LIXLes jours qui suivirent le départ de l’Institutrice amenèrent la découverte d’une succession de pot-aux-roses.D’abord, elle avait laissé, pour les enfants, deux cadeaux de Première Communion, deux volumes trop beaux, d’anciennes éditions, aux reliures rares; l’une d’elles—et cela augmentait encore le délit—aux armes de la Pompadour!...Le premier de ces deux livres, pour Berthe, c’étaitLes Sept Châteaux de l’Ame, de Sainte Thérèse, sur lesquels elle avait tracé cette épigraphe de Swedenborg:«La présence des enfants constitue une grande part du Ciel.»Le second, c’était, pour l’autre communiante,les Dix-Huit Pas d’Angèle de Foligno. Sur cet opuscule, Mademoiselle avait inscrit ces deux vers de Victor Hugo:«Je regarde une rose faireSa première Communion.»«Tout cela est impie et fou!» s’était écriée la Comtesse. Et elle avait confisqué les ouvrages.Ensuite, une courrier continua d’arriver, qu’Henriette prit sur elle de décacheter, pour s’assurer qu’il ne contenait rien qui fût attentatoire à la dignité de la maison, Ce fut agir sagement. Elle découvrit que l’Étrangère entretenait des relations suivies avec l’Intermédiaire du Chercheuret lePetit Office des Curieux, que son éruditiontouche-à-tout lui permettait de renseigner sur des textes dont on ignorait la provenance.C’est ainsi que Miss Winter n’ayant pu notifier assez tôt son changement de place, une lettre de remerciements la chercha encore au Vert-Marais. Elle provenait d’un correspondant, pour qui l’Insulaire avait retrouvé le berceau de deux étranges phrases. La première disait simplement: «Plusieurs autheurs dignes de foy disent qu’il y a des hommes, lesquels ont assez de lait aux mamelles pour nourrir un enfant. Ce qui prouve que ce n’est pas la suppression des ordinaires qui fait que les femmes en ont lorsqu’elles sont nourrices...» etc.A son tour, l’autre phrase s’exprimait ainsi: «Chez les peuples primitifs, l’homme et la femme sont souvent difficiles à distinguer l’un de l’autre.»La lettre contenait des timbres-poste, destinés à un règlement. L’Irlandaise n’ayant pas laissé d’adresse, la Comtesse les employa pour sa correspondance et en versa le montant à la Caisse des Enfants de Marie.Il vint aussi une épître d’un bouquiniste qui avertissait sa cliente qu’il tenait à sa disposition l’Éloge du Pou, de Heinsius, et ne tarderait pas à lui procurer, selon la demande qu’elle en avait faite,l’Art de méditer sur la garde-robe.Une enveloppe fut encore trouvée, à l’adresse de Mariani. Elle contenait ces simples mots: «Dans Enrico Caruso, il y a Coca.»
LIXLes jours qui suivirent le départ de l’Institutrice amenèrent la découverte d’une succession de pot-aux-roses.D’abord, elle avait laissé, pour les enfants, deux cadeaux de Première Communion, deux volumes trop beaux, d’anciennes éditions, aux reliures rares; l’une d’elles—et cela augmentait encore le délit—aux armes de la Pompadour!...Le premier de ces deux livres, pour Berthe, c’étaitLes Sept Châteaux de l’Ame, de Sainte Thérèse, sur lesquels elle avait tracé cette épigraphe de Swedenborg:«La présence des enfants constitue une grande part du Ciel.»Le second, c’était, pour l’autre communiante,les Dix-Huit Pas d’Angèle de Foligno. Sur cet opuscule, Mademoiselle avait inscrit ces deux vers de Victor Hugo:«Je regarde une rose faireSa première Communion.»«Tout cela est impie et fou!» s’était écriée la Comtesse. Et elle avait confisqué les ouvrages.Ensuite, une courrier continua d’arriver, qu’Henriette prit sur elle de décacheter, pour s’assurer qu’il ne contenait rien qui fût attentatoire à la dignité de la maison, Ce fut agir sagement. Elle découvrit que l’Étrangère entretenait des relations suivies avec l’Intermédiaire du Chercheuret lePetit Office des Curieux, que son éruditiontouche-à-tout lui permettait de renseigner sur des textes dont on ignorait la provenance.C’est ainsi que Miss Winter n’ayant pu notifier assez tôt son changement de place, une lettre de remerciements la chercha encore au Vert-Marais. Elle provenait d’un correspondant, pour qui l’Insulaire avait retrouvé le berceau de deux étranges phrases. La première disait simplement: «Plusieurs autheurs dignes de foy disent qu’il y a des hommes, lesquels ont assez de lait aux mamelles pour nourrir un enfant. Ce qui prouve que ce n’est pas la suppression des ordinaires qui fait que les femmes en ont lorsqu’elles sont nourrices...» etc.A son tour, l’autre phrase s’exprimait ainsi: «Chez les peuples primitifs, l’homme et la femme sont souvent difficiles à distinguer l’un de l’autre.»La lettre contenait des timbres-poste, destinés à un règlement. L’Irlandaise n’ayant pas laissé d’adresse, la Comtesse les employa pour sa correspondance et en versa le montant à la Caisse des Enfants de Marie.Il vint aussi une épître d’un bouquiniste qui avertissait sa cliente qu’il tenait à sa disposition l’Éloge du Pou, de Heinsius, et ne tarderait pas à lui procurer, selon la demande qu’elle en avait faite,l’Art de méditer sur la garde-robe.Une enveloppe fut encore trouvée, à l’adresse de Mariani. Elle contenait ces simples mots: «Dans Enrico Caruso, il y a Coca.»
Les jours qui suivirent le départ de l’Institutrice amenèrent la découverte d’une succession de pot-aux-roses.
D’abord, elle avait laissé, pour les enfants, deux cadeaux de Première Communion, deux volumes trop beaux, d’anciennes éditions, aux reliures rares; l’une d’elles—et cela augmentait encore le délit—aux armes de la Pompadour!...
Le premier de ces deux livres, pour Berthe, c’étaitLes Sept Châteaux de l’Ame, de Sainte Thérèse, sur lesquels elle avait tracé cette épigraphe de Swedenborg:
«La présence des enfants constitue une grande part du Ciel.»
Le second, c’était, pour l’autre communiante,les Dix-Huit Pas d’Angèle de Foligno. Sur cet opuscule, Mademoiselle avait inscrit ces deux vers de Victor Hugo:
«Je regarde une rose faireSa première Communion.»
«Tout cela est impie et fou!» s’était écriée la Comtesse. Et elle avait confisqué les ouvrages.
Ensuite, une courrier continua d’arriver, qu’Henriette prit sur elle de décacheter, pour s’assurer qu’il ne contenait rien qui fût attentatoire à la dignité de la maison, Ce fut agir sagement. Elle découvrit que l’Étrangère entretenait des relations suivies avec l’Intermédiaire du Chercheuret lePetit Office des Curieux, que son éruditiontouche-à-tout lui permettait de renseigner sur des textes dont on ignorait la provenance.
C’est ainsi que Miss Winter n’ayant pu notifier assez tôt son changement de place, une lettre de remerciements la chercha encore au Vert-Marais. Elle provenait d’un correspondant, pour qui l’Insulaire avait retrouvé le berceau de deux étranges phrases. La première disait simplement: «Plusieurs autheurs dignes de foy disent qu’il y a des hommes, lesquels ont assez de lait aux mamelles pour nourrir un enfant. Ce qui prouve que ce n’est pas la suppression des ordinaires qui fait que les femmes en ont lorsqu’elles sont nourrices...» etc.
A son tour, l’autre phrase s’exprimait ainsi: «Chez les peuples primitifs, l’homme et la femme sont souvent difficiles à distinguer l’un de l’autre.»
La lettre contenait des timbres-poste, destinés à un règlement. L’Irlandaise n’ayant pas laissé d’adresse, la Comtesse les employa pour sa correspondance et en versa le montant à la Caisse des Enfants de Marie.
Il vint aussi une épître d’un bouquiniste qui avertissait sa cliente qu’il tenait à sa disposition l’Éloge du Pou, de Heinsius, et ne tarderait pas à lui procurer, selon la demande qu’elle en avait faite,l’Art de méditer sur la garde-robe.
Une enveloppe fut encore trouvée, à l’adresse de Mariani. Elle contenait ces simples mots: «Dans Enrico Caruso, il y a Coca.»