et progrès de la littérature française); Ginguené (littérature italienne); J.-J. Combes-Dounous, ex-législateur (histoire des guerres civiles de la république romaine); Desodoarts (histoire de France); Roberts (anglais); Boldoni (italien) (Moniteurdu 29 novembre 1806; on y trouve des détails sur les cours que doivent faire ces professeurs.)

1807.

Voir dans les délibérations et arrêtés de l'établissement quelques traits de délicatesse, de causticité et d'irascibilité de Joseph Chénier.

1807-1808.

Trémery (physique expérimentale); Thénard (chimie); Pariset (organisation de l'homme); Richerand (physiologie); Esparron (hygiène); Cuvier (histoire naturelle des animaux); Ducler (cosmographie et géographie); Boldoni (italien); Roberts (anglais). (Moniteurdu 6 novembre 1807; on y voit que Boldoni avait été autrefois professeur dans les écoles centrales, de même que Roberts, qui avait de plus enseigné à l’École royale militaire, et qui était alors professeur au lycée Napoléon; on y voit aussi que durant cette année les cours littéraires seront remplacés par des séances littéraires où on lira des morceaux acceptés par Legouvé, Luce de Lancival et Parceval de Grandmaison.)

1808-1809.

Cuvier, Trémery, Thénard; Barbier (botanique et physiologie végétales); Pariset (physiologie et anatomie); Esparron (hygiène); Prévost d'Iray, inspecteur général des études (histoire moderne); Ducler (histoire et géographie); J.-J. Leuliette (histoire littéraire); de Murville (littérature et poésie); Roberts, Boldoni. (Moniteurdu 3 octobre 1808.)

1809-1810.

Cuvier, Trémery, Thénard, Barbier, Pariset; Ducler (chronologie, histoire et géographie); Caille (botanique); Népomucène Lemercier (littérature générale); Boldoni, Roberts. (Moniteurdu 4 novembre 1809.)

1810-1811.

Sur le cours d'histoire de l'éloquence professé pendant cette année parVictorin Fabre, voir leMoniteurdu 14 décembre 1810, leMercure deFrancedes 9 et 23 février et du 27 juillet 1811.

1811-1812.

Thénard (chimie); Trémery (physique); Chaussard (littérature); deBlainville (zoologie); Gall (physiologie générale de l'homme etparticulièrement du cerveau). (Gazette de Francedu 24 novembre 1811.Je ne suis pas sûr que la liste donnée par ce journal soit complète.)

1812-1813.

LesDébatsdu 19 février 1813 annoncent que Lhéritier (géomètre, alors âgé de vingt-trois ans) ouvrira le 4 du mois suivant un cours d'arithmétique de la vie humaine à l'Athénée.

1813-1814.

Aimé Martin (littérature française); Thénard; Pariset (physiologie et hygiène); Trémery (physique); Jussieu (minéralogie), (Débatsdu 3 novembre 1813. Cette liste doit être fort incomplète.)

1814-1815.

Thénard; Jay (histoire); Trémery, Pariset; Lemercier (littérature);Lucas (minéralogie); Virey (histoire naturelle générale); Circaud desGelins (physiognomonie). (Débatsdu 1er novembre 1814. Listeincomplète.)

1815-1816.

LeMoniteurdu 11 décembre 1815 annonce que Ch. Lacretelle va ouvrir un cours d'histoire ancienne à l'Athénée.

1816-1817.

Thénard; Say (économie politique); Trémery (physique); Buttura (littérature italienne); Hippolyte Cloquet (physiologie); Pariset (entendement humain); Rougier de la Bergerie (agriculture et physique végétale); Brès (physiologie appliquée aux beaux-arts); Michel Beer (littérature allemande). (Débatsdu 9 novembre 1816. Liste incomplète.)

1817-1818.

Trémery; Chevreul (chimie); de Blainville (zoologie); Cloquet; Pariset (entendement humain); Tissot (littérature); Choron (théorie de la musique); Roberts, Boldoni. Benjamin Constant (lectures sur l'histoire et le sentiment religieux). (Débatsdu 7 novembre 1817.)

1818-1819.

Say (économie politique); Trémery (physique); Magendie (anatomie et physiologie); Orfila (chimie); Buttura (littérature italienne); Bérenger (droit naturel et des gens); de Blainville (zoologie); de la Bergerie (agriculture); Benjamin Constant (maximes fondamentales de la Constitution anglaise). (Débatsdu 3 novembre 1813,Moniteurdu même jour.) Buttura a publié chez Firmin Didot, en 1819, le discours qu'il avait prononcé à l'Athénée le 6 mars de cette année sur la littérature de son pays.

1819-1820.

Fresnel (physique); Magendie (anatomie et physiologie); Daunou (lectures sur l'histoire); Despretz (chimie); Lemercier (lectures sur la littérature); de Blainville, le baron Fourier, de l'Institut d’Égypte (cours tout neuf sur les applications des mathématiques aux besoins de la société); Alex. Lenoir (antiquités). (Débatsdu 13 novembre 1819, et Programme imprimé, à la bibliothèque Carnavalet.)

1820-1821.

Trognon (histoire); Pouillet (physique); Robiquet (chimie); Magendie (anatomie et physiologie); Jouy (littérature et morale); Flourens (théorie des sensations); de Blainville; Francœur (astronomie). (Débatsdu 16 novembre 1820. Liste incomplète.)

1821-1822.

Pouillet, Robiquet, de Blainville, Magendie, Francœur; Const. Prévost (géologie appliquée aux environs de Paris); Lingay (littérature); Azaïs (philosophie générale)[256].—Nous avons dit qu'Azaïs a publié son cours.

1822-1823.

Pouillet, Robiquet, de Blainville, Magendie; Levillain (géographie générale); Berville (littérature); Victorin Fabre (recherches sur les principes de la société civile); Mignet et Bodin (histoire). Outre ces cours, Jomard, de l'Institut, traitera des sciences et arts chez les anciens Égyptiens; Denon, de l'Institut, donnera plusieurs séances sur l'étude de l'art par les fac-similés; Lenoir traitera des antiquités de Paris; Viennet, Merville, Boucharlat et plusieurs hommes de lettres feront des lectures[257]. Sur le cours de Fabre, voir l'article de Sainte-Beuve sur lui dans lesPortraits contemporains.

1823-1824.

Pouillet; Dumas (chimie); Magendie; Francœur (astronomie); Parent Réal (littérature); Villenave (histoire littéraire de la France); Merville (art oratoire); Mignet (histoire d'Angleterre); outre ces cours, Jomard, Denon, F. Bodin, Victorin Fabre, le baron de la Bergerie, Dubois, Febvé Savardan et autres hommes de lettres ont promis des lectures[258].

1824-1825.

Pouillet, Dumas, Magendie, de Blainville, Ad. Brongniart, Eus. deSalles, Villenave; Amaury Duval (histoire philosophique des beaux-arts);Dunoyer (morale et économie politique); Artaud (tableau de lalittérature en Europe aux quinzième et seizième siècles); Mignet,Casimir Bonjour, d'Anglemont, etc., feront des lectures[259].

1825-1826.

De Montferrand (physique); Dumas (chimie); Magendie (physiologie); de Blainville (zoologie); Eusèbe de Salles (hygiène); Auzoux (anatomie au moyen de pièces artificielles); Const. Prévost (géologie générale); Babinet (météorologie); Villenave (histoire littéraire de la France); Gall (philosophie des facultés intellectuelles); Dunoyer (morale, et économie politique); Alexis de Jussieu (considérations sur la civilisation aux dix-huitième et dix-neuvième siècles)[260].

1826-1827.

De Montferrand, Dumas, de Blainville, Constant Prévost, Villenave; Adolphe Brongniart (anatomie et physiologie appliquées à l'agriculture et à l'horticulture); Amussat (anatomie); Bertrand (extase et magnétisme animal); baron Ch. Dupin (forces productives et commerciales de la France); Crussole-Lami (histoire de la révolution des Pays-Bas); Buttura (poésie italienne). De plus, Auzoux fera quelques démonstrations avec les pièces articulées de son invention, et Maisonabe quelques leçons sur les difformités dont le corps humain est susceptible (Moniteurdu 26 novembre 1826). Ch. Dupin a publié son cours, Paris, Bachelier, 1827, 2 vol. in-4°.

1827-1828.

Gall (philosophie); Adolphe Blanqui (histoire de la civilisation industrielle des nations européennes); Levasseur (éloquence française); Parisot (l'école romantique); de Blainville (zoologie); de Montferrand (physique); Dumas (chimie appliquée aux arts); Constant Prévost (géologie); Adolphe Brongniart (physiologie comparée des végétaux et des animaux); Amussat (anatomie et physiologie); Mélier (médecine publique). (Courrier françaisdu 8 décembre 1827.)

1828-1829.

Pouillet (physique); Dumas (chimie); Constant Prévost (géologie); Bory de Saint-Vincent (géographie physique); Babinet (météorologie); Amussat (anatomie et physiologie); Trélat (hygiène); Armand Marrast (philosophie); Amédée Pommier (littérature); Doin (histoire des établissements d'utilité publique en France depuis le dixième siècle); Adol. Blanqui (économie politique). De Guy, avocat, ex-professeur de rhétorique, fera des lectures sur les opinions de la nouvelle école philosophique. (Moniteurdu 30 novembre 1828.)

1829-1830.

Nicollet (astronomie); Pouillet (physique); Dumas, Const. Prévost; Requin (physiologie); Trélat (hygiène); Aug. Comte (philosophie positive); Mottet (art dramatique); Mézières (littérature anglaise). (Courrier français, 1er décembre 1829.)

1830-1831.

Nicollet et Lechevalier (astronomie); Bussy (chimie); Requin (anatomie et physiologie); Isid. Geoffroy Saint-Hilaire (zoologie); Aug. Comte; Villenave (littérature); Gandillot (économie politique); Jules Desnoyers (antiquités du moyen âge) (Ibid., 7 décembre 1830).

1831-1832.

Lechevalier (physique); Bussy (chimie); Requin (hygiène); Isid. Geoffroy Saint-Hilaire; Spurzheim (anthropologie); Am. Pommier (littérature contemporaine); Ch. Durosoir (histoire de France); Filon (sur la France et l'Angleterre)[261]. Filon a publié son cours de cette année.

1832-1833.

Gaultier de Claubry (physique expérimentale); Bussy (chimie); Laurent (physiologie philosophique); Isid. Geoffroy Saint-Hilaire; Const. Prévost (géologie); Filon (histoire du seizième siècle); Legouvé (littérature dramatique); Eugène de Pradel (poésie et improvisation française); Delestre (étude des passions appliquées aux beaux-arts)[262]. Filon et Delestre ont publié des ouvrages sur les sujets qu'ils avaient traités durant cette année.

1833-1834.

Gaultier de Claubry (physique); Bussy (chimie); Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (zoologie); Rozet (géologie); Léon Halévy (littérature française); le comte Mamiani (philosophie italienne); Parisot (histoire des croyances religieuses); Nau de la Sauvagère (droit commercial.) (Moniteurdu 6 décembre 1833.) Au 12e volume de la revue laFrance littéraire, on trouve un extrait du cours de Parisot; le volume précédent de cette revue donne un aperçu du cours de M. Mamiani, dont l'auteur a d'ailleurs publié une partie en français dans son livreDell'ontologia e del metodo(Paris, Lacombe, 1841).

1834-1835.

Aug. Comte (astronomie); Payen (chimie agricole et manufacturière); Lesueur (chimie toxicologique); Rozet (géologie); Audouin (zoologie); Ach. Comte (physiologie animale); Jules Janin (littérature); de Mersan (philosophie de l'histoire); Nau de la Sauvagère (droit commercial et économie politique). (Courrier français, 5 décembre 1834.)

1835-1836.

Sainte-Preuve (physique); Payen (chimie appliquée); Rozet (géologie); Ach. Comte (physiologie comparée et zoologie); Audouin (entomologie); Léon Simon (homœopathie); Philarète Chasles (histoire de l'intelligence au seizième siècle); Leudière (littérature grecque); Henri Duval (phraséologie poétique et prosodie française) (Programme imprimé à la bibliothèque Carnavalet).

1836-1837.

De La Borne (physique générale); Payen; Ach. Comte (histoire des animaux); Léon Simon (doctrine homéopathique); Watras (économie politique); Sainte-Preuve (examen de quelques grandes questions d'industrie); Gandillot (finances publiques); Considérant (science sociale); E. Lambert (histoire philosophique); Leudière (philosophie et éloquence grecques); Philar. Chasles (le roman en Angleterre); Raimond de Véricour (Milton et la poésie épique); Ch. Loubens (la comédie au dix-huitième siècle); Eug. de Pradel (improvisation)[263]. E. Lambert a publié son cours de cette année sous le titre deHistoire des histoires, Paris, 1838, in-8°.

1837-1838.

De La Borne; Babinet (météorologie); Rivière (géologie); Payen; Galy-Cazalat (machines à vapeur); de Rienzi (géographie encyclopédique); Cazalis (physiologie expérimentale); Casimir Broussais (phrénologie); de la Berge (hygiène); Turck (application de la physique et de la chimie à la physiologie); Dréolle (influence du principe religieux); Mme Dauriat (droit social des femmes); Henri Prat (histoire des premiers temps de la France); Charles Loubens (la comédie au dix-neuvième siècle) (Programme imprimé à la Bibliothèque Carnavalet). Dréolle a publié son cours (Paris, Ebrard, 1838).

1838-1839.

Babinet (physique et météorologie); Horace Demarçay (chimie générale); Payen (chimie appliquée); Rivière (géologie); Halmagrand (physiologie); Gervais (zoologie générale); Morand (histoire philosophique des sciences); Hippeau (philosophie de l'histoire); Henri Prat (féodalité en France); Œlsner (histoire générale de l'Europe); Gaubert (causes primordiales, géographiques et historiques); Ottavi (littérature); Charles Loubens (le roman au dix-huitième siècle); Michelot (théorie alphabétique de la parole). Loubens rendra compte tous les quinze jours des principales pièces de théâtre. Ch. Bonjour, Alf. de Musset ont promis des lectures. Hipp. Colet fera un cours d'harmonie. Tous les quinze jours, soirées musicales sous la direction de Richelmi[264]. A. Rivière a publié la même année desÉléments de géologie. Paris, Méquignon-Marvis, in-8°.

1839-1840.

Babinet (cosmographie et physique du globe); Baudrimont (chimie); Const. Prévost (physique générale), Rivière (géologie industrielle); Gervais (zoologie); Halmagrand (physiologie); Hollard (anthropologie); Léon Simon (homéopathie); Monneret (hygiène); Henri Prat (histoire des Valois directs); Ottavi (littérature française); Loubens (de la poésie en France jusqu'au dix-septième siècle); Cellier-Dufayel (littérature et législation comparées); Bouzeran (système d'unité linguistique); Midy (sténographie). Richelmi et Larivière continueront à donner leurs concerts tous les quinze jours (Programme imprimé, Bibliothèque Carnavalet).

1840-1841.

Babinet (physique); Tavernier (expériences et instruments de physique et de météorologie); Rivière (géologie); Raspail (chimie); Hollard (philosophie naturelle); Laurent (développement des corps organisés); Gervais (zoologie générale); Halmagrand (physiologie); Léon Simon (philosophie médicale); Samson (hygiène publique); Ricard (magnétisme animal); de Marivault (économie politique); Glade (histoire des religions); Bailleul (de la civilisation égyptienne par les monuments); de la Fage (histoire de la musique); Sudre (langue musicale); Henri Prat (la France au seizième siècle); Ch. Loubens (littérature contemporaine); Ottavi (histoire des journaux depuis 1789); Régnier (littérature arabe); Thénot (perspective pratique). Soirées musicales sous la direction de Larivière et d'Aristide Delatour (Courrier français, 16 décembre 1840).

1841-1842.

Babinet (physique); Tavernier (instruments d'observation); Dupuis Delcourt (aérostats); Laurent (développement des corps organiques); Voisin-Dumoutier (phrénologie); Belhomme (études sur la folie); James (galvanisme); Léon Simon (homéopathie); Al. Samson (hygiène publique); Glade (étude sur la religion primitive); Artaud (philosophie de l'histoire); Henri Prat (histoire de France); Fresse-Montval (poèmes d'Hésiode); Bern. Julien (littérature française de l'époque impériale); Ottavi (littérature de la Restauration); Ch. Loubens (poésie au dix-neuvième siècle); Casella (Divine Comédie); Lourmand (lecture expressive). Discussions littéraires et philosophiques une fois par semaine. Répétitions chorales de musique religieuse. Séances de déclamation (Courrier français, 5 décembre 1841). Fresse-Montval a imprimé sa leçon d'ouverture de cette année à la suite de sa traduction en vers d'Hésiode (Paris, Langlois et Leclercq, 1842, in-12).

1842-1843.

Babinet (généralités d'une instruction libérale tant scientifique que littéraire); Tavernier (instruments d'observation et de voyage); Edm. Becquerel fils (de la lumière et de l'art photogénique); Jules Rossignon (chimie); Laurent (zoologie); Dr Grauby (humeurs et tissus); Dumoutier (phrénologie); Belhomme (maladies mentales); Maisonabe (erreurs et déceptions en médecine); Glade (histoire des religions); Em. Broussais (philosophie religieuse); Henri Prat (histoire de France); Joseph Garnier (économie politique); comte de Lencisa (institutions municipales de l'Europe); V.-H. Cellier Dufayel (Études sur les femmes); Fresse-Montval (poésie des peuples de l'Hellade); Casella (Divine Comédie); Ch. Loubens (la Comédie de Molière); Bern. Jullien (littérature française de l'époque impériale); de la Fage (histoire de la musique); Thénot (science et art de la perspective). Discussions littéraires et philosophiques de temps en temps (Courrier françaisdu 23 décembre 1842). Bern. Jullien a publié son cours en 1844 (2 vol. in-12); en 1844 également, Adr. de la Fage a publié l'Histoire générale de la Musique et de la Danse(Paris, 2 vol. in-8°).

1844-1845.

Plisson (astronomie); Anatole de Moyencourt (chimie); Grauby (physiologie); Mlle Magaud de Beaufort (botanique); Leharivel-Durocher (philosophie); Ch. Husson (philosophie de l'histoire); Jos. Garnier (économie politique); Fréd. Charassin (philosophie des langues); Bern. Jullien (littérature française); Loubens (Molière); de la Fage (histoire de la musique) (Courrier français, 27 décembre 1844).

1847-1848.

Auguste Bolot fit, durant cette année, un cours sur la poésie légère enFrance aux dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, qu'ilouvrit par un discours en vers, dont un fragment imprimé existe à laBibliothèque Carnavalet.

1848-1849.

Ch. Loubens (études sur Molière); l'abbé Auger (littérature française); Fresse-Montval (de l'idée et de la forme dans les œuvres de l'intelligence); Léon Simon (homéopathie); Guézon-Duval (botanique); Vanier (physiologie générale); Josat (hygiène); Alexandre Ferrier (phrénologie); Camille Duteil (écriture hiéroglyphique); Hœfer (histoire des sciences physiques) (Programme imprimé à la Bibliothèque Carnavalet).

L'abonnement, qui avait coûté trois louis par an à l'origine, quatre louis à partir de la réorganisation qui suivit la mort de Pilâtre, coûtait l'an I et l'an II 100 francs pour les hommes, 50 francs pour les femmes (Moniteurdu 14 novembre 1793); l'an IV, 1,000 livres en assignats pour les hommes, moitié pour les femmes (Quotidiennedu 10 décembre 1795); l'an V, 90 francs pour les hommes, 48 pour les femmes (Révolution françaisedu 14 juin 1888)[265], même prix en l'an IX (Décade du 20 frimaire an IX); sous l'Empire, quatre louis (V. le 3e des articles sur le Lycée recueillis par Féletz, au IIIe vol. de ses Mémoires); puis 120 francs pour les hommes, 60 francs pour les femmes (Moniteurdu 11 octobre 1808,Débatsdu 7 novembre 1817,Courrier français, du 14 novembre 1821 et du 30 novembre 1824).


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