XXVI

XXVIMademoiselle eut la migraine, le lendemain. Elle n’en donna pas moins ses leçons; seulement, avec une casserole sur la tête. C’était un vieux remède bimétallique, dont elle vantait l’usage et préconisait les effets.Le soir, elle se sentait mieux et, se trouvant seule, s’offrit un plaisir, celui de revêtir un costume de bain qu’elle avait apporté, à tout hasard, en prévision d’un stage à la mer. Blouse ettrousesen fine serge, contournée de galons, bonnet de caoutchouc, sandales à cothurnes, peignoir rayé, rien n’y manquait;et la baigneuse platonique, la naïade sèche n’était pas loin de ressembler ainsi à la figure principale de l’affiche qui, dans les gares, au temps de l’été, reçoit pour mission de diriger le citadin suffocant, vers Veulettes ou vers Le Tréport.Elle s’admirait, devant la glace tachée de son trumeau, lorsque brusquement la porte s’ouvrit. Trois cris retentirent, sans compter le cri d’effroi poussé par Diane surprise. Les trois autres venaient de la Comtesse et de ses filles, remontées pour prendre des nouvelles de la Gouvernante, et qui s’étaient approchées, sur la pointe du pied, craignant de réveiller la malade, qu’elles croyaient endormie.La baigneuse s’expliqua. La chose n’en fit pas moins mauvais effet. Cependant la Comtesse offrit à l’Institutrice de faire préparer, pour elle, la baignoire duchâteau, laquelle, depuis longtemps, n’avait plus qu’un usage de fruitier, débordant de coings et de pommes. Miss accepta pour le jour suivant.Un peu avant l’heure marquée pour le plongeon, une femme de chambre vint demander à l’Institutrice, au nom du pouvoir, si elle était dans l’usage de prendre un «bain simple» ou d’y mélanger quelque ingrédient.La chambrière repartit, avec cette note de l’écriture de Mademoiselle: «Serpolet, romarin, origan, marjolaine, lavande, sauge, pouillot, basilic, menthe sauvage, hysope, mélisse, anis, fenouil, six poignées de fleurs de bouillon blanc, une noix muscade et un gros clou de girofle.»«C’est bien,—dit la Comtesse,—qu’on lui porteun sac de son.»

XXVIMademoiselle eut la migraine, le lendemain. Elle n’en donna pas moins ses leçons; seulement, avec une casserole sur la tête. C’était un vieux remède bimétallique, dont elle vantait l’usage et préconisait les effets.Le soir, elle se sentait mieux et, se trouvant seule, s’offrit un plaisir, celui de revêtir un costume de bain qu’elle avait apporté, à tout hasard, en prévision d’un stage à la mer. Blouse ettrousesen fine serge, contournée de galons, bonnet de caoutchouc, sandales à cothurnes, peignoir rayé, rien n’y manquait;et la baigneuse platonique, la naïade sèche n’était pas loin de ressembler ainsi à la figure principale de l’affiche qui, dans les gares, au temps de l’été, reçoit pour mission de diriger le citadin suffocant, vers Veulettes ou vers Le Tréport.Elle s’admirait, devant la glace tachée de son trumeau, lorsque brusquement la porte s’ouvrit. Trois cris retentirent, sans compter le cri d’effroi poussé par Diane surprise. Les trois autres venaient de la Comtesse et de ses filles, remontées pour prendre des nouvelles de la Gouvernante, et qui s’étaient approchées, sur la pointe du pied, craignant de réveiller la malade, qu’elles croyaient endormie.La baigneuse s’expliqua. La chose n’en fit pas moins mauvais effet. Cependant la Comtesse offrit à l’Institutrice de faire préparer, pour elle, la baignoire duchâteau, laquelle, depuis longtemps, n’avait plus qu’un usage de fruitier, débordant de coings et de pommes. Miss accepta pour le jour suivant.Un peu avant l’heure marquée pour le plongeon, une femme de chambre vint demander à l’Institutrice, au nom du pouvoir, si elle était dans l’usage de prendre un «bain simple» ou d’y mélanger quelque ingrédient.La chambrière repartit, avec cette note de l’écriture de Mademoiselle: «Serpolet, romarin, origan, marjolaine, lavande, sauge, pouillot, basilic, menthe sauvage, hysope, mélisse, anis, fenouil, six poignées de fleurs de bouillon blanc, une noix muscade et un gros clou de girofle.»«C’est bien,—dit la Comtesse,—qu’on lui porteun sac de son.»

Mademoiselle eut la migraine, le lendemain. Elle n’en donna pas moins ses leçons; seulement, avec une casserole sur la tête. C’était un vieux remède bimétallique, dont elle vantait l’usage et préconisait les effets.

Le soir, elle se sentait mieux et, se trouvant seule, s’offrit un plaisir, celui de revêtir un costume de bain qu’elle avait apporté, à tout hasard, en prévision d’un stage à la mer. Blouse ettrousesen fine serge, contournée de galons, bonnet de caoutchouc, sandales à cothurnes, peignoir rayé, rien n’y manquait;et la baigneuse platonique, la naïade sèche n’était pas loin de ressembler ainsi à la figure principale de l’affiche qui, dans les gares, au temps de l’été, reçoit pour mission de diriger le citadin suffocant, vers Veulettes ou vers Le Tréport.

Elle s’admirait, devant la glace tachée de son trumeau, lorsque brusquement la porte s’ouvrit. Trois cris retentirent, sans compter le cri d’effroi poussé par Diane surprise. Les trois autres venaient de la Comtesse et de ses filles, remontées pour prendre des nouvelles de la Gouvernante, et qui s’étaient approchées, sur la pointe du pied, craignant de réveiller la malade, qu’elles croyaient endormie.

La baigneuse s’expliqua. La chose n’en fit pas moins mauvais effet. Cependant la Comtesse offrit à l’Institutrice de faire préparer, pour elle, la baignoire duchâteau, laquelle, depuis longtemps, n’avait plus qu’un usage de fruitier, débordant de coings et de pommes. Miss accepta pour le jour suivant.

Un peu avant l’heure marquée pour le plongeon, une femme de chambre vint demander à l’Institutrice, au nom du pouvoir, si elle était dans l’usage de prendre un «bain simple» ou d’y mélanger quelque ingrédient.

La chambrière repartit, avec cette note de l’écriture de Mademoiselle: «Serpolet, romarin, origan, marjolaine, lavande, sauge, pouillot, basilic, menthe sauvage, hysope, mélisse, anis, fenouil, six poignées de fleurs de bouillon blanc, une noix muscade et un gros clou de girofle.»

«C’est bien,—dit la Comtesse,—qu’on lui porteun sac de son.»


Back to IndexNext