LA PETITE MADEMOISELLE

LA PETITE MADEMOISELLECe qui suit, toutes proportions gardées, à moi modeste, «fut longtemps maQuiquengrogne»[1].C’est la première réalisation d’art que j’aie essayée et, je l’avoue, sans la réussir. Mais de bonne heure, j’en avais parlé, entre autres, à Coppée, à Goncourt, à Judith Gautier, qui s’en amusaient; et hier encore, celle-ci me questionnaitrétrospectivement sur mon modèle baroque. Ne serait-ce pas une si précieuse sollicitude qui m’a incité à m’y reprendre et à mettre sur pied, de quelques coups d’ébauchoir moins inexpérimentés, la folle statuette? Une telle attention ne méritait pas moins. J’ai donc fait poser à nouveau Celle que Madame d’Aulnoy aurait sans doute rangée parmi ses «pagodes» et qu’elle eût qualifiée de «bamboche n’ayant pas plus d’une coudée de haut». Divertira-t-elle, avec son comique macabre, falot, volontairement démantibulé, caricatural et capricant? Apitoiera-t-elle, avec ses misères sans grandeur, ceux que ne ralliera pas au parti de ses tortionnaires le détachant déclic de ses frasques?A ceux qui daigneraient consacrer une heure aux péripéties boîteuses et heurtées de ce petit livre, longuement ruminé,vite accompli, je demande surtout de ne pas oublier qu’il s’agit d’unemonographie. C’est l’excuse du retour incessant des mêmes personnages, pareils aux éléments de ce vieux joujou, fait de pantins en bois découpé et armés de maillets, dont la manœuvre indéfiniment renouvelée, mais toujours primitive, se bornait, pour eux, à reparaître sans fin et à se taper réciproquement sur la tête.Puisse l’œuvrette bouffonne et légèrement pathétique dont j’avais trop tôt abordé le plan qui me fascinait, sembler à certains que je connais bien, et dont l’assentiment m’est cher, mériter, pour l’épigraphe impressionnante que j’avais dès lors rêvé d’y inscrire, cette phrase de laPeau de Chagrin:Quinteuses Demoiselles de Compagnie, composez-vous de gais visages, endurez les vapeurs de votre prétendue bienfaitrice,portez ses chiens, rivale de ses griffons anglais, amusez-la, devinez-la, puis...TAISEZ-VOUS!N’est-ce pas une forme humaine et sociale de la peau de chagrin (forme quelquefois entrevue, sans doute moins hyperboliquement, par plusieurs d’entre nous) que cette peau de la plaisante et infortunée Miss Winterbottom?

LA PETITE MADEMOISELLECe qui suit, toutes proportions gardées, à moi modeste, «fut longtemps maQuiquengrogne»[1].C’est la première réalisation d’art que j’aie essayée et, je l’avoue, sans la réussir. Mais de bonne heure, j’en avais parlé, entre autres, à Coppée, à Goncourt, à Judith Gautier, qui s’en amusaient; et hier encore, celle-ci me questionnaitrétrospectivement sur mon modèle baroque. Ne serait-ce pas une si précieuse sollicitude qui m’a incité à m’y reprendre et à mettre sur pied, de quelques coups d’ébauchoir moins inexpérimentés, la folle statuette? Une telle attention ne méritait pas moins. J’ai donc fait poser à nouveau Celle que Madame d’Aulnoy aurait sans doute rangée parmi ses «pagodes» et qu’elle eût qualifiée de «bamboche n’ayant pas plus d’une coudée de haut». Divertira-t-elle, avec son comique macabre, falot, volontairement démantibulé, caricatural et capricant? Apitoiera-t-elle, avec ses misères sans grandeur, ceux que ne ralliera pas au parti de ses tortionnaires le détachant déclic de ses frasques?A ceux qui daigneraient consacrer une heure aux péripéties boîteuses et heurtées de ce petit livre, longuement ruminé,vite accompli, je demande surtout de ne pas oublier qu’il s’agit d’unemonographie. C’est l’excuse du retour incessant des mêmes personnages, pareils aux éléments de ce vieux joujou, fait de pantins en bois découpé et armés de maillets, dont la manœuvre indéfiniment renouvelée, mais toujours primitive, se bornait, pour eux, à reparaître sans fin et à se taper réciproquement sur la tête.Puisse l’œuvrette bouffonne et légèrement pathétique dont j’avais trop tôt abordé le plan qui me fascinait, sembler à certains que je connais bien, et dont l’assentiment m’est cher, mériter, pour l’épigraphe impressionnante que j’avais dès lors rêvé d’y inscrire, cette phrase de laPeau de Chagrin:Quinteuses Demoiselles de Compagnie, composez-vous de gais visages, endurez les vapeurs de votre prétendue bienfaitrice,portez ses chiens, rivale de ses griffons anglais, amusez-la, devinez-la, puis...TAISEZ-VOUS!N’est-ce pas une forme humaine et sociale de la peau de chagrin (forme quelquefois entrevue, sans doute moins hyperboliquement, par plusieurs d’entre nous) que cette peau de la plaisante et infortunée Miss Winterbottom?

Ce qui suit, toutes proportions gardées, à moi modeste, «fut longtemps maQuiquengrogne»[1].

C’est la première réalisation d’art que j’aie essayée et, je l’avoue, sans la réussir. Mais de bonne heure, j’en avais parlé, entre autres, à Coppée, à Goncourt, à Judith Gautier, qui s’en amusaient; et hier encore, celle-ci me questionnaitrétrospectivement sur mon modèle baroque. Ne serait-ce pas une si précieuse sollicitude qui m’a incité à m’y reprendre et à mettre sur pied, de quelques coups d’ébauchoir moins inexpérimentés, la folle statuette? Une telle attention ne méritait pas moins. J’ai donc fait poser à nouveau Celle que Madame d’Aulnoy aurait sans doute rangée parmi ses «pagodes» et qu’elle eût qualifiée de «bamboche n’ayant pas plus d’une coudée de haut». Divertira-t-elle, avec son comique macabre, falot, volontairement démantibulé, caricatural et capricant? Apitoiera-t-elle, avec ses misères sans grandeur, ceux que ne ralliera pas au parti de ses tortionnaires le détachant déclic de ses frasques?

A ceux qui daigneraient consacrer une heure aux péripéties boîteuses et heurtées de ce petit livre, longuement ruminé,vite accompli, je demande surtout de ne pas oublier qu’il s’agit d’unemonographie. C’est l’excuse du retour incessant des mêmes personnages, pareils aux éléments de ce vieux joujou, fait de pantins en bois découpé et armés de maillets, dont la manœuvre indéfiniment renouvelée, mais toujours primitive, se bornait, pour eux, à reparaître sans fin et à se taper réciproquement sur la tête.

Puisse l’œuvrette bouffonne et légèrement pathétique dont j’avais trop tôt abordé le plan qui me fascinait, sembler à certains que je connais bien, et dont l’assentiment m’est cher, mériter, pour l’épigraphe impressionnante que j’avais dès lors rêvé d’y inscrire, cette phrase de laPeau de Chagrin:

Quinteuses Demoiselles de Compagnie, composez-vous de gais visages, endurez les vapeurs de votre prétendue bienfaitrice,portez ses chiens, rivale de ses griffons anglais, amusez-la, devinez-la, puis...TAISEZ-VOUS!

N’est-ce pas une forme humaine et sociale de la peau de chagrin (forme quelquefois entrevue, sans doute moins hyperboliquement, par plusieurs d’entre nous) que cette peau de la plaisante et infortunée Miss Winterbottom?


Back to IndexNext