CXXXVI

Flosi se mit en marche, quittant le pays de l'est, avec les cent hommes qui étaient à l'incendie. Ils chevauchèrent sans s'arrêter jusqu'au Fljotshlid. Là, les fils de Sigfus allèrent voir leurs domaines, et ils y passèrent tout un jour. Le soir, ils s'en allèrent à l'ouest, passant la Thjorsa, et ils dormirent là cette nuit. Le lendemain de bonne heure ils remontèrent à cheval et reprirent leur route.

Flosi dit à ses hommes: «Il nous faut aller à Tunga, chez Asgrim fils d'Ellidagrim. Nous prendrons notre repas chez lui, et nous rabattrons son orgueil.» Et ils dirent que ce serait bien fait. Ils allèrent donc, et furent vite à Tunga. Asgrim était dehors, et il avait quelques hommes avec lui. Ils virent la troupe qui s'approchait. Les gens d'Asgrim dirent: «Ce doit être Thorgeir Skorargeir.»--«Je ne crois pas, dit Asgrim; ces gens là s'avancent avec des cris et des rires; mais des parents de Njal, comme Thorgeir, ne riraient pas tant que l'incendie ne sera pas vengé. J'ai une autre idée: il se peut que cela vous semble improbable, mais je crois que c'est Flosi et les autres qui ont brûlé Njal, et j'imagine qu'ils viennent pour nous faire un affront. Il faut que nous rentrions tous.» Et ils firent comme il avait dit.

Asgrim fit balayer la maison, dit qu'on l'ornât de tentures, qu'on mît des tables, et des viandes dessus. Il fit placer des sièges le long des bancs, par toute la salle.

Flosi entra dans l'enceinte. Il ordonna à ses hommes de mettre pied à terre et d'entrer. Ils le firent. Flosi et ses gens arrivèrent dans la salle. Asgrim était assis sur le banc du milieu. Flosi regarda les bancs et les tables, et vit qu'il y avait là, tout prêt, tout ce dont on avait besoin. Asgrim dit à Flosi, sans le saluer: «Les tables sont servies: ceux qui ont faim peuvent manger.» Flosi se mit à table et tous ses hommes avec lui. Ils placèrent leurs armes contre la muraille. Ceux qui n'eurent pas de place sur les bancs s'assirent sur les sièges devant les tables. Mais quatre hommes armés se tenaient devant l'endroit où Flosi était assis, pendant qu'ils mangeaient tous. Asgrim se taisait tant que dura le repas, mais son visage était rouge comme du sang. Quand ils eurent mangé leur saoul, les femmes ôtèrent les tables; d'autres apportèrent de l'eau pour laver les mains. Flosi prenait tout son temps, comme s'il eût été chez lui.

Il y avait, contre le banc du milieu, une hache à fendre le bois. Asgrim la prit à deux mains, et sautant sur le banc, en porta un coup à la tête de Flosi. Glum fils d'Hildir avait vu ce qu'il allait faire. Il sauta sur Asgrim, lui ôta des mains la hache et la leva sur lui à son tour; car Glum était d'une grande force. Alors beaucoup d'autres accoururent, voulant se jeter sur Asgrim. Mais Flosi défendit que personne lui fît du mal: «Nous l'avons mis, dit-il, à trop rude épreuve. Il n'a rien fait que ce qu'il devait faire; et il a montré qu'il avait le cœur bien placé.» Puis il dit à Asgrim: «Nous allons nous séparer sains et saufs, mais nous nous retrouverons au ting, et là, nous viderons notre querelle.»--«Oui, dit Asgrim, et j'espère qu'avant que le ting n'ait pris fin, vous aurez appris à le prendre de moins haut.» Flosi ne répondit rien. Ils sortirent, lui et ses hommes, remontèrent à cheval, et s'éloignèrent.

Ils chevauchèrent sans s'arrêter jusqu'à Laugarvatn, où ils passèrent la nuit. Le lendemain ils allèrent à Beitivöll, où ils firent halte. Là, quantité de gens vinrent les rejoindre. Hal de Sida en était, et tous les autres des fjords de l'est. Flosi les accueillit avec beaucoup de joie. Il leur conta son voyage et sa rencontre avec Asgrim. Beaucoup approuvèrent, et dirent que c'était agir hardiment. Mais Hal dit: «Je ne suis pas du même avis que vous; et il me semble que c'était une idée peu sensée. Ils se souvenaient bien assez des offenses qu'on leur a faites, sans qu'il fût besoin de les leur rappeler. Ceux-là n'ont que du mal à attendre, qui excitent les autres si rudement.» Et Hal laissait bien voir qu'il trouvait qu'on était allé trop loin.

Ils partirent tous ensemble et marchèrent sans s'arrêter jusqu'à la plaine d'en haut. Là ils mirent leur monde en bataille et descendirent au ting. Flosi avait fait dresser d'avance les huttes de ceux de Byrgir; les gens des fjords de l'est s'en allèrent vers les leurs.

Il nous faut parler maintenant de Thorgeir Skorargeir. Il partit du pays de l'est avec une troupe nombreuse. Ses frères, Thorleif Krak et Thorgrim le grand, étaient avec lui. Ils chevauchèrent sans s'arrêter jusqu'à Hof, chez Mörd fils de Valgard; et ils attendirent là qu'il fût prêt à partir. Mörd avait rassemblé tous les hommes en état de porter les armes, et il avait l'air d'un homme qui ne craint nulle chose. Ils se mirent en route, et passant la rivière, vinrent dans le pays de l'ouest. Là on attendit Hjalti fils de Skeggi. Il n'y avait pas longtemps qu'ils attendaient, quand il arriva. Ils l'accueillirent avec joie et ils marchèrent tous ensemble jusqu'à Reykja, dans le district de Biskupstunga. Là ils attendirent Asgrim fils d'Ellidagrim. Il vint se joindre à eux, et on fit route vers l'ouest, passant par la Bruara.

Asgrim leur dit ce qui s'était passé entre lui et Flosi. «J'espère, dit Thorgeir, que nous pourrons éprouver leur courage, avant que le ting n'ait pris fin.» Et ils continuèrent à marcher jusqu'à Beitivöll. Là, Gissur vint les joindre, avec beaucoup de monde. Et ils parlèrent longtemps tous ensemble.

Enfin ils arrivèrent à la plaine d'en haut: là, ils mirent tout leur monde en bataille, et descendirent ainsi vers le ting. Flosi et ses gens coururent aux armes, et peu s'en fallut qu'on n'en vint à combattre. Mais Asgrim et les siens ne s'y laissèrent pas amener, et vinrent tout droit à leurs huttes. Le jour se passa tranquillement, sans qu'ils eussent affaire les uns aux autres. Il était venu des chefs de tous les pays, et de mémoire d'homme on n'avait vu un ting aussi nombreux.

Il y avait un homme nommé Eyjolf. Il était fils de Bölverk, fils d'Eyjolf le rusé, de l'Otradal, fils de Thord Gellir, fils d'Oleif Feilar. La mère d'Eyjolf le rusé était Hrodny, fille de Skeggi, du Midfjord, fils de Skinabjörn, fils de Skutadarskeggi.

Eyjolf fils de Bölverk était un homme de grande importance, et fort instruit dans la loi. Il fut le troisième parmi les meilleurs hommes de loi de l'Islande. C'était l'homme le plus beau de visage qu'on pût voir. Il était grand et fort, et il avait tout ce qui fait les grands chefs, mais il était avare, comme tous ceux de sa famille.

Un jour, Flosi vint à la hutte de Bjarni fils de Brodhelgi. Bjarni le reçut à bras ouverts, et le fit asseoir à côté de lui. Ils parlèrent de bien des choses. Flosi dit à Bjarni: «Que me conseilles-tu de faire à présent?»--«Il est difficile, répondit Bjarni, de donner un conseil dans une affaire comme la tienne; mais le mieux serait, il me semble, d'aller demander du secours; car ils ont rassemblé de grandes forces contre vous. Je te demanderai aussi, Flosi, s'il y a parmi vos gens quelque homme bien versé dans la loi; car vous avez le choix entre deux choses: ou bien offrir la paix, ce qui serait, pour le mieux; ou bien défendre votre cause selon les lois, s'il y a des moyens de défense, mais il faudra de la hardiesse pour mener à bien ce parti. C'est, je crois, ce qu'il vous faut faire, car vous avez commencé fièrement, et il ne vous convient guère de vous rabaisser.»

--«Pour ce qui est d'hommes habiles dans la loi, répondit Flosi, je te dirai tout de suite que nous n'en avons point parmi les nôtres, si ce n'est Thorkel fils de Geitir, ton parent.»--«Nous n'avons pas à compter sur lui, dit Bjarni. Il est versé dans la loi, c'est vrai, mais il est d'une prudence telle qu'il ne servira de bouclier à personne. Il combattra pour toi comme le meilleur de tes hommes, car il est vaillant. Mais je te le dis, celui qui produira un moyen de défense dans l'affaire de l'incendie est un homme mort, et je ne me soucie pas que ce soit mon parent Thorkel. Il faut donc que nous cherchions ailleurs.»

Flosi dit qu'il ne savait en aucune façon quels étaient les meilleurs hommes de loi. Bjarni lui dit: «Il y a un homme nommé Eyjolf, fils de Bölverk. C'est le meilleur homme de loi des districts des fjords de l'ouest. Nous aurons à lui donner beaucoup d'argent, si nous voulons l'avoir pour nous dans cette affaire. Mais il ne faut pas nous arrêter à cela. Il faudra aussi que nous allions en armes à toutes les séances du tribunal, et que nous nous montrions aussi prudents que possible, en sorte que nous n'en venions aux mains que si nous avons à nous défendre. Maintenant, je vais aller avec toi demander du secours; car je crois que nous n'avons pas longtemps à rester tranquilles.»

Alors il sortirent de la hutte, et allèrent chez ceux de l'Öxfjord. Bjarni parla à Lyting, et à Blæing, et à Hroa fils d'Arnstein, et il eut vite fait d'obtenir d'eux ce qu'il demandait. Ensuite, ils allèrent trouver Kol, fils de Vigaskuta, et Eyvind fils de Thorkel, fils d'Askel le godi. Ils leur demandèrent du secours, et les autres s'en défendirent longtemps. À la fin pourtant, ils acceptèrent trois marcs d'argent, et promirent d'être avec Flosi dans son affaire.

Après cela, Flosi et Bjarni allèrent aux huttes de ceux de Ljosvatn, et là, ils s'arrêtèrent longtemps. Flosi leur demanda du secours. Mais ils firent toutes sortes de difficultés. Alors Flosi entra dans une grande colère: «Vous êtes de méchantes gens, dit-il. Là-bas, dans votre pays, vous êtes avides et injustes, et au ting vous refusez votre aide à ceux qui vous la demandent. Vous en aurez honte et reproches à ce ting même, si vous ne vous souvenez plus des injures dont Skarphjedin vous a couverts, vous autres gens de Ljosvatn.» Après quoi, baissant la voix, il leur offrit de l'argent pour avoir leur aide, et à force de belles paroles, il leur fit promettre qu'ils la donneraient. Ils s'enhardirent si bien qu'ils dirent que si Flosi en avait besoin, ils combattraient avec lui.

«Voilà qui va bien, dit Bjarni à Flosi. Tu es un grand chef et un homme hardi. Tu vas droit devant toi, et tu ne ménages personne.»

Ils s'en allèrent de là, et prirent à l'ouest, passant l'Öxara. Ils vinrent à la hutte de ceux de Hlad. Il y avait beaucoup d'hommes dehors devant la porte. L'un d'eux avait un manteau d'écarlate sur les épaules et un bandeau d'or autour de la tête. Il tenait à la main une hache incrustée d'argent. «Cela se trouve bien, dit Bjarni. Voilà Eyjolf fils de Bölverk, si tu veux lui parler, Flosi.» Ils allèrent donc trouver Eyjolf et le saluèrent. Eyjolf reconnut de suite Bjarni, et lui fit bon accueil. Bjarni prit Eyjolf par la main, et le conduisit dans l'Almannagja. Les hommes de Bjarni et ceux de Flosi marchaient derrière eux. Les hommes d'Eyjolf étaient aussi venus avec lui.

Bjarni les mena sur le bord d'en haut, et leur dit de rester là, et de regarder autour d'eux. Lui et Flosi avec Eyjolf s'en allèrent jusqu'à l'endroit, où le chemin commence à descendre le long du précipice. «Voilà un bon endroit pour s'asseoir, dit Flosi, et d'où on peut voir au loin.» Et ils s'assirent. Ils étaient quatre en tout.

Bjarni dit à Eyjolf: «Nous sommes venus te trouver, mon ami; parce que nous avons grand besoin de ton aide en beaucoup de choses.»--«Il ne manque pas de vaillants hommes au ting, répondit Eyjolf; et vous n'aurez pas de peine à trouver quelqu'un qui vous aide mieux que moi.»--«Non pas, dit Bjarni. Sur beaucoup de points, tu n'as pas ici ton pareil. D'abord tu es d'aussi bonne race que tous ceux qui descendent de Ragnar Lodbrok. Ensuite tes ancêtres ont été souvent parties dans de grands procès, soit au ting, soit là-bas dans les districts, et toujours ils ont eu le dessus. Nous ne doutons pas que tu n'aies comme eux la victoire dans les procès auxquels tu te mêleras.»--«Tu parles bien, Bjarni, dit Eyjolf; mais je ne sais pas ce que j'ai à faire dans tout ceci.» Alors Flosi dit: «Voilà trop de paroles pour en venir à ce que nous avons en tête. Nous sommes venus te demander ton aide, Eyjolf; nous te prions d'être avec nous dans notre affaire, de venir avec nous devant le tribunal, et de trouver des moyens de défense, s'il y en a, de les présenter en notre lieu et place et de nous aider en toute circonstance qui puisse se produire devant ce ting.»

Alors Eyjolf sauta sur ses pieds, tout en colère: «Je ne permets à personne, dit-il, de se servir de moi comme d'un bouffon, et de me mettre en avant, quand je n'en ai pas envie. Je vois bien à présent où vous vouliez en venir avec toutes vos belles paroles.» Halbjörn le fort le prit par la main et le força à s'asseoir entre lui et Bjarni: «L'arbre ne tombe pas du premier coup, mon ami, lui dit-il; assieds-toi près de nous d'abord.» Flosi ôta de son bras un anneau d'or, et dit: «Je veux te donner cet anneau, Eyjolf, en retour de ton amitié et de ton aide, et par là, je te montrerai que je ne me moque pas de toi. Tu feras bien d'accepter cet anneau, car il n'y a nul homme ici au ting, à qui j'aie fait jamais un présent semblable.» L'anneau était si beau, si large et si bien travaillé, qu'il valait bien douze cents aunes de drap. Halbjörn le passa au bras d'Eyjolf. «Je crois, dit Eyjolf, que je vais accepter cet anneau, puisque tu agis si bien avec moi. Tu peux compter que je me chargerai de trouver des moyens de défense, et de faire tout ce qu'il faudra.»--« Vous vous êtes bien conduits tous les deux, dit Bjarni; et nous voici, Halbjörn et moi, tout trouvés pour être témoins qu'Eyjolf s'est chargé de l'affaire.»

Alors Eyjolf se leva, Flosi aussi, et ils se donnèrent la main. Eyjolf prit sur lui, des mains de Flosi, toute la conduite de la défense, et de tout nouveau procès qui pourrait résulter des moyens présentés; car il arrive souvent que la défense dans une cause devient poursuite dans une autre. Il se chargea de même de toutes les preuves à présenter dans cette affaire, soit devant le tribunal de district, soit devant le cinquième tribunal. Flosi lui délégua ses droits selon la loi, et Eyjolf les accepta selon la loi.

Alors Eyjolf dit à Flosi et à Bjarni: «Voici que je me suis chargé de l'affaire, comme vous m'en aviez prié. Mais je veux que pour l'instant vous teniez ceci caché. Si l'affaire vient devant le cinquième tribunal, gardez-vous bien de dire que vous m'avez fait un présent pour avoir mon secours.»

Alors Flosi se leva, et aussi Bjarni, et les autres. Flosi et Bjarni retournèrent chacun dans sa hutte. Mais Eyjolf vint à la hutte de Snorri le godi, et il s'assit à côté de lui. Ils parlèrent de bien des choses. Snorri prit le bras d'Eyjolf, releva sa manche, et vit qu'il avait un large anneau d'or. «As-tu acheté cet anneau, ou te l'a-t-on donné?» dit Snorri. Eyjolf ne trouvait rien à dire, et se taisait.--«Je vois bien, dit Snorri, que c'est un présent qu'on t'a fait. Puisse cet anneau ne pas te coûter la vie.» Eyjolf sauta de son siège et s'en alla, sans dire un mot. En le voyant se lever en telle hâte Snorri dit: «Je crois qu'avant que ce ting n'ait pris fin, tu sauras quel cadeau tu as accepté là.» Et Eyjolf s'en retourna dans sa hutte.

Il faut revenir à Asgrim fils d'Ellidagrim. Ils se réunirent, lui et Kari fils de Sölmund, et aussi Gissur le blanc, et Hjalti fils de Skeggi, et Thorgeir Skorargeir, et Mörd fils de Valgard. Asgrim prit la parole: «Nous n'avons pas besoin, dit-il, de nous parler à part, car il n'y a ici que des hommes qui ont confiance les uns dans les autres. Je vous demande maintenant si vous savez quelque chose des desseins de Flosi. Car il faut, je crois, que nous aussi nous décidions ce que nous allons faire.»

Gissur le blanc répondit: «Snorri le Godi m'a envoyé dire que Flosi avait reçu des renforts nombreux des pays du Nord; et aussi qu'Eyjolf fils de Bölverk, son parent, avait accepté de quelqu'un un anneau d'or, et qu'il s'en cachait. Snorri dit qu'à ce qu'il croit ils ont décidé Eyjolf à présenter des moyens de défense dans leur affaire, et que l'anneau lui a été donné pour cela.» Ils furent tous d'avis qu'il devait en être ainsi.

Gissur reprit: «Voici mon gendre Mörd fils de Valgard, qui s'est chargé de la partie de l'affaire la plus dangereuse, de l'avis de tous; la poursuite contre Flosi. Je viens vous prier maintenant de vous partager le reste; car il sera bientôt temps de porter plainte au tertre de la loi. Il faut aussi que nous allions chercher du secours.»--«C'est ce que nous allons faire, dit Asgrim; mais nous te prierons de venir avec nous.» Gissur dit qu'il voulait bien.

Gissur choisit pour venir avec lui tous les hommes les plus sages de leur troupe. Il y avait là Hjalti fils de Skeggi, Asgrim, et Kari, et Thorgeir Skorargeir. «Nous irons d'abord, dit Gissur, chez Skapti fils de Thorod.» Et ils allèrent à la hutte de ceux d'Ölfus. Gissur le blanc marchait le premier, puis Hjalti, puis Kari, puis Asgrim, puis Thorgeir Skorargeir, puis ses frères. Ils entrèrent dans la hutte. Skapti était assis sur le banc du milieu. Dès qu'il vit Gissur le blanc il se leva pour venir à sa rencontre, lui souhaita la bienvenue, à lui et à tous les autres, et le pria de s'asseoir près de lui. Gissur le fit. Puis il dit à Asgrim: «Parle le premier, et demande son aide à Skapti; j'ajouterai ce qui me semblera bon.»

Asgrim dit: «Nous sommes venus ici, Skapti, te demander aide et secours.» Skapti répondit: «Vous avez bien vu la dernière fois qu'on ne venait pas à bout de moi, quand je n'ai pas voulu me charger de vos embarras.»--«Cette fois c'est autre chose, dit Gissur. Il s'agit de porter plainte pour la mort de Njal, et de Bergthora son épouse, qui ont été brûlés dans leur maison, sans l'avoir mérité, et aussi pour la mort des trois fils de Njal, et de maints autres braves hommes. Tu ne feras jamais pareille chose, de refuser ton aide à des hommes qui te la demandent, et qui sont tes parents et tes alliés.»

--«Skarphjedin m'a dit un jour, répondit Skapti, que j'avais enduit ma tête de goudron, et que j'avais levé une bande de gazon pour me cacher dessous. Il a dit aussi que j'avais si grande peur, que Thorolf fils de Lopt, d'Eyra, m'avait caché sur son vaisseau, parmi ses sacs de farine, et m'avait amené de la sorte en Islande; ce jour-là j'ai résolu de ne jamais porter plainte pour sa mort.»--«Il ne faut plus penser à ces choses, dit Gissur, celui qui a dit cela est mort. Tu me donneras bien ton aide, à moi, si tu ne veux pas le faire pour d'autres.»--«Ce n'est pas ton affaire, répondit Skapti; pourquoi as-tu été t'en mêler?»

Alors Gissur entra en grande colère et dit: «Tu n'es pas comme ton père; bien qu'il ne fallût pas toujours se fier à lui, il était du moins toujours prêt à porter secours à ceux qui avaient besoin de lui.»--«Nous ne sommes pas du même avis, vous et moi, dit Skapti. Vous croyez tous deux avoir fait de grandes choses, toi Gissur en attaquant Gunnar de Hlidarenda, et toi, Asgrim, en tuant Gauk, ton frère d'adoption.» Asgrim répondit: «Peu d'hommes disent le bien quand ils savent le mal, mais chacun te dira que je n'ai tué Gauk que lorsque j'y ai été forcé. On peut t'excuser de ne pas nous venir en aide, mais non pas de nous dire des injures. Je souhaite qu'avant la fin du ting, cette affaire tourne à ta honte, et qu'il ne se trouve personne pour t'en tirer.»

Alors Gissur et les siens se levèrent tous et sortirent. Ils allèrent à la hutte de Snorri le Godi, et ils y entrèrent. Il les reconnut tout de suite, et se leva pour venir à leur rencontre. Il dit qu'ils étaient tous les bienvenus, et leur fit place pour s'asseoir près de lui. Après quoi ils demandèrent quelles nouvelles on racontait. Asgrim dit à Snorri: «Nous sommes venus te demander ton aide, moi et mon parent Gissur.» Snorri répondit: «Tu parles comme il fallait s'y attendre; et tu as raison de porter plainte pour le meurtre de parents tels que les tiens. Nous avons reçu de Njal plus d'un bon conseil, quoique peu de gens s'en souviennent encore. Mais je ne sais pas de quelle sorte d'aide vous avez le plus besoin.»--«Nous avons besoin, dit Asgrim, qu'on nous mette en état de nous battre ici même au ting.»--«Il est vrai dit Snorri, qu'il y a des chances pour cela. Je prévois que vous irez de l'avant, hardiment, et qu'ils se défendront de même. Et aucun des deux partis ne pourra obtenir justice. Vous ne pourrez souffrir cela, vous les attaquerez, et vous n'aurez pas autre chose à faire; car ils vous feraient honte de la mort de vos parents, si vous la laissiez sans vengeance.» Il était facile de voir qu'il cherchait à les exciter.

«Tu parles bien, Snorri» dit Gissur le blanc, et quand on a besoin de toi, tu te montres toujours le plus vaillant de tous.»--«Je voudrais savoir, dit Asgrim, quelle aide tu nous donneras, si les choses se passent comme tu dis.»--Snorri répondit: «Je vous donnerai une preuve d'amitié qui vous fera grand honneur. Mais je n'irai pas avec vous au tribunal. Si vous devez vous battre au ting, ne les attaquez que si vous n'avez avec vous que des gens résolus; car vous aurez contre vous de rudes champions. Si vous êtes repoussés, faites-vous amener de notre côté; je tiendrai ma troupe ici, toute rangée en bataille, et je serai prêt à venir à votre secours. Si ce sont eux qui plient, j'ai idée qu'ils courront vers l'Almannagja, pour s'y fortifier. S'ils y arrivent, vous n'en viendrez jamais à bout. Je me charge donc de rassembler mes gens devant, et de les empêcher de s'y établir. Mais nous ne les poursuivrons pas s'ils s'enfuient le long de la rivière, soit vers le Nord, soit vers le Sud. Quand vous aurez tué assez des leurs pour faire face aux amendes à payer, sans y perdre vos dignités et votre droit de résider dans le pays, alors j'accourrai avec mes gens et je vous séparerai. Mais il faut que vous cessiez le combat dès que je vous en prierai, si j'ai fait de mon côté ce que je vous promets à présent.» Gissur lui fit de grands remerciements, et dit qu'il avait bien parlé, et prévu toutes les difficultés. Là-dessus, ils sortirent.

«Où allons-nous maintenant?» dit Gissur. «À la hutte de ceux de Mödruvöll.» dit Asgrim. Et ils y allèrent.

Comme ils entraient dans la hutte, ils virent Gudmund le puissant, assis, qui parlait avec Einar fils de Konal, son fils d'adoption. Einar était un homme sage. Asgrim et les autres s'avancèrent vers Gudmund. Il les accueillit bien, et fit faire place pour eux dans la hutte, de manière que tous pussent s'asseoir. Alors on se demanda les nouvelles. Asgrim dit: «Je n'ai pas à murmurer tout bas ce que j'ai à te dire: nous sommes venus ici pour te demander de nous prêter secours, hardiment.»--«Avez-vous déjà vu d'autres chefs?» demanda Gudmund. Ils répondirent qu'ils avaient été trouver Skapti fils de Thorod, et Snorri le godi, et ils lui dirent en confidence comment l'un et l'autre s'étaient comportés. Alors Gudmund dit: «Il n'y a pas longtemps que je vous ai fait des difficultés, et ce jour-là je ne me suis pas conduit en vaillant homme. Aujourd'hui je veux vous aider d'autant plus que j'ai fait alors plus de résistance. J'irai avec vous devant le tribunal, et tous mes hommes avec moi. Je vous aiderai en toutes choses à ce ting; je combattrai avec vous, s'il faut en venir là, et je mettrai ma vie en jeu pour la vôtre. Je veux aussi punir Skapti, en menant son fils Thorstein Holmud, au combat avec nous; il n'osera pas faire autre chose que ce que je veux, car il a pour femme ma fille Jodis, et Skapti sera forcé d'arriver pour nous séparer.»

Ils lui firent de grands remerciements, et parlèrent encore longtemps à voix basse, de manière à n'être entendus de personne. Gudmund les engagea à ne plus aller trouver d'autres chefs, pour se mettre à leurs pieds, disant que ce ne serait pas digne de vaillants hommes comme eux: «Nous tenterons l'aventure avec ce que nous avons de monde. Venez en armes à toutes les audiences, mais pour l'instant, évitez d'engager le combat.» Alors ils sortirent tous, et retournèrent à leurs huttes. Et ceci ne fut su que de très peu de gens. Le ting suivait son cours.

Il arriva un jour que les hommes vinrent au tertre de la loi. Voici comme étaient placés les chefs: Asgrim fils d'Ellidagrim et Gissur le blanc, Gudmund le puissant et Snorri le godi étaient en haut, tout contre le tertre, et ceux des fjords de l'est se tenaient en bas, Mörd fils de Valgard était à côté de Gissur le blanc, son beau-père. Mörd était le plus beau parleur qu'il y eût au monde. Gissur prit la parole, et dit que Mörd allait porter plainte dans l'affaire de meurtre, et il l'engagea à parler haut pour que tous pussent l'entendre.

Mörd prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je dénonce comme qualifiée par la loi l'attaque de Flosi fils de Thord sur Helgi fils de Njal, attaque commise sur le lieu même où Flosi fils de Thord a fait à Helgi une blessure soit à la tête, soit à la poitrine, soit aux membres inférieurs, blessure qui s'est trouvée être mortelle, et au moyen de laquelle Helgi a reçu la mort. Je dis que pour cette action il mérite d'être proscrit, réduit à vivre dans les bois, qu'il doit être défendu à tout homme de le nourrir, de le transporter, de l'aider en nulle manière. Je dis que tous ses biens doivent être confisqués, moitié pour moi, moitié pour les juges du tribunal de district qui ont droit, selon la loi, sur les biens saisis. Je porte plainte, pour ce meurtre, devant le tribunal de district de qui ressort l'affaire, d'après la loi. Je porte plainte selon la loi. Je porte plainte de manière à être entendu de tous, au tertre de la loi. Je cite Flosi fils de Thord en justice cet été même, et je demande que la peine de la proscription lui soit appliquée dans son entier. Je porte plainte en vertu de la délégation de Thorgeir fils de Thorir.»

Il se fit une grande rumeur au tertre de la loi, et tous disaient qu'il avait bien parlé, et comme il fallait.

Mörd prit la parole une seconde fois: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je porte plainte contre Flosi fils de Thord pour la blessure qu'il a faite à Helgi fils de Njal, soit à la tête, soit à la poitrine, soit aux membres inférieurs, blessure qui s'est trouvée être mortelle, et au moyen de laquelle Helgi a reçu la mort sur le lieu même où Flosi fils de Thord a commis sur Helgi fils de Njal une attaque qualifiée par la loi. Je dis, Flosi, que pour cette action tu dois être proscrit, réduit à vivre dans les bois, qu'il doit être défendu de te nourrir, de te transporter, de t'aider en nulle manière. Je dis que tous tes biens doivent être confisqués, moitié pour moi, moitié pour les juges du tribunal de district qui ont droit, selon la loi, sur les biens saisis. Je porte plainte devant le tribunal de district de qui ressort l'affaire, d'après la loi. Je porte plainte selon la loi. Je porte plainte de manière à être entendu de tous, au tertre de la loi. Je cite Flosi fils de Thord en justice cet été même, et je demande que la peine de la proscription lui soit appliquée dans son entier. Je porte plainte en vertu de la délégation de Thorgeir fils de Thorir.»

Alors Mörd s'assit. Flosi l'avait écouté attentivement, mais il ne disait pas un mot.

Thorgeir Skorargeir se leva à son tour et prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je porte plainte contre Glum, fils d'Hildir, pour avoir pris du feu, l'avoir attisé, et porté l'incendie au domaine de Bergthorshval, où il a fait brûler dans leur maison Njal fils de Thorgeir et Bergthora, fille de Skarphjedin, et tous les autres hommes, qui ont été brûlés avec eux. Je dis que pour cette action il doit être proscrit, réduit à vivre dans les bois, qu'on n'ait ni à le nourrir, ni à le transporter, ni à l'aider en nulle manière. Je dis que tous ses biens doivent être confisqués, moitié pour moi, moitié pour les juges du tribunal de district qui ont droit, selon la loi, sur les biens saisis. Je porte plainte devant le tribunal de district de qui ressort l'affaire, d'après la loi. Je porte plainte selon la loi. Je porte plainte de manière à être entendu de tous, au tertre de la loi. Je cite Glum fils d'Hildir en justice, cet été même, et je demande que la peine de la proscription lui soit appliquée dans son entier.»

Kari, fils de Sölmund, porta plainte contre Kol fils de Thorstein, Gunnar fils de Lambi, et Grani fils de Gunnar. Et les gens dirent qu'il avait parlé merveilleusement bien. Thorleif Krak porta plainte contre tous les fils de Sigfus. Thorgrim le grand, son frère, porta plainte contre Modolf fils de Ketil, Lambi fils de Sigurd, et Hroar fils d'Hamund, frère de Leidolf le fort. Asgrim fils d'Ellidagrim porta plainte contre Leidolf, Thorstein fils de Geirleif, Arni fils de Kol, et Grim le rouge. Et ils parlèrent bien, tous. Après cela, d'autres portèrent plainte dans d'autres affaires. Et il se passa ainsi une bonne partie du jour. Puis, les hommes rentrèrent dans leurs huttes.

Eyjolf fils de Bölverk vint à la hutte de Flosi. Ils s'en allèrent derrière la hutte, du côté de l'est. Flosi dit à Eyjolf: «Vois-tu quelque moyen de défense dans cette affaire?»--«Aucun» dit Eyjolf. «Que me conseilles-tu?» dit Flosi. «Il est difficile de donner un conseil là-dessus, dit Eyjolf; je vais pourtant te dire le mien. Il faut que tu déposes ta dignité de godi, et que tu la transmettes à ton frère Thorgeir. Et toi, fais-toi inscrire parmi ceux qui vont au ting avec Askel le godi, fils de Thorketil, du Reykjardal, dans le pays du Nord. S'ils n'arrivent pas à savoir cela, il se peut qu'ils y trouvent leur perte; car ils porteront plainte contre toi devant le tribunal des fjords de l'est quand il eût fallu le faire devant le tribunal des districts du Nord. Et il est probable qu'ils n'y feront pas attention. Alors tu auras un recours contre eux devant le cinquième tribunal, s'ils ont porté plainte devant un autre tribunal que celui qu'il fallait. Et nous pourrons reprendre l'affaire, mais nous ne ferons cela que comme dernière ressource.»

--«Je crois, dit Flosi, que nous voici bien payés de notre anneau.»--«Je n'en sais rien, dit Eyjolf, mais je veux vous conseiller si bien, que les gens soient forcés de dire qu'on ne saurait mieux faire. Et maintenant, envoie chercher Askel. Il faut aussi que Thorgeir vienne te trouver tout de suite, et un homme avec lui.»

Peu après, Thorgeir arriva, et Flosi lui transmit son siège de Godi. Puis Askel vint à son tour. Flosi déclara qu'il se rangeait parmi ceux qui le suivaient au ting. Ceci resta entre eux, et ne vint à la connaissance de personne.

Le temps se passe et on vient au moment où les affaires doivent être jugées.

Des deux côtés, ils firent leurs préparatifs et s'armèrent. Ils avaient mis les uns et les autres des marques de ralliement à leurs casques.

Thorhal, fils d'Asgrim, lui dit: «Prenez garde d'aller trop vite, mon père, mais faites en toutes choses selon la loi. S'il survient quelque difficulté, faites-le moi savoir au plus vite, et je viendrai vous aider de mes conseils.» Asgrim et les siens le regardèrent. Son visage était rouge comme du sang, et de grosses gouttes, comme de la grêle, sortaient de ses yeux. Il se fit apporter sa lance, que Skarphjedin lui avait donnée; c'était le joyau le plus précieux qu'on pût voir.

Comme ils s'en allaient, Asgrim dit: «Mon fils Thorhal n'était pas à son aise quand nous l'avons laissé dans la hutte. Je ne sais ce qu'il médite de faire. Mais nous, allons trouver Mörd fils de Valgard, et ne pensons plus à rien d'autre; car c'est plus grosse affaire de s'en prendre à Flosi qu'à personne.»

Alors Asgrim envoya chercher Gissur le blanc, et Hjalti fils de Skeggi, et Gudmund le puissant. Ils vinrent tous ensemble et s'en allèrent sur le champ au tribunal des fjords de l'Est. Ils se mirent au Sud du tribunal. Flosi et tous ceux des fjords de l'Est prirent place au Nord. Il y avait là aussi, avec Flosi, ceux du Reykdal, de l'Öxfjord et de Ljosvatn. Il y avait aussi Eyjolf fils de Bölverk. Flosi se pencha vers Eyjolf et lui dit: «Voilà qui va bien, et je crois que les choses vont se passer comme tu l'as dit.»--«N'en dis rien à personne, dit Eyjolf; il nous faudra peut-être employer ce moyen.»

Mörd fils de Valgard prit des témoins; puis il somma tous ceux qui avaient à porter devant le tribunal des accusations entraînant la proscription, de tirer au sort, à qui porterait plainte le premier, qui ensuite, qui en dernier lieu. Il déclara qu'il faisait cette sommation selon la loi, devant le tribunal, de manière que les juges pussent l'entendre. On tira au sort, et il fut désigné pour porter plainte le premier.

Mörd fils de Valgard prit des témoins une seconde fois. «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je retire toutes les erreurs que je pourrais commettre en présentant cette affaire, en disant trop, ou mal. Je me réserve le droit de rectifier mes paroles, jusqu'à ce que j'aie présenté ma plainte dans la forme légale. Je vous prends à témoins de ceci, pour moi et pour tous ceux qui pourront avoir à récuser votre témoignage ou à en profiter.»

Mörd fils de Valgard prit encore des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je somme Flosi fils de Thord, ou tout autre qui s'est chargé de sa défense à sa place, d'entendre mon serment, et mon exposé de l'affaire, et aussi toutes les preuves que je me propose d'apporter contre lui. Je lui fais cette sommation selon la loi, devant le tribunal, et de manière que les juges puissent nous entendre de leur siège au tribunal.»

Mörd fils de Valgard parla encore: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je prête serment sur le livre, le serment prescrit par la loi, et que je jure devant Dieu de poursuivre cette affaire en la manière la plus véridique, la plus juste et la plus conforme à la loi, aussi longtemps que je serai mêlé à cette affaire.»

Après cela il dit encore: «J'ai pris à témoins Thorod, et aussi Thorbjörn; je les ai pris à témoins que j'ai porté plainte pour l'attaque, qualifiée par la loi, commise par Flosi fils de Thord, sur le lieu même où Flosi fils de Thord a commis cette attaque, qualifiée par la loi, sur Helgi fils de Njal, quand Flosi fils de Thord a fait à Helgi fils de Njal une blessure, soit à la tête, soit à la poitrine, soit aux membres inférieurs, blessure qui s'est trouvée être mortelle, et au moyen de laquelle Helgi a reçu la mort. J'ai dit que pour cette cause il méritait d'être proscrit, réduit à vivre dans les bois, qu'on n'eût ni à le nourrir, ni à le transporter, ni à l'aider en nulle manière. J'ai dit qu'il fallait que ses biens fussent confisqués, moitié pour moi, moitié pour les juges du district qui ont droit, d'après la loi, sur les biens saisis. J'ai porté plainte devant le tribunal de district de qui ressort l'affaire, selon la loi. J'ai porté plainte selon la loi. J'ai porté plainte de manière que tous pussent m'entendre, au tertre de la loi. J'ai cité Flosi fils de Thord en justice, cet été même, et j'ai demandé que la peine de la proscription lui fût appliquée dans son entier. J'ai porté plainte en vertu de la délégation de Thorgeir fils de Thorir. J'ai porté plainte dans les termes mêmes que je viens d'employer maintenant dans mon exposé de l'affaire. Et ma poursuite en proscription, ainsi engagée, je la porte devant le tribunal des fjords de l'est, à la charge de N... comme je l'ai déclaré le jour où j'ai porté plainte.»

Mörd dit encore: «J'ai pris à témoin Thorod, et aussi Thorbjörn; je les ai pris à témoins que j'ai porté plainte contre Flosi fils de Thord, pour avoir fait à Helgi fils de Njal une blessure soit à la tête, soit à la poitrine, soit aux membres inférieurs, blessure qui s'est trouvée être mortelle et au moyen de laquelle Helgi a reçu la mort, sur le lieu même où Flosi fils de Thord a commis sur Helgi, fils de Njal, une attaque qualifiée par la loi. J'ai dit que pour cette cause il méritait d'être proscrit, réduit à vivre dans les bois, qu'on n'eût ni à le nourrir, ni à le transporter, ni à l'aider en nulle manière. J'ai dit qu'il fallait que ses biens fussent confisqués, moitié pour moi, moitié pour les juges du tribunal de district qui ont droit, suivant la loi, sur les biens saisis. J'ai porté plainte devant le tribunal de district de qui ressort l'affaire, selon la loi. J'ai porté plainte selon la loi. J'ai porté plainte de manière que tous pussent m'entendre, au tertre de la loi. J'ai cité Flosi fils de Thord, en justice, cet été même, et j'ai demandé que la peine de la proscription lui fût appliquée dans son entier. J'ai porté plainte en vertu de la délégation de Thorgeir fils de Thorir. J'ai porté plainte dans les termes mêmes, que je viens d'employer maintenant dans mon exposé de l'affaire. Et ma poursuite en proscription ainsi engagée, je la porte devant le tribunal des fjords de l'est, à la charge de N..., comme je l'ai déclaré le jour où j'ai porté plainte.»

Alors ceux que Mörd avait pris à témoins quand il avait porté plainte s'avancèrent devant le tribunal, et prirent la parole en cette manière: l'un d'eux donna son témoignage, et tous deux ensuite le confirmèrent d'une seule voix: «Mörd a pris à témoins, dit le premier, Thorod, et moi qui m'appelle Thorbjörn,» et il ajouta le nom de son père, «Mörd nous a pris tous deux à témoins qu'il portait plainte contre Flosi fils de Thord, pour l'attaque, qualifiée par la loi, commise par lui sur Helgi fils de Njal, au lieu même où Flosi fils de Thord a fait à Helgi fils de Njal une blessure, soit à la tête, soit à la poitrine, soit aux membres inférieurs, blessure qui s'est trouvée être mortelle, et au moyen de laquelle Helgi a reçu la mort. Il a dit que pour cette cause Flosi méritait d'être proscrit, réduit à vivre dans les bois, qu'on n'eût ni à le nourrir, ni à le transporter, ni à l'aider en nulle manière. Il a dit qu'il fallait que tous ses biens fussent confisqués, moitié pour lui Mörd, moitié pour les juges du tribunal de district qui ont droit, suivant la loi, sur les biens saisis. Il a porté plainte devant le tribunal de district de qui ressort l'affaire, selon la loi. Il a porté plainte selon la loi. Il a porté plainte de manière que tous pussent l'entendre, au tertre de la loi. Il a cité Flosi, fils de Thord, en justice, cet été même, et il a demandé que la peine de la proscription lui fût appliquée dans son entier. Il a porté plainte en vertu de la délégation de Thorgeir fils de Thorir. Il a porté plainte dans les termes mêmes qu'il vient d'employer dans son exposé de l'affaire et que nous employons maintenant pour notre témoignage. Voici que nous avons déposé notre témoignage, dans les formes, et tout d'une voix. Et ce témoignage, ainsi conçu, nous le portons devant le tribunal des fjords de l'est, à la charge de N... comme Mörd l'a déclaré quand il a porté plainte.»

Une seconde fois ils déposèrent leur témoignage devant le tribunal, mettant la blessure la première, et l'attaque en dernier lieu, et se servant des même paroles que la première fois. Ils dirent qu'ils déposaient leur témoignage, ainsi conçu, devant le tribunal des fjords de l'Est, comme Mörd l'avait déclaré quand il avait porté plainte.

Alors, ceux que Mörd avait pris à témoins quand Thorgeir lui avait remis sa cause, s'avancèrent devant le tribunal. L'un des deux prononça le témoignage, et tous deux ensemble le confirmèrent tout d'une voix: «Mörd fils de Valgard et Thorgeir fils de Thorir, dirent-ils, nous ont pris à témoins que Thorgeir fils de Thorir avait remis aux mains de Mörd fils de Valgard, sa cause et son droit de poursuite contre Flosi fils de Thord, pour le meurtre d'Helgi fils de Njal. Il lui a remis sa cause de manière à le mettre en son lieu et place dans toute la procédure qui s'ensuivra. Il lui a remis sa cause pour la poursuivre ou pour faire la paix avec les mêmes droits que si c'était à lui Mörd, comme au plus proche, que la vengeance appartint. Thorgeir lui a remis sa cause selon la loi, et Mörd s'en est chargé selon la loi.» Et ils déposèrent leur témoignage ainsi conçu devant le tribunal des fjords de l'Est, à la charge de N... comme Thorgeir et Mörd les avaient mis en demeure de le faire, en les prenant à témoins.

On fit prêter serment à tous les témoins, avant de donner leur témoignage, et aux juges aussi.

Alors Mörd fils de Valgard prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que j'invite les neuf voisins du lieu du meurtre, que j'ai cités à comparaître dans cette affaire, quand j'ai porté plainte contre Flosi fils de Thord, à prendre place à l'ouest sur le bord de la rivière, et à se tenir prêts à faire leur déclaration. Je leur fais sommation selon la loi, devant le tribunal, et de manière que les juges puissent m'entendre.»

Encore une fois, Mörd fils de Valgard prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je somme Flosi fils de Thord, ou tout autre qu'il aurait chargé de sa défense en son lieu et place, d'avoir à reprocher la déclaration de ces hommes que j'ai placés à l'ouest, sur le bord de la rivière. Je lui fais sommation selon la loi, de manière que les juges puissent m'entendre de leur siège au tribunal.»

Mörd prit encore des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que voici terminée toute la procédure préparatoire à employer dans cette affaire: le tribunal sommé d'avoir à entendre mon serment, le serment prêté, la cause exposée, les témoins de la plainte produits, les témoins de la transmission des droits produits également, les voisins du lieu du meurtre invités à prendre place, Flosi sommé d'avoir à reprocher leur déclaration. Je prends ces hommes à témoins de tous ces préliminaires déjà accomplis, et encore de ceci, que je ne veux pas être réputé avoir abandonné la cause, si je quitte le tribunal pour apporter des preuves, ou pour tout autre motif.»

Alors Flosi et les siens allèrent à l'endroit où les voisins du lieu du meurtre étaient assis. Flosi dit: «Les fils de Sigfus doivent savoir si ces voisins du lieu du meurtre, qui ont été cités ici, l'ont été légalement.» Ketil de Mörk répondit: «Il y en a un parmi eux, qui a tenu Mörd fils de Valgard sur les fonts du baptême; il y en a un autre qui est son parent au troisième degré.» Et ils comptèrent les degrés de parenté, et confirmèrent leur dire par serment. Eyjolf prit des témoins, et constata que la déclaration des voisins était suspendue jusqu'à ce qu'on eût fini de les reprocher. Il prit des témoins une seconde fois: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je récuse ces deux hommes, et les ôte du nombre de ceux qui ont à faire la déclaration (et il les nomma par leur nom, et le nom de leurs pères) pour cette cause, que l'un est parent de Mörd au troisième degré, et l'autre son compère, à raison de quoi la loi me permet de les récuser. Vous êtes, selon la loi, incapables de prendre part à la déclaration; car vous voici récusés par un moyen légal. Je vous récuse donc, d'après la coutume de l'Alting et la loi du pays. Je vous récuse en vertu de la délégation de Flosi, fils de Thord.»

Alors tout le peuple éleva la voix, pour dire que la cause de Mörd était réduite à néant. Et tous étaient d'avis que la défense valait mieux que l'accusation.

Asgrim dit à Mörd: «Ils ne sont pas encore venus à bout de nous, quoiqu'il leur semble qu'ils avancent vite. Envoyons dire ceci à Thorhal mon fils, et sachons quel conseil il nous donnera.»

On envoya à Thorhal un homme sûr, qui lui dit par le menu où en était l'affaire, et comment Flosi pensait avoir réduit à néant la déclaration. Thorhal dit: «Je vais faire en sorte que la cause ne soit pas perdue pour cela; dis-leur de ne pas en croire les autres, s'ils leur font des chicanes; avec toute sa sagesse, Eyjolf s'est embrouillé. Retourne là bas au plus vite, dis à Mörd fils de Valgard de s'avancer devant le tribunal, et de prendre des témoins, comme quoi leur récusation est nulle,» et il lui dit en grand détail ce qu'il y avait à faire.

Le messager revint et leur dit les conseils de Thorhal. Alors Mörd fils de Valgard s'avança devant le tribunal et prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je déclare la récusation d'Eyjolf fils de Bölverk nulle et de nul effet. Je me fonde sur ce qu'il a récusé ces hommes, non pour leur parenté avec le véritable plaignant, mais pour leur parenté avec celui qui s'est chargé de la cause. Je prends ceux-ci à témoins, pour moi et pour ceux qui pourraient avoir besoin de leur témoignage.» Puis il produisit le témoignage devant le tribunal. Après cela il vint à l'endroit où les voisins étaient placés, et dit à ceux qui s'étaient levés de se rasseoir, déclarant qu'ils avaient été bien et dûment choisis.

Alors tous dirent que Thorhal avait fait de grandes choses. Et il leur semblait à tous que la poursuite valait mieux que la défense.

Flosi dit à Eyjolf: «Penses-tu que ceci soit légal?»--«Certes je le pense, dit Eyjolf, et assurément nous nous étions trompés. Mais nous allons leur donner un nouvel assaut.» Et Eyjolf prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je récuse ces deux hommes du nombre de ceux qui ont à faire la déclaration» et il les nomma tous deux par leur nom «pour cette cause qu'ils sont habitants, mais non propriétaires. Je vous refuse à tous deux, le droit de prendre part à la déclaration, car vous voici récusés par un moyen légal. Je vous récuse donc, d'après la coutume de l'Alting, et la loi du pays.» Et Eyjolf dit à Flosi: «Ou je me trompe fort, ou ils n'arriveront pas à mettre ceci à néant ».

Et tous dirent que la défense valait mieux que l'accusation. Ils louaient grandement Eyjolf, et disaient qu'il n'avait pas son pareil pour sa connaissance de la loi.

Alors Mörd, fils de Valgard, et Asgrim fils d'Ellidagrim, envoyèrent dire à Thorhal ce qui s'était passé. Quand Thorhal eut entendu cela, il demanda si ces hommes avaient quelque bien. Le messager répondit que l'un deux, vivait de la vente de ses laitages, et possédait des vaches et des moutons. «L'autre, dit-il, possède le tiers des terres qu'il cultive, et il se suffit à lui-même. Lui et son bailleur ont un seul foyer, et un seul berger pour tous deux. Thorhal dit: «Il en sera comme tout à l'heure, et ils se sont trompés encore cette fois. Je n'aurai pas de peine à mettre ceci à néant, malgré tous les grands mots d'Eyjolf pour nous dire que ceci est légal. Et Thorhal dit au messager dans le plus grand détail ce qu'il y avait à faire.

Le messager revint, et dit à Mörd et à Asgrim ce qu'avait conseillé Thorhal. Mörd s'avança devant le tribunal et prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je déclare la récusation d'Eyjolf fils de Bölverk nulle et de nul effet. Je me fonde sur ce qu'il a récusé, du nombre de ceux qui ont à faire la déclaration, des hommes qui en étaient légalement. Tous deux ont droit d'en être, celui qui possède trois cents de terres, ou davantage, quoiqu'il n'ait pas de bétail; et celui qui élève du bétail, quoiqu'il n'ait pas de terres à ferme.» Et il produisit le témoignage devant le tribunal. Puis il vint à l'endroit où les voisins étaient placés. Il leur dit de se rasseoir, et qu'ils étaient bien et dûment choisis pour faire la déclaration.

Alors il s'éleva une grande clameur. Tous disaient que la cause de Flosi et d'Eyjolf était en mauvais point, et ils étaient d'accord pour dire que l'accusation valait mieux que la défense.

Flosi dit à Eyjolf: «Ceci est-il légal?» Eyjolf répondit qu'il n'était pas assez habile pour en être tout à fait sûr. Ils envoyèrent donc quelqu'un à Skapti, l'homme de la loi, pour lui demander si c'était légal. Il leur fit répondre que c'était bien selon la loi, quoique peu de gens en eussent connaissance. Et cela fut redit à Flosi et à Eyjolf.

Alors Eyjolf fils de Bölverk demanda aux fils de Sigfus ce qu'il en était des autres voisins cités. Ils dirent qu'il y en avait quatre cités à tort «car d'autres qui demeuraient plus près qu'eux sont à l'heure qu'il est dans leurs maisons.» Alors Eyjolf prit des témoins, et récusa les quatre hommes du nombre de ceux qui avaient à faire la déclaration, disant qu'il les récusait pour un motif légal. Après quoi il dit aux autres: «Vous êtes tenus de rendre justice aux deux parties. Il faut donc que vous vous présentiez devant le tribunal, quand on va vous appeler, et que vous preniez des témoins comme quoi vous vous trouvez dans l'impossibilité de faire votre déclaration, n'étant plus que cinq, quand vous devriez être neuf. Et maintenant Thorhal est capable de mener à bien tous les procès du monde, s'il trouve remède à ceci.»

Flosi et Eyjolf avaient l'air de gens qui sont sûrs de leur affaire. Il se fit une grande rumeur, et on disait que l'accusation de meurtre était réduite à néant, et que cette fois la défense valait mieux que la poursuite.

Asgrim dit à Mörd: «Il n'est pas dit qu'ils aient raison de se vanter si fort, tant que nous n'aurons pas fait savoir ceci à mon fils Thorhal. Njal m'a dit qu'il avait si bien instruit Thorhal dans la loi, qu'il serait le meilleur homme de loi de toute l'Islande, et qu'il le prouverait un jour.»

On envoya donc dire à Thorhal ce qui s'était passé, et l'insolence de Flosi et des siens, et le bruit qui courait que l'accusation de meurtre, portée par Mörd et Asgrim, était réduite à néant. «Ils auront du bonheur, dit Thorhal, si ceci ne tourne pas à leur honte. Va dire à Mörd qu'il prenne des témoins, et prête serment que le plus grand nombre des voisins a été bien et dûment choisi. Il produira ce témoignage devant le tribunal, et il déclarera qu'il est en droit de poursuivre l'accusation. Il aura à payer une amende de trois marcs pour chacun de ceux qu'il a cités à tort. Mais il ne pourra être poursuivi pour cela à ce ting.»

Le messager revint et redit à Mörd et à Asgrim, par le menu, toutes les paroles de Thorhal. Mörd s'avança devant le tribunal, il prit des témoins et prêta serment que le plus grand nombre des voisins avait été bien et dûment choisi. Il déclara qu'il était en droit de poursuivre l'accusation. «Et il faut, dit-il, que nos ennemis se vantent d'autre chose que de nous avoir trouvés en défaut grave.» Alors une grande clameur s'éleva: on disait que Mörd menait bien son affaire, et que Flosi et les siens n'avançaient qu'à force de chicanes et de détours.

Flosi demanda à Eyjolf si cela était légal. Eyjolf répondit qu'il n'en était pas sûr, et que c'était à l'homme de la loi à en décider. Alors Thorkel fils de Geitir alla de leur part dire à l'homme de la loi ce qui s'était passé, et il lui demanda si ce qu'avait dit Mörd était légal. Skapti répondit: «Il y a maintenant plus de gens habiles dans la loi que je ne croyais. Il faut bien le dire, ceci est légal de toute manière, et il n'y a pas moyen d'aller à l'encontre. Je croyais être le seul à savoir cela, depuis que Njal est mort; car lui seul, à ma connaissance, le savait.»

Thorkel retourna vers Flosi et Eyjolf et leur dit que la chose était légale. Alors Mörd fils de Valgard s'avança devant le tribunal et prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je somme ces voisins, que j'ai cités ici quand j'ai intenté ma poursuite contre Flosi fils de Thord, de faire leur déclaration, soit pour, soit contre lui. Je leur fais sommation selon la loi, devant le tribunal, de manière que les juges puissent l'entendre de leur siège au tribunal.»

Alors les voisins de Mörd s'avancèrent devant le tribunal. L'un d'eux prononça la déclaration, et les autres la confirmèrent tout d'une voix. Ils parlèrent ainsi: «Mörd fils de Valgard nous a cités ici, nous neuf hommes libres. Nous voici cinq à présent, quatre d'entre nous ayant été récusés. On a constaté devant témoins l'absence de ces quatre qui devaient déposer avec nous. Nous avons maintenant à déposer notre déclaration, comme la loi nous y oblige. Nous avons été cités pour faire notre déclaration sur ce point, s'il est vrai que Flosi fils de Thord a commis sur Helgi fils de Njal une attaque qualifiée par la loi, sur le lieu même où Flosi fils de Thord a fait à Helgi fils de Njal une blessure, soit à la tête, soit à la poitrine, soit aux membres inférieurs, blessure qui s'est trouvée être mortelle, et au moyen de laquelle Helgi a reçu la mort. Mörd nous a sommés de n'omettre aucune des paroles que la loi nous oblige à prononcer, qu'il réclame de nous devant le tribunal, et qui sont de rigueur dans ces poursuites. Il nous a fait sommation selon la loi. Il nous a fait sommation de manière que nous pussions l'entendre. Il nous a fait sommation en vertu de la délégation de Thorgeir fils de Thorir. Voici maintenant que nous avons tous prêté serment, et rendu notre déclaration légale. Nous nous sommes mis d'accord, tous. Nous déposons donc notre déclaration, et nous la déposons contre Flosi fils de Thord. Nous déclarons qu'il est véritablement coupable dans cette affaire. Et nous déposons cette déclaration des neuf voisins, ainsi conçue, devant le tribunal des fjords de l'Est, à la charge de N... comme Mörd nous a sommés de le faire. Et ceci est notre déclaration.» Ainsi parlèrent-ils.

Une seconde fois ils déposèrent leur déclaration, mettant la blessure d'abord et l'attaque ensuite, et en se servant pour le reste des mêmes paroles que la première fois. Ils dirent qu'ils prononçaient contre Flosi, et qu'ils le déclaraient véritablement coupable dans cette affaire.

Mörd fils de Valgard s'avança devant le tribunal et prit des témoins, comme quoi les voisins qu'il avait cités, quand il avait intenté sa poursuite contre Flosi fils de Thord, avaient déposé leur déclaration contre lui, et avaient déclaré qu'il était véritablement coupable dans cette affaire. Il dit qu'il les prenait à témoins, pour lui et pour tous ceux qui pourraient avoir à profiter de leur témoignage, ou à le récuser.

Une seconde fois Mörd prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je somme Flosi fils de Thord, ou tout autre qui s'est chargé légalement de sa défense, de venir présenter ses moyens de défense contre l'accusation à lui intentée par moi; car voici accomplis tous les préliminaires que la loi nous obligeait d'employer dans cette affaire: tous les témoignages déposés, ainsi que la déclaration des voisins; et les témoins pris de la déclaration, comme de toutes les autres formalités remplies. S'il se présente dans leur défense telle chose qui me donne contre eux un nouveau motif de poursuite, je me réserve le droit d'en faire usage. Je fais sommation à Flosi, selon la loi, devant le tribunal et de manière que les juges puissent m'entendre.»

«Je ris d'avance, Eyjolf, dit Flosi, en pensant comme ils vont froncer les sourcils et se gratter la tête, quand tu vas présenter notre moyen de défense.»

Eyjolf fils de Bölverk s'avança devant le tribunal, et prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que voici dans cette affaire un moyen légal de défense; à savoir que nos adversaires ont porté leur cause devant le tribunal des fjords de l'Est, alors qu'ils avaient à la porter devant le tribunal des districts du Nord; car Flosi s'est joint à ceux qui vont au Ting avec Askel le Godi. Voici les deux témoins qui étaient présents, et qui peuvent attester que Flosi avait auparavant déposé sa dignité de Godi, et l'avait transmise à son frère Thorgeir, qu'ensuite il s'est joint à ceux qui vont au ting avec Askel le Godi. Je vous prends à témoins de ceci, pour moi et pour tous ceux qui pourront avoir à profiter de votre témoignage, ou à le récuser.»

Une seconde fois, Eyjolf prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je somme Mörd, qui s'est chargé de la poursuite, ou celui à qui elle appartenait légalement, d'entendre mon serment, et l'exposé que je vais faire de mon moyen de défense, comme aussi des autres moyens que je pourrais avoir à présenter. Je lui fais sommation selon la loi, devant le tribunal, et de manière que les juges puissent m'entendre.»

Eyjolf prit encore des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je prête serment sur le livre, le serment prescrit par la loi. Je jure devant Dieu de défendre cette cause en la manière la plus juste, la plus véridique et la plus conforme à la loi, et de remplir toutes les formalités qu'exige la loi, aussi longtemps que je serai présent à ce ting.»

Eyjolf dit encore: «Je prends à témoins ces deux hommes que je présente ici ce moyen de défense: à savoir que l'affaire a été portée devant un autre tribunal que celui où on avait à la porter. Je déclare que pour cette cause leur poursuite est nulle. Je présente mon moyen de défense, ainsi conçu, devant le tribunal des fjords de l'Est. »

Après cela il fit produire tous les témoignages qui devaient suivre la présentation du moyen de défense. Puis il prit des témoins de toutes les formalités accomplies par la défense, comme quoi elles se trouvaient toutes remplies.

Eyjolf prit encore une fois des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je fais interdiction aux juges, interdiction légale, devant le Godi, de prononcer un jugement dans cette affaire de Mörd; car un moyen légal a été présenté devant le tribunal. Je leur fais interdiction devant le Godi, je leur fais interdiction selon la loi, je leur fais interdiction ferme et entière et qu'ils ne puissent pas enfreindre, telle que j'ai droit de la leur faire selon la coutume de l'Alting, et la loi du pays.»

Après cela il fit admettre par le tribunal son moyen de défense.

Asgrim et les siens firent introduire les autres affaires d'incendie, et elles suivirent leur cours.

Asgrim et Mörd envoyèrent dire à Thorhal dans quel mauvais pas ils se trouvaient. «C'est dommage, dit Thorhal, que j'aie été si loin, car jamais l'affaire n'aurait pris cette tournure si j'avais été là. Je vois maintenant où ils veulent en venir: ils veulent vous citer devant le cinquième tribunal pour procédure illégale. Sans doute ils tâcheront aussi de partager les juges dans l'affaire d'incendie, de manière qu'il ne puisse y avoir de jugement; car leur conduite fait assez voir qu'ils ne reculeront devant aucun méfait. Retourne-t'en au plus vite, et dis à Mörd qu'il les cite tous en justice, Flosi et Eyjolf, pour avoir introduit de l'argent dans les choses de la justice, ce qui est un cas de bannissement. Après cela, il faut qu'il les cite une seconde fois pour avoir produit des témoins qui n'avaient rien à faire dans leur cause, par quoi ils se sont rendus coupables d'illégalité dans la procédure. Dis-leur que voici mes paroles: Si deux actions en bannissement sont intentées à la fois contre un homme, on doit le condamner à la peine de la proscription. Et il faut vous hâter d'introduire votre affaire les premiers, pour être les premiers à poursuivre et à obtenir jugement.».

Le messager s'en alla, et dit tout à Mörd et à Asgrim. Ils allèrent au tertre de la loi. Mörd fils de Valgard prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je cite Flosi fils de Thord, en justice, pour avoir donné de l'argent, ici même au ting, à Eyjolf fils de Bölverk, afin d'avoir son aide. Je dis que pour cette cause il mérite d'être condamné à la peine du bannissement, qu'on ne puisse aider à sa fuite ou lui donner asile que si l'amende du rachat est comptée dans son entier devant le tribunal qui connaît des affaires de bannissement, qu'autrement il sera réduit entièrement à la condition de proscrit. Je dis que tous ses biens doivent être confisqués, moitié pour moi, moitié pour les juges du tribunal de district qui ont droit, selon la loi, sur les biens saisis. Je le cite, pour cette affaire, devant le cinquième tribunal, à qui il appartient d'en connaître, selon la loi. Je le cite en jugement, et j'appelle sur lui une sentence entière de proscription. Je le cite selon la loi. Je le cite de manière que tous puissent m'entendre, au tertre de la loi.»

Puis il fit une citation semblable à Eyjolf fils de Bölverk, pour avoir accepté de l'argent. Et il le cita pour cette cause devant le cinquième tribunal.

Après cela, il cita une seconde fois Flosi et Eyjolf en justice, pour avoir produit au ting des témoins qui, selon la loi, n'avaient rien à faire avec leur cause, et s'être par là rendus coupables d'illégalité devant le ting. Et il dit que c'était là pour eux un cas de bannissement.

Ils s'en allèrent, et vinrent à l'Assemblée de la loi. Là se tenait le cinquième tribunal.

Voici ce qui se passa au tribunal du quartier de l'Est, après qu'Asgrim et Mörd l'eurent quitté. Les juges ne purent s'entendre pour le jugement à prononcer: les uns voulant juger en faveur de Flosi, les autres en faveur de Mörd et d'Asgrim. Flosi et Eyjolf cherchèrent à partager le tribunal, et ils s'attardèrent à cela, pendant que Mörd les citait en justice, tous les deux. Bientôt on vint leur dire qu'ils avaient été cités tous deux, au tertre de la loi, devant le cinquième tribunal, et que chacun d'eux était sous le coup de deux accusations.

«C'est grand dommage, dit Eyjolf, que nous nous soyons attardés ici: nous leur avons laissé le temps de nous citer en justice les premiers. Je reconnais bien l'adresse de Thorhal. Il n'a pas son pareil en habileté. Voilà qu'ils ont droit maintenant de porter leur cause avant nous devant le tribunal, et c'était pour eux chose fort importante. Allons pourtant au tertre de la loi, et portons plainte contre eux à notre tour, si peu que cela puisse nous servir.»

Ils allèrent donc au tertre de la loi, et Eyjolf cita Mörd et Asgrim en justice, pour illégalité devant le ting. Après cela, ils vinrent au cinquième tribunal.

Revenons à Mörd et à Asgrim. Quand ils arrivèrent devant le cinquième tribunal, Mörd prit des témoins, et les somma d'entendre son serment, et son exposé de l'affaire, ainsi que toute la procédure qu'il se proposait d'entamer contre Flosi et Eyjolf. Il déclara qu'il faisait cette sommation selon la loi, devant le tribunal et de manière que les juges pussent l'entendre de leur place au tribunal.

Au cinquième tribunal il fallait faire confirmer les serments par témoins, qui prêtaient serment à leur tour. Mörd prit donc des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je prête serment ainsi qu'il est d'usage au cinquième tribunal. Je prie Dieu de m'aider dans ce monde et dans l'autre, aussi vraiment que je vais poursuivre cette affaire en la manière la plus juste, la plus véridique, et la plus conforme à la loi. Je tiens Flosi pour véritablement coupable en cette affaire, et j'en ferai la preuve. Pour moi, ni je n'ai acheté la justice dans cette affaire, ni ne veux l'acheter; ni je n'ai reçu de l'argent, ni n'en recevrai, soit légalement soit illégalement.»

Alors les deux témoins jurés de Mörd s'avancèrent devant le tribunal, et prirent des témoins à leur tour: «Vous nous êtes témoins, dirent-ils, que nous prêtons serment sur le livre, le serment conforme à la loi. Nous prions Dieu de nous aider dans ce monde et dans l'autre, aussi vraiment que nous affirmons ceci, sur notre honneur d'hommes libres: à savoir que nous croyons que Mörd poursuivra cette affaire en la manière la plus juste, la plus véridique, et la plus conforme à la loi. Et nous affirmons que ni il n'a acheté la justice dans cette affaire, ni ne l'achètera, que ni il n'a accepté d'argent, ni n'en acceptera, soit légalement soit illégalement.»

Mörd avait cité les deux voisins les plus proches de Thingvalla pour faire leur déclaration dans cette affaire.

Mörd prit des témoins, et déclara qu'il portait devant le tribunal les quatre actions qu'il venait d'intenter à Flosi et à Eyjolf. Et dans son exposé de ces affaires, il se servit des termes mêmes qu'il avait employés pour sa citation, il dit qu'il portait ces actions en bannissement, ainsi formulées, devant le cinquième tribunal, comme il l'avait déclaré en citant Flosi en justice.

Mörd prit des témoins, et somma les neuf voisins d'aller s'asseoir à l'Ouest, sur le bord de la rivière.

Mörd prit encore des témoins, et somma Flosi et Eyjolf de récuser les voisins. Ils s'approchèrent d'eux, et les examinèrent, mais ils ne purent arriver à en récuser aucun, ils s'en revinrent donc, et ils étaient fort mécontents.

Mörd prit des témoins et somma les neuf voisins de faire la déclaration pour laquelle il les avait cités devant le tribunal, et de la faire soit pour Flosi soit contre lui.

Les voisins de Mörd s'avancèrent devant le tribunal: l'un d'eux prononça la déclaration, et les autres la confirmèrent tout d'une voix. Ils dirent qu'ils avaient tous prêté le serment exigé par le cinquième tribunal, qu'ils déclaraient Flosi véritablement coupable dans cette affaire, et qu'ils faisaient contre lui leur déclaration. Ils dirent qu'ils déposaient leur déclaration, ainsi conçue, devant le cinquième tribunal, à la charge de ce même homme que Mörd avait déjà chargé des poursuites. Après cela, ils firent les autres déclarations auxquelles ils étaient obligés pour les autres affaires. Et tout cela se passa selon la loi.

Eyjolf fils de Bölverk et Flosi faisaient grande attention à ce qui se passait pour tâcher d'y trouver un défaut; mais ils n'arrivaient à rien.

Mörd fils de Valgard prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que ces neuf voisins, que j'ai cités pour déposer dans ces affaires, quand j'ai entamé les poursuites contre Flosi fils de Thord et Eyjolf fils de Bölverk, ont fait leur déclaration, et les ont déclarés tous deux coupables dans ces affaires.» Et il réclama leur témoignage en sa faveur.

Une seconde fois Mörd prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je somme Flosi fils de Thord, ou tout autre, à qui il aurait, selon la loi, remis sa défense, de venir la présenter ici; car voici terminée toute la procédure en cette affaire: sommation faite d'entendre le serment, le serment prêté, la cause exposée, les témoignages de la citation en justice produits, les voisins invités à prendre place, sommation faite à eux d'avoir à prononcer leur déclaration, la déclaration faite, et témoins pris de la déclaration.» Et il dit qu'il réclamait leur témoignage en sa faveur, au sujet de toute cette procédure accomplie.

Alors celui à la charge duquel l'affaire avait été engagée, se leva, et résuma la cause.

Il rappela d'abord que Mörd avait sommé le tribunal d'entendre son serment, et aussi son exposé de l'affaire, et tout le reste de la procédure. Il rappela ensuite que Mörd avait prêté serment, et aussi ses témoins jurés. Puis il rappela que Mörd avait exposé l'affaire, et il s'exprima de telle sorte qu'il employa pour le rappeler les mêmes paroles dont Mörd s'était servi pour son exposé de l'affaire, et auparavant pour citer Flosi en justice «et il a dit, ajouta-t-il, qu'il portait cette affaire, ainsi engagée, devant le cinquième tribunal, comme il l'avait déclaré en citant son adversaire en justice.» Il rappela encore que Mörd avait produit les témoins de la citation en justice, et il répéta toutes les paroles dont il s'était servi pour sa citation, et qu'ils avaient répétées en déposant leur témoignage, «et que je répète à mon tour, ajouta-t-il, dans mon résumé de l'affaire. Et ils ont déposé, dit-il encore, ce témoignage ainsi conçu, devant le cinquième tribunal, comme Mörd l'avait déclaré en citant Flosi en justice.» Après cela, il rappela que Mörd avait invité les voisins à prendre place. Puis il rappela qu'il avait sommé Flosi d'entendre leur déclaration: «lui ou tout autre à qui il aurait remis sa défense.» Ensuite il rappela que les voisins s'étaient avancés devant le tribunal, qu'ils avaient fait leur déclaration, et qu'ils avaient déclaré Flosi véritablement coupable «et ils ont, dit-il, déposé cette déclaration des neuf voisins, ainsi conçue, devant le cinquième tribunal.» Alors il rappela que Mörd avait pris des témoins comme quoi la déclaration avait été faite. Il rappela encore que Mörd avait pris des témoins de toute la procédure suivie, et qu'il avait sommé Flosi de présenter sa défense.

Alors Mörd fils de Valgard prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je fais interdiction à Flosi fils de Thord, ou à quiconque a pris en main sa défense en son lieu et place, de venir présenter maintenant aucun moyen de défense; car voici terminée toute la procédure qu'il y avait à suivre dans cette affaire, et la cause, ainsi que toute la procédure suivie, a été résumée.» Et celui qui faisait le résumé répéta encore ce dernier témoignage.

Mörd prit des témoins, et fit sommation aux juges de prononcer leur jugement dans cette affaire. Gissur le blanc lui dit: «Il te reste encore quelque chose à faire, Mörd; tu sais que quatre fois douze n'ont pas le droit de juger.»

Flosi dit à Eyjolf: «Qu'allons-nous faire maintenant?»--«C'est difficile à dire, répondit Eyjolf; je crois pourtant qu'il nous faut attendre, car j'imagine qu'ils vont faire une faute dans la conduite de leur affaire; Mörd a sommé les juges d'avoir à juger sur l'heure. Ils ont maintenant, lui et les siens, à faire sortir six membres du tribunal. Après quoi ils prendront des témoins, et nous inviteront à en faire sortir six autres. Mais nous n'en ferons rien; et alors ils auraient eux-mêmes à en faire sortir six, mais il est probable qu'ils ne s'en aviseront pas. Et s'ils ne le font pas, toute leur affaire est réduite à néant; car il faut trois fois douze juges seulement pour juger dans une affaire.»

«Tu es un homme sage, Eyjolf, dit Flosi, et il n'y en a pas beaucoup qui l'emportent sur toi.»

Mörd fils de Valgard prit des témoins: «Vous m'êtes témoins, dit-il, que je fais sortir du tribunal les six hommes que voici» et il les nomma tous par leur nom; «Je vous interdis de siéger au tribunal, leur dit-il. Je vous fais sortir selon la coutume de l'Alting et la loi du pays.» Après cela, il invita Flosi et Eyjolf, devant témoins, à en faire sortir six autres. Mais ils refusèrent de le faire.

Alors Mörd dit aux juges de prononcer leur jugement. Et quand le jugement fut prononcé, Eyjolf prit des témoins, et déclara le jugement nul, ainsi que tout ce qui avait été fait, pour ce motif, que trois fois et demi douze avaient jugé, quand trois fois douze seulement avaient droit de le faire: «Et maintenant, dit-il, nous allons introduire nos poursuites devant le cinquième tribunal, et nous allons faire en sorte qu'ils soient proscrits.»

Gissur le blanc dit à Mörd, fils de Valgard: «C'est trop de négligence à toi d'avoir commis une faute pareille. Et cela est grand dommage. Qu'allons-nous faire maintenant, cousin Asgrim?»--«Il nous faut envoyer quelqu'un vers Thorhal mon fils, dit Asgrim, et savoir ce qu'il va nous conseiller.»


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