Chapter 5

Madame,

Donc vous me voulez du bien. Ha ! dés la première ligne je suis vôtre très humble, très obeissant, et très passionné seruiteur, car ie sens mon ame se dissoudre en extases si prochains de la priuacion, que ie mouray de ioie auparauant que i’aie le temps de finir ainsi ma lettre ; toutefois, la voila concluë et ie puis si ie veux la fermer. Aussi-bien, étant assuré de vôtre afeccion, tant de lignes ne sont pas nécessaires contre une place prise. Mais parce qu’un Empereur doit expirer debout, et un amoureux en se plaignant, ie veux profiter en sorte du reste de ma vie que mon dernier soupir soit tout emploié à propher [proférer ?]Madame, je meurs d’amour. Mais vous croiez peut estre que le mourir des amans n’est autre chose qu’une façon de parler, et qu’à cause de la conformité des noms de l’amour et de la mort, nous prenons souuent l’un pour l’autre. Mais vous ne douterez pas de la possibilité du mien quand vous aurez suputé la longueur de ma maladie : et moins encore, quand après auoir lû ce discours, vous trouuerez à l’extrémité

Votre Seruiteur. Le pauure D. C.


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